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EAN : 9782490417780
260 pages
NOIR ABSINTHE (02/09/2021)
3.97/5   15 notes
Résumé :
Des histoires de poupées, d'enfances (trop) prolongées, de personnages brisés. Mêlant humour noir et tragédie, les pantins de papier qui peuplent ce recueil vous confient leur triste sort.

Des enfants-loups séquestrés tentent d'échapper à leur bourreau. Deux frères se disputent l'amour d'une mère pas si parfaite que ça. Une fillette rêve que son frère est un ange. Une femme transforme son appartement en paradis pour micro-organismes. Alice traverse de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Reçu en service presse pour l'automne, lu dans le cadre du #pumpkinautumnchallenge mais aussi dans le cadre du #Projetombre consistant à mettre en valeur les nouvelles, j'ai découvert avec plaisir ce joli recueil gothique au style mélancolique et horrifique dont le thème principal est la poupée : poupée de chair, poupée de bois, poupée métaphorique… de quoi faire des jolis cauchemars en cette période de l'année où la nuit vient tôt…

Mon avis général sur le recueil

Ce recueil comprend 11 nouvelles écrites par Nepenth S. ayant à chaque fois pour thème la poupée de façon plus ou moins évidente selon les histoires.

Chaque nouvelle propose une situation où un des personnages apparaît dans toute sa fragilité jusqu'à son basculement. Selon les cas, l'histoire est plus ou moins longue. La plus courte, Entre les lignes, fait trois pages. A l'inverse, la plus longue, Portrait d'un ange en chute libre, fait 18 pages.

L'auteure joue avec les peurs de chacun, instillant dans chaque histoire de l'humour, de la tragédie, de l'horreur et beaucoup de mélancolie avec une touche de LGBTQIA+. L'ensemble est très cohérent et se lit bien grâce à un style poétique mais efficace.

Elle aborde plusieurs thématiques : Paranoïa, séquestration, abus sexuels, torture, folie, meurtre, mais aussi amour filial, relation amoureuse, amour familial…

Chaque histoire est illustrée par un dessin en couleur de l'illustratrice Moone, représentant le héros principal dans une position inquiétante ou amusante. le style est délicat mais retransmet bien la violence de certaines nouvelles. J'ai juste regretté que ces illustrations ne soient pas imprimées sur du papier glacé, ce qui aurait donné un meilleur rendu.

Mon avis sur chaque nouvelle

Comme il s'agit d'un recueil de nouvelles, j'ai pris le parti donner mon avis sur chaque histoire de façon individuelle et d'en rédiger chaque résumé en évitant les spoilers.

QUAND LA MER FAIT SILENCE

Résumé : Dans une cabane au bord de la mer, une mère dépressive et catatonique suite à la perte de son utérus vit avec ses deux enfants adoptifs : Pluie et Nuage. Régulièrement, la voisin Croc et son mari Gueule d'alligator viennent subvenir aux besoins de la famille. Sang, leur fils adoptif vient souvent jouer avec les deux autres enfants. Mais Sang est différent : sa définition du bien et du mal n'est pas vraiment normale…

Mon avis : Deux enfants livrés à eux-mêmes face à un gamin psychopathe, comment cela peut-il finir ? Outre l'amour entre frères, cette nouvelle traite surtout de la construction d'un monstre et de la facilité avec laquelle Pluie s'érige en victime consentante. Derrière le personnage de Sang, il y a une éducation associée à la violence, à l'indifférence et au manque d'attention familiale. Rien qu'à son apparence et sa difficulté à s'exprimer, on sent qu'il pourrait être meilleur si sa famille était aimante. A l'opposé, même si Pluie et Nuage sont livrés à eux-mêmes face à une mère qui n'est plus tout à fait présente, elle a quand même des gestes affectueux envers eux et les deux frères peuvent compter l'un sur l'autre. Ce n'est pas le cas de Sang qui est livré à lui-même et ne comprend pas ce qu'il fait. Une nouvelle qui fait froid dans le dos avec des descriptions effrayantes de tortures prodiguées par Sang. La fin, totalement inattendue, m'a profondément émue, signe qu'il y a peut-être un espoir malgré toute cette noirceur.

ACHATE

Résumé : Achate est un être mi-humain mi-loup prisonnier avec ses frères d'un proxénète nommé Heinrich Jâger. L'homme a volé les peaux des enfants ce qui les empêche de se transformer et de se défendre, de s'enfuir. Cela lui permet de les prostituer à des clients avides de sensations fortes. Mais Achate a un plan : iel compte se tirer et tuer Heinrich pour se sauver avec ses frères de cet enfer…

Mon avis : Dans cette nouvelle, le sujet principal est la prostitution enfantine sous couvert de créatures fantastiques. C'est Achate qui raconte de son point de vue ce qui se passe dans le bordel où iel est enfermé. Avec son franc-parler iel dessine un portrait au vitriol des sévices des clients. Les scènes non racontées que l'on devine également se dessinent parfaitement dans notre esprit. C'est un monde effroyable, avec tout ce que la nature humaine a de plus atroce. Par ailleurs, Heinrich est un bourreau manipulateur en plus d'être un salaud de proxénète : il sait faire en sorte de briser ses protégés pour qu'ils restent tranquilles. La tentative de fuite d'Achate ne va pas se dérouler comme prévu. La chute, très ironique, reflète l'humour noir du proxénète. Une nouvelle qui remue les tripes sans fioritures.

PORTRAIT D'UN ANGE EN CHUTE LIBRE

Résumé : Marie et Gabriel sont frères et soeurs par alliance. le père de Gabriel s'est mis en couple avec la mère de Marie, puis il est décédé, laissant son fils à la garde de sa veuve. Marie adore son frère, elle pense dans sa tête de petite fille que c'est ange. Aussi, elle ne comprend pas pourquoi Gabriel plonge de plus en plus dans la dépression et évite silencieusement les attentions de leur mère. Marie ne comprend pas non plus pourquoi sa mère préfère Gabriel à elle…

Mon avis : Cette nouvelle aborde les abus sexuels, mais aussi l'amour sincère d'un frère pour sa soeur. Au fil de l'histoire, Marie raconte son quotidien et comment son frère Gabriel illumine sa vie. le garçon est très beau et ressemble à un ange. Marie voit ses ailes et le doute s'installe chez le lecteur : Gabriel est-il vraiment un ange? Réalise-t-il des miracles ? Pourquoi ne lutte-t-il pas contre ma mère de Marie qui le couve comme s'il était un enfant ? Lentement, Gabriel va se transformer en poupée sans volonté face à Anne qui cherchera à le contrôler. le récit est plutôt poignant car il nous est proposé du point de vue de Marie avec sa naïveté d'enfant. Même si le sujet est assez grave, il est abordé avec justesse sans tomber dans les détails glauques car Marie voit la beauté de sa relation avec Gabriel. La chute, inévitable apportera aussi une note d'espoir, comme la première nouvelle. Une nouvelle touchante en lien avec l'enfance et ses illusions.

LA RECLUSE

Résumé : Constance, 17 ans, vit à l'orphelinat Sainte Catherine. Elle entend des voix depuis sa visite d'une loge de recluse sur le terrain de l'orphelinat. Ce sont les fantômes d'anciennes recluses qui l'invitent à les rejoindre. En parallèle, un couple arrive à l'orphelinat et souhaite l'adopter. Entre trouver le repos dans la loge et vivre une vie de famille, Constance va devoir choisir…

Mon avis : Comment trouver le courage de surmonter ses peurs face à l'inconnu quand personne ne veut de vous ? Tel est le sujet de cette nouvelle autour de cette orpheline qui est tiraillée entre son envie de se cacher dans la loge, emmurée comme les fantômes qu'elle entend dans sa tête et rejoindre l'extérieur avec deux mamans pour famille. L'auteur décrit ici avec justesse la psychose dans laquelle Constance est plongée, ses peurs qui la rongent de l'intérieur sur la vie hors de l'orphelinat, l'histoire idyllique qu'elle se crée de la vie des religieuses emmurées vivantes dans la loge et les critiques des autres envers sa future famille homoparentale. J'ai lu cette nouvelle une soirée de pluie, et j'ai frissonné pensant entendre les voix des fantômes, preuve d'une écriture particulièrement réussie. Une forme d'anti-Du Domaine des murmures de Carole Martinez du XXIème siècle, façon réaliste.

NIETZSCHE TA MÈRE

Résumé : Sam ado non genré vit avec sa mère, infirmière trop dévouée, divorcée depuis un moment. Sam n'a jamais manqué de rien, iel est juste une victime à l'école et revendique une attitude misanthrope et un look gothique. Son objectif dans la vie est de devenir tueur en série car iel est passionné par les monstres. Iel va tenter d'en devenir un(e), mais nos rêves sont-ils faits pour être réalisés ?

Mon avis : Comment naissent les tueurs en séries ? Sont-ils vraiment ce qu'on imagine ? Avec cette nouvelle, Nepenth frappe fort au niveau de l'humour noir en montrant l'apprentissage d'un personnage désespéré de réaliser son rêve. J'ai beaucoup ri face au langage fleuri de Sam et l'escalade d'actions dans lequel iel se lance pour devenir un tueur. On assiste à une étude en règle des tueurs en série et j'en ai appris pas mal malgré moi, preuve des recherches de l'auteur sur le sujet. Je n'ai pas manqué non plus la petite référence aux hôpitaux débordés avec la mère surexploitée de Sam, qu'iel critique ouvertement comme étant une victime consentante. Jésus, le meilleur ami de Sam, collectionneur de dédicaces sur des livres d'occasion était également un vrai régal à découvrir. La chute est totalement ironique et ne manque pas de piquant. C'est de loin ma nouvelle préférée du roman et j'ai hâte de lire d'autres nouvelles de l'auteur dans ce style.

La marionnette

Résumé : Un pantin de bois se réveille dans l'atelier d'un marionnettiste. Tous les souvenirs de sa vie antérieure ont disparu. L'apprenti du marionnettiste s'occupe de lui et lui réapprend à marcher, à penser, à se souvenir. Il lui explique comment construire des marionnettes. Mais peu à peu le doute s'installe dans l'esprit du pantin : qui était-il avant son réveil ?

Mon avis : Dans cette réécriture un peu creepy de Pinocchio, l'auteure nous interroge sur le sens de la vie et ce qui fait de nous des êtres humains. La temporalité de la nouvelle s'étale sur une semaine, ce qui rythme le récit et rappelle la création biblique. Au fil des jours, le pantin découvre les secrets de son créateur jusqu'à la révélation finale qui glace d'effroi. L'ambiance est totalement glauque dans cette atelier où la beauté des créations règne pourtant, comme une parade à l'horreur cachée. Malgré l'amour du créateur envers sa marionnette, on ne peut s'empêcher de comprendre son geste au vu de sa nature. Un récit touchant et troublant à la fois.

Les petites âmes de la moquette

Résumé : Colombe, bien décidée à ne pas tuer de sans froid les acariens dont regorge son appartement, décide un jour d'arrêter de faire le ménage dans son appartement, en dépit des critiques familiales

Mon avis : C'est une nouvelle courte et un peu loufoque que nous présente l'auteure sur les micro-organismes qui peuplent notre environnement. de fil en aiguille, telle Alice, Constance rétrécit et devient aussi minuscule que les acariens et autres bestioles présents chez elle. Sorte de métaphore à sa vie étouffée auprès de sa soeur et sa mère, elle devient plus grande et trouve sa place parmi la poussière. J'avoue avoir eu un peu de mal à comprendre cette nouvelle assez fantaisiste mais elle n'était pas déplaisante à lire. On sent une forme de libération chez ce personnage à ne pas écouter les autres qui l'étouffent. C'est une sorte de fantaisie onirique que nous propose l'auteur qui change des autres nouvelles du recueil et apporte une touche de fraicheur à l'ensemble.

A.L.I.C.E

Résumé : Alice se sent bizarre ce matin. En allant au toilettes d'un restaurant, elle suit un lapin et se retrouve dans un autre univers : celui d'Alice au Pays des merveilles mais dans une version plus trash…

Mon avis : L'auteure nous propose une version trash d'Alice au Pays des merveilles dans cette nouvelle, avec une boucle temporelle et un personnage principal qui ne comprend pas ce qu'il se passe autour de lui. le récit est rythmé par un jeu sur la typographie du texte ainsi que les crises successives d'Alice qui va peu à peu se décomposer jusqu'à revenir au début de son histoire. Je vous conseille de la lire une deuxième fois pour comprendre toutes les subtilités. L'auteure s'amuse vraiment beaucoup avec l'histoire originale en y apportant une touche LGBT avec une bonne touche d'absurde. J'avoue ne pas avoir tout compris, mais après tout, est-ce l'essentiel ?

Séraphin

Résumé : Dans une famille d'aristocrates, à une époque révolue, Aniel vingt ans éprouve une affection sincère pour sa mère. Avec l'arrivée de son petit frère Séraphin, ses relations avec sa mère s'étiolent. Séraphin devient le préféré de sa mère alors que c'est un enfant malsain, limité et un peu psychopathe. Aniel ne comprend pas ce que sa mère lui trouve…

Mon avis : Une histoire de rivalité entre frères qui va finalement révéler des secrets plus insidieux, tel est le thème de cette nouvelle où la famille apparaît comme dysfonctionnelle. Ici, le père est absent et cache aux yeux de la société la tare congénitale du petit dernier, la mère aime ses fils jusqu'au jour où ils grandissent trop et l'aîné est atteint d'un complexe d'Oedipe. Dans cette ambiance fort malsaine, Séraphin et son caractère de psychopathe pourrait presque passer pour le plus normal de la famille. Au fur et à mesure de l'histoire, on découvre les tares de l'enfant et celles de l'aîné. La manière de penser de Aniel fait carrément froid dans le dos et l'issue de ce jeux de dupes complètement inattendue. J'ai beaucoup apprécié le décor luxueux de cette nouvelle qui tranche avec les autres. Malgré les personnages tous aussi fous les uns que les autres, on a presque de la pitié pour Séraphin dont le seul tort est d'agir à visage découvert, sans faux-semblants. Une nouvelle sur l'amour et la folie en somme…

Entre les lignes

Résumé : Un personne souhaite se suicider à cause d'une célébrité qu'il a du mal à vivre. Mais il a beau essayer, rien ne fonctionne…

Mon avis : Une des nouvelles les plus courtes du récit. Elle fait réfléchir le lecteur au statut de personnage, malmené par l'auteur tel un pantin pour satisfaire le bon vouloir des lecteurs. Cela m'a fait penser au personnage de Sherlock Holmes que l'auteur a dû ressusciter pour satisfaire son lectorat. Une nouvelle amusante qui rend leur humanité aux personnages de fiction. Ce n'est pas l'histoire la plus marquante du recueil, mais elle a le mérite d'être intéressante.

Doll

Résumé : Dans une réalité alternative, les vieillards et malades graves sont mis au rebut : on les jette, tels des déchets dans des décharges ou on les incinère parfois vivants. Dolly est une jeune fille tétraplégique qui a été sauvée de ce triste sort par Maël, un jeune homme qui aime jouer à la poupée grandeur nature. Prisonnière de son corps, elle subit les caprices de son sauveur/bourreau sans pouvoir broncher…

Mon avis : Cette nouvelle explore une variante humaine de la poupée gonflable, objet de désir et qui remplace parfois une vraie femme auprès de certains hommes. Ici Maël entretient une vraie poupée car il apprécie contrôler un être humain mais aussi parce qu'il est persuadé que ces êtres sont plus vrais que les humains. de son côté, Dolly est à la fois victime et reconnaissante qu'il s'occupe d'elle : elle fait tout pour lui plaire et lui pardonne ses tortures occasionnelles, totalement atteinte du syndrome de Stockholm. L'histoire pourrait s'arrêter là si Maël n'était pas aussi manipulateur avec toutes les personnes qui l'entourent pour subvenir aux besoins de son jouet, ce qui va précipiter sa chute. La nouvelle est racontée du point de vue de Dolly qui évoque avec douceur ce qu'elle entend et peut voir depuis son champ de vision, ce qui rend particulièrement saisissant d'horreur certaines scènes. Pas d'abus sexuels ici, seulement un adulte qui pousse un peu trop loin le jeu de la poupée. En revanche, la chute est particulièrement trash et m'a laissée sans voix. Je crois que c'est la fin la plus violente que j'ai pu lire du recueil. Ames sensibles s'abstenir !

En conclusion : Des poupées victimes consentantes, des poupées qui se révoltent, des poupées de chair ou de bois, des bourreaux, de la folie, du fantastique, du gore, beaucoup d'humour noir et une profonde mélancolie tels sont les thèmes que vous trouverez dans ce recueil de nouvelles. En résumé, une exploration du thème de la poupée sous toutes ses formes qui rend hommage au film Dolls de Takeshi Kitano.
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Je vous avoue qu'au départ j'étais pas super sereine à l'idée de commencer ce recueil. Je suis une enfant moi : les trucs interdits aux moins de 10 ans, hop je vais au lit.

Mais je me doutais bien qu'avec Noir d'Absinthe, rien ne sert de chercher à deviner ce qu'on va lire. On sera toujours trèèèèèès loin de la surprise créée.
C'est exactement ce qu'il s'est passé ici. Et c'est pour cette raison que j'ai accepté de chroniquer ce roman qui m'a été proposé par la maison comme service de presse. Je savais que cette lecture n'allait pas du tout être ce que je m'imaginais.

Notons au passage la couverture de Marcela Bolivar, très marquante. L'ouvrage est par ailleurs illustré en couleur, par MoonE. C'est très beau.
Le recueil se compose de 11 nouvelles qui déclinent le thème de la poupée. Mais pas la poupée Chucky. Voyez plutôt la poupée comme une métaphore : un personnage coincé dans sa vie misérable, un autre esclave de ses pulsions, une marionnette emprisonnée dans un corps de bois, un personnage de papier emprisonné par son auteur… autant de pantins, de marionnettes et de poupées, jouets du destin, de la vie… et d'un auteur.

Dolls nous plonge dans l'horreur pure. Ici sont explorés les tréfonds de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus vil, désespéré, violent, noir. C'est dur oui. Ça vous remue les tripes. Mais Népenth S réussit le tour de force de le faire avec bcp d'amour pour ses personnages, qu'elle rend touchants dans leur solitude, leur mélancolie, leur désespoir.
L'écriture est mélodique, douce, drôle aussi parfois, avec un sens de l'humour particulier. La nouvelle A.L.I.C.E, à ce titre, est un joli cadavre exquis complètement fantasque, terrible et rigolo à la fois.


Dolls est donc un très beau recueil, difficile certes (à ne pas lire le soir avant d'aller dormir), mais présentant une belle harmonie formelle et une unité de fond. Une lecture qui m'a parfois perturbée, forcément, mais dont je retiendrai la plume de l'autrice et sa capacité à faire du Beau avec ce que l'humanité peut faire de pire. Et rien que pour ça, ce tour de force mérite la lecture, que je vous recommande.

Pour davantage de précisions sur les différentes nouvelles, je vous invite à faire un petit tour sur le blog !
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/n..
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Tout d'abord, je remercie Babélio, Masse Critique, Noir d'Absinthe et Népenth S pour l'envoi de ce livre.
J'ai eu la chance de côtoyer quelques fois Népenth S lors de salons avec des amis communs, et également de découvrir quelques textes d'elle lors du premier confinement grâce à l'Heure du Conte sur facebook, événement auquel elle a participé en lisant plusieurs de ses nouvelles (notamment "Nietsche ta mère" qui est repris dans ce recueil). C'est donc tout naturellement que j'ai voulu lire "Dolls" et j'étais ravie d'avoir été sélectionnée.

Au départ, je pensais faire un commentaire sur chaque nouvelle, puis je me suis dis qu'il vallait mieux laisser aux lecteurs et aux lectrices le plaisir de la découverte. Alors que dire de ce recueil ?
Au travers des 11 nouvelles, l'autrice nous emmène dans de sombres chemins (en même temps, c'est un livre Noir d'Absinthe, on s'y attendait ^^) sur le thème de la poupée, comme indiqué dans le titre. Et on ne parle pas de jouet pour enfants, ici, le terme jouet prend un sens plus large. Manipulation et prisons mentales ou corporelles s'entrecroisent au fil des lignes pour nous délivrer le message de l'autrice, et pour nous inviter à la suivre.
Et malgré la difficultés des thèmes, nous embarquons très rapidement grâce à l'écriture très poétique de Népenth S. , qui m'a rappelée celle de Louise le Bars dans "Vert-de-Lierre", cette écriture capable de dépeindre des scènes atroces, et où le lecteur pense "oh, c'est joli". C'est perturbant et tellement agréable !
J'ai eu un réel coup de coeur pour "Portrait d'un ange en chute libre", qui m'a émue aux larmes. "Séraphin" également m'a beaucoup marquée, tout comme la réécriture d'Alice au pays des merveilles "A.L.I.C.E"

Je ne peux pas finir ce commentaire sans parler des illustrations. La sublime couverture a été réalisée par Marcela Bolivar, qui a déjà travaillé plusieurs fois avec cette maison d'édition, créant à chaque fois de réelles oeuvres d'art. Mais ce n'est pas tout ! A l'intérieur du livre, nous trouvons 6 illustrations en couleur réalisées par MoonE. Ces dessins apportent une touche supplémentaire et ajoutent une dimension intéressante à "Dolls", faisant du livre non pas seulement un très bon livre, mais aussi un très joli objet, qu'on prend plaisir à feuilleter et parcourir.
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J'ai lu ce recueil de nouvelles en quelques heures, mais je ne peux pas prétendre avoir été passionnée.

Pourtant, le principe aurait dû me plaire. À travers des contes cruels racontant parfois l'horreur du monde, ce recueil montre les corps marionnettes, les âmes enfermées, les enfances fracassées, les relations plus toxiques que jamais. Il donne à ressentir l'enfermement (dans un lieu, dans un corps, dans un esprit, dans l'imagination d'un auteur), la révolte ou la résignation, le sentiment de ne pas être à sa place, de ne pas coller, la perte du contrôle sur leur vie ou la recherche d'une échappatoire illusoire… des poupées, des êtres prisonniers. Dans ce recueil, la vie est une prison et la mort souvent souhaitée, libératrice.

Pourtant, tout n'est pas négatif, j'ai :
- trouvé plein de bonnes idées car il y indubitablement des récits originaux autour de cette thématique ;
- apprécié certaines atmosphères et la pluralité de celles-ci ;
- souri à l'ironie de « Nietzsche ta mère » (nouvelle dans laquelle l'identité de genre du personnage restera un mystère… à l'appréciation/l'interprétation des lecteur·rices) ;
- savouré la fin douce-amère de « La recluse » et le ton tendre, malgré l'atrocité de ce qui est raconté, dans « Doll » ;
- été impressionnée par le talent de Népenth S. pour écrire des descriptions aussi poétiques que gore (oui, c'est possible).
Ces thématiques entre horreur et mélancolie, cette ambiance générale très noire et macabre, auraient dû me plaire. Mais non. Pas vraiment. Mais je suis dans l'incapacité de réellement pointer du doigt ce qui, dans la narration ou la plume, m'a laissée sur le carreau.

Peut-être un manque d'implication émotionnelle ? L'écriture est soignée, mais il y a quelque chose d'impersonnel. C'est assez paradoxal, mais, en dépit des voix diverses offertes par chaque nouvelle, j'ai trouvé le tout un peu uniforme. J'ai cette sensation que tout reste superficiel, à l'image de ce jeu, dans « A.L.I.C.E. », avec l'écriture, sur les possibles de la littérature, avec le narrateur ou le lecteur : il y avait un projet très intéressant avec une bonne dose d'absurde, mais dans un même temps, j'ai trouvé bateau le truc d'imprimer les adjectifs de couleur avec la teinte correspondante (ça passait bien dans les Geronimo Stilton, mais j'en attends plus à présent, c'est nul mais ça m'a sortie de l'histoire).
Il n'y a pas de trigger warnings dans le roman, mais la liste pourrait être longue : dépression et autres troubles mentaux, automutilation, pédophilie et abus sexuels, négligence et maltraitance, cruauté envers les animaux et les êtres humains, séquestration, etc. Cependant, ce n'est pas tant la présence de toutes ces violences qui m'ont dérangée que la sensation d'un condensé d'atrocités gratuites.
De même, les quelques illustrations qui parsèment le recueil ont été incapables d'éveiller la moindre émotion ou l'intérêt le plus infime en moi. Elles ne sont pas du tout d'un style graphique susceptible de me plaire.

Comme toujours, j'aurais préféré une franche détestation pour des raisons clairement identifiées que cette sourde, cette trouble indifférence. Dolls possède sans nul doute des qualités, mais ça n'a pas suffi à me convaincre. le problème réside sans doute uniquement dans le fait qu'il ne s'est pas passé grand-chose entre ce recueil et moi.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Dolls est un recueil de 11 nouvelles autour du thème des poupées, parfois amusantes, souvent malaisantes et toujours servies par une écriture précise et poétique.
Trois nouvelles m'ont particulièrement plu.
Quand la mère fait silence, la première du recueil : un conte cruel à l'ambiance mélancolique et onirique, dont le sens précis échappe à la compréhension mais qui suscite beaucoup d'émotion, notamment grâce à son style très imagé. le fantastique mystérieux de la nouvelle semble traduire de confuses violences beaucoup plus réalistes et tristement banales.

A.L.I.C.E : une réécriture ludique et enthousiasmante du classique de Lewis Caroll. J'ai trouvé l'utilisation du « meta » très maline, drôle et intelligente : j'aime beaucoup comment l'autaire met en lumière les potentialités infinies de l'écriture (le flacon opaque et transparent, c'est une merveille). Et c'est une reprise très rafraichissante de l'oeuvre originale : là où de nombreux artistes brodent autour des événements et des personnages dans une espèce de fan service lourdingue, Nepenth_S renoue vraiment avec l'esprit de Lewis Caroll en explorant des délires poétiques que seule l'écriture permet.

Doll : l'ultime nouvelle du recueil et, à mon sens, la plus terrible, qui met en scène deux personnages emprisonnés de leur amour malsain pour un manipulateur cynique. L'ironie mordante du texte et la complète déchéance d'une narratrice qui, non contente d'être incapable de résister à sa situation, se réjouit de son sort donnent à cette nouvelle une dimension désespérée et définitive; la lecture en est singulièrement éprouvante.

Enfin, plusieurs nouvelles sont illustrées par Moon E qui a parfaitement su retranscrire la psychée mélancolique, fragile et blessée des personnages.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce matin, lorsqu'Alice se réveilla, une sensation bizarre étreignait ses entrailles. Une sorte de nausée diffuse. Comme si Alice se réveillait ailleurs plutôt qu'ici. -Alors que, précisément, je suis toujours _ici_, dans ma chambre- se dit la jeune personne en se frottant les yeux. -Je sens quelque chose en moi de différent par rapport à l'Alice d'hier. Quelque chose de mystérieusement altéré. Mais qu'est-ce que cela peut bien être ?-
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