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EAN : 9782746751323
228 pages
Autrement (20/03/2019)
3.93/5   41 notes
Résumé :
Peut-on tomber amoureux d'un lieu? Quand Peregrine Chase hérite du domaine de Blackboys dans la campagne anglaise, il n'a qu'un désir: le vendre, éponger ses dettes et retourner à sa vie de citadin. Mais alors qu'il découvre la vaste demeure, les rosiers et les paons majestueux qui peuplent les alentours, un sentiment de plénitude l'envahit, jusqu'à l'obséder.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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L'amour, ça vous prend toujours par surprise, ça bouscule, vous trouble et vous transporte...sous d'autres cieux peut-être ...ça peut même faire d'un rat des villes, un rat des champs.

C'est un peu ce qui arrive à cet aristocrate anglais désargenté , qui travaille pour une compagnie d'assurance. Peregrine Chase, un pedigree prestigieux, n'est-ce pas, vient d'hériter d'une tante qu'il ne connaît pas, un domaine à la campagne. L'occasion lui est alors donné de découvrir son héritage avant sa mise en vente aux enchères.

Il tombe en amour des petits matins brumeux, de cette demeure désuète pleine d'histoire, des jeux de lumières et d'ombres, des paons que sa tante adorait. Il se balade dès l'aube par les chemins, rencontre les fermiers, cueille des fleurs, assiste blanc comme un linge, à la limite de la syncope, à la vente aux enchères...notre héros va-t-il devenir gentleman Farmer ?

Ce beau texte original qui parle avec une passion toute amoureuse de l'attachement à une maison, un lieu, une terre, est l'oeuvre d'une auteure britannique contemporaine de Virginia Woolf dont elle fut ...très proche, et des américains Henry James et Edith Wharton. Elle met dans ce texte sa douleur de ne pas avoir pu hériter du domaine de son père qu'elle adorait. A cette époque seuls les hommes d'un lignage pouvaient avoir de quelconques prétentions à une succession, les filles étaient évincées. Je suis d'accord avec vous, c'est totalement injuste .Vita Sackville-West s'éprit alors d'un autre domaine, qui fut alors son centre, sa vie quotidienne, ses racines et sa source d'inspirations .

Une histoire originale qui ne peut que toucher . J'ai beaucoup aimé ce texte...il laisse songeur.
Quoi planter sur mon balcon ? Des fraisiers ou des bégonias ..
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Un soir sur le quai du métro ou dans votre voiture, vous-êtes vous déjà senti totalement anonyme et insignifiant ? L'esprit écrasé par la fatigue, enserré par une foule de gens tout aussi épuisés, chacun retournant vers le repas du soir, puis la petite heure de liberté où l'on tentera (souvent vainement) de mobiliser ses dernières bribes d'énergie pour meubler un peu ce vide qu'on sent lentement nous envahir, contre lequel on lutte désespérément… le soir. La fatigue. S'abrutir devant une émission de télévision serait si simple. La fatigue. Demain, une autre journée en tout point identique commence…

Et si quelque chose, brutalement, vous arrachait à ce quotidien. Que pour quelques jours vous découvriez un monde où chaque partie de votre être se sentirait en paix. A sa place. Quelques jours seulement. Est-ce que vous ne seriez pas envahi par le désir fou d'abandonner la petite vie que vous avez eu tant de mal à vous construire dans la société ? Rester là. Envers et contre tout. Tant pis pour le reste.

Peu importe.

Peu importe ce qu'il adviendra.

Mais nous sommes gens rationnels, n'est-ce pas ? Et pourtant, comme nous l'admirerions, celui qui sauterait ce pas !

Ce ne sera peut-être pas le plus jeune ou le plus fringant. Ce sera peut-être même le plus terne d'entre nous. Ce sera peut-être celui qui depuis tant d'année hante son bureau gris rempli de paperasse qu'il semble n'en être qu'un meuble, et qu'on ne le convie plus aux sorties entre collègues que pour la forme. Ce sera peut-être ce petit avoué en assurance de Peregrine Chase, le gringalet le plus insipide et le plus insignifiant que l'on puisse imaginer…

Un jour, il hérite d'un manoir. de longs couloirs où s'alignent les portraits de ses ancêtres. Des grandes cheminées et aux meubles anciens. Des jardins aux allées bordées de fleurs. Et quelque chose d'autre. Car certaines demeures ont une âme. Et la vie, soudain, renait dans cet être desséché.

Nous n'aurons pas la chance qu'a eu notre ami Peregrine Chase. Et quand bien même nous l'aurions… Aurions-nous son courage ? Nous sommes, amis, simplement condamnés à nous dessécher peu à peu parmi nos livres. Notre seul courage sera de résister tant que nous le pourrons à la fatigue avant de laisser nos esprits basculer dans le vide.
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Dans la chambre de Miss Chase, les rideaux sont tirés afin de laisser dans la pénombre, son corps sans vie reposer sur l'immense lit à baldaquin.
Les obsèques sont reportées d'une journée. Pérégrine Chase, le neveu et unique héritier, est navré de ne pas rejoindre au plus vite sa ville de Wolverhampton où l'attend son travail, pourtant pas très réjouissant, dans une compagnie d'assurances.
Au dehors, par delà les douves de Blackboys, le cri des paons qui peuplent le jardin et le soleil irisant leurs couleurs chatoyantes.
Mais pour l'un des notaires présents, le paon n'est qu'un « gros machin clinquant ». Inutile de s'y attarder et, avec brusquerie, sans détour ni aucune précaution d'usage liée aux circonstances du deuil, il amène immédiatement la discussion sur la succession de ce domaine et ses dépendances dont il veut se débarrasser rapidement. La piteuse gestion de la propriété par la tante trop charitable ne laisse pas trop de choix possibles et seule une vente de l'ensemble peut en effacer les dettes.
Notons ici, le côté un peu facétieux de l'auteure, qui vient égayer cet épisode de succession par l'introduction, aux côtés de ce notaire plutôt détestable, d'un associé reflétant son contraire dont « seul un sort malencontreux pouvait avoir jeté sa nature aimable et conciliante dans les régions mélancoliques de la loi. » Ce dernier enrobe ses paroles de sentimentalisme, semble réellement peiné par l'obligation de vendre un tel patrimoine et verserait presque une larme devant la pénibilité de la lecture du testament !

Une fois seul, délivré de la faconde des notaires, Mr Chase peut se retourner sur son existence plutôt anémique et ses maigres perspectives, et laisser errer son regard sur la façade qui se reflète dans « le calme verdâtre des douves », cette demeure ancestrale renvoyant sa parfaite architecture élisabéthaine si apaisante. La majesté de ce qui s'offre à ses yeux vient subitement bousculer ses certitudes.
Bien que timoré, gêné par la domesticité, se sentant comme un intrus, Pérégrine Chase s'attarde à Blackboys, remplissant les vases de tulipes, savourant la tranquillité d'une promenade dans le parc avec Thane, le lévrier.

Dans ce petit roman, l'élégance des phrases de Vita Sackville-West opère un charme en parfaite adéquation avec ce domaine aristocratique dont le manoir se fond au creux de ce vallon de la campagne anglaise. La profusion de paons parachève l'atmosphère royale dégagée par ces lieux dont la tranquillité, si enveloppante, gagne délicatement le lecteur.
La mise en vente suit son chemin, bien tracée par le notaire avide de mener à bien la liquidation du mobilier et la mise aux enchères des fermes, des terres et du manoir. Son côté mercantile, particulièrement développé et irritant, méprise ouvertement la campagne, les traditions ainsi que ceux qui montrent un attachement à leur lopin de terre.

Vita Sackville-West, lésée de l'héritage familial auquel elle ne pouvait prétendre étant de sexe féminin, a reporté son amour sur un château acquis avec son mari et nous lègue ici un petit joyau littéraire contemplatif, miroir de ses sentiments envers les veilles pierres et les jardins. Elle esquisse un monde ancien qui n'a pas besoin de changer pour être aimé, pleinement. Un coin de campagne, avec ses demeures séculaires, qui ne renvoie pas une image croupissante de sa stagnation mais la force et la plénitude d'une stabilité reposante.
D'une plume exquise, avec un personnage tout à fait insignifiant qu'elle réveille doucement, elle remplit ces quelques pages d'images simples, chaleureuses, apaisantes.
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Au décès de sa tante, Peregrine Chase, un petit scribouillard travaillant dans une agence d'assurances à Londres, se retrouve l'unique héritier d'un domaine. Il est rapidement pris en main par le notaire et convaincu de vendre le bien. Mais il tombe sous le charme de la campagne anglaise et de sa vie champêtre.

Vita Sackville West nous décrit admirablement le jardin, les sorties au petit matin pour voir le soleil se lever. le portrait du notaire de province cherchant d'une certaine manière à déshériter son client fait probablement écho à des événements personnels. En effet, Vita Sackville West n'a jamais pu hériter du château familial selon la règle en vigueur : les biens ne peuvent se transmettre qu'à un héritier mâle. Suite à ce qu'elle a toujours considéré comme une injustice, elle a fait l'acquisition avec son époux du domaine de Sissinghurst pour lequel elle a aménagé de superbes jardins et notamment une des plus célèbres roseraies de roses anciennes.

Vita Sackville West nous offre ici un court roman plein de charme et de finesse.


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Quel charmant petit livre. Une si belle plume qui nous enchante et nous ensorcelle tout comme l'héritier de cette jolie demeure nichée au coeur de la nature. L'histoire ressemble à s'y méprendre à un conte. Elle en a les ingrédients, un fait improbable, les gentils qui veulent sauver la maison et les méchants qu'ils veulent la vendre pour récupérer les terres. Mais voilà que notre sauveur arrive : l'héritier ! Je ne peux vous raconter le déroulement et encore moins le dénouement du récit, il est court et il serait dommage de vous priver du final.
Tout ce que je peux vous souffler, c'est que tout comme cet homme on s'éprend de ce paysage, de cette demeure, de cette douce tranquillité, on reste sous le charme de ce paysage. En lisant nous sommes comme confondu dans ce tableau. On se promène faisant partie intégrante du décor. Et cet amour qui naît au fil des pages pour ces pierres, ces hommes terriens, cette sagesse soudain qui effleure cet homme humble sans aucun sentiment d'orgueil, si ce n'est celui d'apprécier cet environnement. Il ressent l'âme de la maison et bientôt il ne pourra s'en détacher. C'est un roman qui est à l'image de l'auteure elle-même puisqu'elle a durant sa vie sauvé des demeures. Elle a su par les mots retranscrire cet amour des maisons qui ont une âme.
Très belle découverte que je dois à Sylvaine que je remercie de tout coeur, je vais pouvoir approfondir mes lectures de cette auteure à la plume si charmante.
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critiques presse (1)
LaCroix
09 avril 2019
Dans son court roman, L’Héritier, l’écrivain anglaise décrit avec humour la passion inattendue d’un homme pour une maison. Les éditions Autrement viennent de rééditer ce texte savoureux.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lui-même aimait être seul ; il avait le goût réel de la solitude, et s'y livrait maintenant avec délice, lors de ses journées et surtout de ses soirées à Blackboys, assis auprès du feu, à remuer avec un tisonnier le gros tas de cendres grises, ces douces cendres qu'on ne ramassait jamais ; il aimait le son mat de l'instrument contre le bois consumé. Ces soirées lui étaient agréables, agréables et nouvelles, mais parfois il avait l'impression qu'en dépit de leur nouveauté elles avaient toujours fait partie de sa vie. De plus, il avait un compagnon, Thane, le mince lévrier à la robe fauve, qui somnolait près de l'âtre, le museau sur ses pattes.
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Il était à présent au rez-de-chaussée, devant la porte de la bibliothèque, à regarder un vase de tulipes couleur corail dont la transparente délicatesse se détachait avec éclat sur les sobres lambris de la pièce. Il était reconnaissant envers la somnolence de la maison, abolissant l'agitation avec une manière de tranquille réprimande.
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La maison lui rendait un regard grave et doux. Sa façade de vieilles briques lit de vin, les V inversés des deux pignons, les rectangles des fenêtres et le stuc crémeux de la petite colonnade qui réunissait les deux ailes en saillie, tout se reflétait sans déformation dans le calme verdâtre des douves. Ce n’était pas une grande maison, elle se résumait aux deux ailes et au corps central, mais elle était parfaite est achevée, si parfaite que Chase, qui pourtant ne connaissait rien et ne s’intéressait nullement à l’architecture, (…), se sentit peu à peu apaisée par une confortable satisfaction. Oui, vraiment la maison était petite, charmante, et satisfaisante. On ne pouvait lui trouver aucun défaut. Elle était exquise de forme et de couleur. Dans ses proportions parfaites, elle portait la grandeur de son style avec une digne simplicité. Elle était tranquille, la soirée était tranquille, la campagne et était tranquille ; elle faisait partie de la soirée, de la campagne.
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Je ne sais pas ce que vous allez faire des vêtements de la vieille dame, Mr. Chase. Ils ne rapporteraient pas grand-chose, voyez-vous, à l’exception des dentelles. Il y a la de belles dentelles authentiques, qui devraient valoir quelque chose. Tout est inscrit dans l’inventaire, il faudra les découdre des vêtements. Mais quand au reste… mettons vingt livres. Ces robes de soie, dirais-je, sont faites d’une bonne étoffe » , observa Mr. Nutley en tâtant une rangée de robes noires pendues dans le placard, qui remuèrent avec un faible bruissement de feuilles mortes. « Suivez mon conseil, donnez-en quelques-unes à la gouvernante, cela en fin de compte vous fera plus de profit que les quelques livres que vous pourriez en tirer. Il faut toujours avoir les domestiques de son côté, c’est mon axiome.. Enfin, c’est votre affaire, vous êtes le seul héritier et personne ne doit s’immiscer. »
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Il se retourna pour regarder la maison. Un homme au cœur plus léger et au tempérament plus optimiste se fût réjoui de ces vacances forcées, mais Chase n’était ni insouciant ni optimiste. Il considérait la vie avec un sérieux pesant et, plutôt irritable et plein de ressentiment envers cette stérile randonnée, il ruminait les risques probables, et mêmes certains, d'inefficacité de la part de ses subordonnés à Wolverhampton, car il y avait en lui une vieille fille qui ne pouvait supporter l'idée que d'autres personnes intervinssent dans ses affaires. Il se faisait du souci, dans son petit esprit anémique qui était trop limité pour être méprisant, et trop timoré pour être vraiment violent.
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Videos de Vita Sackville-West (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vita Sackville-West
Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard de Carole D'Yvoire aux éditions Livre de Poche
« Bloomsbury m?enchante, il est la vie même. » Dans un récit inédit, vivant et abondamment illustré, Carole d?Yvoire raconte les premières années et la rencontre de deux êtres fascinants : Virginia Stephen et Leonard Woolf, dont l?union sera symbolisée en 1917 par la naissance de la maison d?édition Hogarth Press. Sont ainsi célébrés dans ce texte émouvant une période activité artistique foisonnante et ceux qui, face au tragique, choisissent l?affirmation de la vie, d?une « vie intense et triomphante ». Inclus : des extraits de lettres, une nouvelle de Virginia Woolf et une nouvelle inédite de Leonard Woolf.
https://www.lagriffenoire.com/98459-divers-litterature-je-te-dois-tout-le-bonheur-de-ma-vie.html

Virginia et Vita de Christine Orban aux éditions Livre de Poche
1927. Virginia Woolf vient de publier La Promenade au phare. Elle vit une passion tourmentée avec Vita Sackville-West dont le célèbre château paternel de Knole se situe tout près de Monk's House, la modeste demeure de Virginia et de son époux, l'éditeur Léonard Woolf. La fascination qu?elle ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie bohème et le faste de l'excentrique aristocrate vont donner naissance à l?une de ses ?uvres maîtresses, Orlando. Dans Virginia et Vita, où tout est dit de la passion et de la jalousie, Virginia Woolf est à son tour transformée en personnage de roman. Christine Orban évoque avec subtilité la complicité de deux femmes exceptionnelles, puissantes et fragiles qui conjuguent à leur manière amour et création littéraire.
https://www.lagriffenoire.com/6842-divers-litterature-virginia-et-vita.html
Vous pouvez commander Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard et Virginia et Vita sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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