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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Écrivain peu prolifique (trois romans seulement à son actif!), Ernesto Sabato est un auteur assez atypique dans le riche Panthéon des lettres argentines contemporaines où il trône indiscutablement parmi les plus grands, à une place néanmoins unique et singulière . Ni tout à fait partisan d'un «réalisme» pur et dur en littérature («les réalistes imaginent que la réalité ne dépasse pas leur dimension personnelle et n'est pas plus compliquée que leur cervelle d'oiseau») mais auquel il s'y astreindra en grande partie, ne serait-ce que parce que selon lui l'esprit humain ne peut accéder à l'invisible «qu'à travers le visible»; ni d'autre part complètement séduit par le souffle «magique» qui s'était largement répandu dans le paysage littéraire latino-américain de son époque, alors même qu'un des principaux moteurs de son oeuvre résiderait dans une exploration exhaustive des territoires friables, équivoques du supra-réel et du supra-individuel et de leurs incidences sur la subjectivité de ses personnages, l'auteur avait cultivé au travers d'une oeuvre exigeante qui aspire à une forme de «totalité», une veine narrative s'abreuvant aussi volontiers aux sources mystérieuses, symboliques et archétypiques de l'inconscient collectif, ne cessant d'illustrer la prégnance de leurs dimensions immatérielles dans la détermination des choix et des destinées individuels, élevant enfin la folie même au rang quelquefois de métanoïa susceptible de faire accéder à une forme alternative de connaissance du monde.
Ernesto Sabato resterait donc en quelque sorte sur les bords d'un «réalisme magique». Sa démarche créative comporterait à la fois une perspective littéraire réaliste, analytique, naturaliste et objectivable, à côté d'un cheminement narratif guidé par une approche tout autre et complémentaire qui, ouvrant une voie d'accès direct, intuitif et immédiat à la connaissance du réel, chercherait à dépasser les frontières imposées par une rationalité trop cartésienne et positiviste, mais sans recourir pour autant à des éléments "magiques" et surnaturels du type cadavres qui ressuscitent, jeunes filles en lévitation ou pluies de grenouilles..Avec un style très personnel et une écriture maintenue en bordure du visible et de l'invisible, dans un équilibre savant, dans un va-et-vient perpétuel entre le cognoscible et l'ineffable, le raisonnable et le démesuré, l'auteur crée une machinerie d'autant plus infernale et capable de ravir implacablement son lecteur qu'elle ne s'encombre pas par ailleurs d'artefacts érudits superflus, se parant la plupart du temps d'une fluidité et simplicité renversantes et se servant volontiers de mots et de tournures d'un langage plutôt courant et oral que proprement châtié ou littéraire. Witold Gombrowicz, fervent admirateur de l'écrivain, qu'il avait côtoyé de près durant sa longue pause argentine, dans une courte préface à l'édition française de l'ouvrage, classait HEROS ET TOMBES parmi «ces lectures qui se terminent souvent à quatre heures du matin». (Je confirme ! Même si dans mon cas, ce fut plutôt vers deux heures du matin…)
Considéré comme l'oeuvre maîtresse de l'auteur, il s'agit pour moi d'un pur chef-d'oeuvre, tout court ! L'une de ces cathédrales comme l'on n'en visite plus, hélas, que trop rarement, édifice dédié tout d'abord à Santa Maria del Buen Ayre, la ville de Buenos Aires elle-même, l'un des personnages centraux de ce monument au style littéraire gothique portègne.
Le livre est bâti à l'image même de la métropole argentine, ville tentaculaire «aux frontières indéfinissables avec la pampa», présentée ici sous les traits d'une cité constituant à elle seule un univers à part avec sa mythologie propre. Il met en place des récits qui se ramifient selon un plan obscur et mouvant, à l'instar de ces réseaux souterrains des égouts de Buenos Aires aux innombrables anfractuosités creusées par les eaux ancestrales du bassin alimentant l'océanique Río de la Plata, décrits avec force détails par l'auteur. Récits parcourant des dédales tortueux où narration historique et temps psychologique ne cessent de se croiser, où les courants du passé et du présent s'enchevêtrent en des lacis inextricables, entre mémoire collective, généalogie familiale et construction possible d'une identité propre. Récits explorant enfin les tracés flous d'une raison délirante, ou au contraire les contours ambitieux d'un délire raisonné, sans pour autant rien céder de ce qui constitue l'humanité fondamentale de ses personnages, la clarté de la langue ou la cohérence de son intrigue.
À la fois roman d'apprentissage pour son personnage central, le jeune et ingénu Martín qui, après avoir coupé les liens avec sa famille, tente ses premiers pas dans la vie adulte et dans l'anonymat de la grande métropole, récit d'une passion dévorante et inassouvie qui l'enchaînera définitivement à la troublante Alejandra, jeune femme énigmatique dont l'auteur dressera un portrait psychologique absolument magistral, imprévisible et rebelle, cherchant par tous les moyens possibles et imaginables à se soustraire à son encombrant héritage familial, HEROS ET TOMBES intégrera par ailleurs, en arrière-plan, celui des fondations même de la nation argentine, s'étalant depuis les guerres fratricides entre unitaires et fédéralistes au XIXe siècle jusqu'à l'ascension et la chute de Juan Péron, en septembre 1955, histoire tumultueuse qui se confondra avec celle de la déchéance d'une vieille famille argentine conduisant au drame qui frappera son dernier maillon, Alejandra, inoubliable héroïne tragique.
Le roman s'ouvre sur le fait divers qui bouleversa Buenos Aires au mois de juin 1955 : une jeune femme issue d'une famille traditionnelle a tué son père de quatre coups de pistolet avant d'arroser la pièce, fermée à clé de l'intérieur, d'essence et d'y avoir mis le feu.
Le développement de la narration s'organisera autour de quatre grands chapitres, chacun d'eux mettant l'accent sur des éléments particuliers et susceptibles de pouvoir éclairer la genèse et les enchaînements fatidiques ayant conduit au drame terrible, construits néanmoins sans aucune chronologie stricte linéaire, l'histoire et ses enjeux se précisant et s'étoffant progressivement à partir de feedbacks et de feedforwards qui témoigneront de l'immense maîtrise technique et narrative de l'auteur. L'un de ces chapitres, intitulé « Rapport sur les aveugles » correspondant au manuscrit retrouvé par la suite au domicile secondaire du père assassiné, expose en détail un délire de type paranoïaque à l'architecture impressionnante. Il vaut à lui seul le détour. Traitant de la domination imminente du monde par une secte secrète d'aveugles, mêlant éléments autobiographiques, relations personnelles, telles les surréalistes Oscar Dominguez et le peintre roumain Victor Brauner, ainsi que faits concrets dont l'écrivain argentin avait pu témoigner lors de son séjour à Paris dans les années 30 (notamment l'accident qui aura énucléé Victor Brauner), cette reconstruction délirante exhale un irrésistible et inquiétant parfum, aux relents parfois extralucides et prémonitoires, en sachant que des années bien plus tard après la rédaction de son livre, et à l'instar d'un de ses compatriotes les plus célèbres, Ernesto Sabato serait lui aussi définitivement atteint de cécité…!
Étrangement universel et ténébreusement particulier, intelligent et émotionnel, accessible et pointu, concret et transcendantal, HEROS ET TOMBES, est une lecture absolument envoûtante que je conseillerais sans modération aux lecteurs qui apprécient la littérature à la fois comme un plaisir, un art et une tentative d'accéder à une forme complémentaire de connaissance du monde et des mystères profonds qui entourent l'existence humaine.
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L'histoire de Héros et tombes se situe à Buenos Aires, pour l'essentiel pendant les années 1950, bien que de nombreuses rétrospections évoquent les années 1920 ainsi que certains épisodes historiques du 19ème siècle. A la façon d'un texte d'Edgar Allan Poe, le roman s'ouvre sur un article de journal qui relate comment la jeune Alejandra a tué son père, Fernando Villar Olmos, avant de se laisser mourir à son tour dans l'incendie de sa chambre.
La première partie du récit, reculant de plusieurs mois à partir de l'article de journal, se focalise sur Martin qui semble relater son histoire à Bruno, un ami d'Alejandra, tout en laissant un doute sur l'identité du narrateur. le jeune homme complexé et solitaire fait la connaissance d'Alejandra dans de singulières circonstances qui prêtent au personnage féminin une aura magique. A la passion du jeune homme, Alejandra répond par une distance cruelle. Cette descendante d'une famille totalement déchue de l'oligarchie habite un palais en ruine, entre un oncle fou et un arrière grand-père sénile. Entrecoupée par l'évocation des guerres du 19ème siècle auxquelles participèrent héroïquement les ancêtres d'Alejandra, cette première section narrative s'achève avec la rupture entre elle et Martin, au moment où éclate le coup d'Etat de 1955 contre Peron.
Le deuxième mouvement narratif est composé d'un rapport sur les aveugles de Fernando Villar Olmos, père sans doute incestueux d'Alejandra, où il verse de façon très documentée son délire au sujet d'un complot universel ourdi par les aveugles. La paranoïa du narrateur donne lieu à des passages hallucinés habités par un gothique souterrain, traversés par des images surréalistes.
Le troisième mouvement de ce roman est produit par la narration de Bruno qui s'adresse à un locuteur non identifié (l'auteur, le lecteur ?). le dernier mouvement renoue avec le début du récit et décrit comment Martin, à la mort d'Alejandra, décide de partir vers le Sud pour un voyage d'oubli purificateur, clôturant ainsi le roman, en guise de confirmation initiatique.
Habités par une sexualité morbide et destructrice, mêlant frustrations et déchainements orgiaques, Fernando et sa fille Alejandra imposent à leur entourage une relation suicidaire et dominatrice et sont le duo central de ce récit qui explore les tréfonds les plus sombres de l'âme humaine. L'auteur leur oppose la candeur romantique de Martin, dont la naïveté rend attachant un texte à la noirceur appuyée.
Ce passionnant roman illustre également les préoccupations sociales de l'auteur, à travers l'évocation des milieux anarchistes des années 20 (que Sabato a lui-même fréquentés), et surtout à travers la description de la lutte des classes exacerbée des derniers mois de la présidence de Peron. de même, le rappel des guerres civiles argentines procure au récit une profondeur historique et suggère les pathologies destructrices des personnages.
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Comme pour tous les « grands chefs-d'oeuvre  de la littérature », il peut y avoir des moments de doute chez le lecteur lambda. J'en ai eu quant à ma capacité de comprendre la troisième partie de ce roman ayant pour titre « rapport sur les aveugles ».
Mais je me pardonne, la colonne vertébrale de ce texte m'étant bien claire.
Il pourrait s'agir d'une histoire d'amour heureuse, malheureuse , comme il se doit , entre Martin et Alejandra mais elle est calquée sur les soubresauts qu'a connu l'Argentine au siècle dernier.
Par exemple, le soulèvement de la Place de mai en 55 donne lieu à un hallucinant récit.
L'enquête sur le Mal est un récit philosophique suivi d'un long cauchemar prophétique .
Un texte magnifique, dur, cruel parfois, difficile à mettre dans une case ;
« On peut échapper à mille situations mais pas à son propre destin. »
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Ernesto Sabato vous prend dans ses rets et bien malin celui qui peut dire de quoi sont faites les mailles du filet. L'envoutante, la mystérieuse, la contradictoire histoire de « Héros et tombes » ne justifie pas à elle seule l'enthousiasme ressenti à la lecture de ce livre. le roman est aussi le syncopé, multiple, poétique dévoilement de la secrète et phobique sensibilité sud-américaine.


La naissance sanglante et fratricide de la jeune nation argentine, la persistance des douleurs et des contractions post accouchement, sous la forme incessante de la domination militaire, constituent les arrière-fonds du roman. le temps historique d'un passé récent a marqué durablement les personnages, ils sont pour la plus part frappés de démesure et de folie. le présent du roman quant à lui est celui du populisme péroniste et des prolégomènes des dictatures sanglantes des années soixante-dix.

Dans ces pages, il est éminemment question de Buenos Aires, la ville fourmillante, multiple qui entoure, qui cerne, qui s'insinue. Les héros vagabondent, se débattent dans un décor proliférant, tentaculaire. Nous sommes aux prises avec leurs passions, leurs envoutements, leurs perversions, leurs fantasmes. le roman est un véritable traité des sentiments. Fernando fou, paranoïaque hait incompréhensivement les aveugles et hante, conscient et inconscient, les sous-sols, les caves. Alejandra, dernier rejeton d'une lignée d'aliénés et de héros, se joue du jeune Martin. Au gré d'errance urbaine, elle retrouve, repousse son improbable amant. L'auteur relie l'inconscient au monde extérieur, les cauchemars à notre réalité, le passé et le présent, la passion, la trahison et l'abjection.


Le roman d'Ernesto Sabato communique une émotion qui n'est pas réductible aux seuls sens ou au message délivré. L'auteur propose dans « Héros et tombes » une véritable poétique de l'art du roman. Paul Eluard écrivait : « le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » Ce grand livre nous ouvre à la sensibilité argentine, à ses mythes, à ses fascinations, il nous fait entendre les battements de coeur de sa capitale.
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Héros et tombes est un roman gigogne qui, tout en suivant un fil conducteur romanesque à la lisière du fantastique, fait s'imbriquer l'une dans l'autre différentes strates de narration et de réflexion sans que jamais on ne se sente expulsé ou perdu dans ce qui pourrait devenir un roman-thèse labyrinthique.

C'est d'abord l'histoire éternelle d'un amour passionnel et banalement désespérant entre un jeune étudiant naïf, Martin Carillo, et une jeune femme insaisissable qui ne cesse de se dérober à chaque fois qu'elle s'apprête à lui céder et à lui révéler ses secrets. L'histoire étant racontée initialement du point de vue de Bruno qui avait par le passé profondément aimé la mère d'Alejandra et à qui se confie Martin.

Alejandra est issue d'une des grandes familles d'Argentine, les Olmos, qui a connu les principaux conflits et guerres civiles depuis la fin du XVIIIe siècle. le roman évoque certains évènements mettant en scène Juan Manuel de Rosas, Justo José de Urquiza, jusqu'au péronisme. Mais il ne s'agit pas d'un livre d'histoire rébarbatif et ces passages sont distillés progressivement au cours du récit pour le nourrir et lui donner une assise presque mythique bien qu'ancrée dans le réel.

On retrouve également ce réalisme magique cher aux sud-américains et cette famille est porteuse de secrets, la plupart semblant mêmes hantés par de lourds traumatismes jusqu'à la folie.

Le père d'Alejandra, Fernando Olmos, incarne toute la décadence de cette société argentine déliquescente sur le plan spirituel, moral, politique... Avant de mourir Fernando laisse le fameux "Rapport sur les aveugles" où éclate toute sa paranoïa délirante. Métaphore de cette "folie" qui a dévasté l'Argentine au fil des différentes guerres civiles et autres dictatures. Et on entre alors dans un récit dans le récit qui peut se lire indépendamment comme une extraordinaire nouvelle fantastique. Vraiment un très grand texte. Si vous ne lisez pas "Héros et Tombes" lisez au moins ce passage qui fait environ 150 pages et qui est tout simplement fabuleux. La mise en place est progressive et au fur et à mesure que Fernando s'enfonce dans sa folie le récit devient complètement hallucinatoire. Tout le final étant digne de Lovecraft ou d'autres grands de la littérature horrifique. On peut d'ailleurs en lire une version en bande-dessinée par Alberto Breccia.

Je recommande plus que vivement ce grand livre baroque et ténébreux qui est d'une grande richesse littéraire tout en étant très divertissant.
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Certains personnages romanesques parviennent à vous dérouter.
L'insaisissable Dolorès de Vladimir Nabokov , la Cecilia d'Alberto Moravia ou encore la tendre Eliane d'Emmanuel Bove sont de ceux-là.
Mais à la lecture de Héros et tombes, j'ai rencontré un nouveau type de personnage.
Il reste aussi énigmatique que les trois susnommées mais a cela de plus qu'elle vous intimide, vous fascine et vous effraie.
Le candide Martin s'éprend d'elle et saisit la période tourmentée à laquelle il est destiné.
Trois parties composent ce récit:
La première relate, sur le mode de la confession, la relation chaotique de Martin et Alejandra.
La deuxième, plus sombre, nous présente les pérégrinations du père d'Alejandra, Fernando, qui nous emmène dans ses délires oniriques ou ses crises d'aliénation (le lecteur peine à s'y retrouver) le poussant à croire en l'existence d'une Secte d'aveugles conspirationniste.
Cette deuxième partie est particulièrement dense et se lit plus laborieusement.
La troisième partie nous narre les états d'âme de Bruno, ami auprès de qui se confesse Martin, et la déréliction dans laquelle se perd ce dernier.

Comme vous pouvez le deviner, ce roman est très dense. Il nous emmène à travers les dédales d'une Argentine meurtrie au milieu du XXe siècle.
Je me retiendrai de vous présenter les personnages truculents qui fleurissent ce texte et me contenterai de vous encourager à lire ces trois parties qui permettent la parfaite concrétion d'un roman signé par l'un des plus grands noms de la littérature sud-américaine.
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Peut-on y voir une simple histoire d'amour entre le naïf Martin del Castillo et la terrible Alejandra ? Une enquête policière ? Une portrait d'une vieille famille aristocratique en perdition ? La peinture de Buenos Aires, cosmopolite, grouillante, effroyable...? La paranoïa d'un des personnages centraux ?...
Voici donc une oeuvre énorme, caractéristique de la littérature sud-américaine qui me fascine : je crois qu'il faut aller voir du côté de "Cent ans de solitude" de G.G. Marquez pour trouver un roman comparable. L'écriture est extrêmement riche, tantôt soutenue, lente et descriptive, tantôt hachée, nerveuse voire même frénétique. En tout cas, difficile de lâcher le morceau.
Quant à l'histoire, là encore, c'est vraiment superbe : la construction est parfaitement maîtrisée autour de plusieurs semblants de noyaux qui s'interpénètrent, à la manière d'une sculpture baroque.
Les personnages ? Peut-on en désigner un plus important que les autres ? Martin, Alejandra, Fernando (le père d'Alejandra), Bruno (confident de Martin), la famille Olmos, les héros argentins, Buenos Aires...?
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J'ai été subjuguée ! A chaque fois qu'il a été entre mes mains, j'avais cette sensation de pénétrer dans un autre monde, une ville que je ne connaissais pas et que je découvrais, des personnages ténébreux , profonds qui donnent envie d'aller au fin fond de leur âme ...Et puis cette intrigue qui fait que parfois même en faisant autre chose j'y pensais...Quelle lecture !!
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Certains personnages romanesques parviennent à vous dérouter.
La Dolorès de Vladimir Nabokov , la Cecilia d'Alberto Moravia ou encore la tendre Eliane d'Emmanuel Bove sont de ceux-là.
Mais à la lecture d'Alejandra, j'ai rencontré un nouveau type de personnage.
Il reste aussi énigmatique que les trois susnommées mais a cela de plus qu'elle vous intimide, vous fascine et vous effraie.
Le candide Martin s'éprend d'elle et saisit la période tourmentée à laquelle il est destiné.
Trois parties composent ce récit:
La première relate, sur le mode de la confession, la relation chaotique de Martin et Alejandra.
La deuxième, plus sombre, nous présente les pérégrinations du père d'Alejandra, Fernando, qui nous emmène dans ses délires oniriques ou ses crises d'aliénation (le lecteur peine à s'y retrouver) le poussant à croire en l'existence d'une Secte d'aveugles conspirationniste.
Cette deuxième partie est particulièrement dense et se lit plus laborieusement.
La troisième partie nous narre les états d'âme de Bruno, ami auprès de qui se confesse Martin, et la déréliction dans laquelle se perd ce dernier.

Comme vous pouvez le deviner, ce roman est très dense. Il nous emmène à travers les dédales d'une Argentine meurtrie au milieu du XXe siècle.
Je me retiendrai de vous présenter les personnages truculents qui fleurissent ce texte et me contenterai de vous encourager à lire ces trois parties qui permettent la parfaite concrétion d'un roman signé par l'un des plus grands noms de la littérature sud-américaine.
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Rarement une critique aura été aussi ardue pour moi. Je n'ai pas compris le tiers de ce roman, mais j'ai assez vite perçu qu'il était magistral. Peut-être puis-je souligner un parallèle qui m'est venu à l'esprit : le personnage de Fernando Vidal Olmos m'a, par certains points rappelé Moravagine de Cendrars, probablement par sa misogynie, mais peut être aussi par une folie à la fois délirante et logique dans son fonctionnement. La fin du roman m'a semblé porteuse d'un espoir minuscule, mais d'un espoir quand même avec Hortensia Paz et Bucich. Je n'ai pas bien compris l'histoire parallèle avec le général Lavalle, peut-être s'agit-il d'une injonction à retrouver le sens de nos combats ? Car cette troupe au chef étêté n'a jamais très bien su pourquoi elle combattait. Cela s'inscrirait bien d'ailleurs dans la quête de Martin, après avoir tout perdu. le personnage d'Alejandra, à la fois complètement brisé, mais faisant également beaucoup souffrir les autres m'a paru très émouvant, tout comme ce pauvre Martin. Bruno est plus énigmatique. Il me reste encore beaucoup de questions qui nécessiteront plusieurs relectures ne serait-ce que pour apporter un atome de réponse.
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