Olivier aura t il droit à sa sucette à la menthe au même titre que ses cousins?
Olivier, l'orphelin, le jeune parisien de la rue Labat dont l'univers tournait autour de sa mère Virginie la belle mercière, Bougras l'homme à tout faire et même à faire des chevalières comme celle qu'il lui a offerte, L'araignée le miséreux estropié,Mado l'élégante femme de vie,Mac le peu recommandable,Jean et Elodie qui l'ont recueilli le temps du deuil, Olivier l'adopté par son oncle et sa tante en fin du premier tome des Allumettes suédoises va t il s'adapter dans son nouvel univers bourgeois?
Dans cet appartement cossu, il se sent "drôle", décalé.
"Allez zou!" crie Marguerite la bonne brune au nez busqué, à la bouche sensuelle. Au bain!
Ce bain humiliant ordonné par Madame, la tante Victoria impénétrable qui a reçu Olivier avec emphase d'un "Entre Olivier, tu es un de mes enfants maintenant" le récure de partout. Ongles, cheveux, tout,tout,tout, comme s'il fallait gommer l'air vicié de la rue Labat.
La bonne Blanche aux yeux vert de mer, aussi rousse que l'autre est brune, il la trouve marrante. "Il ne faut pas mettre le pain à l'envers ça fait pleurer la sainte Vierge" prône t elle.
C'est que l'éducation d'Olivier est à faire et à refaire.
Tante Victoria lui assène ses directives: fais pas ci, fais pas ça. Va aider à l'argenterie, tiens toi droit et copie moi ces lignes! Sévères les "riches nouveaux"!
Heureusement, il y a l'oncle Henri qui lui offre "un canard" de temps en temps et lui parle cinéma et le "petit gros" Jami gentil tout plein comme deux parts d'enfance retrouvée.
Heureusement, il a les livres, sept livres serrés précieusement dans son cartable. "Quel curieux enfant!" ...Mélancolique, c'est sûr!
Vont s'y ajouter ceux du cousin Marceau. Un "drôle" à sa manière qui le titille de ses cruelles questions: "c'est vrai qu'elle avait des amants ta mère?" puis le serre dans ses bras pour se faire pardonner. Sous des airs de dandy, il parle argot, le "pote à vieille branche", mais par provocation. Il arrive du sanatorium et souhaite partir à Londres, mais Olivier en dénonçant à Marguerite ses crachats sanguinolents ne va t il pas contrecarrer ses plans?
"Jésus, Marie,Joseph!" soulignerait Blanche.
Non, elle dirait rien, occuppée à pleurer un futur sort de fille mère non enviable.
Beaucoup d'émotions et de poésie dans cette suite des Allumettes suédoises. Des portraits cocasses et hauts en couleurs comme les deux bonnes. du vécu, du vrai et ce Paris des années trente, ville lumière qui illumine chaque chapitre.
Petit rappel:
Robert Sabatier, né en 1923 à Paris, orphelin lui même a sans doute puisé largement dans ses souvenirs pour écrire ce roman.Ecrivain hors pair du XX° siècle, membre de l'
Académie Goncourt il participe activement à la vie littéraire.