[Attention âmes sensibles: extrait d'un passage que j'ai trouvé particulièrement excellent et "drôle", la dernière phrase prononcée par cette malheureuse Justine m'a arraché un sourire]
Il la saisit alors avec férocité, il la place comme il avait fait de moi, les bras soutenus au plancher par deux rubans noirs : je suis chargée du soin de poser les bandes ; il visite les ligatures : ne les trouvant pas assez comprimées, il les resserre, afin, dit-il, que le sang sorte avec plus de force ; il tâte les veines, et les pique toutes deux presque en même temps. Le sang jaillit très loin : il s'extasie ; et retournant se placer en face, pendant que ces deux fontaines coulent, il me fait mettre à genoux entre ses jambes, afin que je suce ; il en fait autant à chacun de ses gitons, tour à tour, sans cesser de porter ses yeux sur ces jets de sang qui l'enflamment. Pour moi, sûre que l'instant où la crise qu'il espère aura lieu, sera l'époque de la cessation des tourments de la comtesse, je mets tous mes soins à déterminer cette crise, et je deviens, ainsi que vous le voyez, madame, catin par bienfaisance et libertine par vertu.
La dureté des riches légitime la mauvaise conduite des pauvres ; que leur bourse s'ouvre à nos besoins, que l'humanité règne dans leur cœur, et les vertus pourront s'établir dans le nôtre.
non, il n'est point de Dieu : la nature se suffit à elle-même ; elle n'a nullement besoin d'un auteur
- Tant mieux, me dit durement le vilain homme, tant mieux, vous en serez plus souple chez moi ; c'est un très petit inconvénient que le malheur poursuive cette race abjecte du peuple que la Nature condamne à ramper près de nous sur le même sol : elle en est plus active et moins insolente, elle en remplit bien mieux ses devoirs envers nous.
- Mais, Monsieur, je vous ai dit ma naissance, elle n'est point abjecte.
La vertu, quelque belle qu'elle soit, devient pourtant le plus mauvais parti qu'on puisse prendre, quand elle se trouve trop faible pour lutter contre le vice.
Si, plein de respect pour nos conventions sociales, et ne s'écartant jamais des digues qu'elle nous imposent, il arrive malgré cela, que nous n'ayons rencontré que des ronces, quand les méchants ne cueillaient que des roses, des gens privés d'un fond de vertus assez constaté pour se mettre au-dessus de ses remarques, ne calculeront-ils pas alors qu'il vaut mieux s'abandonner au torrent que d'y résister ?
(la femme)
une créature si perverse qu'il fut très sérieusement agité dans le concile de Macon, pendant plusieurs séances, si cet individu bizarre, aussi distinct de l'homme que l'est de l'homme le singe des bois, pouvait prétendre au titre d'une créature humaine.
On vous dit à cela : la vertu est utile aux autres, et, en ce sens, elle est bonne ; car s'il est reçu de ne faire que ce qui est bon aux autres, à mon tour, je ne recevrai que du bien. Ce raisonnement n'est qu'un sophisme ; pour le peu de bien que je reçois des autres, en raison de ce qu'ils pratiquent la vertu, par l'obligation de la pratiquer à mon tour, je fais un million de sacrifices qui ne me dédommagent nullement. Recevant moins que je ne donne, je fais donc un mauvais marché, j'éprouve beaucoup plus de mal des privations que j'endure pour être vertueux, que je ne reçois de bien de ceux qui :e sont ; l'arrangement n'étant point égal, je ne dois donc pas m'y soumettre, et sûr, étant vertueux, de ne pas faire aux autres autant de bien que je recevrais de peines en me contraignant à l'être, ne vaudra-t-il donc pas mieux que je renonce à leur procurer un bonheur qui doit me coûter autant de mal ?
Les passions de l’homme ne sont que des moyens que la nature emploie pour parvenir à ses desseins.
La raison du plus fort est toujours la meilleure, il y a longtemps que La Fontaine l'a dit.