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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Palestine, de Joe Sacco, c'est d'abord une somme : dans son édition intégrale, près de 300 pages extrêmement denses, à la fois en dessins et en texte. Il s'agit de la réunion dans un même album des 9 tomes de ce Comics qui s'attaque à l'un des conflits les plus prégnants de notre siècle.
Il s'agit de la part de Sacco d'un travail assez monstrueux, d'une enquête sous forme de bande dessinée. L'auteur a passé plusieurs mois en Palestine et a cherché à comprendre ou décrire le conflit israëlo-palestinien du point de vue des habitants de Gaza ou de Cisjordanie. Des dizaines de rencontre, des interviews, des déplacements rendus difficiles par les blocages des Territoires palestiniens, l'Intifada, les tensions entre communautés, etc.
Si Sacco cherche à saisir ce qui se joue en Palestine, s'il fait oeuvre de pédagogie pour donner à comprendre certaines réticences de l'époque au processus de paix, les ressentiments toujours vivaces des populations, les tensions internes entre Fatah, FPLP, Hamas, etc., je ne qualifierai toutefois pas le travail de Sacco d'enquête journalistique. Pour la simple et bonne raison qu'il a manqué à ma lecture le point de vue israëlien. Il est parfois évoqué, mais de manière bien trop fugace.
Pour autant, pas question pour moi de reprocher à Joe Sacco son regard : parce que s'il choisit un point de vue, celui des Palestiniens, il reste objectif dans le traitement de ce point de vue. Objectif et lucide également, sur les témoignages qu'il a pu entendre, sur la réalité de tel ou tel engagement, sur certains non-dits ou certains tabous. A ce titre, les premières pages de cette édition sont passionnantes. L'auteur lui-même y expose à la fois ce qu'il a voulu faire et raconter, sa méthode de travail sur place, la façon aussi dont il a procédé à la mise en image (quels choix graphiques, que retenir, quels témoignages écarter, etc.).
Une lecture intéressante donc, parfois ardue devant la profusion d'images et de textes. Et la confirmation qu'il y a de bien belles pépites dans les comics. Il n'y a pas que DC Comics (ou ses équivalents, que par ailleurs j'apprends à découvrir et apprécier), et Spiegelman a des héritiers.
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Les orages s'abattent sur les villes palestiniennes à l'allure de bidonville sous couvre-feu israélien. le jour se lève sur un véritable bourbier surpeuplé. Il faut vraiment avoir envie de venir ici. L'auteur américain de cette bd-reportage est décidé à montrer cette réalité à ses compatriotes et au monde.

Reçu chaleureusement dans les familles palestiniennes, il écoute et retranscrit les récits. Les plus anciens évoquent le moment où ils ont été chassés de chez eux. Les autres évoquent le combat quotidien pour vivre qui implique aussi le combat quotidien contre l'occupant israélien : caillassage de la police, cocktail Molotof, combats de rue, blessés et morts par balles, arrestations, torture (dite "pression modérée"), emprisonnement. le scénario est très répétitif. La police et l'armée gagnent. Les colons poursuivent la colonisation.

Les dessins à la fois réalistes et naïfs dans le style comics soulignent la simplicité des gens et accentuent ainsi le contraste avec la complexité de la situation : d'un côté Israël imposé aux palestiniens par la parole de Dieu soutenue par les britanniques en 1917, et mise en oeuvre par une dynamique sioniste radicale. de l'autre côté les palestiniens révoltés qui s'organisent sous différentes bannières nationalistes et fondamentalistes.
Aucune de ces doctrines n'a la moindre chance d'aboutir.

Les témoignages des femmes palestiniennes sont les plus révélateurs du fondamentalisme : une femme reconnaît que l'oppression de la femme par l'homme est un problème qui réclame sa solution par le retour stricte au Coran. Deux jolies palestiniennes expriment leur culpabilité de ne pas croire suffisamment en l'islam. Une autre rappelle toutefois que les femmes non voilées se font caillasser dans la rue par des membres du Hamas...

De retour à Tel Aviv le mot de la fin est laissé à une femme israélienne réprouvant la colonisation mais fatiguée d'être rendue coupable de tous les malheurs des palestiniens.

Non vraiment la fin de ce conflit ne peut venir que d'un acte de foi non religieux.
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J'ai bien aimé cette série de Joe Sacco car il montre pour l'une des premières fois la condition du peuple palestinien. Nous avons eu droit toute notre vie aux explications d'Israël comme le dit si bien l'auteur dans son ouvrage. Il a mené une enquête objective dans la bande de Gaza pour recueillir des témoignages et voir ce qui se passe concrètement. J'avoue avoir été interloqué par ce reportage sur un quotidien désespérant dans cette ville meurtrie.

Ces faits sont ceux des années 90. Vingt ans ont passé et les choses se sont encore empirées. Les colons ne comprennent pas les souffrances qu'ils infligent. Ils pensent parce qu'ils ont gagné la guerre, malheur aux vaincus. La première et la seconde guerre mondiale ont duré 5 ans. Là-bas le conflit dure depuis 1948. Ces gens n'ont connu que la guerre. L'Allemagne nazie a été vaincu de même que le Japon impérialiste, mais aujourd'hui ces états sont libres et pacifiés.

Joe Sacco a le mérite par cette oeuvre de montrer une autre réalité moins connue. A noter que son idée serait de créer un seul état pour ses deux peuples comme en Afrique du Sud. Il estime que c'est l'une des solutions à envisager pour une paix durable dans le futur. Par ailleurs, il place l'humain avant tout autre chose. Cette manière de voir les choses retient mon attention. Bien sûr, 4 étoiles.
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Cet album rassemble les 9 tomes de la série Palestine intialement publiés par l'éditeur américain Fantagraphics entre 1993 et 1995. La première Intifada (1987-1993) fait rage lorsque Joe Sacco met les pieds en territoire occupé de Palestine en 1992. Agacé puis lassé par le point de vue dominant de la presse américaine sur le conflit israelo-palestinien, le dessinateur qui sera sacré figure de proue de la BD reportage grâce à cette série de bande-dessinées, entreprend un voyage de deux mois et demi en Palestine pour rendre compte par lui-même de la situation. Assumant avec aplomb et honnêteté son parti pris, Joe Sacco entend donner un son de cloche différent sur l'occupation israelienne en Palestine. Ne déclare t-il pas avec pertinence que : "Ce livre, bien que son contenu puisse paraître tempéré en regard de la violence d'aujourd'hui et de la tournure dramatique des événements, touche à l'essence de cette occupation. Ce n'est pas un travail objectif, si on entend par objectivité cette approche américaine qui consiste à laisser s'exprimer chaque camp sans se préoccuper que la réalité soit tronquée. Mon idée n'était pas de faire un livre objectif mais un livre honnête." (Joe Sacco, Quelques réflexions sur la Palestine, 2007). Cette série qui devait au départ compter six volumes, se compose de neuf tomes organisés autour de diverses thématiques : le Caire, la prison d'Ansar III, la camp de réfugiés de Jabalia, le droit des femmes, le port du hihab, "pression modérée", Ramallah, Naplouse, les handicapés... toutes les personnes rencontrées ou interrogées par Joe Sacco ont pour point commun des parents blessés, traumatisés, emprisonnés, abattus. Parfois dépité et exténué, le journaliste enchaîne les entretiens qui finissent par tous se ressembler. Les récits concordent. Les fait relatés accablants. La rancoeur est tenace et les haines exacerbées. Que vient chercher Sacco, lui demandent certains témoins. Racontera t-il au monde leur malheur ? A quoi bon sensibiliser l'opinion publique ? Quand la communauté internationale se décidera t-elle à agir ? A chaque personne interrogée, chaque question posée, Joe Sacco se heurte à autant d'interrogations auxquelles il n'a malheureusement ni réponses, ni solutions...

On entend souvent dire que Palestine est l'une des plus belles réussites de Joe Sacco. Je confirme : cette série, considérée comme pionière en matière de BD reportage, a valu au journaliste la reconnaissance de ses pairs, ce qui n'est pas peu dire compte tenu de l'époque où Palestine a été publié pour la première fois. de toutes les oeuvres que j'ai pu lire de Joe Sacco, je dois reconnaître que cette bande-dessinée qui a permis à l'auteur de faire ses premières armes, dégage une spontanéité et une naïveté particulièrement touchantes. Il part en Palestine en conquérant. Il en veut pour son argent. Il poursuit le scoop qui va faire sa notoriété. Il tient le sujet de son futur chef d'oeuvre. Avec humour mais aussi humilité, Joe Sacco fait découvrir un envers du décor méconnu de la Palestine. Pourtant ses espérances s'étiolent au fur et à mesure que son voyage avance. Entre arnaques, mensonges et sollicitations en tous genres, Joe Sacco évolue dans un environnement hostile : la misère, le malheur et la rancoeur des gens, les camps délabrés, les témoins insistants et la rigueur de l'hiver, finissent par venir à bout de son enthousiasme. La fin de son voyage prend des allures de marathon. Les arrestations intempestives ou les jets de pierres qui menacent en permanence colons ou palestiniens rendent compte d'une tension omniprésente que l'auteur restitue tantôt avec emphase, tantôt avec lucidité.

Notons par exemple ce long passage que je trouve d'une émouvante sincérité et qui fait de Palestine une oeuvre très personnelle dont j'apprécie particulièrement la teneur : "Je cligne des yeux, photographie mentalement la scène en me disant : ça va me faire de sacrées pages dans la BD - une séquence étrange avec une voiture ballotée sous une pluie torrentielle, Sameh qui essaie par dessus son épaule de percer l'obscurité, triturant les vitesses pour nous dégager des allées inondées, et moi, à côté, au comble du bonheur... J'y suis tu comprends, j'ai fait des centaines de kilomètres en avion, en bus, en taxi, pour arriver précisément ici : Jabalia, l'incontournable camp de réfugiés de la bande de Gaza, le point de départ de l'Intifada, le Disneyland de l'ordure et de la misère... Et me voilà, moi le peintre des misères palestiniennes, le putain de dessinateur aventurier qui n'a pas changé de fringues depuis des jours, qui a enjambé quelques rats morts et tremblé dans le froid, qui a déconné avec les gamins et acquiésé calmement à leurs terribles récits... Dans la voiture, je me pince pour y croire, pris de vertige dans le noir, devant les flots et les vents furieux, pensant, "vas-y bébé, balance la sauce, je peux encaisser." Mais je garde la vitre bien fermée..." (p. 206). Grâce à Palestine, Joe Sacco touche vraiment à l'excellence. Avec le temps, ce génie des premiers temps a peu à peu cédé à un professionnalisme plus maîtrisé mais moins séduisant. Pour ma part, si vous ne deviez lire qu'une seule oeuvre de Joe Sacco, optez pour cette grandiose série à la fois pour sa créativité artistique et ce certain regard porté sur la Palestine...

A lire également Gorazde ou Gaza 1956, en marge de l'histoire, du même auteur.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Une BD en noir et blanc écrite un peu comme un reportage, une plongée dans la Palestine. le dessin est très précis et les visages ressemblent parfois à ceux de Crumb. Je décrirai le ressenti après lecture par des mots mis bout à bout :
Frustration, opression, expropriation, souffrance, résignation, haine, peur, violence, colons, injustice, religions, obscurantisme, camps, torture, armes, Gaza, Jabala.
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