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Gérard Meudal (Traducteur)
EAN : 9782330139421
432 pages
Actes Sud (02/09/2020)
3.63/5   85 notes
Résumé :
Inspiré par le classique de Cervantès, Sam DuChamp, modeste auteur de romans d’espionnage, crée Quichotte, un représentant de commerce à l’esprit nébuleux et raffiné, obsédé par la télévision, qui tombe éperdument amoureux de Miss Salma R., reine du petit écran. Flanqué de son fils (imaginaire) Sancho, Quichotte s’embarque dans une aventure picaresque à travers les États-Unis pour se montrer digne de sa dulcinée, bravant galamment les obstacles tragicomiques de l’èr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Mon avatar a la mine des mauvais jours. Une triste figure.
Comme un enfant trahi par les goûts parfois douteux du Père Noel, j'ai refermé le « Quichotte » de Rushdie en me disant que les descendants de Cervantes devraient déposer une demande d'AOC à l'Union Européenne pour protéger l'héritage et le prestige de l'ingénieux hidalgo.
Pourtant la promesse était belle et je m'alléchais les doigts avant de tourner les pages. Une version moderne de l'aventure du chevalier mythique à l'ère post moderne par Salman Rushdie avait de quoi faire saliver et mes marque-pages se battaient pour jalonner ma lecture.
Ici, les romans de chevalerie sont remplacés par des émissions de télé abrutissantes. Comme échappatoire au monde de réel, le niveau baisse. Côté promise, Dulcinée, le mirage de la princesse charmante cède la place à une muse moderne, Salma R., vedette du petit écran de fumée et accro aux opiacés. Rossinante, le fidèle destrier, est restée à l'étable et la traversée de l'Amérique se fera au volant d'une vieille Chevrolet. Nous sommes aux States.
Représentant errant de commerce en produits pharmaceutiques douteux, Quichotte quitte le monde réel et prend la route à la recherche de sa belle. Pour avoir quelqu'un à qui parler, Quichotte s'invente un fils imaginaire sur le siège passager. Il fera office de Sancho, un être virtuel qui prendra chair peu à peu et dont le nez s'allonge quand il ment. Cela me rappelle quelque chose…
Si l'auteur en était resté au cette aventure picaresque, si les moulins à vent avaient pu être remplacé par des éoliennes, il aurait pu réussir une satire du monde moderne et de ses bonheurs virtuels et artificiels. Ses talents de conteur n'ont pas disparu et sa plume ne fuit pas pour imager les fléaux de l'époque (le racisme du quotidien, les agressions sexuelles dans son pays de naissance, la drogue, le tribunal de l'opinion via les réseaux sociaux…).
Hélas, Salman Rushdie noie le lecteur d'histoires parallèles mêlant le réel et la fiction qui transforment son récit en rame de métro surchargée, fourre-tout d'individus interchangeables auquel il est impossible de s'attacher, embouteillage navrant de gugusses et de mémères au rayon PQ d'un supermarché la veille d'un reconfinement. Les personnages manquent de consistance, de limaille pour devenir aimants. D'ailleurs, certains changent de noms en cours de récit, d'autres collectionnent les identités.
le Don Quichotte originel et la copie de la copie de Rushdie souffrent tout deux d'hallucinations. J'ai partagé les rêves du premier. J'ai observé de loin les délires du second.
On comprend bien l'intention de l'auteur derrière ce récit et cette volonté de s'inspirer de Cervantès: différencier la fiction du mensonge. La première est un art, le second une tromperie ou trumperie. Pour fuir les traumatismes et les épreuves, la fiction est thérapeutique, le mensonge est un placebo. Il faut lire des histoires, pas se les raconter. Salman Rushdie semble douter de notre capacité à mener une vie réelle.
Au final, Quichotte est un repas où il y a trop d'invités et trop de plats au menu. Une exubérance qui égare l'histoire, qui nous fait parfois passer à côté de passages virtuoses et drôles par indigestion, qui atrophient notre capacité à se saisir de toutes les réflexions fort pertinentes de l'auteur sur nos société et nos moeurs.
Déception.
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Roman délibérément foutraque, excessif et picaresque, baignant dans une intertextualité foisonnante et explicite (Cervantès, bien-sûr, mais aussi Les Aventures de Pinocchio, de Carlo Collodi, La Conférence des Oiseaux, du poète soufi persan Farîd al-Dîn Attâ, ou encore Rhinocéros, d'Eugène Ionesco - entre autres), avec QUICHOTTE, Salman Rushdie fait preuve d'une plume toujours aussi somptueuse et d'une liberté de ton que personnellement je trouve époustouflantes.
Après la lecture de «Furie», publié en 2001 (quelques semaines avant les attentats du 11 septembre), déjà une critique mordante de la société américaine à l'aube du néo-libéralisme triomphant et de sa révolution numérique -roman ayant apparemment inauguré un cycle nouveau dans l'oeuvre de S. Rushdie, dont QUICHOTTE serait le quatrième volet-, je retrouve avec plaisir ici, encore une fois, quelques-uns des ingrédients que j'apprécie particulièrement dans la littérature contemporaine, en tout cas dans celle qui se joue, à mon humble avis, dans la «cour des grands» : les envolées endiablées et complexes d'un DeLillo ou d'un Bolaño, susceptibles d'extraire un lyrisme incendiaire du chaos ou du grotesque, captant en instantanés aussi éphémères que des Polaroïds floutés ces lignes de force insaisissables et paradoxales qui nous ballotent ; les mélanges savamment dosés d'érudition et de pop-culture d'un Eco, ou encore cet art subtil d'un Murakami invitant naturellement le lecteur à faire des aller-retour quasi imperceptibles entre le réel et l'imaginaire...
Il serait inutile, me semble-t-il, d'essayer de résumer ce qui se présente ici au départ comme un road-trip atomisé, érotomane et mystico-paranoïaque, sorte de plongeon en apnée dans les arcanes cauchemardesques de l'Amérique à l'heure trumpiste, entrepris par Ismail Smile/Quichotte, représentant de commerce pharmaceutique d'origine indienne, parti rejoindre à New York sa bien-aimée putative, Salma R./Dulcinée, animatrice star d'un talk-show devenue reine incontournable de la télévision américaine, au même titre que Oprah Winfrey. Impossible, dans le cadre d'un billet comme celui-ci, de développer les nombreuses strates narratives, en cascade ou en miroir, par rapport à cette «impossible quête» de Smile/Quichotte. En effet, jusqu'au bout, celles-ci ne cesseront de s'étager, de se superposer, de s'enchevêtrer, les personnages de se dédoubler, les commentaires de toutes sortes de se ramifier, les généalogies accessoires de se décliner, amenant parfois, il est vrai, même le plus attentif des lecteurs à se sentir quelque peu débordé par tant d'imagination et par tant d'entrées possibles à sa lecture! (Après tout, ce n'est pas le propre des grandes épopées d'aventure, tel le grandiose chef d'oeuvre de Cervantès, ou de certains des plus célèbres romans de style picaresque d'égarer par moments leurs lecteurs?).
Par l'intermédiaire d'un astucieux double de lui-même (Sam DuChamp, ou Brother, personnage auteur du QUICHOTTE, livre dans le livre), Salman Rushdie, tout en déployant un récit en train de devenir récit, nous livre de surcroît une réflexion magistrale sur les frontières ténues séparant réalité et création littéraire, et nous fait une démonstration brillante de l'existence de cette zone de brouillard dans une oeuvre artistique où deux mondes, réel et imaginaire, peuvent communiquer assez aisément, où des portes d'«univers parallèles» sont susceptibles de s'entrouvrir, permettant, par exemple, à l'auteur d'entrevoir certains de ses personnages «qui cherchent désespérément à s'enfuir de cet univers miniature, de cette boule de verre, boule de neige sans la neige qui avait commencé à se craquer».
Ce même vertige peut également s'emparer du lecteur. Entre autres, et tout particulièrement en ce qui me concerne, lors du dénouement de l'histoire de Quichotte, tel qu'il est imaginé et raconté par Sam DuChamp, et de sa déconstruction concomitante par l'auteur fictif lui-même, ce dernier affirmant en définitive qu'aucun livre ne pourrait raconter «l'histoire au complet de toutes choses, pas même la dernière histoire si triste qui raconte comment le tout est devenu le rien, parce qu'il n'y a plus de conteur, plus de main pour écrire, plus d'oeil pour lire, de sorte que le livre qui raconte comment tout est devenu rien ne peut pas être écrit, de même que nous ne pouvons écrire l'histoire de notre propre mort, c'est là notre tragédie, d'être des histoires dont on ne peut pas connaître la fin, pas même nous, puisque nous ne sommes plus là pour l'entendre».

Ainsi, tout en affichant ouvertement son souhait de s'en prendre «à la sous-culture abrutissante et destructrice de notre époque», au suprématisme blanc et à la violence endogène à la société américaine, entretenue par le discours très officiel d'un trumpisme alors toujours conquérant, QUICHOTTE ouvre-t-il en même temps le lecteur à une vision du monde en trompe l'oeil, critique, ingénieuse et rédemptrice : «entre Quichotte et la réalité, je choisis Quichotte», aurait apparemment déclaré Rushdie lors d'une interview à propos de son livre.

Ambitieux, souvent jouissif et hilarant, QUICHOTTE est un roman incontestablement virtuose, multiple et prolifique, à la fois accessible et exigeant. Il semble avoir partagé les avis, et de la critique littéraire et du lectorat babélien.

Dans une nouvelle publiée dans «Fictions», Borges avait aussi créé un personnage, Pierre Ménard, qui avait réécrit à l'identique le Quichotte, avec néanmoins un résultat supposé supérieur à l'original(!). Qui créé quoi en fin de compte ? Qui, à la limite, a créé Salman Rushdie qui a créé Sam DuChamp, qui a créé Ismail Smile, ou Quichotte -qui avait d'ailleurs déjà été créé par Cervantès-, et qui à son tour a créé son Sancho à lui, son fils imaginaire, qui, enfin, avait créé Jiminy Cricket, ce dernier lui-même ayant aussi déjà été créé auparavant par un auteur italien, Carlo Collodi?
Si jamais dans cette folle sarabande solipsiste un de ces éléments cessait subitement d'exister pour un autre, toute la chaîne risquerait de se briser. L'enchantement se déferait et la magie de la littérature cesserait alors d'opérer? Probablement.

Sérieusement parlant, qui, en définitive, serait en mesure d'affirmer qu'il est possible de trancher à chaque fois et complètement, entre réel et fiction, entre rêve et réalité, entre mémoire et imagination, entre les personnages créés et l'auteur de ces derniers? Entre Quichotte ou pas Quichotte?
Sam DuChamp arrive lui à la conclusion que «l'histoire racontée peut être plus sage que son narrateur» et que «de la même façon qu'un fils réel peut devenir irréel, un fils imaginaire peut devenir un véritable fils», ou encore (telle cette Amérique de Trump, pourrait-on rajouter, petit sourire en coin...) qu'«un pays réel tout entier pouvait se transformer en une «réalité» proche de l'irréel»!
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Tout le monde ou presque a entendu parler de @Salman Rushdie qui fut condamné à une fatwa par le régime iranien à la suite de la publication de son troisième roman @les versets sataniques. Ce roman dans lequel il écrivait  :

« La volonté, c'est de ne pas être d'accord, de ne pas se soumettre, s'opposer ! »

@Salman Rushdie, Non ! Vous n'êtes pas un polémiste mais avant tout un formidable écrivain, un chroniqueur du présent au regard acéré sur le monde dans lequel il vit. Hier l'Inde et l'Angleterre, aujourd'hui les États-Unis et particulièrement New-York où vous avez trouvé refuge après avoir vécu dans la clandestinité, sous le nom de @Joseph Anton. Petit clin d'oeil, dans @Quichotte, un personnage prend le pseudonyme de Conrad Tchekov.

Quelle cruelle désillusion fut pour vous l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, vous qui aviez fui les obscurantistes religieux, vous vous retrouvez avec les suprématistes blancs à la tête de Washington. Alors vous avez fait ce que vous faîtes le mieux : écrire des histoires ! Alerter !

Ce fut donc @la maison Golden qui commençait avec l'arrivée d'Obama au pouvoir pour se terminer par l'élection du joker alias Trump. C'était déjà une critique acerbe de la société américaine et des sociétés occidentales en général. Déjà, vous vous attaquiez à la prolifération des fake-news sur le web, « cette toile d'araignée où se trament des complots imaginaires mais dont les effets sont hélas bien réels ». (Isabelle Adjani dans sa lettre adressée à @Rushdie)

Aujourd'hui, dans @Quichotte vous décrivez une société, au bord de l'effondrement, gangrenée par le racisme, le cyber-espionnage, les manoeuvres des laboratoires pharmaceutiques pour opioïder l'Amérique, la tyrannie des réseaux sociaux, et le brouillage des frontières entre réalité et fiction.

@Don Quichotte était un chevalier errant incapable de faire la différence entre réalité et fiction, c'était il y a 400 ans, aujourd'hui, ce n'est plus un homme qui est concerné mais une société toute entière qui confond le mensonge avec la réalité. @Quichotte n'est pas un remake du pré-cité, non, mais un hommage à @Cervantes, @Ionesco ou @collodi comme le dit Brother, l'écrivain du roman, à sa soeur Sister :

«  Il évoqua son intention de s'attaquer à la sous-culture abrutissante et destructrice de notre époque tout comme Cervantès était parti en guerre contre la sous-culture de son temps. Il expliqua qu'il essayait aussi d'écrire sur l'amour impossible et obsessionnel, les relations père-fils, les disputes entre frères et soeurs et, oui également, les choses impardonnables, sur les immigrants indiens, sur le racisme dont ils sont victimes, sur les escrocs qu'il y a parmi eux, sur les cyber espions, la science-fiction, l'entrelacement de la fiction et des réalités «  réelles  », la mort de l'auteur, la fin du monde. Il lui dit qu'il voulait utiliser des éléments de parodie, de satire et de pastiche.  »

L'histoire commence avec Ismail Smile, voyageur de commerce vieillissant obsédé par la télévision, il tombe amoureux fou de Salma R, ancienne actrice de série télévisée reconverti en star d'un talk-show. Il est persuadé qu'il arrivera à la séduire et qu'une fois fait le monde cessera d'exister. C'est le début d'un road-trip à travers les États-Unis au volant de sa vieille Chevrolet. Au cours de son voyage, il s'inventera un fils imaginaire qui finira par devenir bien réel, Pinnochio/Sancho découvre le monde par le biais de la télévision dans les motel miteux dans lesquels l'amène son père complètement « barjo ».

A partir de ce moment-là les fictions se mélangent de façon jubilatoire puisque Smile/Quichotte est en fait un personnage de roman créé par Sam DuChamp alias Brother, lui même un personnage créé par @Rushdie. le roman part dans tous les sens et se transforme en un immense labyrinthe où la virtuosité de l'auteur entre en action. Car oui, il s'amuse @Rushdie, il joue avec la narration et combine avec bonheur les différentes fictions et les différents niveaux de lecture pour mon plus grand bonheur.

Dans le podcast «  le temps des écrivains » France Culture titrait « @Salman Rushdie, le dernier conteur ? » Vous n'êtes pas le dernier, @Olga Tokarczuk a pris la relève, mais vous êtes l'un des plus grands. le roman picaresque est tombé en désuétude ! Vous êtes là pour lui redonner ses lettres de noblesse.

Dans votre roman, mené tambour battant, vous interrogez sur le rôle de la fiction et la mort de l'écrivain, à 74 ans ce sont des questions légitimes mais j'espère que vous produirez encore beaucoup de romans aussi drôle,intelligent et jouissif que celui-ci. Merci @Salman Rushdie  !

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Quichotte est un représentant commercial qui adore la télévision depuis tout petit.
Il est amoureux d'une vedette du petit écran qui habite aux États-Unis alors Quichotte se lance dans une traversée de l'Amérique pour atteindre sa belle qu'il courtise déjà en lui envoyant régulièrement des lettres.
Dans son road trip, Quichotte est accompagné de son fils imaginaire, Sancho, qui a du mal, lui-même, à se situer par rapport à ce père qui l'a inventé et avec lequel il ne sait pas comment se comporter. Sancho, c'est un peu Pinocchio, d'ailleurs il a même Criquet, son compagnon.
Quichotte est un personnage inventé par un écrivain, DuChamp qui rapproche son personnage de celui du classique de Cervantes et qui prend régulièrement la parole pour nous parler de lui, de son enfance, de sa soeur.
Quichotte est un être un peu naïf mais amoureux et déterminé qui a du mal à distinguer le réel des émissions de télévision qui sont des références pour lui. A ce flou entre le réel et la réalité de Quichotte s'ajoute le flou entre l'oeuvre et la vie de DuChamp.
Pour conter joliment cette histoire étrange, mêlant oeuvre et vie de l'auteur (celle de DuChamp), il fallait la plume de Salman Rusdie. Les mises en scènes et les dialogues entre personnages réels ou imaginaires sont jubilatoires. Les arguments fusent pour que chacun défende sa réalité.
C'est un doux rêve que nous offre Salman Rusdie. Sa plume nous faisant passer du réel à la fiction, de l'oeuvre à la vie de l'auteur. le tout avec un style imagé, de délicieuses tournures maîtrisées auxquelles s'ajoutent des touches subtiles d'humour.
Laissez-vous charmer par Quichotte. Il vous fera rire, vous serez indigné, il vous fera espérer, vous serez touché. Mais surtout, vous serez envouté par la plume de Salman Rushdie que vous savourerez et qui vous guidera par sa beauté.
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Après la tentative de meurtre sur Salman Rushdie, tentative de réduire à néant la liberté d'expression, de création, j'ai voulu -seule chose que je pouvais faire- le relire.
Mon choix s'est porté sur Quichotte, le seul que je ne possédais pas et n'avais pas encore lu. Fort heureusement, il en restait quelques exemplaires sur un site bien célèbre.

Je n'avais pas encore lu le livre, ne sachant pas à quoi m'attendre, après tout il n'y a qu'un seul Quichotte !
En cours de lecture je me suis fait la réflexion que j'avais des aprioris sur un livre que je n'avais pas lu… Décidément pauvre Rushdie !
J'ai vraiment adoré cette lecture. Folle, ébouriffante, drôle (très drôle !). Tout y passe. Les illusions de la télé réalité, la perte de sens entre réel et fiction, les réseaux sociaux, l'Amérique de Trump, le racisme et le rejet de l'autre.

À travers la (triste) figure de Quichotte, Rushdie nous entraîne dans un Road Trip à la Thelma et Louise sur les routes américaines de la société actuelle. Entre fictions (Ionesco, Orwell, Pinocchio…) et réalité, on voit une société de délabrer, arrêter de penser, confondre le faux et le vrai en étant abreuvée de fake News.

J'ai ressenti, étonnement, ce que j'avais ressenti lors de ma lecture de Don Quichotte. le même sentiment d'être embarqué dans un périple fou, un attachement aux personnages, une forme d'angoisse et d'amusement. Rushdie a su recréer l'univers de Don Quichotte à la sauce moderne, tout en gardant son style à lui (réalisme magique, humour…). Un grand roman psychotique, halluciné, bariolé, jubilatoire ! Plus le livre avance, plus on a l'impression de basculer dans la folie. Tout ce qui est faux est vrai et ce qui n'existe pas est la réalité. du moment que ça brille !

Vraiment un grand livre de Rushdie. Je regrette de l'avoir jugé avant de l'avoir lu !
Au total, un de ses meilleurs romans. Je lui souhaite de pouvoir continuer d'écrire le plus longtemps possible, de vivre, de résister.
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critiques presse (5)
RevueTransfuge
26 octobre 2020
Un livre qui s’intitule Quichotte, de celui qui n’a finalement jamais cessé de converser avec lui, promet donc une jouissance du lecteur, et de l’auteur. Et c’est bien là ce qui saute aux yeux à chaque ligne, Rushdie s’amuse comme un petit fou.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
LaPresse
12 octobre 2020
Bien sûr, ce Quichotte, comme tous ses autres romans, séduit par sa fluidité et son humour. [...] Et pourtant. Le nouveau livre Salman Rushdie déçoit, ennuie, nous tombe des mains, comme on tombe de sommeil après avoir trop mangé.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
05 octobre 2020
L'écrivain s'empare du roman mythique pour en faire une épopée baroque d'aujourd?hui.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
16 septembre 2020
La tradition picaresque à l’époque du « Tout-Peut-Arriver » fournit au romancier des armes qu’il utilise avec talent.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
16 septembre 2020
Réécrire « Don Quichotte » ? Risqué. Mais l’écrivain y réussit, avec humour et talent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
François Busnel : " Quichotte " est un passionnant voyage dans l'Amérique de Trump , un voyage au pays des fake news , de la post vérité , des faits alternatifs .... Comment est né ce roman ?

S . Rushdie : Au départ , j'ai eu la sensation d'écrire un essai sur ce qui venait d'arriver avec l'élection de Trump . Sous la forme d'un récit de voyage . Je m'étais dit qu'il serait intéressant de refaire le voyage en Amérique de Tocqueville ( De la démocratie en Amérique ) , mais dans une autre direction : je serai parti de New-York pour aller vers l'Ouest . Je me souviens que pour mes 66 ans , j'ai eu le fantasme de " faire " la route 66 . Je ne l'ai Jamais faite ...... Et je me suis toujours senti un peu piteux de ne pas avoir été au bout de ce rêve . Alors j'ai dit à mon plus jeune fils , Milan , qui avait 18 ans : " veux tu venir avec moi ? " .J'avais dans la tète que le regard d'un jeune homme sur l'Amérique serait intéressant . Il m'a aussitôt répondu : " Oui super " , puis " mais , papa , c'est toi qui va conduire ? " Mais assez vite , j'ai changé d'avis quant à mon projet de départ . Mon outil le plus important , c'est l'imagination . Si je me limite aux circonstances réelles , à ce que je vois , je fais du journalisme . C'est très bien , mais ce n'est pas mon travail qui est d'écrire des romans ....

Hasard , nous fêtions à ce moment là le double anniversaire de Cervantès et de Shakespeare Qui sont tous les deux morts en 1616 . J'ai donc relu " Don Quichotte " cinquante ans après ma première lecture et j'ai découvert un livre extraordinaire ! J'ai donc écrit la version imaginaire de ce voyage à la manière de Quichotte et de Sancho .
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La conséquence de cette préoccupation presque totale pour la matière que lui offraient autrefois le tube cathodique et, à l’époque nouvelle des écrans plats, les dispositifs aux diodes lumineux, au plasma biologique et aux cristaux liquides fut qu’il succomba à un trouble psychologique de plus en plus envahissant dans lequel la frontière entre vérité et mensonge se brouillait jusqu’à devenir indiscernable, de sorte que, par moments, se sentant incapable de distinguer l’une de l’autre la réalité de la “réalité”, il commença à se considérer comme citoyen naturel (et habitant potentiel) de ce monde imaginaire de l’autre côté de l’écran auquel il vouait un tel culte et qui, selon lui, lui prodiguait ainsi qu’à tout un chacun les principes moraux, sociaux et pratiques en fonction desquels tout homme et toute femme devraient mener leur vie. Le temps passant et comme il sombrait de plus en plus profondément dans les sables mouvants de ce que l’on pourrait qualifier de réalité irréelle, il se mit à se sentir impliqué sur un plan émotionnel dans la vie d’un grand nombre d’habitants de cet autre monde, plus brillant, dans un sentiment d’appartenance qu’il se sentait en droit de revendiquer, telle une Dorothée contemporaine qui envisagerait de s’installer définitivement au pays d’Oz, et, sans bien savoir à partir de quand, il commença à éprouver une passion malsaine, car totalement à sens unique, pour certaine vedette de la télévision, la belle, la spirituelle et adorée Miss Salma R., toquade qu’il qualifia d’amour, de manière tout à fait impropre. Au nom de ce prétendu amour, il décida toutes affaires cessantes de poursuivre sa “bien-aimée” de ses assiduités de l’autre côté de l’écran de la télévision pour atteindre cet insigne et glorieux royaume de la réalité haute définition qu’elle-même et ses semblables habitaient, et, tant par ses exploits que sous l’effet de la grâce, de gagner son cœur.
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Voilà ce qu'il m'a dit. Qu'il veut accomplir un rite de purification personnelle avant de s'embarquer dans sa quête incertaine. Pays indien, ne cesse-t-il de répéter même si je lui demande d'arrêter de faire cette blague, elle ne marche pas. Il veut s'asseoir, jambes croisées dans le cœur du cœur du pays et invoquer les précurseurs de la quête. Je ne vois pas de qui il veut parler. Si, je vois. Il pense à Jason à bord de la nef Argo en route pour la Colchide afin de trouver la Toison d'or, à messire Galaad, le seul chevalier de la Table ronde à l'esprit assez pur pour qu'on lui permette de voir le Graal. Il a la tête pleine de ces sornettes. Le voyage des Trente Oiseaux pour retrouver le Simurgh, le dieu-oiseau. Le cheminement de Christian, le pèlerin vers la Cité céleste. Et naturellement la quête des femmes. Rama à la recherche de Sita qui a été enlevée. Mario, le plombier, escaladant tous les niveaux pour sauver la princesse Pêche du méchant Bowser. Et le poète italien, D. Alighieri, traversant l'Inferno et le Purgatorio pour retrouver sa béatifique Béatrice au Paradiso.
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Ce fut le cas du Dr R.K. Smile lui-même qui eut l'idée du cercle de conférences. En réalité, cette technique n'était, pour partie, pas nouvelle. L'idée de recruter des médecins célèbres pour qu'ils recommandent tel produit particulier aux autres médecins existait depuis longtemps. Le bouche à oreille a toujours été reconnu comme la technique de vente la plus efficace. Mais quand on voulait vendre le produit hors de son champ initial d'application, humm. C'était limite, peut-être même au-delà du limite, parce que vendre hors indication revenait à inciter les médecins à prescrire un médicament pour des troubles autres que ceux qui étaient sur la notice, ceux contre lesquels le produit est destiné à lutter. Ou, évidemment, el l'absence totale de troubles et en fermant les yeux sur un usage récréatif ou, plus sérieusement, sur l'addiction.
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Malgré son âge, il ne semblait absolument pas se soucier de la question de la mort, de savoir quand viendrait la fin et ce qu'il y avait ou ce qu'il n'y avait pas au-delà de cet irrévocable point final. J'ai vu à la télévision, raconta-t-il à Sancho, l'interview d'un célèbre cinéaste à qui un journaliste flagorneur demandait s'il était heureux de savoir qu'il vivrait toujours dans ses chefs-d'œuvre. "Non, répondait le réalisateur, j'aimerais mieux vivre dans mon appartement."
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Vidéo de Salman Rushdie
« Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art. »
Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance.
Pour accompagner la parution de ce livre inédit, Salman Rushdie a accordé à La Nouvelle Revue Française un entretien exclusif. Nous vous invitons à le découvrir dans son intégralité en librairie ou en version numérique sur notre site.
Découvrez l'entretien https://www.lanrf.fr/products/il-etait-une-fois-entretien
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