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Critique de Zazette97


Publié en 1969, "Un peu de soleil dans l'eau froide" est un roman de l'écrivaine française Françoise Sagan, auteure de "Bonjour Tristesse", "Un certain sourire" ou encore de "Toxique".

Journaliste parisien affecté à la rubrique des affaires étrangères, Gilles Lantier, 35 ans, vit depuis deux ans avec Eloïse, mannequin dans une maison de couture.
Depuis 3 mois, sa vie ne lui suffit plus. En proie aux insomnies comme à l'ennui, il se confie à son ami Jean qui lui recommande un médecin.
Hélas, personne ne peut rien pour lui. Déprimé et en colère, Gilles décide de troquer la frénésie parisienne contre le calme du Limousin où réside sa soeur.
C'est là-bas, au coeur de cette campagne qui ne lui inspire pas grand optimisme, qu'il fera la connaissance de Nathalie, une femme mariée...

Comme c'était le cas pour "Bonjour Tristesse", le titre de ce roman s'inspire d'un vers de Paul Eluard.

" Inconnue, elle était ma forme préférée,
Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme,
Et je la vois et je la perds et je subis
Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide."

Gilles est devenu un homme que tout ennuie y compris sa compagne qui ne lui inspire plus rien d'autre qu'un vague sentiment de pitié.
Au contact de Nathalie, il se sent revivre. Tombé sous le charme de cette femme cultivée et directe au point de lui signifier rapidement son amour, il se laisse porter par le sentiment de liberté qu'elle éveille en lui.
Si le personnage de Gilles, lâche, impulsif, infantile et égoïste, est assez fidèle au stéréotype masculin habituellement rencontré chez Sagan, celui de la maîtresse fait ici peau neuve en la personne de Nathalie, une femme entière, passionnée, curieuse de tout. Tout le contraire de Gilles qui ne la mérite pas intellectuellement, et encore moins moralement.

J'ai beaucoup aimé ce personnage doté d'une vraie consistance et qui tranche avec l'image classique de la maîtresse, greluche insipide pour laquelle on quitte l'officielle dans un moment d'égarement.
On retrouve dans ce roman le schéma typiquement saganesque : l'ennui de tout qui précède aux vacances - parenthèse hors du temps propice à la naissance d'une nouvelle passion - et succède à l'adultère puis au trio amoureux, rompu à son tour par l'insouciance de deux amants en vase clos qui ne peuvent s'aimer qu'en se déchirant.

Dans ce style détaché et faussement léger qu'on lui connaît, Sagan excelle encore une fois à parler d'amour, si simple dans les débuts et si amer lorsqu'il dévoile ses limites.
Des 3 romans que j'ai pu lire de Sagan, celui-ci est sans conteste mon préféré !
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