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Citations sur Les quatre coins du cœur (54)

Ayant atteint le petit perron ridicule sur la rampe duquel elle posa une main lasse, Marie‑Laure fut obligée de faire un bond pour se réfugier en haut des trois marches, car un bolide lancé d’une main peu sûre venait de freiner juste à ses pieds avec une large projection de graviers qui l’eût fait sursauter ou hurler si un autre conducteur que son beau‑père avait été au volant. Depuis quelque temps, Henri Cresson avait décidé que son chauffeur vieillissait et qu’il était temps pour lui de reprendre la conduite – catastrophe pour les voisins, terreur pour les animaux et ses relations quand ils le croisaient sur la route.
– Mon Dieu, père, dit quand même Marie‑Laure d’une voix froide, mais où est votre chauffeur ?
– L’appendicite… repos, dit gaiement Henri Cresson en descendant de sa voiture, l’appendicite…
– Mais ça fait la quatrième appendicite cette année…
– Oui, mais il en est ravi. Toutes ses assurances sociales, etc., plus son salaire, voilà un homme qui ne fiche rien avec entrain et qui reste au lit quand il le faut tellement il a peur des gendarmes, des assurances et de je ne sais plus quoi.
– C’est vous qui devriez avoir peur.
– Peur ? Et de quoi ? Passez, ma bru, passez, je vous en prie.
Elle détestait qu’il l’appelât « ma bru » mais il ne se privait pas de le faire, malgré les reproches de sa femme, l’imposante Sandra qui avait réussi à se planter sur les marches du perron pour accueillir aimablement son époux alors qu’elle gardait d’ordinaire la chambre.
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La prétention, l'indifférence et la semi-agressivité provoquées, en général, par la sottise étaient, à la Cressonnade, déclenchées surtout par un total inintérêt pour qui que ce soit.
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On le sait, certains médecins tiennent parfois plus à leur diagnostic qu'à leurs patients.
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Et elle ne pensait pas à son âge à lui ni au sien, n'y voyait en aucun cas un obstacle, c'était juste un fait sans importance comme la différence de couleur de leurs cheveux. Lui s'émerveillait de chaque détail de son corps, même de ses légers défauts, comme d'une découverte et d'un cadeau.
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A ce moment‑là, c’est le deuil de vous‑même qu’il faut supporter, un mépris sans mémoire, même celle des jours heureux. C’est ce mépris perpétuel et noir de vous‑même, cette machine à souffrir qui redevient, la nuit, bête gémissante sous les draps, et le jour, visage anonyme qui refoule ses larmes. Vous résistez, vous vous battez, et la mélancolie vous aide comme une façade et une banalité. Un vague respect entoure le pantin pleurnichard que l’on est devenu et qui vous rend respectable, parfois même séduisant pour autrui. Mais si cet autre s’intéresse à vous suffisamment, à votre chagrin et à votre refus, si votre refus, justement, ne l’humilie pas trop, si cet autre sait qu’un cœur battu est encore un cœur battant, alors tout peut redevenir une fenêtre ouverte sur une terrasse par un bel après‑midi d’automne. Alors la première feuille sur votre joue n’est plus une gifle du passé mais un bonheur inimaginable, tout à coup irréfutable, incompréhensible, un bonheur quel que soit le nom qu’on lui donne.
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C'est qu'il y a tant d'étapes dans un deuil. Depuis sa cruauté, sa banalité quotidienne qui vous laisse hébété d'abord, et plus tard réveillé et soumis à toute l'indifférence, appelée pour le coup "discrétion", des plus proches comme des plus lointains. A tout ce qui vous laisse égaré, ennuyé presque, mais qui peu à peu vous mêle de nouveau à la vie et qui ne fait pas partie du deuil : le déroulement et le changement des jours, les instants qui se succèdent à présent, sans lui, sans elle, sans vous deux. (...) A ce moment là, c'est le deuil de vous même qu'il faut supporter, un mépris sans mémoire, même celle des jours heureux. C'est ce mépris perpétuel et noir de vous même, cette machine à souffrir qui redevient, la nuit, bête gémissante sous les draps, et le jour, visage anonyme qui refoule ses larmes. Vous résistez, vous vous battez, et la mélancolie vous aide comme une façade et une banalité.
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Enchanté, le rejeton continua donc ses bonnes manières. Ce n’est que plus tard, en rencontrant Marie-Laure, qu’il était devenu malheureux : amoureux et malheureux, plus soucieux de la vie de quelqu’un d’autre que de la sienne ; moins malheureux de ne pas partager la vie de son amour.
Cet amour n’était pas tellement considéré par Marie-Laure, sinon par rapport à elle-même. Et pourtant ses parents à elle, Quentin et Fanny Crawley, s’étaient toujours aimés et avaient montré l’exemple d’une intimité, d’une passion et d’une tendresse sans défaut. Mais Marie-Laure semblait les avoir méprisés pour ça. Eux-mêmes avaient paru la fuir instinctivement, voire en avoir peur.
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Ici, il n'y avait rien. Juste des myopes qui avaient du mal à avouer les monstres qu'ils prétendaient ne plus être.
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C'était quoi, un homme qui vous aimait, sinon ses joues râpeuses, ses silences entrecoupés de mots inaudibles et évidents, cette hâte et cette peur également ressenties ?
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Etant elle-même plus proche de la statuaire que de l'être humain, mafflue, solide et imperturbable en toutes circonstances, Sandra Cresson eût pu rester avec ses statues du matin au soir tant rien ne l'en démarquait, sinon les vêtements. (p.25)
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