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Critique de Ptitelfe


Je remercie Babelio et Bragelonne pour l'envoi de cette épreuve non corrigée, un titre fantasy qui sortira le 18 juin prochain, en papier et en numérique.

Avant de vous dire ce que j'en ai pensé, je tiens à remettre dans son contexte le moment où j'ai lu ce pavé de presque 700 pages :

Je l'ai lu en parallèle d'un grand nom de la fantasy : Brandon Sanderson. (auteur que j'ai récemment découvert et chaque lecture est un coup de coeur). Tout ça pour vous dire que contrairement aux mots de l'éditrice en 4e, j'ai été nettement moins enchantée par Blood Song.

Reprenons justement les mots de l'édito : « Entre le nom du vent et Légende.. » Je ne connais toujours pas Patrick Rothfuss mais par contre j'ai lu quelques romans de Gemmell dont Légende, et personnellement, je ne trouve pas que la qualité soit aussi bonne. Il y a des combats, certes, et c'est un des aspects que j'aime beaucoup en Fantasy, mais les scènes ici sont décrites assez vite et franchement, je m'attendais à plus de batailles que ça.

« Blood song vous laissera sans voix . C'est une histoire qui vous emportera sans prévenir, que vous garderez longtemps au coeur après avoir refermé le livre, qui vous inspirera l'envie de la partager. Une histoire qui se distingue par ses enjeux, son envergure et les différents niveaux d'interpretation qu'elle offre, à celui qui prendra le temps de s'arrêter ».

Alors oui, il y a différents niveaux d'interprétation, Anthony Ryan prend bien tous les ingrédients pour concevoir un bon premier tome dans le genre, intrigues politiques, religion, quête initiatique, magie, mais je n'irai pas à dire que c'est un roman qui me laisse sans voix et que je garderai en mémoire bien longtemps. La faute à quelques défauts qui m'ont fait des tours pendant la lecture :

D'abord, j'espérais une écriture à la première personne. Or, dans sa construction, l'auteur place deux points de vue : le premier, celui de Verniers, un scribe qui interroge le « Tueur d'Espoir » à quelques jours de sa condamnation. Ces interludes placées à chaque début de partie sont à la première personne. Or, j'aurai préféré qu'on ait le point de vue direct du héros : Vaelin al Sorna, qui nous raconte son histoire. Ce choix, que je respecte évidemment, a quand même entravé mon plaisir d'immersion dans l'univers médiéval inventé par Anthony Ryan.

Ensuite l'histoire de Vaelin en elle même : le livre est découpé en 5 parties, reprenant des passages important de la vie du héros. J'ai adoré toute la première partie, dans laquelle on découvre qu'à l'âge de 10 ans, le garçon a été déposé par son père, Epée du Roi, à la Loge afin qu'il soit recueilli par le 6e Ordre. Les Ordres sont sous l'influence de la Foi, et chaque Ordre a sa spécialité. le 6e entraîne les plus jeunes à devenir de grands guerriers. Leur noviciat est très rude, tous les jours pleut sur eux des coups de bâton, et chaque chapitre est dédié à une épreuve importante dans leur formation. J'ai vraiment aimé cet aspect, découvrir Vaelin, son caractère, son passé, ses mystères, mais j'ai aimé aussi rencontrer ses compagnons d'Ordre, tous plus différents les uns que les autres, les Aspects, qui sont les dirigeants des Ordres, voir l'influence qu'à la Foi ou la Ténèbre, comment sont condamnés les Apostats ou tout autre personnage qui dévient de la Foi.

Dans un même mouvement, les cinq amis se levèrent pour former un cercle et se joindre les mains. Dentos, Barkus, Nortah, Caenis et Vaelin… Ce dernier les observa tour à tour, se remémorant les enfants qu'ils étaient autrefois. Barkus, massif et empoté. Caenis, chétif et inquiet. Dentos, hâbleur et fanfaron. Nortah, amer et taciturne. Les gamins déboussolés d'alors avaient faits place à de jeunes hommes sveltes, puissants et déterminés. Des tueurs, voilà ce que l'Ordre avait fait d'eux.

Puis plus on avance, plus on découvre dans quelles intrigues le jeune Vaelin va être impliqué contre son gré et par la force des choses. Comment le Roi Janus va en faire son Epée du Royaume, comment il succèdera à son père. Comment il va devoir faire des choix qu'il n'aurait jamais cru un jour… Et pendant le reste de la lecture, on perd un peu pied niveau temporalité. Bien que l'auteur laisse des indices « Il ne la reverra que 5 ans après » ou bien « Sollis avait le visage plus marqué, quelques rides apparaissaient ici et là... » on ne sait plus trop quel âge a le héros et donc comment il a tant d'influence sur ses armées… Cela est bien dommage, et j'aurai aimé avoir un petit rappel des dates dans un index ou en début de partie.

Vaelin éprouva une fois encore ce malaise diffus qui s'était emparé de lui lors de sa première rencontre avec le Roi - la prise de conscience déconcertante qu'il n'etait que le rouage minuscule d'un plus vaste et invisible engrenage.

Ensuite, je n'ai malheureusement pas réussi à m'attacher complètement aux personnages. Vaelin a tout ce qu'il faut pour marquer nos coeurs, mais là encore, j'ai du passer à côté de son surnom notamment : le Tueur d'Espoir. En découvrant ça en début d'histoire, je m'attendais vraiment à une histoire révolutionnaire et sanglante. Or, Espoir, c'est juste un gars important chez un autre peuple qu'il a tué, et qui lui a valu ce colibriquet. Là, j'ai été déçue… Mais bon, je suis un peu raide dans cet avis parce que je trouve que l'édito exagère et force la vente en équilibrant pas à son niveau ce roman…

Si j'ai eu un peu de mal à m'attacher à Vaelin, j'ai par contre adoré les femmes de l'univers.
La première place va à Lyrna, la princesse et fille du Roi Janus. J'ai adoré sa sensibilité, même si elle peut paraître calculatrice, je sais qu'au fond elle est bonne et qu'elle ne demande qu'à être heureuse et je suis sûre qu'elle aurait bien échangé sa place de princesse ! Les scènes dans lesquelles elle s'entretient avec Vaelin, qui lui au contraire, ne l'apprécie pas tant que ça, sont touchantes car elle s'ouvre quand même à lui en dépit de sa froideur et de sa distance.

Une autre femme que j'ai aimée, c'est Sella, une Apostate atteinte par la Ténèbre. Dès qu'on la rencontre, elle a su me toucher. J'espère qu'on la retrouvera dans les prochains tomes.

Sherin la guerisseuse qui se retrouve toujours dans des guépiers apporte un peu de légèreté et d'amour au récit.
Dans les personnages secondaires, celui que j'ai le plus aimé est Frentis, le jeune garçon sauvé par Vaelin. J'ai eu du mal tout du long avec Caenis que je ne trouve toujours pas sincère dans son amitié.

L'aspect Magie (Ténèbre) et Religion (Foi) m'a également plu. L'auteur nous parle d'autres peuples comme les Lonakes par exemple, mais il ne s'étale pas dessus bien longtemps. Peut être y reviendra t-il plus tard ?

Les Lonaks sont passionnés d'histoire. Les enfants incapables de réciter la saga de leur clan sont sévèrement punis. On raconte qu'ils possèdent l'une des plus importantes bibliothèques du monde, bien qu'aucun étranger ne l'ait jamais vue. Ils raffolent des légendes de leur peuple et peuvent passer des heures autour d'un feu de camp a écouter leur chaman.

Enfin, comme dans l'assassin royal de Robin Hobb, Vaelin détient un Don, la voix du sang, qui lui permet de savoir si un grand danger approche par exemple, et il est sous la protection à plusieurs reprises d'un loup, et dès qu'il y a des loups, je tombe dedans ! J'adore cet animal et dans le roman, les personnages nous parlent à un moment de la signification du loup dans les légendes. J'espère aussi le revoir plus souvent !

Au niveau du style, l'écriture est fluide, le traducteur a fait un beau travail. Les villes sont bien décrites, l'auteur laisse imaginer les lieux sans être lourd et amène quelques explications bien placées.

En conclusion, ce premier tome et roman est très bien mais loin d'être aussi bon que Gemmell ou Gabriel Katz. L'auteur reprend la base d'une bonne fantasy à savoir la quête initiatique d'un jeune garçon plein d'avenirs et qui sera malheureusement au milieu d'un grand rouage politique. Il y a de la magie, et malgré les nombreux personnages rencontrés, on ne se perd pas dans les noms. Un index se trouvant à la fin du roman peut aussi aider le lecteur débutant en fantasy qui s'y perdrait. Cependant, je n'ai pas réussi à m'attacher plus que ça à Vaelin et ce malgré un parcours semé d'embûches et de rebondissements. Avec les promesses écrites en 4e de couverture, je m'attendais à plus de batailles et plus de palpitations
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