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EAN : 9782266099554
792 pages
Pocket (17/05/2000)
3.63/5   67 notes
Résumé :
Au centre du monde se tient Vina Apsara, grande chanteuse de rock adulée. Sous ses pieds, la terre tremble et bouleverse tout. A la périphérie de cet épicentre, Raï raconte la passion indestructible qui unit Vina, son amour de toujours, et Ormus, son rival depuis l'enfance. Il nous soumet sa vision fragmentée, presque épiphanique, à l'image de ses photographies mais aussi de ses incursions dans la vie de Vina. Tels les clich&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quand la star planétaire Vina Apsara périt dans un tremblement de terre, le monde entier pleure la disparition d'une icône. Son mari/partenaire sur scène Ormus Cama n'arrive plus à vivre ; son meilleur ami/amant Rai retrace sa vie, leur rencontre et leur trio impossible...

Après la peinture dans le Dernier soupir du Maure, Rushdie encense l'Art sous sa forme musicale en dépeignant le destin d'un duo prédestiné à toucher les étoiles mais aussi maudit que certains couples légendaires tirés des mythologies grecque, romaine et indienne. Même si cet opus est aussi long et répétitif que le précédent, il est pourtant plus plaisant et séduisant dans la mesure où le présent narratif est beaucoup plus proche de nous en étant moins ancré dans le passé du siècle dernier (comprendre autour de 1947 et de l'indépendance de l'Inde, comme dans Les Enfants de minuit ou le Dernier soupir du Maure), mais aussi surtout parce que le récit se passe majoritairement en Occident, apportant ainsi une dimension plus internationale et quand même plus accessible au lecteur qui ne vient justement pas d'Orient et a grandi en plein boom de la mondialisation (comprendre les années 70-80 jusqu'à l'an 2000). D'autant plus que l'histoire développe une réalité à laquelle nous sommes confrontés tous les jours en tant que consommateurs programmés : le culte de la personnalité, la célébrité et ce qui se cache derrière (la chronique de la mort de Vina rappelle furieusement celle de Lady Diana, décédée deux ans avant la parution de ce roman, ça sent le vécu).
Vina et Ormus sont donc présentés comme les nouveaux enfants chéris du monde, sur fond de drames familiaux et d'amours impossibles, tout en jouant avec la dualité dans de nombreux thèmes qui sont pour certains récurrents dans l'oeuvre de l'auteur : réalité/fiction, Orient/Occident, vie/mort, notremonde/autremonde, visible/invisible, justice/injustice...
Cet opus est fort garni en références culturelles, historiques et linguistiques, mais surtout l'intertextalité de l'oeuvre à ce moment-là publiée n'a jamais été aussi prégnante car les références aux romans précédents ont beau être subtiles, elles sont quand même légion. Cela fait sourire, c'est rusé et charmant. Quant aux références à la vie même de l'auteur (j'ai nommé la fatwa de 1989), elles prennent encore plus de place que dans le précédent ouvrage qui était celui qui suivait directement cette nouvelle menace. Rushdie relie carrément la mort de son héroïne à la date réelle du 14 février 1989 où l'épée de Damoclès s'est calée au-dessus de sa tête ; il commence même son livre par cette date. Tout cela sans compter certaines réflexions philosophiques qui sentent le personnel, ou la mention de certains évènements historiques (comme la mort de Khamenei la même année, lui-même déjà mentionné dans le livre d'avant. Mentionnons même cette citation de Popeye qui revient pour la deuxième fois (déjà cité dans le Dernier soupir du Maure) et qui a visiblement toute son importance puisqu'on la retrouve même dans la description de l'auteur sur son compte Twitter : "I yam what I yam and that's all that I yam" !!! (ouais, c'est ça d'enchaîner ses romans, on finit par se rappeler ces mini-détails, je serai bientôt bonne pour écrire une thèse !!). Ainsi donc, mieux vaut ne pas s'attaquer à cet auteur sans tout le bagage pré-cité. Et surtout, l'intérêt de lire ses ouvrages dans l'ordre chronologique d'écriture (chose que j'ai décidé de faire après la lecture de son autobiographie Joseph Anton) commence sérieusement à prendre tout son sens vu qu'on finit par voir ce genre de chose. Ce type de lecture rapproche encore plus de l'auteur et de son expérience d'écriture...
Pour terminer, je dirai que l'histoire est une nouvelle fois très vaste, avec de nombreuses ramifications, pléthore de retours en arrière, beaucoup de personnages et de familles, et que le titre a encore une fois plusieurs niveaux de lecture et compréhension (bien que plus simple que le précédent).
C'est encore un résultat dense, enchanteur, titanesque, qui laisse pénétrer une part de surnaturel de mystérieux, de métaphysique. Bref, un gros Rushdie, mais un vrai bon cru.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Je découvre Salman Rushdie avec ce roman qui n'est pas son plus célèbre. Sans avoir trouvé ça génial, j'ai été suffisamment intrigué pour avoir envie d'en lire d'autres. J'espère seulement que ses autres romans sont un peu moins touffus. A un moment, le narrateur, qui est photographe, reçoit le conseil d'un Français, un certain M. Hulot, une sorte de Cartier-Bresson :
« - Vous avez compris quelque chose au sujet de l'attention et de la surprise, me dit-il. Quelque chose du double moi du photographe, le tueur tant-pis et sans scrupule, ainsi que celui qui donne l'immortalité. Mais il y a le danger du maniérisme, vous ne trouvez pas ?
Bien sûr, merci, maestro. le maniérisme, oui, un grand danger, une chose terrible, j'y ferai attention à l'avenir, maestro, soyez en sûr. Merci. L'attention, la surprise. Précisément. Ce seront mes devises. N'ayez crainte. »
Bah, Salman Rushdie n'a pas vraiment suivi le conseil, car « maniérisme », c'est exactement le mot que j'avais en tête pour qualifier son livre avant de lire ce passage. Vous savez ce qu'on dit sur la culture et la confiture, eh bien je n'avais encore jamais vu un tel étalage dans un roman. Sur une seule page on peut trouver une douzaine de références culturelles, de la mythologie grecque à la musique pop américaine. Et à la fin ça n'a plus de sens, un simple enchainement de scène ; ce n'est pas aussi imaginatif que l'on pourrait croire mais c'est bourré de références culturelles, quasiment une histoire de la musique pop, une histoire parallèle, légèrement différente.
Outre la culture et l'histoire de l'Inde (son indépendance, sa partition, le nationalisme hindou, les Sikhs, etc.), le grand sujet du livre est le déracinement, à la fois subi et libérateur. Les trois principaux personnages : le narrateur et le couple de rock stars, Vina Aspara et Ormus Cama, sont avant tout des déracinés. le pire des cas c'est celui de Vina car elle est violement rejetée, plusieurs fois ; elle est adulée et couche avec tout le monde mais elle n'a jamais été aimée que par Ormus et le narrateur. La terre sous ses pieds, c'est tout ce qu'elle n'a pas, tout ce qui se dérobe. Et en même temps c'est tout ce qui lui permet d'être admirée et de devenir une star, l'incarnation d'une certaine liberté, un fantasme.
En gros c'est un roman bourré de culture et délirant, un peu de la poudre aux yeux à mon avis. Peut-être comme notre temps ?
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Un roman étrange et foisonnant, qui nous plonge dans la destinée d'un groupe de rock imaginaire, dont les deux leaders, unis et déchirés par une histoire d'amour rocambolesque, vont peu à peu changer la face du monde.
L'histoire vaut surtout par la pincée de fantastique dont l'auteur l'a parsemé, l'inspirateur du groupe étant en contact avec une mystérieuse dimension parallèle qui envahit peu à peu le récit.
Au final, un livre qui vaut le détour, surtout pour ce que l'on apprend sur l'Inde, mais pas toujours facile, surtout dans les cent dernières pages qui traînent en longueur.
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Salman Rushdie sous l'influence de U2, ça donne un gros plantage. Il fallait bien un faux pas dans la carrière de ce très grand écrivain, c'est fait. Sujet suivant.
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Trop, trop jusqu'à l'écoeurement. j'ai tenté d'aller jusqu'au bout mais j'ai fini par étouffer. Dommage il y a de belles choses, de belles idées mais noyées dans un imaginaire que je n'arrive pas à suivre.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ceux qui attachent de la valeur à la stabilité, qui ont peur de la mobilité, de l'incertitude, du changement, ceux-là on bâti un puissant système d'interdits et de tabous contre l'absence d'enracinement, cette force dérangeante et antisociale, si bien que pour la plus part nous nous y conformons, nous faisons semblant d'être motivés par des loyautés et des solidarités que nous ne ressentons pas vraiment, nous dissimulons nos identités secrètes sous des masques qui portent le sceau de l'approbation de ceux qui appartiennent. Mais la vérité se glisse dans nos rêves ; seuls, dans notre lit (parce que nous sommes seuls la nuit même si nous ne dormons pas seuls), nous nous envolons, nous nous enfuyons
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Pourtant, une supposition. Que se passerait-il si toute l'affaire - s'orienter, savoir où l'on se trouve, etc. -, si tout ça n'était qu'une escroquerie ? Que se passerait-il si tout, son chez-soi, sa famille, la totale, n'était que le plus grand, le plus complet, et le plus ancien lavage de cerveau ? Supposez que ce n'est que lorsque vous osez vous laisser aller que votre vraie vie commence ? [...] supposez que vous deviez connaître le sentiment d'être perdu dans le chaos et au-delà ; que vous deviez accepter la solitude, la peur bleue d'avoir perdu vos repères, la terreur vertigineuse de l'horizon qui tourbillonne comme la tranche de monnaie d'une pièce jetée en l'air.
Vous ne le ferez pas. La plupart d'entre vous, vous ne le ferez pas. La blanchisserie mondiale de têtes est assez bonne pour le lavage de cerveau : ne sautez pas de cette falaise ne franchissez pas ce seuil ne marchez pas sous cette chute d'eau ne prenez pas ce risque ne franchissez pas cette ligne ne me choquez pas je vous préviens ne me mettez pas en colère. Vous n'avez pas la moindre chance le moindre espoir vous êtes fini vous êtes du passé vous êtes moins que rien, vous êtes mort pour moi, mort pour toute votre famille votre nation votre race, tout ce que vous devez aimer plus que la vie et écouter comme la voix de votre maître et suivre aveuglément et saluer et adorer et obéir ; vous êtes mort vous m'entendez, oubliez ça, connard, je ne sais même pas votre nom.
Mais imaginez seulement que vous l'ayez fait.
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Mais ce que nous voulons c'est l'amour, pas la liberté. Alors quel est l'homme qui a le moins de chance ? Celui qui est aimé, qui a reçu ce que son coeur désirait et qui doit craindre à jamais de le perdre, ou l'homme libre, avec sa liberté importune, nu et seul entre les armées captives de la terre ?
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Ici, j’écris sur la fin de quelque chose, pas seulement la fin d’une phase de ma vie, mais la fin de mon lien avec mon pays, mon pays d’origine comme on dit maintenant, mon pays natal comme on m’a appris à dire, l’Inde. J’essaie de dire au revoir, au revoir encore, au revoir un quart de siècle après l’avoir quittée physiquement. Cette fin tombe bizarrement ici, elle arrive comme ça, au milieu de mon histoire, mais sans elle la seconde partie de ma vie ne se serait pas déroulée de la même façon. Aussi, il est temps d’affronter la vérité ce qui est fini est fini. Parce qu’il se trouve que je ne suis pas parti de ma propre volonté. Il se trouve qu’on m’a chassé comme un chien. Je me suis enfui pour sauver ma peau.
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Je considère la foi comme une ironie, et c'est peut-être pourquoi les seuls élans de foi dont je suis capable sont ceux exigés par l'imagination créatrice, par les fictions qui ne prétendent pas être des faits, et qui donc finissent par dire la vérité
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Videos de Salman Rushdie (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Salman Rushdie
Tania de Montaigne, nous livre "Sensibilités", publié chez Grasset, une satyre grinçante dont le point de départ est l'agression d'un écrivain poignardé pour ses écrits, un écrivain inspiré de Salman Rushdie. L'héroïne du livre, salariée d'une maison d'édition très progressiste, se met en tête de tout faire pour que plus jamais un lecteur ne se sente offensé par un texte. On change alors les mots, les textes, dans cette maison d'édition on bannie toute ironie car elle ne pourrait pas être comprise par le lecteur. On assiste alors à un engrenage aussi hilarant qu'absurde qui fait écho à l'expression "l'enfer est pavé de bonnes intentions". Tania de Montaigne dénonce une société où on veut supprimer tout ce qui est compliqué pour "aller tout droit". L'auteure revient sur les origines de cet ouvrage qui a pris racine dans une expérience personnelle à travers laquelle on a souhaité changer le titre d'un de ses ouvrages qui s'appelait "noire". 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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