Commencer l'année 2024 en se replongeant dans les origines françaises de la
poésie, c'est retrouver les vieilles racines d'un passé culturel riche, celles d'un territoire qui se bâtit peu à peu dans un esprit de nation, à la recherche de son identité et en particulier d'une langue qui se cherche, entrelacée entre le latin, les dialectes patoisants et un vieux français émergeant. Rutebeuf première star littéraire d'un moyen-âge riche en poètes trouvères ou troubadours, fait la synthèse d'un art aux multiples facettes,
poésies musicales, farces, sotties, miracles, mystères, fabliaux et sirventès. Car si Rutebeuf, comme beaucoup d'artistes vit de la commande d'
oeuvres ou travaille au service de puissants et richissimes mécènes, il n'en demeure pas moins un fin observateur des joies et turpitudes de son temps, n'hésitant pas à railler ses protecteurs avec une causticité non dissimulée. Avec son style à la fois satirique et mélancolique, il ouvre les portes d'une
poésie moderne à la rhétorique acerbe, mais non sans tendresse pour tous ses compagnons d'infortune, que reprendra avec encore plus de mordant un
François Villon deux siècles plus tard.
Et je finirais cette première critique de 2024 en vous souhaitant une bonne année à tous.
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