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EAN : 9782702417843
190 pages
Le Masque (23/03/1993)
3.61/5   23 notes
Résumé :
Sainte-Croix est un paisible village belge qui offre comme seules distractions aux jeunes le cinéma trois fois par semaine, aux plus rassis tin bridge quotidien dans la salle du Cheval blanc. Aristide Viroux fait partie de, ces derniers, mais la rumeur publique chuchote qu'il prend aussi du bon temps avec la belle Julie, la femme du tailleur Labar, lequel a d'ailleurs proféré des menaces de mort contre lui. Quand Aristide est découvert étranglé dans la rue, tout dés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
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Ce que l'on est obligé de retenir de ce roman qui se lit vite et bien - et qui se relit avec pratiquement les mêmes frissons même si vous connaissez sa fin par coeur - c'est l'ambiance : pesante, luisante de pluie ou ondulante de brume, avec les lumières des cafés de la Grand-Place dans un petit village au nom prédestiné et où les volets sont en principe tous clos et reclos dès huit heures du soir, en tous cas en hiver. C'est avec un art un peu acide que Steeman commence par nous dépeindre quelques notables, les habitués de la partie de belote quotidienne du soir : Aristide Viroux, le roi des commis-voyageurs représentant en soieries et lingeries, vantard, beau et bien bâti en tête, suivi par M. Wyers, plutôt bien bâti lui aussi mais, disons, au niveau supérieur car, s'il exerce la profession de boucher, il en a aussi le physique ; le Dr Verspreet qui, lui, est vétérinaire ; M. Gyther, le pharmacien qui aime bien la plaisanterie surtout quand elle est égrillarde, et enfin M. Cosse, fonctionnaire plutôt timide qui trouve extrêmement belles les compagnes des gitans diseurs de bonne aventure qui viennent, une fois de plus, de se poster à la sortie du village.

Nous ajoutons à cette liste dès son début - et bien que la vertueuse personne ne fréquente guère le bistrot du village, tenu par M. Lepomme - Mme Veuve Petyt-Havet, mercière, qui tient "La Petite Boutique" plus ou moins avec l'assistance de Louise Bosquet, une jeune orpheline contrefaite qu'elle a recueillie car, se posant beaucoup de questions existentielles, Mme Petyt-Havet se demandait un jour si elle faisait assez pour son prochain. D'où visite chez le curé et arrivée de Louise, laquelle, tout comme sa patronne, est une passionnée de religion. D'esprit un peu simple - du moins le dit-on - elle ne semble avoir qu'une passion dans l'existence : collectionner les images pieuses que Monsieur le curé Rochus lui donne très régulièrement, lors de ses visites à l'église de Sainte-Croix.

Parmi ceux que je viens de vous citer, il y a déjà la première victime, Aristide Viroux, dont Mme Petyt-Havet et Louise ne vont pas tarder à retrouver le cadavre encore tout chaud devant "La Petite Boutique." Eh ! oui, Steeman a souvent traité le thème du tueur en série et "Le Démon de Sainte-Croix" est, en son genre, en dépit de quelques excès de style çà et là et les clichés d'usage, un excellent roman qui a choisi la noirceur la plus absolue pour traiter le sujet.

Absolue mais graduelle, qui s'installe à petits pas, dès le premier chapitre, avec le discours sur la Peur (en majuscules, s'il vous plaît) que tient à Louise Mme Petyt-Havet. La brave dame est une Peureuse accomplie, pour ne pas dire diplômée - en fait, c'est une angoissée perpétuelle et la nuit n'arrange rien pour elle : elle vérifie ses portes et ses fenêtres un nombre incalculable de fois avant de monter enfin se coucher . Mais au fur et à mesure que se déroulent les chapitres, on doit avouer que les raisons d'avoir peur se multiplient à Sainte-Croix, et cela pour le village tout entier. le petit pharmacien, l'énorme boucher, Guido, le bohémien qui passait par là en évoquant "l'Esprit immonde", l'intrigant venu pour se fiancer à une riche héritière du lieu afin d'effacer toutes ses dettes, et jusqu'au pauvre curé Rochus tombent l'un après l'autre sous les coups du mystérieux assassin, lequel semble avoir une passion authentique pour la strangulation - pour venir à bout du gigantesque Wyers, il a recours a l'horrible technique du garrot, ce qui permet au moins aux enquêteurs de conclure qu'il est de taille largement inférieure à celle de cette victime-là qu'il a d'ailleurs attaquée par derrière.

Les enquêteurs, parlons-en un peu, tiens. Les locaux n'étant pas taillés pour résoudre ce cas, le substitut Heraly exige, dès le deuxième meurtre, que Sébastien Soroge, plus communément nommé Seb Soroge par ses collègues inspecteurs comme par les représentants de la presse, déboule au grand trot de la grande ville voisine (Liège ou Bruxelles, je ne puis préciser et je me demande d'ailleurs si ça l'est dans le livre ) pour s'occuper de l'affaire : dame, un tueur en série, on n'en a guère l'habitude, à Sainte-Croix ! le personnage de Soroge est une sorte de M. Wens au rabais ou alors esquissé avec trop d'hésitation. de son illustre collègue, il possède l'ironie et la lucidité mais, peut-être en raison de sa jeunesse ou tout simplement par simple malchance et aussi à cause de la personnalité très spéciale de l'assassin, il ne parvient à prévenir aucun meurtre. Il a de l'instinct et du flair et sent bien que quelque chose ne "colle" pas dans cette histoire qui s'éternise mais cela ne suffit pas. Steeman fait ici la part belle à l'assassin, lui donnant plusieurs longueurs d'avance et proclamant assez tôt, pour l'édification du lecteur, que l'homme - ou la femme, pourquoi pas ? - est un adepte de Satan (la scène où le curé Rochus, accompagnée de Louise Bosquet qui vient de se confesser, découvre l'un des chandeliers d'argent éclairant l'autel posé sur un prie-Dieu, dans un angle, juste sous une sculpture représentant le Démon, restera d'ailleurs à notre avis assez longtemps dans tous les esprits.)

C'est simple, précis, très habilement découpé et, avec les moyens des années trente - le roman doit dater de 1931 environ - et les codes imposés par l'époque au policier classique, l'auteur parvient à nous créer toute une atmosphère, tout un décor et une foule de personnages qui oscillent tous entre deux mondes : celui d'une réalité routinière, que balise, d'ailleurs de manière trop "bateau", la rivalité du modeste professeur de lettres Mascaret avec le bouillant (et absolument répugnant) Hubert Pellarian autour d'Edmée, la fille du médecin du coin, et le monde, énigmatique, impalpable, suggéré puis peu à peu révélé mais sans caricature, de la magie noire et de la folie de l'esprit .

Et qui, mieux encore, instillent chez le lecteur, fût-il un peu blasé, d'abord le malaise puis, comme nous le soufflerait dans l'oreille une Mme Petyt-Havet terrifiée, "la Peur." Avec un "P" majuscule largement mérité. lol!

Un "vieux" roman donc, devenu l'un des classiques de Steeman, que les amateurs du genre découvriront, j'en suis sûre, avec le plus vif plaisir. Surtout sous la couette, tandis que le vent souffle au-dehors ... Bon Hallowe'en à toutes et à tous et prenez garde à l'assassin qui rôde ! :O)
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Bon roman de détection. Les notables d'une petite ville sont suivi dans leur vie, les mettant pour certains coupable de crimes en série. le personnage principal, l'inspecteur Soroge est le seul à rester la tête froide, ce qui lui permet de résoudre l'énigme.
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Le roman a beaucoup vieilli ... mais il est court et permet un plongeon dans une petite ville belge à une époque qui nous semble si lointaine. La solution n'est pas forcément simple à trouver ...d'ailleurs le fin limier se fait un peu dépasser avant de se reprendre un peu tardivement.
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Un court roman policier belge des années 30 a lire ou relire l'hiver au coin du feu alors que la pluie et le vent font rage dehors...du suspens, un petit côté vieillot charmant, un bon moment de lecture
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Désuet mais ... plaisant

Le charme vient sans doute justement de ce coté désuet, de ce monde qui n'existe plus. Une petite ville de province belge des années 30 avec ses notables qui font leur traditionnelle partie de bridge vespérale. La mercerie, la boucherie. le curé et sa servante. la jeune première qui attend l'amour. Un décor parfait pour une série de meurtres.

Cela m'a donné envie de partir à la recherche d'autres livres de cet auteur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[...] ... Soudain, il posa sa grosse main sur le bras de la petite servante.

- "Décidément," dit-il, "je crois que ma vue baisse ... Combien voyez-vous de lumières à l'autel, mon enfant ? Six ou bien ... ?

- J'en vois cinq," répondit Louise.

Elle ajouta :

- "Trois à gauche et deux à droite.

- Cinq !" s'écria le curé. "Cinq !"

Un frisson courut le long de son échine.

- "Mais alors ... ?"

La fierté et la gloire de M. le curé Rochus, c'était son église. Quand il en parlait, il n'oubliait jamais de rappeler que les chanoines de Saint-Donat en avaient possédé le patronat et y avaient prélevé la majeure partie des dîmes. Il en décrivait également les beautés avec chaleur, son chemin de croix, ses statues, ses sculptures, les miséricordes de ses stalles, la richesse de l'autel. Les mains du prêtre tremblaient toujours un peu en élevant le ciboire d'or, en disposant, autour du tabernacle, les six chandeliers de vieil argent. Et voilà qu'il n'en voyait plus que cinq, que Louise Bosquet, comme lui, n'en voyait plus que cinq ...

Il répéta :

- "Mais alors ... ?"

Etait-ce donc ... Etait-ce donc qu'une main sacrilège avait volé l'un de ces six chandeliers ? Une main sacrilège ? ... L'une de celles, peut-être, qui, la nuit dernière, s'étaient nouées en une étreinte mortelle autour de la gorge d'Aristide Viroux ? ... [...]
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[...] ... M. Cosse avait tourné la tête vers la fenêtre ; il ne répondait pas.

- "Qu'est-ce qui vous prend ?" s'écria le vétérinaire ... "Jouez-vous au bridge ou regardez-vous passer les voitures ? Est-ce que ...

- Taisez-vous," fit M. Cosse en levant la main. "Il m'a semblé entendre ...

- Entendre quoi ?"

A ce moment, M. Gyther posa ses cartes sur la table. Il était un peu pâle.

- "Je crois qu'on a crié," dit-il à son tour.

- "Où cela ?" demanda M. Wyers.

- "Dans la rue," fit M. Gyther.

- "Dans ... ?"

Et, à son tour, M. Wyers, lâchant ses cartes, pencha le buste.

Il y eut un bref silence.

- "Bon Dieu !" s'écria M. Verspreet en se levant. "Qu'est-ce qui se passe ?"

Des cris éclataient au-dehors, de plus en plus distincts. Des cris de femmes. ... [...]
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Nulle occupation n’absorbait autant l’attention de Mme PETYT-HAVET, mercière, que celle qui consistait à clore ses volets.
Depuis sa plus tendre enfance, Mme PETYT-HAVET avait peur des voleurs. Mourir assassinée était une perspective qui la condamnait à passer nombre de nuits blanches quoique la brave femme ne fût pas loin, tout au fond de son cœur, de considérer cette fin comme la seule digne d’elle.
Son magasin était un tout petit magasin à la vitrine étroite et à la façade couleur chocolat. Et pour que nul ne puisse prendre - par on ne sait quel mystérieux et prodigieux concours de circonstances - ce tout petit magasin pour autre chose que ce qu’il était (pour un grand bazar, par exemple), l’enseigne en avait était ainsi conçue : à la petite boutique.
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