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Gaëlle Josse (Autre)Mathilde Helleu (Traducteur)
EAN : 9782080276346
296 pages
Autrement (04/05/2022)
3.42/5   13 notes
Résumé :
1942 : Le IIIe Reich a gagné la guerre en Europe et signé un traité de paix avec les États-Unis.Dans un hôtel au bord du Grand Canyon navigue une foule d'exilés européens ayant fui le conflit et des soldats de l'armée américaine stationnés sur une base toute proche. Ce petit microcosme se croise au fil de discussions futiles, comme si, dans cet écrin de nature sauvage, le vacarme du monde, sa dévastation, ne le concernait pas.Mais on ne fait pas la paix avec les mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les éditions Autrement ne cessent de réhabiliter à juste titre la mémoire de la romancière britannique Vita Sackville-West.

Sans doute plus connue au départ plus pour avoir été l'amie- et même l'amante et la muse, on dit aussi qu'elle a été l'inspiratrice du roman Orlando- de l'immense Virginia Woolf.

Et pourtant, elle est sans doute une des auteurs phares de la littérature britannique du début du XXème siècle

Alors certes, sans doute liée à cette histoire avec Virginia Woolf, Vita Sackville-West était surtout connue pour être une auteur spécialiste des affres de la passion et des sentiments amoureux

Cependant, c'est une autre facette de son talent que l'on découvre avec la publication d'un autre de ses romans encore resté inédit en France, Grand Canyon, qui peut être considéré comme la première dystopie sur la seconde guerre mondiale

Très pertinent de ressortir ce Grand Canyon est un roman écrit en 1942, il ose prévenir et de le mettre en écho à la guerre qui explose actuellement en Ukraine et impacte toute l'Europe.

Tout l'art d'évocation de Vita Sackville-West est mis en avant avec cette autre issue à l'histoire de la IIe guerre mondiale, portée par un regard terrifiant et narquois à la fois.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« J'expose ici les conséquences dramatiques que pourrait avoir une conclusion incomplète de la guerre, voire la signature par les Alliés d'un traité de paix avec une Allemagne invaincue. » (p. 17) Ainsi s'exprime l'autrice dans la note liminaire à cette dystopie écrite en 1942. Les protagonistes sont les résidents d'un hôtel luxueux sis aux abords du grand canyon, en Arizona. La première partie se déroule entre une après-midi et une soirée. Les convives se préparent pour le dîner et le bal. Tout est feutré, calme, les discussions sont mesurées. Les jeunes Américains, demoiselles et aviateurs, se mêlent aux Européens, plus graves, qui ont fui leur continent après la victoire d'Hitler. « Les Américains ne grandissent jamais : ils restent bloqués à l'adolescence. [...] Ils font semblant d'être adultes, mais il leur faudrait des siècles avant de l'être autant que les Européens. Ils ne sont usés ni par la guerre ni par le temps ; c'est ce qui fait toute la différence. » (p. 52) Mais voilà, la paix négociée entre Roosevelt et Hitler ne tient plus et un déluge de bombes s'abat sur le Nouveau Continent. Pour les résidents de l'hôtel, le seul repli possible se trouve au fond du grand canyon.

Alors plongée dans le conflit et sans pouvoir anticiper la fin de ce dernier, Vita Sackville-West comprend qu'une terrible menace ne disparaît d'elle-même et qu'il faut la combattre jusqu'au bout, ne pas la laisser la moindre chance de pouvoir se répandre. « On disait que l'Allemagne n'oserait jamais attaquer l'Amérique. Que l'Allemagne se satisferait de la conquête de l'Europe. » (p. 116) La première partie du roman m'a rappelé Mrs Dalloway de Virginia Woolf – et c'est d'autant plus pertinent quand on sait la relation des deux autrices – par son caractère lent, presque suspendu à chaque mouvement des aiguilles de l'horloge. La deuxième partie m'a moins convaincue : le récit se précipite et condense plusieurs semaines en peu de pages. Et j'avoue ne pas avoir compris la nature des miracles qui se produisent au fond du canyon. J'ai toutefois beaucoup apprécié la manière dont l'autrice effectue des sauts élégants d'un point de vue à un autre, d'une conscience à l'autre, pour donner à son texte une ampleur polyphonique, où chaque personnage regarde ses comparses d'un oeil plus ou moins avisé. Grand Canyon est la première dystopie écrite sur la Seconde Guerre mondiale, et elle est d'autant plus remarquable qu'elle l'a été afin la fin du conflit. La réflexion de l'autrice reste férocement moderne et rappelle qu'il est impossible – et qu'il ne faut pas – discuter avec les extrêmes.
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J'imagine que pour bien comprendre ce roman il convient d'avoir à l'esprit le moment et l'époque où il a été écrit. 1942, au milieu d'une guerre qui s'éternise en Europe et dont l'issue est incertaine ; il est alors possible de tout imaginer, comme la victoire de l'Allemagne nazie et de ses alliés. C'est ce que fait Vita Sackville-West et ce n'est que 80 ans plus tard que nous avons droit à la traduction française présentée comme "la première dystopie sur la seconde guerre mondiale". Tout pour me plaire, a priori. Pourtant, ma lecture a été d'un ennui presque mortel.

L'histoire se situe aux États-Unis, dans un hôtel au bord du Grand Canyon. Une communauté constituée de quelques européens en exil y mène une vie assez oisive, entre contemplation de la nature et dégustation de cocktails en compagnie de pilotes d'une base américaine toute proche. Les échos de la guerre s'infiltrent par les ondes radiophoniques depuis Buenos-Aires car le traité censé garantir la tranquillité des États-Unis est bientôt piétiné par l'Axe. le feu approche, les combats s'intensifient, la petite communauté décide de descendre dans le canyon pour attendre... sans trop savoir quoi exactement. Fragilité de chaque instant, incompréhension, peur irriguent les conversations de ces individus suspendus dans une atmosphère irréelle.

Que dire ? Tout ceci est d'une lenteur... Il se peut que je manque de références pour comprendre ce qu'a voulu faire l'autrice mais je n'ai pas saisi l'intérêt de ce texte. L'éditeur a tort de mettre en avant le caractère dystopique car l'atmosphère est plus fantasmée que réaliste. le contre-exemple parfait est sans doute le complot contre l'Amérique de Philip Roth (chef d'oeuvre !), d'un réalisme glaçant (mais il a été écrit quelques décennies après). Ici on a l'impression d'être dans une rêverie, impression accentuée par les scènes rapportées sur la situation des combats à New-York aux images léchées comme celles d'un film à grand spectacle. Et que de bavardages ! Longs et pourtant impropres à dessiner des personnages consistants. Je lis en quatrième de couverture que ce texte "résonne étrangement avec le monde contemporain et nos comportements face aux crises" mais malheureusement ni les personnages ni l'intrigue ne sont en mesure de faire écho à des situations actuelles ni même aux enjeux tels qui nous apparaissent au fil des jours.

Une belle déception pour moi, malheureusement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cela commence comme un gentil roman de vacances : un bel hôtel directement au bord du Grand Canyon, une clientèle internationale et plutôt chic qui visite, se croise dans et autour de l'hôtel, entretient une conversation souvent futile, flirte à l'occasion et se retrouve le soir pour boire des cocktails, danser, se divertir comme des touristes normaux…
Mais très vite cette image idyllique se brouille car nous sommes en 1942, donc en pleine guerre mondiale, mais dans une version différente de celle que nous connaissons car ici, les Nazis sont vainqueurs et maîtres de toute l'Europe, signant même une paix trompeuse avec les USA, et ces touristes internationaux ne sont que des réfugiés « de luxe » chassés du vieux continent qui illustrent par leur insouciance aveugle l'expression «marcher au bord du gouffre » sans trop s'inquiéter de tous ces soldats qui se rassemblent de plus en plus nombreux de l'autre côté du Canyon !
Finalement tout bascule quand les Nazis qui dominent déjà le Mexique et le Canada lancent l'attaque finale contre les USA, obligeant notre concentré d'humanité à fuir et à s'établir au fond du Grand Canyon pour continuer à vivre presque mieux qu'avant, en maintenant à distance les affrontements guerriers, suivis à la radio, où entrevus ponctuellement dans le ciel au dessus d'eux !
Grand Canyon est un roman original par sa modernité car, écrit en 1942, il ose prévenir d'une autre issue à l'histoire de la IIe guerre mondiale, mais surtout, réédité en 2022, il résonne également avec le retour de la guerre en Europe, de sa violence aveugle et de ses déplacements de populations.
Il est aussi un roman étrange par le caractère « décalé » des deux protagonistes principaux qui ayant connu la guerre en Angleterre et la subissant à nouveau aux USA ne semblent plus avoir comme seule volonté que d'observer, disséquer, analyser les événements, les attitudes, leurs sentiments personnels et ceux des personnes qui les entourent dans des dialogues sans fin, cyniques ou désabusés comme si ce monde violent ne les concernait plus dans le Jardin d'Éden où ils vivent dorénavant.
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Je l'aime bien, Vita Sackville-West. J'aime son humour d'aristo british décadante, son intelligence et ici, son désespoir : puisque tout est foutu, eh bien allons-y et imaginons la fin du monde ! Au fond du Grand Canyon. Pourquoi là ? Parce que le lieu est décadent en lui-même et peut-être parce qu'elle l'a aimé avant que ce ne soit la merde. Ses personnages sont magnifiques de justesse, surtout la narratrice. Et malgré le lieu, il n'y a rien de plus british que cet hôtel plein de braves gens qui s'habillent pour dîner, dansent et s'emmerdent un peu. Elle a écrit ce roman en 1942. Elle se disait que tout était foutu ... et on a continué. Quelque part, il y a quelque chose de réconfortant là-dedans.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Les Américains ne grandissent jamais : ils restent bloqués à l’adolescence. […] Ils font semblant d’être adultes, mais il leur faudrait des siècles avant de l’être autant que les Européens. Ils ne sont usés ni par la guerre ni par le temps ; c’est ce qui fait toute la différence. » (p. 52)
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« J’expose ici les conséquences dramatiques que pourrait avoir une conclusion incomplète de la guerre, voire la signature par les Alliés d’un traité de paix avec une Allemagne invaincue. » (p. 17)
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« Ils n’avaient jamais même pensé au danger aérien qui les menaçait dans le sanctuaire de l’Arizona. Tout avait été gai et agréable, quand soudain. » (p. 123)
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« On disait que l’Allemagne n’oserait jamais attaquer l’Amérique. Que l’Allemagne se satisferait de la conquête de l’Europe. » (p. 116)
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Vidéo de Vita Sackville-West
Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard de Carole D'Yvoire aux éditions Livre de Poche
« Bloomsbury m?enchante, il est la vie même. » Dans un récit inédit, vivant et abondamment illustré, Carole d?Yvoire raconte les premières années et la rencontre de deux êtres fascinants : Virginia Stephen et Leonard Woolf, dont l?union sera symbolisée en 1917 par la naissance de la maison d?édition Hogarth Press. Sont ainsi célébrés dans ce texte émouvant une période activité artistique foisonnante et ceux qui, face au tragique, choisissent l?affirmation de la vie, d?une « vie intense et triomphante ». Inclus : des extraits de lettres, une nouvelle de Virginia Woolf et une nouvelle inédite de Leonard Woolf.
https://www.lagriffenoire.com/98459-divers-litterature-je-te-dois-tout-le-bonheur-de-ma-vie.html

Virginia et Vita de Christine Orban aux éditions Livre de Poche
1927. Virginia Woolf vient de publier La Promenade au phare. Elle vit une passion tourmentée avec Vita Sackville-West dont le célèbre château paternel de Knole se situe tout près de Monk's House, la modeste demeure de Virginia et de son époux, l'éditeur Léonard Woolf. La fascination qu?elle ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie bohème et le faste de l'excentrique aristocrate vont donner naissance à l?une de ses ?uvres maîtresses, Orlando. Dans Virginia et Vita, où tout est dit de la passion et de la jalousie, Virginia Woolf est à son tour transformée en personnage de roman. Christine Orban évoque avec subtilité la complicité de deux femmes exceptionnelles, puissantes et fragiles qui conjuguent à leur manière amour et création littéraire.
https://www.lagriffenoire.com/6842-divers-litterature-virginia-et-vita.html
Vous pouvez commander Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard et Virginia et Vita sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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