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EAN : 9782221188842
360 pages
Robert Laffont (01/02/2018)
3.79/5   21 notes
Résumé :
Depuis plus de vingt ans, Sarah a rompu toute relation avec sa mère, une violoncelliste mondialement connue mais une femme totalement dénuée d’amour maternel. Pourtant, le jour où Élise, la domestique de cette dernière, vient lui apprendre qu’elle se meurt, Sarah doit se résoudre à la revoir et à retourner dans la maison de son enfance, dont elle hérite. Une villa à l’atmosphère inquiétante, entre mer et forêt, totalement coupée du monde, qu’Élise continue d’entrete... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dans une belle villa au bord de la mer, Madame se meurt. Transportée, selon ses voeux, à l'hôpital de la capitale, elle manifeste le désir de voir Sarah Vasseur, qui y travaille comme gynécologue. Madame envoie Élise, sa fidèle domestique pour convaincre le médecin.
Mais Sarah ne veut pas entendre parler de cette rencontre. Cette femme, c'est Lucie Beaumont, qui fut une artiste adulée. C'est aussi sa mère. Et Sarah ne lui a pas pardonné sa froideur et l'enfance malheureuse qu'elle a vécue.
A priori, ce roman ne m'attire pas. La science fiction, ce n'est pas ma tasse de thé. Mais on me le prête en me le recommandant. Je pense donc en lire quelques pages avant d'abandonner. C'est dire si je suis loin d'être enthousiaste. Et pourtant, je vais me laisser embarquer.
Me voilà catapultée quelque part dans un futur indéterminé dont tout fait penser que, malheureusement, il n'est pas si éloigné de notre présent.
D'entrée de jeu, on est plongé dans l'horreur et la violence. Les forces de l'ordre font irruption dans une pièce dont « la porte vole en éclats sous l'assaut du bélier ». Pourtant, le lieu paraissait tranquille : « l'instant d'avant régnaient le silence et la paix (…) Il y a une seconde, cet ancien immeuble industriel, aujourd'hui à l'abandon, était encore engourdi de sommeil. » Ça ne veut rien dire. Sous l'apparente quiétude de l'endroit se cachent peut-être de dangereux terroristes ? Il s'agit d'une « quinzaine d'adultes et une vingtaine d'enfants, dont le plus âgé ne doit pas dépasser les douze ans. » Hommes et femmes sont traités sans ménagement. Les petits, eux, sont épargnés, « si l'on considère qu'arracher un bébé des bras de sa mère ne constitue pas un acte de violence. » Les assaillants débusquent une femme. « Un des policiers a retourné son arme et la frappe de sa crosse sur le tête. Son front cogne le mur (…) un craquement sec accompagne la douleur. »
Mais dans quel monde suis-je donc projetée ? On se croirait au moment de la déportation. Mais ici, pas d'officiers de la Gestapo. C'est une société harmonieuse, évoluée, les voitures y roulent automatiquement, pas besoin de conduire, tout est organisé en faveur de l'humanité. Pour éviter la surpopulation, l'étouffement de la planète, la loi de l'enfant unique a été votée, pour une durée bien précise. Ceux qui refusent d'y souscrire sont des « déviants », ils ne méritent aucune considération.
Le roman d'Eric Russon nous plonge dans un univers déshumanisé qui n'est pas sans rappeler « 1984 », où tout un chacun est fiché, surveillé, géo-localisé. Qui oserait s'opposer à une loi votée dans l'intérêt général ? Elle sera donc reconduite sans nécessité et dans l'indifférence de tous. Des enfants sont arrachés à leur classe en plein cours. Des hommes, des femmes, sont dénoncés par leur conjoint. Sommes-nous dans une dystopie ? A chaque page, pourtant, des situations font furieusement penser à notre société actuelle. A cet univers cauchemardesque s'oppose un autre lieu, comme en-dehors du temps et de ce monde robotisé. Au bord de la mer, isolée de tout, c'est la majestueuse villa Arpeggione, dont le nom est celui d'un instrument de musique, sorte de violoncelle mâtiné de guitare.
Les chapitres portent des titres énigmatiques : « J-104 jours ». On avance donc vers un mystérieux moment dont on se demande ce qu'il cache.
J'ai trouvé la fin précipitée, comme si l'auteur en avait assez et avait bâclé. Trois cent quarante-huit pages couvrent cent quatre jours, puis, on fait un bond dans le temps, pour condenser, en cinq malheureuses pages, une foule de changements très surprenants
Plusieurs épisodes m'ont paru totalement invraisemblables. Cela m'a dérangée.
Pourtant, le roman défend des idées qui me tiennent à coeur : dangers d'une société hyper-connectée, celui de jouer les moutons de Panurge, des lois promulguées, prétendument pour le bien de tous, et que, dès lors, on accepte sans se poser de questions, de la surveillance omniprésente, à laquelle on finit par ne plus prêter attention.
J'ai aussi aimé découvrir des allusions à des oeuvres que je connais bien : « Antigone » d'Anouilh et sa désobéissance à une loi civile inacceptable, « L'écume des jours » avec les pièces qui se transforment selon l'humeur des occupants, « Le choix de Sophie », « Luz ou le temps sauvage », avec les bébés volés sous la dictature. Un des personnages principaux est violoncelliste. Les références à la musique sont nombreuses.
Donc, finalement, malgré quelques réserves, je dirais que ce livre m'a plutôt plu.
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Il y a quelques jours, Eric Russon, me signait son livre en me demandant de lui dire ce que j'en pense... 🎶 du bien, du bien 🎶 (hommage à Maurane...)

Éveillons-nous!
Observons, analysons et réfléchissons sur ce qu'aujourd'hui fait à notre Démocratie. Cette belle Dame se meurt dans l'indifférence la plus totale...
Aveuglés par l'avoir, occupés par "l'indispensable" loisir, apeurés par l'Autre, endormis par l'écran-maître, nous nous replions dans l'égoïsme, la xénophobie, l'indifférence. Laissant faire la loi sans la remettre en question, sans même nous en soucier... Fermant nous même la porte à nos libertés.

Merci monsieur Eric Russon de nous rappeler notre devoir de désobéissance, notre responsabilité face à ce monde qui nous fait et que nous faisons.
De votre livre, qui est aussi un thriller psychologique efficace, je retiendrai de garder les yeux grands ouverts et de désobéir aussi bien et souvent que possible.
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Dans un futur proche et plausible, une sorte d'état d'urgence est décrété, appelé La Loi. Initialement prévu pour 20 ans, reconductible tous les 10 ans, cela fait désormais 40 as qu'elle est installée.
40 ans, l'âge de Sarah, marié à Nicolas, mère d'un enfant, dans la norme, gynécologue…Elle dit s'être construite seule, après avoir fui sa mère. La mort de celle-ci réveille des souvenirs et de l'incompréhension. Pourquoi sa mère était-elle ainsi avec elle ? Si froide ?
Finalement, Sarah, qui vivait avec la loi depuis sa naissance sans se poser de question va devoir ouvrir les yeux et se coltiner avec la réalité de son monde.
Dans les premières pages, j'étais un peu sceptique sur ce qui m'attendais. Quelques répétitions dans les phrases me chiffonnaient, mais finalement il m'a accroché et je me suis laissée porter par ce roman contemporain inspiré d'Huxley.
‘'Il a suffi de deux générations pour que l'oubli s'installe (…) certains mots ont déjà été retirés du dictionnaire. Pourquoi les y laisser, puisqu'ils ne désignent plus rien ?''
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Sarah Vasseur est gynécologue, elle travaille dans la plus grande maternité d'une ville insituée, que l'on imagine être une capitale. Nous sommes dans un autre temps, dans un futur pas si lointain. Sarah est mariée à Nicolas, un architecte en vue avec qui elle a eu Jérôme, leur fils.

Lors de l'inauguration du Palais des Beaux Arts, rénové par son mari, elle admire un tableau dans une salle obscure, une toile d'une autre époque, d'avant la loi, représentant une famille. Un homme étrange au chapeau de cow-boy l'aborde et lui parle de cette époque révolue, rêve ou réalité ? L'homme s'est évaporé la laissant dans ses pensées.

Depuis plus de vingt ans, Sarah a coupé les ponts avec sa mère, Lucie Beaumont, violoncelliste mondialement connue qui a subitement mis fin à sa carrière à la naissance de Sarah. Lucie se meurt et lui demande de la revoir une dernière fois. Elle envoie Elise pour cette mission. Elise qui semble vraiment fort dévouée.

Sarah hésite à revoir sa mère, marquée dans son enfance par l'absence complète d'amour maternel.

Coïncidence, Lucie reçoit des courriers, plus précisément des photos d'elle petite, c'est ce qui va l'inciter à renouer avec son passé.

Le décor est planté. C'est une dystopie que nous propose Eric Russon, un thriller familial palpitant, rudement bien mené.

On ne sait pas très bien où on est, quand on est ? La société a changé, évolué..

Il y a une loi votée il y a quarante ans, une loi temporaire, prévue au départ pour vingt ans, renouvelable tous les dix ans, elle régit la société. Sera-t-elle amendée ?

La mobilisation n'est pas très grande. le peuple est surveillé. le plus inquiétant : les déviants , ils sont arrêtés de façon violente, pourquoi ?

Il y a aussi une maison en bord de mer digne d'un tableau de Hopper ou d'un film de Hitchcock, elle est magnifique, inquiétante. L'ambiance y est oppressante, un sentiment d'être épié y règne. Quels sont ces secrets enfouis ?

Un texte passionnant, captivant qui pose question sur les liens entre les êtres, la soumission, la désobéissance. Une très jolie plume, de courts chapitres remontant le temps comme un compte à rebours. Un texte puissant, marquant.

J'ai vraiment adoré, je vous le conseille vivement. Les pages tournent toutes seules. Un texte qui s'interroge sur certains problèmes de notre société. Intelligent et super bien mené.

Un gros coup de coeur.


Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Sarah, gynécologue et Nicolas, architecte ont un fils Jérôme. La société dans laquelle ils vivent, pour des raisons écologiques, d'équilibre, de survie a décidé que chaque couple aura un seul enfant sinon on devient déviant avec toutes les conséquences qui s'ensuivent...
Pour être franche, ce n'est vraiment pas mon genre de lecture mais je voulais découvrir l'univers d'Eric Russon et c'est la raison qui m'a poussée à aller jusqu'au bout du livre.
L'atmosphère est très froide, l'histoire est froide ce qui est normal dans une société où la liberté, les contacts sociaux sont pauvres et où l'on se méfie des autres qui pourraient vous dénoncer si vous ne respectez pas la Loi. Mais tant de distance chez les personnages m'a laissée froide... le livre est écrit comme un polar familial et on a envie de connaître le fin mot de l'histoire.
Ce livre m'a captivée tardivement mais je pense que c'est moi qui suis réfractaire à ce genre d'histoires et non la qualité du livre qui est mise en cause. Il suffit de lire les autres critiques pour s'en convaincre.
Je plaide coupable et pour les fans de dystopie foncez, vous aimerez.... enfin, je crois.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le passage du sommeil à la veille est de plus en plus flou, elle ne sait jamais avec certitude si elle est endormie ou non. Si ce qu'elle voit est réel ou fabriqué par son imagination. Il lui arrive d'avoir l'impression que certaines pensées traversent avec elle la frontière entre les deux états. Qu'elles naissent dans la léthargie et continuent leur cheminement quand elle rouvre les yeux, ou l'inverse, comme si les deux mondes tendaient à ne plus en faire qu'un seul. Peut-être est-ce cela, la mort. Un état de conscience unique.
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Madame , c'était l'équilibre. La permanence. La clé de voûte de tout un édifice dont Élise fait partie.

Sa vie ressemble à une vieille armoire, avec une foule de tiroirs où chaque objet à sa place, bien séparé des autres. Et il y a fort à craindre qu'à sa mort, tous les tiroirs soient jetés à terre et leur contenu répandu, mélangé. Les compartiments qu'elle a passé une vie entière à garder fermés risquent de se retrouver sens dessus dessous.
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Aujourd'hui, le digital a tout bousillé. Rien à voir avec ces merveilles argentiques. Les photos saturent des mémoires virtuelles, perdues dans les nuages, que plus personne ne regarde. On lègue des maisons, des propriétés, des voitures, des comptes en banque mais comment transmet-on vraiment un récit familial ? Et quand on n'a reçu aucun passé en héritage, le futur ne perd-il pas toute consistance ?
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Sa vie était consacrée à ces femmes qui un jour deviennent mères. Il y avait certes dans ce choix l'expression d'une vocation mais aussi la volonté de percer un mystère. Ce qu'elle voulait, c'était saisir cette étrange envie de se prolonger dans un autre corps, une autre existence. Qu'elle en soit consciente ou non, par l'observation quotidienne du désir et de la joie d'enfanter, c'est l'indifférence de sa mère à son propre égard qu'elle souhaitait comprendre.
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Autant l'une était minérale et glaciale, autant l'image que Sarah garde de Jacques est celle d'un homme solaire.
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