AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782812610301
119 pages
Editions du Rouergue (02/03/2016)
2.88/5   12 notes
Résumé :
Placé depuis des années dans un asile, Joseph écosse des petits pois, fabrique des sacs, c’est son travail. Mais avant, Joseph était un grand écrivain, d’ailleurs le directeur et le médecin l’incitent à reprendre l’écriture. Mais lui préfère le simple, la lumière, les oiseaux, les cailloux, le détachement absolu. Dans ce roman, Arnaud Rykner s’est inspiré de la vie de l’écrivain suisse Robert Walser, avant de prendre des libertés. « Surtout, ne pas penser (…) Juste ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
“Se dit : J'écosse des petits pois” comme on se dit, en refermant le roman, Arnaud Rykner : maîtrise l'art de nous faire passer dans les pensées d'un autre. Sans désir d'enjoliver la réalité, en disant simplement ce qui est, puisque c'est ce à quoi s'attelle le personnage de Dans la neige. Puisqu'il est interné en hôpital psychiatrique, on pourrait se dire que les propos de Joseph sont peut-être altérés et pourtant, l'illusion est si parfaite que l'on adhère immédiatement à ce qui nous est donné à lire. Cette phrase inaugurale reflète déjà l'écriture qui s'ensuit : simple, honnête, efficace.
A la fiction se mêle un fond de vérité : le roman est inspiré de la vie de Robert Walser. Après un internement forcé en hôpital psychiatrique, les jours de l'écrivain Suisse prennent fin dans l'épuisement d'une trop longue promenade dans le froid de l'hiver bernois. Il est retrouvé mort dans la neige le 25 décembre 1956. S'il fonde son histoire sur les derniers mois de la vie de Walser, Arnaud Rykner ne prétend pas avoir été fidèle à la réalité. Il a conscience qu'il ne connaîtra jamais ses vraies pensées, ce qui ne nous empêche nullement de plonger dans celle du personnage que nous suivons au fil des pages. Nous nous glissons dans l'esprit de ce Joseph, parfois Tobias, aussi bien “je” que “on”, qui nous délivre un récit dont le morcellement reflète le rythme des pensées. D'abord témoins de ses songes instables, nous nous laissons peu à peu imprégner par ce qu'il ressent et vacillons avec lui entre peur, solitude, révolte, mais aussi joie, parfois. Alors que comme le directeur de l'asile, nous avions d'abord nous aussi envie de pousser Joseph à reprendre l'écriture, qui aurait pu lui être salvatrice, nous en arrivons finalement à comprendre son détachement du monde.
Avant d'arriver ici, Joseph était écrivain. L'interruption de son travail d'écriture est un choix délibéré qui reflète des questionnements de l'auteur lui-même. Rykner a conscience que le fait d'arrêter est peut-être le plus grand choix qui soit. Ainsi, peut-être cherche-t-il à observer ce que peuvent être les conséquences de tels choix en les projetant sur son personnage. Il trouve également une occasion de développer une autre réflexion qui lui tient à coeur dans le contexte de la mort de Walser. Puisqu'il s'intéresse aux traces qu'on laisse après la mort et à la façon dont une identité peut se dissiper, la neige s'avère être un cadre propice. Disparaître dans la neige, c'est se donner à la nature. C'est peut-être revenir à l'essence de toute chose.
Le tour de force d'Arnaud Rykner en vient alors à se révéler. le personnage devient le reflet des préoccupations de l'auteur qui lui donne vie. En lisant Dans la neige, on ne fait pas simplement face à un homme schizophrène ; il se pourrait bien que le propos soit élargi à des questions qui concernent tout un chacun, en nous faisant prendre conscience de l'instabilité dont est touché l'humain qui, au fond, ne recherche peut-être rien d'autre que la liberté.
Commenter  J’apprécie          10
Long monologue intérieur d'un malade psychique interné.
Cet homme (prénommé Joseph mais qui se désigne comme il) est rassuré par l'automatisme des taches données aux malades telles que la fabrication des sacs en papier et "l'écossage" des petits pois. On apprend en cours de lecture qu'il s'agit d'un écrivain reconnu, qui se retranche dans un comportement clownesque avec les pensionnaires au sein de l'institution et dans le silence avec le personnel encadrant qui essaie de le ramener à l'écriture par des moyens détournés. Notamment en l'autorisant à sortir se promener et même d'aller au village voisin pour relater ses sorties par écrit.
Cette liberté encadrée, lui ouvre des perspectives nouvelles de rêves et de rencontres animales et humaines qui l'angoissent et le rendent triste, il se sent par moment, envahi par ses démons intérieurs.
Un jour d'hiver froid et neigeux, il part se promener sur un lac gelé accompagné par un chien imaginaire, la pellicule de glace cède sous son poids, il se noie.
Ce livre est largement inspiré par la fin de vie du grand écrivain suisse du début du XXe siècle, Robert Walser, qui fut interné en 1929 à 49 ans jusqu'à sa mort en 1956. Il cessa d'écrire après son transfert contre son gré, dans une nouvelle clinique psychiatrique en 1933. Il meurt lors d'une marche dans la neige jusqu'à épuisement à 78 ans.
Commenter  J’apprécie          20
Étrange ce roman. L'auteur, créée Joseph, alias Robert Walser ( 1878-1956) transféré contre son gré en clinique psychiatrique par sa soeur.

"Au début pas voulu, pas venir. J'ai résisté. Ma soeur voulait pourtant. Alors je suis resté".

Il imagine le quotidien, les pensées de cet homme.....

Joseph, a besoin de constance dans tout ce qu'il fait.... L'écossage des petits pois, faire des sacs en papier, bêcher et butter la terre du jardin, manger, se promener, et dormir.... Il nous parle aussi de ronds, de zéros... Si j'ai bien tout compris, dans sa tête, il devient un zéro....

Un très long monologue d'un malade atteint de schizophrénie
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il reste.
Il flotte. Et ça flotte dans sa tête. Ca ne s'arrête qu'avec le froid trop vif qui l'engourdit enfin. Il faut rentrer. Se rhabille sans penser. Retourne à l'hospice. C'est fini. Plus de lac.
Commenter  J’apprécie          70
Il se jette sur son lit. Dernière station.
Se dit seulement : Il n'a pas plu.
Mais c'est en lui que ça pleut, que ça colle. Il sait ça.
Que sa colère.
Il sombre.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Arnaud Rykner (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arnaud Rykner
"L'Île du lac" d'Arnaud Rykner - Interview 1
autres livres classés : hôpital psychiatriqueVoir plus
Notre sélection Littérature française Voir plus




Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
396 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre