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Critique de Fandol


Fandol
12 décembre 2017
Réussir un roman choral n'est pas chose aisée. Olivier Adam, fort de son expérience l'avait parfaitement fait dans Peine perdue. Fort courageusement, l'écrivain irlandais, Donal Ryan, pour son premier roman, le coeur qui tourne s'est lancé dans l'exercice, axant son récit autour de Bobby Mahon qui a perdu son emploi et ne peut toucher les allocations chômage, comme les autres ouvriers et employés de ce Pokey Burke qui a disparu…

Tour à tour, vingt-et-une personnes s'expriment, donnant chair à cette Irlande en pleine crise avec un chômage endémique et des patrons voyous. Passant de l'une à l'autre, cela tourbillonne un peu et laisse sur la faim pour certaines dont on aurait aimé en savoir plus.
Bobby souffre et nous fait souffrir car ce type vraiment bien accumule les malheurs avec la perte de son travail de contremaître : « Je me croyais arrivé. le bâtiment c'était l'avenir. Quand je croisais des bébés en poussette, au village, je pensais, Formidable, c'est du boulot pour plus tard. Ces gens-là auront forcément besoin de faire construire un jour ou l'autre. Pokey était un connard, on s'en rendait compte, mais tout le monde s'en fichait. »
Quant à son père, il a dilapidé en boisson tout l'héritage du grand-père, pour se venger et a saccagé la vie de sa mère. Dans ce décor sinistre et lugubre, les témoignages vont se succéder comme celui du père de Pokey qui avoue que son fils n'a jamais régularisé les prélèvements de ces gars maintenant au chômage et sans ressources. C'est lui qui doit subir les assauts du fisc et des sous-traitants et il se demande : « Qui faut-il accuser, alors, quand un enfant est pourri comme ça ? »
Vasya, un immigré d'origine russe confie bien tristement : « trop loin du foyer de mon père, trop loin de la tombe de mon frère. » Dans le Pôle emploi local, il est obligé d'admettre ce que les autres lui disent : « tu n'existes pas. »
Plusieurs femmes s'expriment comme Lily qui attire les hommes et en est à son cinquième enfant dont le père vient de la battre. Il y a aussi Realtín qui a couché avec George, son patron, et habite, comme une dame âgée, dans ce lotissement de quarante-quatre maisons, jamais terminé. Les autres sont vides !
Brian rêve d'Australie. Trevor est hypocondriaque. Seanie la Frime a mis Realtín enceinte puis celle-ci s'est débarrassée de lui, même s'il passe voir son gosse de temps à autre. Il bossait comme soudeur pour Pokey et ajoute : « Il a engagé une bande de manoeuvres polonais qu'il s'est empressé d'entuber… Quand notre tour est venu de nous faire niquer, on a commencé à rire jaune. »
Un enfant est kidnappé. Un drame survient. Un innocent est accusé et l'on raconte n'importe quoi. Jim est lucide : « D'après moi, les grandes gueules de la télé et de la radio sont responsables de cette hystérie qui est en train de s'emparer des gens. Ils font leur beurre avec les peurs des autres. »

Enfin, c'est Triona, la compagne de Bobby, qui termine cette ronde de témoignages avec une lucidité poignante et une petite lueur d'espoir.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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