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Citations sur L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau et autre.. (123)

Si un homme a perdu un œil ou une jambe, il sait qu'il a perdu un œil ou une jambe ; mais s'il a perdu le soi - s'il s'est perdu lui-même -, il ne peut le savoir, parce qu'il n'y a plus personne pour le savoir.
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Chacun d'entre nous est une biographie, une histoire, un récit singulier, qui s’élabore en permanence, de manière inconsciente, par, à travers et en nous - à travers nos perceptions, nos sentiments, nos pensées, nos actions ; et également par nos récits, nos discours. Biologiquement, physiologiquement, nous ne sommes pas tellement différents les uns des autres ; historiquement, en tant que récit - chacun d'entre nous est unique.
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Nous nageons là dans des eaux étranges, où toutes les considérations habituelles peuvent être inversées - où la maladie peut être un bienfait, où la normalité peut devenir une maladie, où l'excitation peut être esclavage ou délivrance, et où la réalité peut tenir à un état d'ébriété et non de sobriété.
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Lorsque Christina monte péniblement, maladroitement, dans un autobus, elle ne rencontre que des grognements de colère et d'incompréhension : "Qu'y a-t-il Madame? Êtes-vous aveugle? Ivre?" Que peut-elle répondre? "Je n'ai pas de proprioception"? L'absence de sympathie et de soutien de la part de la société est pour elle une épreuve supplémentaire : invalide, mais d'une invalidité dont la nature n'est pas claire - car, après tout, elle n'est ni aveugle, ni paralysée, elle n'a rien d'évident -, on a tendance à la traiter comme une simulatrice ou une folle. Tel est le sort de ceux dont les sens cachés sont déréglés.
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["Il faut commencer à perdre la mémoire, ne serait-ce que par bribes, pour se rendre compte que cette mémoire est ce qui fait notre vie.
Une vie sans mémoire ne serait pas une vie (...) Notre mémoire est notre cohérence, notre raison, notre sentiment, et même notre action. Sans elle, nous ne sommes rien (...) (Je ne peux qu'attendre l'amnésie finale, celle qui effacera une vie entière, comme cela s'est passé pour ma mère...) (Luis BUNUEL, "Mon dernier soupir", paris, R. Laffont, 1982)

Ce passage effrayant et émouvant tiré des Mémoires de Bunuel pose des question fondamentales, qui sont de nature à la fois clinique, pratique, existentielle et philosophique : quelle sorte de vie (si l'on peut parler de vie), quelle sorte de monde, de soi, peuvent être préservés chez un homme qui a perdu une grande part de sa mémoire et, avec elle, son passé et son ancrage dans le temps ?]
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Cela fait maintenant neuf ans que je connais Jimmie – et, du point de vue neuropsychologique, il n'a pas changé le moins du monde. Il a toujours le syndrome de Korsakov le plus grave et le plus dévastateur qui soit ; il ne se rappelle rien au-delà de quelques secondes et son amnésie depuis 1945 est profonde. Mais, du point de vue humain, spirituel, il est devenu un autre homme – il n'est plus agité, flottant, ennuyé, perdu, mais profondément attentif à la beauté et à l'âme du monde, riches au regard des catégories kierkegaardiennes – c'est-à-dire du point de vue esthétique, moral, religieux, dramatique. La première fois que je le vis, je me demandai s'il n'était pas condamné à une sorte de futilité « humienne » [Cf David Hume], à un flottement sans signification à la surface de la terre, et s'il y avait un moyen possible de dépasser l'incohérence de son trouble « humien ». La science empirique me dit que non – mais la science empirique, l'empirisme, ne tient pas compte de l'âme, ni de ce qui constitue et détermine l'être humain comme sujet. Peut-être y a-t-il là une leçon à la fois philosophique et clinique : dans le syndrome de Korsakov, dans la démence ou dans d'autres catastrophes du même genre, si graves que soient les dégâts organiques qui entraînent cette dissolution « humienne », il reste toujours la possibilité entière d'une restauration de l'intégrité grâce à l'art, la communion, le contact avec l'esprit humain : et cette possibilité demeure même là où nous ne voyons de prime abord que l'état désespéré d'une destruction neurologique.
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Le sens de l'odorat, disait-il, je n'y avais jamais pensé. Normalement, on n'y pense pas.
Mais, quand je l'ai perdu, j'ai eu l'impression d'être frappé de cécité. La vie a perdu une bonne partie de sa saveur. On ne sait pas à quel point la saveur est odeur.
Vous sentez les gens, vous sentez les livres, vous sentez la ville, vous sentez le printemps...
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Lorsque je lui demandai ce qui lui arrivait la nuit, il me répondit très ouvertement que, lorsqu'il se réveillait dans son sommeil, il trouvait toujours à côté de lui dans le lit une jambe morte, froide et poilue, dont il ne comprenait ni ne supportait la présence ; de son bon bras et de sa bonne jambe, il essayait alors de la pousser hors du lit et, bien sûr, le reste de son corps suivait.
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Studs Terkel raconte les histoires de tous ces hommes et femmes, ces combattants surtout, qui vécurent la Seconde Guerre mondiale comme un moment intensément réel - de loin le temps le plus réel et significatif de leur vie -, de sorte que tout ce qu'ils ressentirent après leur parut très terne.
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« ... il y a toujours une réaction de la part d un organisme ou de l individu infecté pour restaurer, remplacer, compenser et préserver son identité, si étranges que puissent paraître les moyens pour arriver à ce resultat. »
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