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Cugetarea (01/01/1942)
5/5   1 notes
Résumé :
Ediție îngrijită de Lucian Predescu
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les « Oeuvres complètes » d'Alecu Russo, méritent encore d'être lues. J'ai en ma possession un exemplaire de l'édition de 1942 qui contient également une présentation de la vie et de l'oeuvre de l'auteur.
Prosateur et essayiste moldave, « doctrinaire lyrique » (Paul Cornea) de la génération 1848, Russo fait ses études en Suisse. Rédigée parfois en français (traduction ici en roumain par Mihail Sadoveanu), son oeuvre contient des essais, des mémoires et des fragments issus d'un journal écrit pendant son séjour au monastère de Soveja où il fut exilé, en 1846, à cause de ses idées non conformistes exprimées dans un essai sur le théâtre. Russo fait aussi figure d'initiateur de l'esprit critique dans la culture roumaine. Selon lui, celle-ci devrait dépasser le stade de l'adaptation indifférenciée des modèles souvent étrangers et imposer son originalité. Il considère par ailleurs que tout jugement devrait se fonder sur la modération et le bon sens. C'est ce même raisonnement qui le poussa à condamner, en usant d'arguments solides, le purisme latinisant de l'École transylvaine (cf. Méditations [Cugetări], 1855). Les transformations brusques vécues par sa génération et par lui-même éveillent lui des sentiments de nostalgie. La société figée dans un paisible conservatisme patriarcal et oriental glisse vers un radicalisme farouche des partisans de la modernité. Paradoxalement, l'ironie indulgente et parfois la verve polémique à l'encontre des mentalités hostiles aux progrès et aux idées nouvelles sont également présentes dans l'oeuvre de Russo. On retrouve ces attitudes complémentaires dans l'Étude moldave [Studie Moldovana] (1852). Il a aussi recueilli des poésies populaires en ouvrant la voie à Vasile Alecsandri.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'apparition du pantalon dans les Principautés [roumaines], comme toute chose destinée à changer les sociétés, fut d'abord honteuse, décriée, huée et raillée. Le tout premier Roumain qui a changé ses habits pour un frac et un chapeau haut de forme est longtemps passé, auprès des cours de Iași et de Bucarest pour un excentrique ou pour ce qu'on appelle maintenant un « clown ». Les intendants des domaines rigolaient, les valets et les Tziganes étaient gênés de retirer leur chapeau devant une queue de pie et les boyards en caressant leurs grandes barbes touffues selon rang et fonction criaient avec beaucoup d'humour : « Hé, l'Allemand… ! » En hivers les chenapans accostaient les porteurs de vestons dans la rue par des remarques du genre : « Chaud, chaud messieurs ? », et par d'autres mots d'esprit très en vogue à l'époque. Les boyards et les dames se tordaient de rire. […] Personne ne se doutait en ce jour-là qu'une grande bourrasque traversait la Moldavie, bouleversant ses vieilles habitudes… Aujourd'hui des anciens habits ne reste qu'un souvenir, dont on s'étonne quand on les aperçoit parfois au théâtre.

(traduit du roumain par Mălina Sgondea Vuillet)
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La lutte encourage le faible et le danger enhardit la vaillant... tout bien a ses revers. Telle l'épine qui se cache sous la fleur, les ennemis en veulent à la liberté car celle-ci est la plus féconde des richesses de l'héritage paternel. L'or ne fait pas la richesse des peuples de même que la pauvreté ne fait pas l'indigence des gens. Les trésors sont périssables tandis que la pauvreté laborieuse est une fortune que l'on ne perd jamais. Le travail, voilà la richesse éternelle.
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Messieurs !
Je viens d'apprendre que vous allez vous occuper aujourd'hui même de la manière la plus digne et la plus expéditive dont vous comptez me faire passer dans un monde meilleur. Quelques membres charitables de votre conseil penchent pour la potence ; d'autres, plus artistes dans leur goût, opinent pour le pal. Je comprends que le spectacle d'un Roumain pendu ou même empalé soit doux et agréable aux yeux d'un Maghyare, mais je ne proteste pas moins hautement, au nom du droit des gens, et surtout au nom de Kossuth, contre n'importe quel genre d'exécution appliquée à ma personne.
Je n'ai de goût prononcé ni pour le pal ni pour la potence, et en vous faisant cette déclaration avec toute la franchise qui me caractérise, je me flatte, Messieurs, de l'espoir que vous partagez complètement mes répugnances. En foi de quoi je signe d'une main ferme :
A. Russo, citoyen libre de la Roumanie, particulièrement connu du grand Kossuth.
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La première arme, et la plus redoutable, qui ait frappé la forteresse du passé a été le changement des anciens vêtements. L'habit fait le moine : le type de vêtements que l'on porte modèle le corps et le cerveau, perpétuant les traditions et les habitudes de père en fils. Les commencements de l'histoire moderne des Pays roumains passent indubitablement par le changement des habits ; la civilisation d'aujourd'hui est la conséquence logique de l'abandon des vieux habits. Le nouvel esprit s'est propagé dans notre pays en même temps que le pantalon, et plus encore que les invasions des Tartares, a mis le feu à toute la garde-robe traditionnelle avec ses culottes larges et bouffantes, ses gros bonnets de fourrure, ses bottes et ses simarres.

(traduit du roumain par Mălina Sgondea Vuillet)
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[…] Pendant seize ans, de 1835 jusqu'en 1851, la Moldavie a plus vécu qu'à travers les 500 années écoulées depuis sa fondation par le voïvode Dragoș, en 1359, et jusqu'à nos jours. La vie de nos parents s'est déroulée comme celle de nos ancêtres, sereine comme une rivière qui coule à travers les vergers et les jardins et se perd sans trop de bruit dans le Siret. Les événements du monde avoisinant s'amenuisaient vers les frontières, le tourbillon de l'époque les découvrait et les laissait tels quels. Notre vie n'a rien à voir avec la leur ; on pourrait même dire que nous ne sommes pas leurs enfants. Nos parents sont nés dans le berceau ancestral ; les hommes de 1835, qui inaugurent la génération d'aujourd'hui, sont issus de l'agitation de nouvelles idées. Le regard et la pensée des parents étaient tournés vers l'Orient ; les nôtres sont fixés vers l'Occident : la différence est grande. Il y a un dicton paysan qui circule en Moldavie depuis la nuit des temps : « Le pauvre roi Étienne, que dirait-il en les voyant ? »

(traduit du roumain par Mălina Sgondea Vuillet)
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