Reckless & Real, tome 2 : Something Real

– Alors, c’est comment, le boulot ?

Je hausse les épaules.

– Oh, tu sais. À chaque jour son lot d’étudiantes qui me traitent de salope parce que je refuse de mentir sur leur nombre d’heures de bénévolat pour valider leur cours de sciences politiques.

– Tu pourrais rentrer à la maison.

Elle sourit pour adoucir sa suggestion. Elle sait qu’elle le dit trop souvent, mais cela ne l’arrête pas.

– Tu me manques aussi. Et ne t’inquiète pas, j’ai promis à maman que je serai là pour aller à l’église ce week-end.

– Ce serait bien que tu viennes ce soir. On sortirait avec les copines ! On avait prévu d’aller chez Brady comme au bon vieux temps.

Je fais tout mon possible pour ne rien laisser paraître, mais Hanna fait quand même du rétropédalage.

– Ou alors on pourrait rester à la maison. Boire un coup, jouer aux cartes et tout ça. Ce serait marrant. Bien sûr, si on ne veut pas boire devant les petites, il faudrait aller dans la nouvelle maison de Nix, ou chez Krystal, mais je suis sûre qu’elles n’auraient rien contre.

– Mon ange !

Hanna tourne la tête vers Nate qui l’appelle du fond de la pièce et cela m’évite d’avoir à répondre à son invitation. Le QG de la campagne présidentielle de Guy se trouve à Indianapolis, donc le trajet pour rentrer à New Hope n’est certes pas si terrible, mais le risque de rencontrer Sam, lui, l’est.

Quand Hanna retourne la tête vers l’écran, elle est toute pâle.

– Liz, tu devrais peut-être mettre les infos. Sur WCBF.

– D’accord…

J’attrape la télécommande sur la petite table, j’allume la télé et je mets la chaîne nationale.

– Je suis désolée, dit Hanna.

Je regarde l’écran en clignant des yeux, mais le titre qui s’y affiche n’a aucun sens pour moi.

Elle rigole, ce qui allume le feu dans ma poitrine, alors je la prends dans mes bras et je la serre contre moi. Sans la moindre intention de jamais la lâcher.

Pour certaines personnes, l’amour c’est comme l’air que tu respires, comme l’oxygène sans lequel tu ne peux pas vivre. Tu en as besoin, et une fois que tu l’as, tu ferais n’importe quoi pour le garder.

- Tu es ce qui pouvait lui arriver de mieux, me murmure-t-il à l'oreille. Il faudrait qu'il soit vraiment idiot pour épouser l'autre.

- Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Même quand cela voulait dire souffrir au-delà de ce que je pouvais supporter. Je n'avais pas le choix. Il m'aurait été plus facile de choisir d'arrêter de respirer. Mon amour pour toi fait partie de ce que je suis.

C’est douloureux d’être si près, de respirer le même air qu’elle, de sentir son parfum. Je n’aurais jamais cru que cela faisait si mal de désirer une chose à ce point-là et qu’on me la refuse.

Je suis toujours amoureux de toi. Je n’ai jamais cessé de l’être. Et je t’aimerai toujours.
Les mots restent bloqués sur ma langue.

J’avale ma salive avec difficulté. J’ai envie de dire : Tu disais que tu m’aimais. J’ai envie de dire : L’amour devrait être suffisant. Mais je ne suis là pour tenter bêtement une réconciliation qui n’aurait aucune chance d’aboutir. Je suis là pour connaître la vérité.

- Est-ce qu'Hanna savait que tu allais faire ça ? Parce que je l'ai trouvée bizarre ce matin à la pâtisserie.
Je hausse un sourcil.
- Tu crois que je te demanderais en mariage sans avoir reçu la bénédiction d'Hanna ? Je tiens à mes balloches, merci beaucoup.

- Je n'ai pas besoin que tu aies besoin de moi, mais j'espère que tu pourras me pardonner d'être un imbécile. Et j'espère que tu veux de moi. Parce que j'ai entendu aux infos que mon mariage avait été annulé.