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Critique de ErnestLONDON


« “L'homme est fait pour écouter les oiseaux et pour leur donner des noms, disait le père, aujourd'hui, le bruit des machines est arrivé aux oreilles des gens et ils ne comprennent pas qu'ils en ont la migraine. Pourtant, c'est normal, nos oreilles sont faites pour entendre le vent dans les arbres et pas plus d'une ou deux voix à la fois. Mais les habitants des villes n'entendent plus rien, car ils sont assourdis par le bruit de la planète entière.“ C'est de ça que le père avait voulu se préserver en venant habiter la montagne, en montant plus haut que les voitures, là où nul n'ose plus se rendre aujourd'hui. Il m'avait emmené là pour que j'apprenne à écouter autre chose que tout ce bruit, m'avait-il expliqué un jour où je lui demandais pourquoi on n'allait pas vivre ailleurs. »
Martin a grandi avec son père, « une sorte de résistant face à un système qui vient nous dicter nos faits et gestes jusque dans notre mort », dans une cabane en montagne, isolée par les livres, des piles de livres jusqu'au plafond, « dans ce nid d'homme calfeutré contre le monde ». C'est lui qui lui faisait l'école, lui apprenait des savoirs sur la nature, de l'histoire, de la philosophie, de la politique. « L'histoire s'inscrit dans les paysages, mais celui que nous avions sous les yeux ne racontait pas la politique, les guerres de religion, l'esclavage, la financiarisation de l'économie. Notre paysage, et c'est sûrement pour ça que mon père l'avait choisi, disait la nature enfouie en l'homme, le marronnage, la vie d'un autre siècle, mais pas les grands mouvements de l'histoire contemporaine que mon père m'expliquait le soir, quand nous résumions les livres qu'il me demandait d'étudier. » Il a toujours vécu là-haut, là où les « lois dictées aux hommes et aux bêtes » n'arrivent pas, ni les idées qui racontent « qu'il faut gagner beaucoup d'argent pour être heureux et réussir sa vie, ou acheter plein d'objets pour se sentir bien ». Il y a développé un certain rapport au monde. S'occuper des plantes et des bêtes entretient un lien particulier, privilégié avec la nature. « Cela apprend à attendre et à accepter que tout ce qu'on entreprend ne réussisse pas. » La mort violente du père vient brusquement tout bouleverser.

Ce roman ravira tout autant ceux qui en feront une lecture très… terre à terre, comme ceux qui sauront saisir les filigranes d'une critique sociale, entendre la pressante invitation à « allumer un feu » ici et maintenant, puis « commencer à reconstruire le monde ».

Interview de l'auteur à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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