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Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782848930893
368 pages
Les Deux Terres (01/04/2011)
3.72/5   58 notes
Résumé :
1936, début de la terreur stalinienne. Le cadavre mutilé d une jeune femme est retrouvé sur l'autel d une église désaffectée. L'inspecteur Korolev, chef de la section criminelle de la Milice de Moscou, est chargé d'enquêter. Comme la victime est citoyenne américaine, l'organisation la plus redoutée de toute la Russie, appelée NKVD, s'en mêle. Les moindres faits et gestes de Korolev sont observés. Bien décidé malgré tout à découvrir ce qui se cache derrière ce crime ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 58 notes
1936 en Russie. le pays est sous une chape de plomb qui a pour nom : le stalinisme. le gouvernement prépare la grande Russie mais en attendant la vie quotidienne du peuple est extrêmement difficile. les problèmes sont innombrables, pour se loger, pour se nourrir, pour se vêtir... Sans compter la peur de la milice omniprésente qui surveille les moindres faits et gestes des citoyens. Il faut en permanence se méfier, faire attention car tout le monde s'épie et la délation est de mise.
Qui n'a pas peur dans dans ce pays ? Étonnement ce sont les voleurs. En effet, ils forment une caste très puissante, qui fonctionne selon une hiérarchie sophistiquée et très stricte. « le parti croyaient au principe de rééducation des criminels ; c'est pourquoi les voyous et les bandits écopaient d'interminables sermons au lieu de longues peines d'emprisonnement. (…) et du fait de ce laxisme envers les criminels professionnels les villes soviétiques n'étaient pas aussi sûres qu'elles auraient dû être. » (Extrait de la page 69).
A Moscou, un meurtre d'une rare violence est commis sur une jeune femme américaine. On confie l'enquête à l'inspecteur Korolev, un fin limier. Cet policier intègre croit en Staline et à l'avenir glorieux de son pays, mais il fait preuve de lucidité en analysant les premiers résultats de l'autopsie. Il a conscience que ce crime va l'emmener vers la partie sombre du système politique. Un deuxième meurtre est commis avec les mêmes mutilations mais là il s'agit d'un voleur, son corps est complètement tatoué selon les codes de sa caste. D'après ses tatouages, l'inspecteur sait que cet homme était un voleur de grade supérieur « tout le corps était tatoué. Sur l' épaule gauche un crâne était transpercé par un crucifix, dont la barre transversale soutenait les plateaux d'une balance. Il s'agissait d'un tatouage rare, indiquant que le défunt faisait office de juge dans les conflits entre voleurs ». (Extrait de la p115)
L'enquête prend une tournure complexe, parce que si la caste des voleurs n'est pas l'auteur de ces crimes, elle est impliquée dans cette histoire. L'inspecteur Korolev cherche à rentrer en relation avec le chef du clan des voleurs, le tout puissant comte Kolya. Ce personnage énigmatique accepte la rencontre alors que normalement la caste des voleurs refuse toute collaboration avec les représentants de l'état, c'est la règle. L'affaire est donc très grave. .
Évidemment, je ne vous raconte pas la suite de cette trépidante aventure qui nous tient en haleine jusqu'à la fin du livre.
Mon avis : J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman policier parce que même si l 'enquête est complexe, son déroulement est clair et précis, ce qui n'est pas toujours le cas dans les romans policiers à caractère politique. de plus, il y a tout au long du roman une véritable analyse historique de la vie quotidienne pendant la période stalinienne et de cette fameuse caste des voleurs dont personnellement je ne connaissais pas l'existence. le personnage central, l'inspecteur Korolev est un homme sympathique plutôt discret et dont les réflexions, à mots couverts, sur le devenir de son pays sont extrêmement lucides !! Une série à suivre.......
J'ai lu ce livre en partenariat avec Babelio et les Editions Des Deux Rerres dont je remercie vivement la proposition de lecture.
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En revenant de son rendez-vous avec le colonel Grégorine du NKVD, le capitaine Alexis Dmitrievitch Korolev du service des enquêtes criminelles de la milice de Moscou se demande pour combien de temps encore son service restera indépendant. Il faut dire qu'à Moscou en 1936, les choses changent, bougent et les hommes passent au gré des dénonciations plus ou moins fantaisistes. Et le Parti a tout fait pour ériger la diffamation au rang de sport national. Les camarades citoyens s'en donnent à coeur joie, en accusant à tour de bras sur des détails sans intérêt, pour obtenir le moindre avantage sur les autres. Une vraie surenchère de la délation ! La crainte du capitaine Korolev est de devoir travailler pour le NKVD, la redoutable et crainte police politique du système, dont personne n'ose même prononcer les quatre lettres de peur de se retrouver à la Loubianka – le quartier général – à devoir rendre des comptes. En attendant d'être très certainement absorbé par le NKVD et détesté par l'ensemble des citoyens soviétiques, Korolev continue son travail. Sa spécialité : les enquêtes criminelles délicates. Et pour celle de la rue Ravine, il va être servi.

Les seuls indices probants : les dents d'une blancheur exceptionnelle et la qualité des vêtements que l'on ne trouvait pas encore en URSS, surtout en 1936 avec le plan quinquennal qui s'engageait plutôt mal. Tout laisse à penser que la victime est certainement une étrangère. C'est léger pour un début d'instruction. C'est infime et c'est déjà trop, car voilà que les tchékistes vont reprendre l'affaire à leur compte. Qu'est-ce qui peut bien intéresser la Tcheka dans un crime aussi sordide, probablement perpétré par un tueur psychopathe ? Pour Korolev, il n'y a rien dans cette histoire qui soit du ressort de la police politique. Hormis la nationalité de la victime, Américaine. Et encore ! Mais ce qui inquiète particulièrement le capitaine Korolev, c'est que le NKVD veut faire une enquête parallèle à la sienne. Il leur servira de paravent, d'alibi parfait pour la population qui déteste les tchekistes.

En 1936 à Moscou, l'ennemi n'est pas seulement le capitalisme. le ver est aussi dans le fruit du socialisme soviétique, et il faut absolument l'en extraire. le NKVD est son remède radical. Malheur à ceux qui ne le comprendraient pas très vite.

« le royaume des Voleurs » de William Ryan où la technique des Poupées russes ! L'auteur commence par une banale investigation autour d'un crime barbare commis par ce qui pourrait être un tueur dément qui sévit à Moscou, pour aboutir – au final – par une plongée au coeur du système politique soviétique au milieu des années 1930. Ces années 1930 en URSS sont synonymes de bouleversements politiques, économiques et sociaux. On est à l'aube des grandes purges orchestrées par un Parti tout-puissant pour graver l'hégémonie stalinienne dans les décennies à venir. Procès truqués contre de soi-disant complots, épuration d'intellectuels par un Staline au sommet de son pouvoir, sont dans l'air du temps.

Et le « Royaume des Voleurs » est empreint de cette atmosphère délétère, malsaine, corruptrice, glauque, où chacun surveille l'autre pour s'accaparer le peu qu'il dispose encore. A tort ou à raison, tout le monde est suspect, soupçonné de trahison envers la cause, parce que tout le monde peut devenir l'ennemi du Peuple, donc du système et par-là même du Régime en place. Ainsi, le capitaine Korolev l'a très bien compris, qui se tient en retrait de cette hystérie collective qui semble gagner toute la population. Ancien de l'armée du Tsar, révolutionnaire en 1917, il n'oublie pas qu'il aurait pu devenir prêtre orthodoxe sans l'arrivée de Lénine au pouvoir. Et c'est cette ambivalence qui le rend sympathique au lecteur. Korolev a revêtu l'uniforme de la milice comme un sacerdoce, par morale chrétienne, pour sauver la société de ses maux, et a fait sienne la cause du Parti et de la Révolution socialiste, jusqu'à un certain niveau de tolérance. Lorsque celle-ci est atteinte, au lieu de devenir un dangereux réactionnaire, il s'en remet à Dieu et à saintes icônes. Moindre mal !

Dans le « Royaume des Voleurs », c'est la société russe des années 1930 qui est mise à nue, entre terreur des dénonciations et rigueur extrême des plans quinquennaux qui se suivent et affament tout le monde. Malgré les espoirs mis dans la Révolution de 1917, rien n'a changé parce que tout a été bouleversé. Les strates sociales sont toujours prégnantes, même si les leaders communistes ont remplacé l'aristocratie russe. Et le NKVD s'est substitué à l'Okhrana, la redoutable police secrète du Tsar. Il y est question d'icône miraculeuse et protectrice, de réseaux mafieux, d'intérêts politique et personnel, de faux coupables et de vraies crapules. William Ryan a réussi le pari de mélanger subtilement grande histoire de l'ex-URSS dans les années 1930 et enquête policière, personnages officiels et fictifs pour le plaisir du lecteur. Au final, cela donne une ambiance proche et réaliste du quotidien de l'époque dans un pays peu appréhendé sous cet angle. Au détour de quelques pages, il arrive même au lecteur de croiser un certain Isaac Babel presque plus vrai que nature !
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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NKVD et Tcheka:Voilà 2 termes qui vous seront très utiles si comme moi vous ne connaissez pas grand chose de l'Histoire de l'URSS et si vous décidez de vous plonger dans le 1er livre de William Ryan.

1936 à Moscou.Un cadavre atrocement mutilé est découvert dans une église désaffectée,le cadavre d'une jeune femme.Enquête de l'inspecteur Korolev pour découvrir qui en est l'auteur.Jusque là rien de bien extraordinaire dans l'intrigue ,somme toute traditionnelle d'un roman policier.Mais ne pas oublier l'endroit où ça se passe et l'année.

Et là tout s'embrouille..Oui je dis bien tout s'embrouille car il faut arriver à démêler les organismes qui se croisent,se font des croche pieds.Les manipulateurs,les manipulés tout ça sur fond de critique de la société Russe de l'époque:Terreur,dénonciations,déportation,torture et assassinat ,misère du peuple....

J'ai souvent eu le sentiment que l'intrigue de l'enquête policière était plus un prétexte à la dénonciation de la terreur Stalinienne que le motif réel du roman.Oui mais voilà..Rien à voir avec un "enfant 44 " ou dans un autre contexte à "la trilogie Berlinoise".

Nous nous perdons et jamais l'auteur ne nous prend par la main pour nous accompagner.Du coup nous sommes envahis de précisions historiques (par exemple les Voleurs dont il est question appartiennent à la mafia russe ,régis un code et la précision de la signification de leurs tatouages fait que nous sommes incités ,pour les curieux dont je fais partie ,à aller se renseigner plus avant ..Merci le Net...

Et puis assez grosse surprise pour moi,j'y ai appris également que les recherches scientifiques ,ADN ,empreintes etc...se faisaient déjà à cette époque.Trompée par les séries américaines actuelles je pensais que ces recherches étaient assez récentes..Mais non..

Donc nous sommes envahis par tous ces détails qui pourraient donner du poids à l'intrigue mais je trouve que c'est plutôt à son détriment

Quid de l'intrigue elle même? Classique.On retrouve un peu de J.C Grangé dans l'intrigue...Compliment? C'est à vous de voir.

Les personnages? il y en a un très grand nombre,là aussi on s'y perd un peu mais en ce qui concerne celui de Korolev,le personnage principal ,je n'ai pas réussi à entrer en empathie avec lui.Il a bien quelques traits sympathiques,résistant silencieux intégré dans le système qui, par petites touches montre bien ses réelles convictions mais sinon il me parait assez quelconque.Une ébauche d'intrigue romantique apporte un soupçon de légèreté dans ce roman et nous montre bien que ce n'est que le début des aventures de cet inspecteur qui n'hésite pas à payer de sa personne quand la circonstance l'y oblige.

Pourquoi avoir lu ce livre?

Babelio m'a proposé ce partenariat avec les éditions "les deux terres",maison créée en 2003 dont le catalogue contient Patricia Cornwell ,rien que ça! Je les remercie de m'avoir permis de découvrir en avant première cet auteur.

Vais je continuer à suivre les enquêtes de cet inspecteur?

Pourquoi pas ? Un 1er livre est souvent maladroit alors laissons sa chance à ce nouvel écrivain né en Irlande en 1965.
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En commençant ce roman, je me disais qu'en plus de l'intrigue policière, j'allais en apprendre davantage sur le début de la dictature stalinnienne grâce au héros, le capitaine Alexeï Dimitrievitch Korolev, plus communément appelé inspecteur Korolev, au service des enquêtes criminelles de la Milice de Moscou. Un grand colosse d'un mètre quatre-vingt-trois, quadradénaire, divorcé, père d'un petit Youri. la joue barrée d'une cicatrice, "souvenir d'une rencontre avec un cosaque blanc durant la guerre civil". Korolev s'est "battu de l'Ukraine jusqu'à la Sibérie, et retour, durant sept longues années, contre les Allemands, les Autrichiens, les Polonais". Mener une enquête dans le Moscou de 1936 s'annonce ardue car il s'agit de ne pas déborder sur les plates-bandes du NKVD, autrement dit de la police secrète qui s'occupe des crimes politiques, alors que la Milice a en charge les crimes "traditionnels". Mais la frontière entre les deux est floue. Pour compliquer l'affaire, il y a ceux que les Moscovites appellent les "Voleurs", organisés en une société structurée et hiérarchisée : la mafia russe.

Alors, quand le cadavre d'une femme, atrocement mutilé, visiblement torturé et mis en scène, est retrouvé dans une église de moscou, la tension est grande, d'autant qu'on apprend rapidement que c'est une Américaine d'origine russe, religieuse orthodoxe. Là on se dit qu'on va avoir droit à un roman policier de la lignée de Dan Brown...

Mais voilà, le problème c'est que William Ryan ouvre des pistes, accumule les descriptions, les noms et épisodes historiques (NKVD, Tchéka, tchékistes, miliciens, Voleurs, guerre civile, cosaque blanc), et les personnages (qui en plus ont plusieurs noms), sans creuser davantage, sans expliquer. On vit avec le héros la misère moscovite : la faim, le froid, l'humidité, le manque de logement, le manque d'argent, la dure vie des gamins des rues. Mais à force de vouloir tout dire, tout restituer, l'écrivain finit par perdre le lecteur dans les bas-fond de la ville ! Et là on crie "Help"! L'intrigue finit par devenir presque anecdotique, noyée sous des considérations qui voudraient donner un fonds historique au roman. On ne sait plus trop où donner de la tête.

En outre, j'ai trouvé l'écriture froide et manquant d'un petit quelque chose qui aurait fait qu'elle aurait eue plus de saveur. Je me suis ennuyée de plus en plus au fil du récit. Pas convaincue et déçue. J'ai cherché en vain le "suspens dense et brutal qui ne cesse de croître", annoncé sur la quatrième de couverture par le Financial Times. Je dirais que c'est plutôt le contraire : ça commence bien et fort et ça finit à plat... Dommage car l'idée était bonne.


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Ce livre est présenté par l'éditeur comme la première enquête de l'inspecteur Korolev. Il est toujours intéressant d'assister à la "naissance" d'un héros récurrent. Enfin, moi, j'aime bien. Et puis, il est assez sympathique ce flic russe. Une quarantaine d'années, vétéran de la guerre 14/18, ancien joueur de football, divorcé et père d'un petit Youri qu'il ne voit plus guère, voilà pour le profil. Il est empêtré dans une histoire difficile et gêné aux entournures par le NKVD et l'angoisse qui règne à Moscou en cette année 1936. En effet, à cette époque, tout le monde espionne tout le monde. Les dénonciations d'un voisin pour récupérer un appartement plus grand, par exemple, ou simplement parce que ce voisin n'a pas une tête très communiste sont légion. Ci-après, une blague de l'époque qui a valu à son auteur, flic, ex-collègue de Korolev, d'être dénoncé et déporté : "C'est un mouton qui tente de franchir la frontière avec la Finlande. "Pourquoi tu veux fuir en Finlande ? lui demande le douanier. - A cause du NKVD, répond le mouton. le camarade Staline a ordonné que tous les éléphants soient arrêtés. - Mais tu n'es pas un éléphant, dit le douanier. - Oui, je sais, répond le mouton, mais essayez d'expliquer ça aux tchékistes [les hommes du NKVD.]" (p89)

Cette fois encore, le contexte de ce roman policier est suffisamment dense pour attirer le lecteur et le garder. La peur est omniprésente, l'effroi d'être dénoncé pour rien ajoute du suspense au récit. Même au plus haut du sommet, la lutte existe pour le pouvoir, mais personne n'est sûr de rester au poste qu'il occupe très longtemps. Staline décide, Staline fait et/ou défait les carrières et mêmes les vies. Dès lors, il est donc à peine utile de vous préciser que Korolev se doit d'avancer à pas feutrés, sans faire de bruit ni de vagues. L'enquête prend donc du temps et pour tenter d'en perdre le moins possible, il doit s'allier à la fois à un colonel du NKVD et au chef des Voleurs.

Contrairement à beaucoup d'autres polars, le récit est assez linéaire : il n'y a que trois chapitres disséminés dans le livre dans lesquels le tueur s'exprime, en aparté, tout le reste est consacré à l'enquête proprement dite et à Korolev quasiment présent de bout en bout. C'est plutôt pas mal de quitter un peu le modèle dominant du moment dans lequel le tueur intervient très souvent, en parallèle de l'enquêteur.

Pour conclure, pas mal du tout cet inspecteur Korolev. Convaincant, évoluant dans un cadre fort et peut-être une petite histoire d'amour qui s'annonce ?
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
— Pardonnez-moi. Je n’ai nullement l’intention de vous arrêter, mais je dois aller travailler.
— Travailler, vous dites ? Juste une chose, monsieur ment. J’aimerais savoir comment vous avez réussi à faire monter un éléphant par l’escalier ? Moi-même, j’ai déjà du mal à le monter. Il a dû en baver, le pauvre.
— Un éléphant ?
— Oui, parfaitement. D’ailleurs ça me rappelle l’histoire du mouton. Vous la connaissez ? C’est un mouton qui tente de franchir la frontière avec la Finlande. « Pourquoi tu veux fuir en Finlande ? lui demande le douanier. – A cause du NKVD, répond le mouton. Le camarade Staline a ordonné que tous les éléphants soient arrêtés. – Mais tu n’es pas un éléphant, dit le douanier. – Oui, je sais, répond le mouton, mais essayez d’expliquer ça aux tchékistes. » Elle est bonne, hein ?
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— Camarade colonel ? lança Korolev, craignant qu’ils aient été coupés.
Peut-être qu’un fourgon était déjà en route pour venir l’arrêter.
— Oui, capitaine, je suis toujours là. Je suis en train de me demander s’il est possible de répondre aux questions que vous avez posées, ou je devrais plutôt dire aux suggestions que vous avez formulées. Je ne pense pas. La sécurité de l’Etat est une priorité dans tous les cas de figure. Vous en avez bien conscience, n’est-ce pas, capitaine ?
Gregorine avait légèrement insisté sur le grade de son interlocuteur afin de lui rappeler combien la glace était fine sous ses pieds. Korolev n’avait pas besoin qu’on le lui rappelle : il n’était qu’un simple milicien, un pied-plat, alors que Gregorine était un haut gradé de l’héroïque NKVD, les défenseurs de la Révolution, la branche armée du Parti, rien que ça. Le chauffeur du colonel lui était sans doute supérieur en grade.
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— J’ignorais qu’ils étaient si nombreux… les suicides. C’est peut-être l’arrivée de l’hiver. C’est ça, la cause ?
— Avec ces gens-là, ça peut être n’importe quoi, répondit Chestnova, dont les joues avaient retrouvé des couleurs. Tout ce que je sais, c’est que c’est un comportement anti-soviétique de se suicider quand une menace pèse sur la nation. Si vous êtes malheureux, vous devez trouver du réconfort dans un travail utile. Ces gens-là, ajouta-t-elle en désignant d’un geste vague la morgue et l’autre salle d’autopsie, étaient des égoïstes. Des individualistes. Ils ne pensaient qu’à eux, au lieu de penser à l’État.
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— Dans toute prison, même dans la cellule d’un poste de police, il existe une hiérarchie. Au sommet, on trouve le Voleur supérieur, l’« autorité », puis ses lieutenants, et ainsi de suite jusqu’aux apprentis. Après les Voleurs, il y a les autres prisonniers, puis les détenus politiques. Tout en bas, en dessous de tous les autres, on trouve les intouchables. Aucun Voleur ni aucun autre prisonnier ne les toucheront, sauf pour commettre des actes de violence, parfois sexuelle. Ils dorment sous les couchettes, au cas où ils contamineraient un lit. Ils possèdent leurs propres couverts car une fourchette utilisée par un intouchable contamine celui qui s’en est servi après lui, et qui se trouve rabaissé au rang d’intouchable à son tour. On leur impose les tâches les plus répugnantes. Et ils ne font pas de vieux os. En tant que violeur, Voroshilov finira comme ça, à moins qu’il ait de la chance. Telle est la morale des Voleurs.
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— Ah ! Il a bougé. On va l’avoir, les gars ! lança en crachant l’homme à la masse.
Le crachat atterrit sur un tas de gravats à ses pieds. Korolev hocha la tête d’un air pensif, un stratagème qu’il trouvait très utile quand il ignorait ce qui se passait, et il avança d’un pas, timidement. À sa connaissance, Iagoda était toujours un membre éminent du Politburo et il avait droit au respect dû à sa position. Mais de toute évidence, quelque chose avait changé si on déboulonnait sa statue.
Korolev marmonna un « bonjour, camarades ! » bourru mais ferme en passant devant les ouvriers. Il se disait qu’à Moscou, au moins d’octobre de l’an de grâce 1936, il était préférable de s’abstenir de tout commentaire sur ce genre de choses, surtout quand on avait la gueule de bois.
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