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Je viens de clore ce roman plutôt court, un peu plus d'une centaine de pages.
Dès les premières pages, le tunnel m'a rappelée un autre ouvrage dont le narrateur tente d'expliquer sa condition, de se justifier aux yeux du lecteurs : je parle des Carnets du sous-sol de Dostoïevski. L'approche entre les deux ouvrages me semble similaire, bien que le narrateur du tunnel soit bien plus revendicateur que celui des Carnets du sous-sol.
On assiste donc à une sorte de procès fait par l'accusé, qui narre sa rencontre avec une femme qui l'obsédera jusqu'à sa mort, et sa volonté farouche à ce qu'elle ne soit qu'à lui, oubliant qu'elle est un être libre, et la désirant à l'image précise qu'il se fait d'elle, oubliant de la découvrir comme elle est réellement.

La violence de leur relation étonne, les enferme dans une sorte de cercle vicieux dont ils ne peuvent sortir, chacun tenant trop à l'autre par sa singularité dans un monde qui les déprime, et dont les habitants semblent à l'opposé de leurs convictions propres.

Roman de la solitude inévitable, le tunnel attriste par la précision de ce qu'il décrit...Mieux vaut ne pas le lire si vous êtes d'humeur sombre, il ne vous redonnera pas le sourire !
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La chronique d'un féminicide annoncé racontée par un pervers narcissique cas d'école auteur des faits. Ce petit roman pourrait s'insérer dans un manuel de diagnostic psychiatrique tant la description des symptômes cliniques est précise. En partant des projections négatives de sa propre nullité émotionnelle, en passant par le mépris des autres et le vide intérieur, un artiste peintre apparemment apprécié mais vivant dans la haine destructrice et la confusion dans l'emprise commet un crime de possession. Il apparaît comme symbole d'un monde qui n'en finit pas de se perfectionner dans l'exigence du narcissisme pathologique en devenant figure emblématique de notre époque.
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Curieux roman sur un peintre atteint d'une psychose et d'un dédoublement de la personnalité. À la fois violent et tendre, passionné et méprisant, cruel et amoureux, le héros nous livre une analyse intime de son moi et de son incapacité à vivre une relation normale. Je me demande finalement s'il n'est pas bipolaire, avec un passage très rapide de la phase maniaque à la phase dépressive. Roman assez pesant et indigeste.
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Premier livre de la trilogie romanesque d'Ernesto Sabato, le tunnel est l'histoire d'une obsession meurtrière du peintre Juan Pablo Castel pour Maria Iribarne, femme dont il tombe éperdument amoureux lors d'une exposition de ses toiles. On sait dès la première page que Castel tuera Maria Iribarne, mais nous ne savons pas pour quelle raison. le meurtrier fait le récit des évènements qui l'ont conduit à assassiner la femme qu'il aimait (et la seule personne qui comprenait ses toiles, selon lui) de façon ‘objective': le lecteur se rend vite compte que...


La suite sur:
http://jonathanfrances.wordpress.com/2009/11/14/les-livres-qui-mont-marque-1-le-tunnel-dernesto-sabato/
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C'est Chesterton qui disait que le fou n'est pas celui qui a perdu la raison, mais celui qui a perdu tout sauf la raison. Juan Pablo sombre dans la folie et nous le raconte follement. Pour chaque situation donnée, il ressasse sans cesse les scénarios possibles dans sa tête et fait ainsi pâlir d'avance le seul de ces scénarios qui s'avérera réel, parce qu'il aura été épuisé avant même de se réaliser, et qu'il ne peut servir qu'à engendrer des possibles à son tour. Les événements n'existent que comme éventualités mentalisées, et lorsqu'ils prennent place dans le monde, leur arrivée est comme vidée de son poids, et ils ne peuvent qu'à leur tour créer de nouvelles éventualités sur lesquels poursuivre l'investigation.

La psychologie de Juan Pablo ne vaut qu'en tant qu'il se trouve toujours en deçà des évènements. L'objet même de la narration est l'acte de narrer ; ou, plutôt, l'écart « insensé » entre la narration et ce qu'on nous dévoile des évènements qui suscite, et que suscite également, cette narration. Juan Pablo s'agite beaucoup plus distinctement dans les moments où il est en pleine rumination — c'est d'ailleurs ce qui compose la plus grande partie du récit ; le fait de se remémorer ses pensées au milieu des évènements, d'y en ajouter de nouvelles, et de justifier et les anciennes et les nouvelles, enlève à l'événement extérieur évoqué sa signification, nous le rend secondaire, presque futile. Les évènements, pris entre pensées et pensées, n'offrent qu'une sorte d'illustration pâle de ce qui se joue à l'intérieur — exception faite des dialogues accusateurs entre Juan Pablo et Maria, où celui-ci extériorise finalement son démon et invite Maria dans l'enfer mesquin de ses pensées. La rencontre entre la solitude raisonnante de Juan Pablo et le monde extérieur — et pas n'importe lequel : la communion entrevue avec Maria — ne se produit que par le ressort de la cruauté amoureuse, par la bassesse : le meurtre, évènement extérieur, ne vient qu'entériner ce qui est encore une fois mental. Tout ici est narration que l'on se fait à soi — l'ouvrage que Juan Pablo écrit aura pour lectorat privilégié Juan Pablo lui-même.

À ce titre, la trame romanesque du Tunnel ne peut se hisser en définitive à la température élevée de ses passages purement intérieurs, puisque l'efficacité du récit, le mouvement d'ensemble, repose dans une sorte de déception folle : inadéquation de l'intérieur et de l'extérieur. Qu'on parle, en quatrième de couverture, de « solitude de l'homme moderne », ne nous dit carrément rien du roman de Sabato, qui est échec de communication concerté puis regretté — donnant le premier élan à une réécriture minutieuse et « insensé » des évènements. L'intérieur et l'extérieur ont leur violence propre, qui n'arrive jamais à se mêler comme on l'entendrait ; l'intérieur veut prendre le pas, puis se voit déçu de l'extérieur qui traîne la patte : c'est ainsi qu'on abat tout lien. Alors, et seulement alors, peut-on parler de solitude ; mais si on n'évoque pas tout ce qui mène à la solitude, et ce qui nous y confine, alors à quoi bon la mentionner tout court. Que les causes en soient transparentes ou voilées importe peu, l'esprit peut très bien en trouver de nouvelles qui soient à sa mesure : c'est ainsi qu'on jette la clé.

Il est évident que Sabato aurait pu pousser la note davantage, et aurait dû nous offrir encore plus de saillies, nous couper la respiration et nous empêcher de lire au premier degré les mots : crime, amour, jalousie, — alors que c'est un drame de la conscience qui s'offrait à nous. On pense à La Douce de Dostoïevski, ou à ses Carnets du Sous-Sol, mais ce dernier est difficilement assimilable à la seule narration, et dans les deux cas, chez Dostoïevski, l'affect qui transporte l'écriture en est tout différent, si l'effet s'en rapproche. À la différence des hommes souterrains de Dostoïevski, Juan Pablo ne souhaite jamais véritablement prêter le flanc, ne s'abaisse jamais réellement, ne doute peut-être même jamais vraiment ; s'il doute, c'est qu'il met en scène son propre doute pour mieux développer ses justifications, sorte de mauvaise foi cartésienne. Ses manoeuvres mentales visent une sorte de rachat par la logique, ou visent plus singulièrement à se débarrasser du besoin de se racheter, mais devant autrui (le lecteur) — prolongeant même dans sa prétendue négation le besoin pressant d'approbation. D'où qu'il semble sans cesse se relire, voulant prendre le pas sur le lecteur, ou accompagner sa lecture, lui dire le seul sens possible à tirer de ses paroles. La façon d'adresser le lecteur éventuel dans les Carnets du Sous-Sol est en tout point différente, plus ironique, moins anxieuse, moins pressante, plus ridicule, plus proche de l'humiliation. Si le narrateur du Tunnel semble parfois chercher à se montrer sous le pire jour, il ne s'abaisse finalement que pour pouvoir dire qu'il le fait, avec la même modestie vaniteuse qu'il décrit au Chapitre II. (Il est d'ailleurs significatif que les premières pages du récit de Juan Pablo soient à ce point empreintes de lucidités, comme si le simple fait de raconter faisait perdre la tête à celui qui raconte.) Il ne lui est pourtant pas possible de se sortir, par la parole, de ce qui en est le résultat : son échec. Et c'est là que la comparaison avec les récits à la première personne de Dostoïevski semble pertinente : comme le Tunnel, ils font de l'échec à communiquer une sorte de réussite littéraire amère.
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LE TUNNEL d' ERNESTO SABATO
Juan Pablo Castel est un peintre argentin qui expose ses oeuvres dans une galerie de Buenos Aires. Il a la sensation permanente d'être incompris du public et vit dans l'amertume qu'il ressasse en permanence. Un jour, une femme s'attarde sur une toile et passe un long moment à observer une petite fenêtre dans un coin du tableau. Castel est stupéfait car elle est semble-t-il la seule à avoir remarqué ce point de détail. Il fera tout pour la revoir, lui parler, avoir une histoire avec elle. Ce qu'il découvrira ( elle est mariée, a une relation ambiguë avec un cousin)d'elle va le propulser dans un tunnel obsessionnel qui le mènera au meurtre de cette femme, Maria Iribarne.
On connaît la conclusion dès le début du livre et donc tout l'intérêt de ce roman tient dans l'analyse et le cheminement de cette folie qui mènera Castel à tuer la seule femme avec laquelle il pourrait vivre puisqu'elle seule a pu rentrer dans son tableau.
Un livre court et passionnant, entrez dans le tunnel vous ne le regretterez pas.
Ernesto SABATO est argentin né en 1911 mort en 2011 c'est un romancier et essayiste au parcours atypique. Il fut docteur en physique, poète à Montparnasse le soir pendant son séjour parisien puis il se consacra à la littérature et à la critique.
Le tunnel est le premier tome d'une trilogie dont je vous parlerai plus tard.
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Une histoire d'amour qui se transforme en obsession et mène à un homicide. C'est justement le meurtrier, un peintre qui raconte lucidement son histoire d'amour pour Mary, la seule jeune femme qui, s'arrêtant à observer un détail d'un de ses tableaux, montre qu'il a compris la sensibilité de ceux qui peinture. Ce sera elle, pour la sortir du tunnel où elle est fermée, mais elle restera victime de la possessivité pathologique et globale de son amour.
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Storia d'amore che si trasforma in ossessione e sfocia in omicidio. E' proprio l'omicida, un pittore che racconta lucidamente dal carcere la sua storia d'amore per Maria, la sola giovane donna che, fermandosi ad osservare un particolare di un suo quadro, mostra di aver capito la sensibilità di chi l'ha dipinto. Sarà proprio lei, a farlo uscire dal tunnel in cui si è chiuso, ma ne rimarrà vittima per la possessività patologica e totalizzante del suo "amore".


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Ernesto Sábato (1911-2011) est physicien, romancier, essayiste et critique littéraire argentin de renommée internationale. Son influence est d'autant plus remarquable que son oeuvre littéraire est limitée avec seulement trois romans, mais de nombreux essais sociopolitiques il est vrai. le Tunnel, premier de ses romans, date de 1948.
Juan Pablo Castel, le narrateur, est peintre. Lors d'une de ses expositions, il remarque une jeune femme, Maria Iribarne, s'attardant longuement sur un détail d'une de ses toiles, une fenêtre, qui dans l'esprit de l'artiste est le point crucial de cette oeuvre. Seule, même parmi la critique professionnelle, à l'avoir remarqué, Castel en est subjugué ; enfin quelqu'un qui le comprend. Castel tombe immédiatement amoureux fou de Maria et va tout faire pour la conquérir.
Dès la première phrase du roman le lecteur est captif, « Il suffira de dire que je suis Juan Pablo Castel, le peintre qui a tué Maria Iribarne », ainsi en quelques mots tout est dit mais rien n'est encore expliqué. La suite va s'y atteler, par la voix de Castel, narrateur de sa propre histoire. Ce début pourrait faire penser à un roman policier mais il n'en est rien, bien qu'il soit aussi prenant.
Récit d'un fou, d'un fou d'amour, se livrant aux actes les plus insensés pour s'accaparer l'amour de Maria. Il faut avoir perdu la raison – mais en avait-il avant sa rencontre avec Maria ? – pour ces exigences tyranniques. A amour fou, jalousie excessive voire paranoïaque après en avoir fait sa maîtresse. La malheureuse devient alors victime d'un harcèlement incessant, Castel inventant mille scénarios dans sa pauvre tête de malade pour expliciter les attitudes ou ambiguïtés de son idolâtrée.
Comme le lecteur n'a que la version donnée par Castel, nous ne savons que peu de choses de Maria et il est vrai qu'un certain mystère entoure ses faits et gestes. Elle est mariée avec un aveugle et peut-être a-t-elle un autre amant…
Finalement Castel tuera Maria par jalousie et plus sûrement par incapacité à communiquer avec elle, alors qu'elle était la seule à réellement le comprendre. Un paradoxe particulièrement tragique pour ce remarquable roman qui recèle par ailleurs quelques réflexions intéressantes dans divers domaines.
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Juan Pablo Castel un peintre torturé, pris dans un tunnel d'incommunicabilité. Il croit un jour en sortir en tombant follement amoureux de Maria, en qui il reconnaît la seule femme capable de comprendre le sens profond de ses tableaux et donc son sens profond à lui. Mais son amour ne s'entend que dans l' absolutisme, et Maria est une jeune femme libre... Il raconte dans cette confession comment, incapable d'admettre l'échec de cette résurrection attendue, il en vient à assassiner Maria.

Plus que la description de cet amour contrarié par la jalousie, c'est l'implacable auto-analyse de m'a tenue à ce livre. On endosse dès les premières pages une chape de plomb dont aucun souffle n 'arrive à se libérer. Dans une lucidité totale,il dissèque sa propre personnalité et analyse les situations jusqu'à l'obsession, et, enfermé dans ce moi qui fait tout à la fois sa fierté et son malheur mène à son terme son un raisonnement implacable .

L'écriture précise et économe de Sabato est à la hauteur de cet enfermement. On en sort oppressé, tenté malgré soi par une empathie pour ce personnage déchiré.
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Ca fait longtemps que je connais ce livre, je me suis autorisé à le relire il y a peu et la même impression de facilité me reste à l'esprit.

L'intrigue, les sentiments, les perceptions... tout est relativement simpliste dans ce livre, sans pour autant tomber dans la caricature. On a simplement du mal à accorder autre chose que de la sympathie à cette oeuvre qui n'a rien de majeure.
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