ENTENDRE
L'appel de vivre écarte les rumeurs
Du temps sans rive. Écoute qui se tait.
Par lui s'exprime un tel espace d'être
Que l'arbre mort se prend à reverdir.
Les végétaux enfermés en nous-mêmes,
Eux, si discrets dans leurs tâches secrètes,
Sont oubliés. Heureux qui les sait vivre
Et les entend dans la nuit de son corps.
Mais qui reçoit le chant sinon la feuille
Au vent jetée, au feu du temps promise ?
Les yeux bandés, les oreilles de cire
Et la pensée ouverte comme grotte,
La main fidèle à cueillir, à servir,
Et qui se joue en écartant la branche.
Entends mon ongle : il pousse musical
Et mes cheveux font un bruit de forêt.
Qui nous parlait du brouillard solitude ?
J'appelle mort ce qui n'existe pas.
TENDRES MES DOIGTS
Tendres mes doigts pour effeuiller le monde
Et tendre aussi l'aile du lentement.
Nous disposons d'un espace et d'un livre
Et d'un domaine infini dans les marges,
Nous les ardents déchirés par nature.
Donne fourmi, donne-nous patience.
Cent fois la rive et cent fois la distance
De l'homme à l'homme en passant par le doute
Et du mensonge à toute vérité
Bonne à lécher comme un long sucre d'orge.
Un dieu remplace un autre dieu. Profane
Ainsi le vide. Il n'est rien de funèbre
Dans cette mort que polissent les feux.
N'arrache pas ces herbes, ces murmures,
A pas feutrés marche vers l'avenir.
Parmi le gel telle une ourse polaire,
Dans ta chaleur l'hiver s'épanouit,
L'été de toi rayonne. Dans ta gorge,
Une eau de vie achève de couler
Et tu reçois ta naissance du vent.
Tourner la page et trouver la montagne,
le doux vertige et la vieille crevasse.
Se reconnaitre au miroir de l'abime,
la liberté naquit de la parole,
elle fut chant dès son premier éveil
et nul ne put jamais la museler
la robe tombe et les globes des seins
se sont gonflés pour attirer ma bouche,
ma langue est chaude et les meutes au loin
font du silence une plante plus douce
"Quelle idée de génie que la publication de cette trilogie de rêve qui m'a fait aimer les livres" - Gérard Collard.
A l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivain et poète Robert Sabatier, les trois romans qui composent Les allumettes suédoises (Les allumettes suédoises ; Trois sucettes à la menthe ; Les noisettes sauvages), sont réunis pour la première fois en un seul volume. Un chef-d'oeuvre à découvrir ou à redécouvrir.
https://lagriffenoire.com/les-allumettes-suedoises-trois-sucettes-a-la-menthe-les-noisettes-sauvages.html
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