Incroyable : Tant d'érudition, de logique et de philosophie, mises toutes entières au profit de la perversion pure ! C'est du jamais vu jamais lu, et une chose est sure, quel qu'en soit le lecteur, il ne pourra pas rester indifférent face à cette diatribe philosophique à la prose engagée et aux idées très... particulières...
Étudiant tout à la fois la liberté, la religion, la monarchie, et les moeurs, c'est une réflexion philosophique poussée que le divin marquis mène ici sur le rôle de la société face à la nature humaine et sur l'importance d'inventer des lois qui correspondent à cette dernière.
Mais attention, ne vous y trompez-pas : si en effet c'est de réflexion de de lois qu'il s'agit, la plume libertine de Sade ne cache à aucun moment les affres de son esprit provocateur, cruel et obsédé... Ici c'est donc notamment à une apologie du viol, du meurtre, et de la pédophilie que nous invite le philosophe!
Autant dire que ce pamphlet n'est pas toujours facile à lire, ni à digérer... Je ne le conseille pas aux âmes sensibles, mais il pourra cependant intéresser les curieux et les penseurs avertis car, tout en horreurs, il nous apporte cependant un joli aperçu de la pensée et de la personnalité de son auteur dont l'intelligence autant que la totale déraison valent le détour...
Si nous admettons, comme nous venons de le faire, que toutes les femmes doivent être soumises à nos désirs, assurément nous pouvons leur permettre de même de satisfaire amplement tous les leurs, nos lois doivent favoriser sur cet objet leur tempérament de feu, et il est absurde d'avoir placé et leur honneur et leur vertu dans la force antinaturelle qu'elles mettent à résister aux penchants qu'elles ont reçus avec bien plus de profusion que nous ; cette injustice de nos mœurs est d'autant plus criante que nous consentons à la fois à les rendre faibles à force de séduction et à les punir ensuite de ce qu'elles cèdent à tous les efforts que nous avons faits pour les provoquer à la chute. Toute l'absurdité de nos mœurs est gravée, ce me semble, dans cette inéquitable atrocité, et ce seul exposé devrait nous faire sentir l'extrême besoin que nous avons de les changer pour de plus pures. Je dis donc que les femmes, ayant reçu des penchants bien plus violents que nous aux plaisirs de la luxure, pourront s'y livrer tant qu'elles le voudront, absolument dégagées de tous les liens de l'hymen, de tous les faux préjugés de la pudeur, absolument rendues à l'état de nature ; je veux que les lois leur permettent de se livrer à autant d'hommes que bon leur semblera ; je veux que la jouissance de tous les sexes et de toutes les parties de leur corps leur soit permise comme aux hommes ; et, sous la clause spéciale de se livrer de même à tous ceux qui le désireront, il faut qu'elles aient la liberté de jouir également de tous ceux qu'elles croiront dignes de les satisfaire.
Jamais un acte de possession ne peut être exercé sur un être libre ; il est aussi injuste de posséder exclusivement une femme, qu'il l'est de posséder des esclaves ; tous les hommes sont nés libres, tous sont égaux en droit ; ne perdons jamais de vue ces principes ; il ne peut donc être jamais donné, d'après cela, de droit légitime à un sexe de s'emparer exclusivement de l'autre, et jamais l'un de ces sexes ou l'une de ces classes, ne peut posséder l'autre arbitrairement.
On doit supprimer cette peine, en un mot, parce qu'il n'y a point de plus mauvais calcul que celui de faire mourir un homme pour en avoir tué un autre, puisqu'il résulte évidemment de ce procédé qu'au lieu d'un homme de moins, en voilà tout d'un coup d'eux, et qu'il n'y a que des bourreaux ou des imbéciles, auxquels une telle arithmétique puisse être familière.
Faites-leur sentir que ce bonheur consiste à rendre les autres aussi fortunés que nous désirons de l'être nous-mêmes.
Jésus était-il vraiment Juif ?