De l'Egypte, on connaît Toutankhamon, les pyramides et les hiéroglyphes.
Je connaissais nettement moins Jehane Sadate. Je savais qui elle était, bien sûr, mais je n'avais aucune idée de son parcours. C'est la raison pour laquelle j'ai été quelque peu attirée par son autobiographie.
Et je dois reconnaître que je n'ai pas été déçue. Jehane Sadate va dire l'essentiel sans trop se dévoiler. Née d'un père égyptien et d'une mère anglaise, son enfance sera marquée par cette double culture, sans que jamais il ne fasse l'ombre d'un doute pour elle qu'elle appartient à la terre d'Egypte, pleinement et de toute son âme.
Celle qui rencontre Anouar à l'âge de quinze ans aura un parcours classique de femme destinée à rester dans son foyer, pour gérer la maison et s'occuper de ses enfants. Pourtant, elle sent vite qu'elle a un autre rôle à jouer. Et elle deviendra un facteur important de l'émancipation des femmes de son pays.
De même, elle se livre sur sa foi profonde en l'Islam, et c'est une part importante du livre, où elle explique les fondements de sa religion et son attachement à ses principes sans jamais les renier ou se contredire dans la recherche de liberté des femmes.
J'ai beaucoup aimé ce livre, parce qu'il est très équilibré et qu'il ne ressemble pas à une autobiographie classique. Si Jehane Sadate parle de sa vie de mère et d'épouse, le sujet principal du livre est l'Egypte. Ses activités ne sont que le prétexte à parler de son pays sous tous ses aspects: historique, politique, et social. Les guerres, puis la paix avec Israël, la modernisation des traditions, l'aménagement du territoire, le passage à une démocratie moderne, le respect des traditions religieuses, tout est minutieusement décortiqué et expliqué, sans que jamais ça ne soit rébarbatif.
Elle sait redoutablement bien expliquer les difficultés de son dirigeant de mari, bien décidé à faire entrer son pays dans l'époque contemporaine, pour moderniser les manières de faire et permettre à chacun la libre expression de ses opinions, alors que tous n'ont pas la même ambition.
Comme écrit plus haut, elle sait, et c'est une constante régulière dans le livre, expliquer les principes de l'Islam, sans faire de prosélytisme. Pour moi qui connaît peu cette religion, j'ai trouvé ça fort instructif.
L'ensemble m'a paru sincère et convainquant, sans faux-fuyants, sans aspect conventionnel et flatteur. La dame est d'une lucidité remarquable et n'élude pas les reproches qui lui ont été adressés.
Et malgré l'épaisseur du livre (presque 700 pages), j'ai passé un bon moment de lecture
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Enfant je fus très choquée par l assassinat de S'adapter,les images télévisées m avaient bouleversée.
J ai toujours voulu lire ce récit, le temps a passé mais ces horribles images restent.
J ai beaucoup aimé et apprécié cette lecture touchante d un grand homme qui a oeuvre pour son pays en dépit des menaces et de l islamisme galopant.
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Récit de la 1ere dame d'Egypte du temps de la présidence d'Anouar el Sadate. Au travers la vie de Jehane El Sadate, on traverse l'époque de fin de règne du roi Faroux, la révolution puis la présidence sous Nasser, puis celle de son mari Sadate, jusqu'à son assassinat. Hommmage riche et vibrant, témoignagne d'une époque à travers les yeux de femme de président d'Egypte
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Du jour où mon mari rendit publique sa volonté de se rendre à Jérusalem pour faire la paix avec Israël, je sus qu'il serait assassiné....les jours qu'il me restait sur cette terre à ses côtés étaient désormais comptés. De ce jour de 1977 jusqu'à son assassinat, les maux de tête qui depuis des années m'accablaient de temps à autre devinrent quasiment
quotidiens.
Bien que les hommes ne l'eussent jamais admis, c'étaient les femmes qui prenaient la plupart des décisions importantes concernant l'économie domestique : quand construire une pièce supplémentaire, quand acheter des animaux à élever pour la vente, etc. Comme le dit un autre adage paysan : "L'homme est le fleuve, la femme est le barrage."
La vie d'une femme passait obligatoirement par le mariage. Les pauvres vieilles filles ! Toute leur famille les considérait comme un poids et un déshonneur. Le mariage, quel qu'en fût le prix, était infiniment préférable.
Cette première aube au pied des pyramides était pour Anouar et moi le début d'un voyage dont les étapes avaient été soigneusement prévues. Nous ne savions pas où il nous mènerait. Souvent nos itinéraires divergeraient. Mais toujours notre destination serait la même. L'amour. La dignité. L'honneur. La paix.
Un autre adage du village disait : "La femme ne fait que deux sorties dans sa vie : de chez son père chez son homme, et de chez son homme à la tombe."