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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce court roman sans complaisance conte le témoignage inspiré de l'histoire vraie d'une jeune juive allemande dont le petit - fils , qui vit à Montréal, apprend par courrier le suicide d'une grand- mère dont jusque là il ignorait l'existence .....
Ce courrier est accompagné de l'ultime récit de la défunte et d'un terrifiant manuscrit , son journal de guerre où elle fait l'aveu impensable : la dénonciation d'autres juifs par centaines, aidée par son amant Karl.
Vendre les siens pour se sauver elle , mais surtout ses parents.
L'auteur utilise ce cahier intime pour nous donner à comprendre les choix de Vera Kaplan .
Il interroge avec force sur la Trahison à l'aide d'une écriture dynamique et juste, fluide et sensible, douce et sans pathos.
Le lecteur est emporté, attentif, heurté, questionneur, bousculé et horrifié : compassion, compréhension, dégoût, stupeur, haine ?
Cette Vera est ambivalente et fascinante.
Elle devient la "victime" monstrueuse et cruelle de sa pulsion de vie Inhumaine .....
Trahir et dénoncer les siens ?
Trahir la confiance de ceux dont le seul crime était de lui ressembler ?
Elle est coupable d'avoir voulu vivre, c'est une héroïne malgré elle, marquée du sceau de l'infamie, grâce oú à cause d'un instinct de survie dévorant et féroce.

Vivre , vivre à tout prix quoiqu'il en coûte tout en se rendant compte, dans le catafalque de sa mémoire meurtrie et douloureuse qu'elle allait à l'encontre du sens commun !
La seule question qui vaille : Comment se comporte l'être humain en situation exceptionnelle, désespérée ?
À une époque extraordinaire ?
Difficile de répondre!!!

Comment aurions nous fait ? Nous ?
Un récit particulier, sombre, poignant , déchirant et lumineux (en partie à cause de la réaction mesurée et digne du petit- fils ) car nous ne sommes ni dans le martyr, ni la victimisation, ni la bien pensance .
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L'avantage des récits sur la Seconde Guerre mondiale est que l'auteur est quasi-sûr de trouver un public. Et d'avoir des tas de trucs à raconter tant la période est riche. L'inconvénient reste que la probabilité de finir noyé dans une masse grouillante de congénères est plus qu'envisageable.
Pour laisser une chance à son récit de garder la tête hors de l'eau, Laurent Sagalovitsch opte donc pour un angle peu exploité. Car l'originalité ça paye parait-il. La trame de fond sera la dénonciation de juifs par d'autres juifs, en la personne de Vera Kaplan (inspirée de Stella Goldschtag. Un petit tour sur la page Wiki permet d'avoir un aperçu de la dame).
Première impression : bouh c'est moche ça. Sauf que t'étais pas là-bas Yass, alors tais toi et lis. Car Vera justifie le pourquoi de ce choix. Ou non-choix. Au choix.

Deux parties permettent de comprendre les motivations de cette jeune femme juive manipulée par ces foutus nazis.
La première moitié du roman, longue lettre d'adieu de Vera Kaplan avant son suicide m'a vite lassée. Trop long pour une mise en bouche, rien d'attrayant et pas mal de redites. Mon coeur est resté aussi froid qu'une pierre tombale, aucune émotion à l'horizon. Mais je suis difficile, c'est maman qui l'a dit. Donc nichts. Et que je te tourne autour du pot sans même filer un croûton à mâchouiller à bibi qui trépigne de fourrer son nez dans le fichu pot justement! Mais quand débute enfin le journal de guerre écrit par la même Vera quelques cinquante ans plus tôt, enfin, on peut s'attacher à ce personnage. Bon, s'attacher j'y vais un peu fort. Mais tenter de comprendre ce qui pousse à collaborer avec l'ennemi abhorré pour éviter de méjuger serait plus juste. Ne surtout pas juger. Ne pas juger car on ignore ce que l'on aurait fait à sa place, nous autres pauvres lecteurs avachis au fond du canap', le gras sur les os, et sans une bombe qui tombe dans le jardin ou sur nos vaches bien grasses, qu'on devrait donc bientôt retrouver entre deux frites chez le bon vieux Ronald. Ne pas juger donc. Même si t'en as un peu envie quand même sur ce coup là... La seule faute aux coucheries de la Vera qui ne me l'ont pas rendue sympathique.

Somme toute, Vera Kaplan reste une histoire de vie hors normes qui mérite d'être lue sans laisser toutefois un souvenir impérissable. Et si la parole est largement dominée par l'intéressée, je retiendrais davantage les quelques trois quatre pages consacrées au regard du petit-fils, sage et recueilli. Notamment le dernier paragraphe. Conclusion imparable et redoutable de vérité.

(Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cet envoi)
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L'histoire de Vera Kaplan, c'est celle véridique de Stella Goldsclag, une jeune juive berlinoise qui, pour sauver ses parents de la mort, collabore avec les nazis en dénonçant d'autres juifs.
Pour raconter cette histoire, l'auteur imagine un journal intime et une lettre que Vera, à la veille de son suicide, à 72 ans, envoie à sa fille en Israël.
Or, sa fille, qui lui fut retirée enfant et qu'elle n'a jamais revue, est aujourd'hui décédée. C'est le petit fils qui reçoit donc toutes ces informations qui vont bouleverser la vision qu'il a de sa famille dont il ne savait rien.
Elle est très ambivalente, Vera, fascinante aussi. Sa pulsion de vie qui aurait pu être un atout en temps de paix devient vite monstrueuse en temps de guerre.
On la comprend sans l'excuser.
Comment se comporte l'être humain en situation désespérée ? Comment aurions-nous fait ? C'est toute la question que pose ce livre.
Laurent Sagalovitsch a bien su mettre en scène la vie de Vera, en utilisant cette lettre et ce journal intime. Seule semble romancée l'intervention du petit fils.
Un extrait qui résume bien sa vie :
« Née à Berlin en 1922.
Dès le départ elle n'avait aucune chance pour que son histoire finisse bien »
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1998. Quatre ans après la mort de sa mère, une femme, seule, solitaire et malheureuse, un homme apprend la mort de sa grand-mère, Vera Kaplan, dont il ignorait tout. Sa mère, née en 1945 à Berlin, juive, ne l'avait pas revue depuis 1946...Il reçoit un héritage, une longue lettre, un journal intime datant de la seconde guerre mondiale. Dans la lettre et le journal, des réponses à la vie ratée de sa mère, à sa douleur et à sa solitude. La grand-mère, pendant la seconde guerre mondiale, a été une chasseuse de Juifs, une Juive dénonciatrice de Juifs. Elle l'a fait pour sauver la vie de ses parents, puis la sienne. A la fin de la guerre, elle a été jugée et condamnée à 10 ans de prison, et séparée pour toujours de sa petite fille, qui fut adoptée en Israël. (Jugée et condamnée par une cour allemande, avec des magistrats allemands, en 1946, ça vaut son pesant de cacahuètes, quand même...Que faisaient-ils deux ans plus tôt, ces gentils messieurs ? )
Je ne me sens pas du tout à l'aise avec ce roman, inspirée de la vie d'une certaine Stella Goldschlag. Cependant je pense que c'est parfaitement normal, et que c'est l'ambition de l'auteur. La jeune fille se trouve poussée, par la perversité extrême du système, à détruire de ses propres mains son humanité et son respect d'autrui et d'elle-même. C'est le même principe que les sonderkommandos dans les camps d'extermination, ces prisonniers juifs chargés de pousser les leurs dans les chambres à gaz, puis dans les crématoires, en échange de la vie sauve et d'un traitement correct pendant trois mois...Il n'y a pas à juger (même si on peut quand même féliciter la nature humaine que très peu de gens aient fait le choix de cette Vera hum hum hum), juste à observer le mal et ses rouages monstrueux, et comment, finalement, il a tout détruit autour de lui.
Les trois étoiles, c'est parce que l'auteur met du temps à entrer dans le vif du sujet (qui doit être dur à traiter). La première partie est composée de la lettre d'adieu de Vera à sa fille, cinquante ans après les faits, juste avant son suicide. Elle est longue et répétitive, car l'épistolière tente de se justifier mais ne raconte rien, les faits étant dans le journal, qui constitue la seconde partie du roman, vraiment plus intéressante.
Bref, une observation du mal à l'oeil nu, qui pousse le vice jusqu'à faire de ses victimes des bourreaux. Et un sentiment d'inachevé. L'auteur aurait pu aller plus loin, notamment avec les deux personnages du narrateur et de sa mère, dont on ne sait finalement que beaucoup trop peu de choses.
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Je remercie tout d'abord Babelio et la maison d'éditions Buchet Chastel de m'avoir donné l'occasion de lire en avant-première ce roman avant sa sortie, sur le destin particulier d'une femme pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Le 2 mai 1998, une vieille dame se suicide après une existence tumultueuse dont sa famille n'a rien su. Elle écrit une lettre à sa fille décédée depuis quelques années, mais c'est son petit-fils qui va lire sa confession. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la grand-mère Vera Kaplan a aidé la Gestapo en livrant des juifs pour sauver sa vie et celle de ses parents. Prête à tout pour sa survie et prouver qu'elle était plus forte que les Nazis, elle ne comprenait pas la soumission que les Juifs affichaient devant le sort que leur faisaient subir les nazis. Comment peut-on vivre le reste de sa vie avec ce sentiment de honte pour avoir livré des semblables ? La guerre finie, pourra t'elle retrouver son existence d'avant ?
J'ai été assez décontenancée par ce roman de 150 pages, mes ressentis ont été variés pendant ma lecture. J'ai trouvé la première partie, celle où le personnage principal féminin nous parle de son intention d'en finir avec la vie, longue et assez floue, mon attention commençait à faiblir petit à petit. Ensuite, nous avons une deuxième courte partie où le narrateur raconte l'arrivée de la lettre, puis enfin, à la moitié du livre, nous avons la confession de Vera, le coeur du récit. C'est vraiment LA partie intéressante du livre. Ce roman pose la question de la collaboration : doit-on condamner quelqu'un qui a aidé l'ennemi pour sauver sa vie ? Qu'aurions-nous fait à sa place ? Par contre, j'ai été très dérangée par les prises de position adoptées par Vera qui justifie le massacre de son peuple car pour elle, ils se sont laissés faire, ont été soumis, de même que par toutes les allusions au sexe dont le personnage principal est friand durant cette période de sa vie et dont elle parle crûment alors qu'autour d'elle, la mort est partout.
Je ne connaissais pas Stella Goldschlag qui a inspiré ce livre. Cet aspect de la Seconde Guerre Mondiale sur les "chasseurs de Juifs" est peu abordé en littérature, cette originalité est intéressante et aborde une autre facette du nazisme.
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Je n'ai pas bien su quoi penser de ce livre. le theme choisi est terrifiant: comment justifier la trahison de 600 a 3000 juifs pendant l'holocauste par une femme juive. L'auteur se glisse dans la peau de vera kaplan avec un certain realisme mais je n'ai pas ete convaincue. Reste l'horreur de ce qui n'est helas, pas une fiction.
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Je me suis souvent demandé : " Qu'aurais-je fait à cette époque ?", sans toutefois émettre d'hypothèses ou de trouver de réelles réponses.
Comme la plupart des récits mettant en évidence les comportements humains lorsque notre instinct de survie nous pousse à commettre l'innommable, ils nous invitent à nous poser cette question. Face à la peur trois mécanismes peuvent être déclenchés : la fuite, la lutte, et l'inhibition. Vera a fait le choix de la lutte pour sauver sa famille. Acte honorable au vu des évènements et si l'on se limite uniquement à ce livre sans chercher à connaître qui était Stella Goldschlag, celle qui a inspiré l'auteur.
Malheureusement lorsqu'un ouvrage est inspiré d'une personne ou d'un évènement ayant existé, celui-ci ne fait pas exception, il est difficile de savoir ce qui appartient à l'histoire et ce qui provient de l'imagination de l'auteur. Stella Goldschlag alias Vera Kaplan a-t-elle tenu de tels propos ? Difficile à dire et j'oscille entre indignation et compassion. Google, mon ami, m'apprend quelques petites informations sur la personne que fut Stella. J'aurai aimé trouvé à la fin du livre un petit chapitre sur cette personne et sa véritable histoire.
Le récit est fluide, précis dans les mots et simple. Il se lit facilement et rapidement. Ce livre m'a quand même permis d'apprendre que des juifs avaient été choisi pour arrêter leurs camarades et de découvrir le "sous-marin".
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Comment justifier l'injustifiable ? En s'inspirant librement de la vie de Stella Goldschlag, une juive qui collabora avec les nazis en dénonçant de nombreux juifs, Laurent Sagalovitsch ne cherche pas à justifier son comportement mais sonde les tréfonds de l'âme humaine et montre - à défaut d'expliquer - comment les circonstances de la guerre et le désir de rester en vie peut parfois pousser l'être humain vers un comportement complètement immoral.

Dans le roman de Sagalovitsch, cette femme s'appelle Vera Kaplan et nous apprenons son histoire en même temps que son petit fils - qui ignore tout de cette grand mère - grâce à une lettre laissée par Vera et au journal qu'elle a tenu durant la guerre.

La partie la plus forte du livre est sans conteste celle concernant le journal de Vera Kaplan car elle montre le lent basculement de celle-ci vers l'horreur qui l'a conduit à dénoncer les siens pour les envoyer vers une mort certaine. Les différentes arrestations relatées par Vera sont parfois très dures tant elle n'hésite pas à trahir des personnes qui se confient à elles et lui font confiance. Vivre, vivre avant tout, à n'importe quel prix même au prix du sang et aux mépris d'autres vies humaines.

Un livre forcément bouleversant de par son sujet mais aussi un exercice délicat que Laurent Sagalovitsch relève sans complaisance en plaçant des mots parfois très durs dans les écrits de Vera lorsque celle-ci s'insurge par exemple contre les juifs, coupables selon elle d'avoir accepté trop facilement leur mort, d'avoir été résigné et de ne pas avoir montré de signe de révolte.

Une histoire incroyable et bouleversante qui laisse malgré tout un goût amer devant tant d'inhumanité.
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