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EAN : 9782251200187
1020 pages
Les Belles Lettres (02/12/2011)
4.33/5   23 notes
Résumé :
Il existe peu d'histoires de la philosophie en français, et celles que l'on peut lire s'adressent à des spécialistes ou à des étudiants. L' oeuvre de Bertrand Russell, en revanche, est accessible à tous, sans que pour cela l'exposé des différents systèmes perde en quoi que ce soit de son exactitude et de sa rigueur. C est donc un tableau cohérent et complet de la philosophie occidentale, de l'Antiquité à nos jours que « l'honnête homme » trouvera ici. Complet, cela ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Disons le franchement, j'ai abordé ce livre pour y lire une des critiques les plus radicales qui existent sur Nietzsche. (voir les citations babeliotes). On peut d'ailleurs faire confiance à Bertrand Russell pour tailler des costards. Ce livre réserve un chapitre à chaque philosophe marquant de l'histoire occidentale.
Mais au-delà de l'anecdote, l'évaluation du tempérament a ici une grande importance. C'est pourquoi il conclut sur Nietzsche de cette manière : « Je n'aime pas Nietzsche parce qu'il se plaît dans la contemplation de la souffrance, parce qu'il érige la vanité en devoir, parce que les hommes qu'il admire le plus sont des conquérants, dont la gloire est faite de l'habileté avec laquelle ils font mourir les hommes. ».
Ceci dit, comme on peut s'y attendre de la part d'un logicien, l'évaluation logique est assez carrée. de plus, le style est très clair, à la limite de la caricature, ce qui en fait un livre attrayant pour aller explorer à sa guise l'histoire de la philosophie occidentale.
En tant que sujet de sa majesté britannique, Bertrand Russell apporte un éclairage particulier sur la philosophie de Locke. Celle-ci apparaît même comme le carrefour de toute la philosophie moderne. C'est l'occasion d'un aperçu sur la fondation de l'empirisme, doctrine qui a fortement imprégné la philosophie anglo-saxonne. C'est aussi l'occasion d'un aperçu sur les orientations du libéralisme philosophique, et l'insertion de Bertrand Russell dans le courant capitaliste.
Chez Locke, la croyance d'une coïncidence sur le long terme entre les intérêts publics et privés trouve une base théologique. « Il est important que les hommes soient guidés aussi longtemps que possible par des intérêts à long terme, c'est-à-dire que les hommes devront être prudents ».
Russell estime que « les grosses affaires, dans l'ensemble, désapprouvent la guerre » et qu'un tel intérêt égoïste éclairé est profitable au bonheur de l'humanité. « Je n'oublie pas les horreurs de l'industrialisme à ses débuts, mais elles furent, après tout, adoucies par le système lui-même ».
C'est ça ou la guerre...Ah bon ?
« A partir de Rousseau et de Kant il y eut deux écoles de libéralisme qui pourraient être définies les têtes dures et les coeurs tendres. Les premiers se développèrent avec Bentham, Ricardo et Marx et, par étapes logiques, jusqu'à Staline. Les seconds, par d'autres étapes, non moins logiques par Fichte, Byron, Carlyle et Nietzsche, aboutirent à Hitler »
Étrange cocktail que cette évaluation totalement empirique des tempéraments, avec une philosophie analytique totalement logique.
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"Je viens de finir le volume 1 qui couvre l'antiquité et le moyen âge.L'avantage avec Bertrand Russell c'est la clarté de sa pensée et sa méthode d’exposition qui est qui est très explicite, le moins d’implicite possible cela facilite grandement la lecture et la compréhension de la pensée de l'auteur,Deux réserves cependant : - il est bien préciser en quatrième de couverture que ce livre se lit comme un livre d'histoire, ... plus que comme un livre de philosophie, et c'est un dommage de ne pas passer plus de temps sur l'étude de la pensée des auteurs passés en revue au détriment d'une présentation souvent trop détaillée de la période historique dans laquelle il ont pris place.J'attaque le deuxième tome qui couvre la philosophie moderne de Machiavel à l'analyse logique.
Je viens de finir le deuxième tome de cette histoire de la philosophie occidentale. Bertrand Russell affirme ici plus nettement ses choix personnels - qui vont vers une rationalisme empirique de tendance logique - tout en présentant de manière claire et précise la pensée de la plupart des grands penseurs depuis le moyen âge.Les romantiques sont globalement critiqués pour leur irrationalisme et les dangers potentiels de leur philosophie de la volonté, de Rousseau à Hitler en quelques sorte .. mais les empiristes tendance socialiste ne sont pas épargnés non plus, de Bentham à Staline en quelque sorte. Bertrand Russell reste fondamentalement un libéral - au bon sens du terme ?"
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Je viens de finir le deuxième tome de cette histoire de la philosophie occidentale.

Bertrand Russell affirme ici plus nettement ses choix personnels - qui vont vers une rationalisme empirique de tendance logique - tout en présentant de manière claire et précise la pensée de la plupart des grands penseurs depuis le moyen âge.

Les romantiques sont globalement critiqués pour leur irrationalisme et les dangers potentiels de leur philosophie de la volonté, de Rousseau à Hitler en quelques sorte .. mais les empiristes tendance socialiste ne sont pas épargnés non plus, de Bentham à Staline en quelque sorte. Bertrand Russell reste fondamentalement un libéral - au bon sens du terme?
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Livre Troisième – La philosophie moderne - Chapitre XXV NIETZSCHE
(...) La critique de Nietzsche sur les religions et les philosophies est entièrement dominée par des motifs moraux.
(…) Lorsqu’il fait allusion aux êtres humains ordinaires il en parle habituellement comme de « maladroits et de gâcheurs » et ne voit aucune objection à ce qu’ils souffrent si cela est nécessaire pour donner naissance à un grand homme. Par conséquent, la seule importance de la période qui va de 1789 à 1815 se résume dans la personne de Napoléon. « La Révolution rendit Napoléon possible ; c’est là sa justification. Nous devrions désirer l’écroulement anarchique de tout l’ensemble de notre civilisation si une récompense semblable devait en être le résultat. Napoléon rendit le nationalisme possible ; c’est là son excuse. ». Presque tous les grands espoirs de ce siècle, dit-il, sont dus à Napoléon.
(…)
Il est nécessaire pour les hommes supérieurs de faire la guerre aux masses et de résister aux tendances démocratiques de l’époque car, dans toutes les directions, les gens médiocres se joignent les mains pour devenir les maîtres. « Tout ce qui flatte, qui adoucit et qui porte les « individus » ou les « femmes » en avant, travaille en faveur du suffrage universel – c’est-à-dire de la domination de l’homme « inférieur ».
(…)
Il admire la puissance d’une volonté par-dessus toutes choses. « Je mesure la puissance d’une volonté », dit-il, « d’après la capacité de résistance qu’elle peut offrir et la capacité de souffrance et de torture qu’elle peut endurer et qu’elle sait tourner à son propre avantage. Je ne regarde pas le mal et la souffrance de l’existence dans un sentiment de reproche mais j’entretiens plutôt l’espoir que la vie pourrait un jour devenir plus mauvaise et plus remplie de souffrances qu’elle n’a jamais été. ». La compassion est pour lui une faiblesse qu’il faut combattre. « Le but est d’atteindre cette énorme énergie de grandeur qui peut modeler l’homme de l’avenir au moyen de la discipline et aussi au moyen de la destruction de milliers de ces « maladroits et de ces gâcheurs » et qui peut, cependant, éviter d’aller à la ruine à la vue de la souffrance ainsi créée, qui n’a jamais eu d’égale. ». Il prophétise avec joie une ère de grande guerre et l’on se demande s’il aurait été heureux, s’il avait vécu, de voir l’accomplissement de sa prophétie.
(…)
Nietzsche n’est pas un nationaliste et ne montre pas d’admiration excessive pour l’Allemagne. Il veut une race dominante, internationale, qui devra être seigneur de la terre, « une nouvelle et vaste aristocratie basée sur la discipline personnelle la plus sévère et qui par la volonté des hommes philosophiques puissants et des tyrans-artistes sera écrasée pour des centaines d’années ».
(…)
Deux applications de son éthique sont intéressantes à noter : 1/son mépris pour les femmes 2/sa critique amère du christianisme.
Il ne lasse jamais d’invectiver les femmes. Dans son livre pseudo-prophétique, « Ainsi parla Zarathoustra », il dit que les femmes ne sont pas jusqu’à présent, capable d’amitié : elles sont encore des chats ou des oiseaux, ou tout au plus des vaches. « L’homme sera entraîné pour la guerre et la femme pour la procréation des guerriers. Tout le reste est folie. ». La procréation du guerrier doit être une sorte particulière si l’on en croit son aphorisme le plus énergique à ce sujet : « Tu vas vers la femme ? N’oublie pas ton fouet ».
Il n'est toutefois pas toujours aussi cruel bien qu'il soit toujours aussi méprisant. Dans sa « Volonté pour le Pouvoir », il dit : « Nous prenons plaisir peut-être comme une créature plus fine, plus délicate, plus éthérée. Quel plaisir re rencontrer des créatures qui n'ont que danses et bêtises et colilichets dans l'esprit ! Elles ont toujours été la joie de toutes les âmes masculines profondes ». Toutefois, ces grâces ne peuvent se trouver chez les femmes qu'aussi longtemps qu'elles sont maintenues à leur placepar des hommes énergiques ; dès qu'elles possèdent un peu d'indépendance, elles deviennent intolérables. « La femme a tant de sujets pour être honteuse ; il y a en elle tant de pédanterie, de superficialité, d'habileté, de présomption mesquine, de dérèglements et d'indiscrétion cachée... qu'il est préférable de les voir contenues et dominées par la crainte de l'homme ». C'est ce qu'il dit dans son ouvrage « Audelà du Bien et du Mal » et il ajoute que nous devrions penser aux femmes comme à une propriété, comme font les orientaux. Tout ce qu'il reproche aux femmes est présenté comme une vérité évidente par elle-même...
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(Livre Troisième – La philosophie moderne - Chapitre XXV NIETZSCHE)
« Je n'aime pas Nietzsche parce qu'il se plaît dans la contemplation de la souffrance, parce qu'il érige la vanité en devoir, parce que les hommes qu’il admire le plus sont des conquérants, dont la gloire est faite de l’habileté avec laquelle ils font mourir les hommes ».

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[…] Je ne crois pas, pour ma part, que la philosophie puisse prouver la vérité des dogmes religieux ou montrer qu’ils sont erronés, mais depuis Platon, la plupart des philosophes ont considéré le fait de donner des " preuves " de l’immortalité et de l’existence de Dieu comme faisant partie de leur domaine. Ils ont critiqué les preuves de leurs prédécesseurs – saint Thomas a rejeté les preuves de saint Anselme, et Kant, celles de Descartes –, mais ils les ont remplacées par de nouvelles, de leur composition. Pour rendre leurs preuves valables, ils ont dû falsifier la logique, unir le mysticisme aux mathématiques et prétendre que les préjugés, profondément enracinés, étaient des intuitions venues du ciel.
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La différence de méthode, ici, peut être considérée ainsi : chez Locke ou Hume, une conclusion, comparativement modeste, est tirée d’une large étude sur de nombreux faits, tandis que chez Leibniz, c’est un vaste édifice de déductions qui est échafaudé sur un principe logique aussi mince qu’une tête d’épingle.
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Si l'on prenait ce qui vient d'être dit, cependant, comme caractérisant les Grecs dans leur ensemble, cela serait aussi partiel que les caractériser par la "sérénité". Il y avait en fait deux tendances en Grèce, l'une passionnée, religieuse, mystique, appartenant à l'autre monde, et l'autre heureuse, empirique, rationaliste et intéressée à acquérir une connaissance de la diversité des faits. Hérodote représente cette seconde tendance ; la représentent aussi les premiers philosophes grecs en Ionie ; et jusqu'à un certain point aussi Aristote. Karl Julius Beloch (1854-1929), après avoir décrit l'Orphisme, dit :

"Mais la nation grecque était trop pleine de la vigueur de la jeunesse pour globalement embrasser la croyance qui nie ce monde-ci et ne voit la vraie vie que dans l'Au-delà. Par conséquent la doctrine orphique resta confinée à un cercle relativement restreint d'initiés, sans avoir la moindre influence sur la religion d'Etat, pas même dans les communautés qui, comme Athènes, avaient adopté la célébration des mystères dans les rituels officiels, et lui avait conféré une protection légale. Un bon millier d'années devait s'écouler avant que ces idées -- dans des habits théologiques bien différents, il est vrai -- remporte la victoire dans le monde gréco-romain."

On pourrait penser que c'est une exagération, particulièrement en ce qui concerne les Mystères d'Eleusis, qui étaient imprégnés d'Orphisme. Globalement parlant, ceux qui étaient d'un tempérament religieux se tournaient vers l'Orphisme, tandis que les rationalistes le détestaient. On peut comparer cela au statut du Méthodisme en Angleterre à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.
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Vidéo de Bertrand Russell
Confrontée à la guerre, la philosophie semble intempestive, à contre temps. Elle se déploie quand la guerre n'est pas encore là, tentant de retenir tout ce qui pourrait prolonger la paix, ou quand la guerre n'est plus là, s'escrimant alors à penser la «réparation», panser les blessures, accompagner les deuils, réanimer la morale, rétablir la justice. Lorsque «la guerre est là», lorsque fusils d'assaut, bombes et missiles éventrent les immeubles, incendient fermes, écoles, hôpitaux et usines, rasent des quartiers entiers, laissant sur le sol carbonisé enfants, hommes et femmes, chiens et chevaux, lorsqu'on est contraint de vivre tremblant dans des caves, lorsqu'il n'y a plus d'eau potable, lorsqu'on meurt de faim et de douleur – eh bien la philosophie ne trouve guère de place dans les esprits. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il n'y a pas une «philosophie de la guerre» comme il y a une «philosophie du langage» ou une «philosophie de l'art», et que le discours de la guerre renvoie plus aisément à la littérature ou au cinéma, aux discours de stratégie et d'art militaire, d'Intelligence, d'histoire, d'économie, de politique. Pourtant – de Héraclite à Hegel, de Platon à Machiavel, d'Augustin à Hobbes, de Montesquieu à Carl von Clausewitz, Sebald Rudolf Steinmetz, Bertrand Russell, Jan Patoka ou Michael Walzer – les philosophes ont toujours «parlé» de la guerre, pour la dénoncer ou la justifier, analyser ses fondements, ses causes, ses effets. La guerre serait-elle le «point aveugle» de la philosophie, la condamnant à ne parler que de ce qui la précède ou la suit, ou au contraire le «foyer» brûlant où se concentrent tous ses problèmes, de morale, d'immoralité, de paix sociale, d'Etat, de violence, de mort, de responsabilité, de prix d'une vie?

«Polemos (guerre, conflit) est le père de toutes choses, le roi de toutes choses. Des uns il a fait des dieux, des autres il a fait des hommes. Il a rendu les uns libres, les autres esclaves», Héraclite, Frag. 56) #philomonaco
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