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EAN : 9782253117155
283 pages
Le Livre de Poche (19/04/2006)
4.26/5   75 notes
Résumé :
Bilqis, douze ans et demi, est une paysanne afghane qui aide sa mère aux champs et à la maison depuis la mort de son père. Elle est l'aînée de six enfants.

Un jour de 1989, elle est violée par des soldats soviétiques qui rentrent dans leur pays, après dix ans d'occupation. Alors commence pour Bilqis une lente descente aux enfers : rejetée par sa mère, puisque « souillée », elle vivra dans l'étable, avant d'être vendue à une famille d'un bourg voisin.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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« Fâéché !... Sale putain !... »
Depuis qu'elle a été violée à douze ans par des soldats soviétiques, Bilqis est méprisée et rejetée. Sa mère est la première à lui cracher dessus et à la répudier - il faut dire qu'un 'bon' mariage lui était réservé, quel gâchis ! Tandis que la jeune fille a souffert dans sa chair et se sent souillée, les autres considèrent qu'elle s'est offerte à ces hommes. C'est comme ça pour les filles et les femmes violées, dans l'Afghanistan des années 1980 et 1990 (et encore aujourd'hui, là ou ailleurs). Elles ne sont pas victimes, elles sont coupables. Et c'est une des forces de l'occupant - pénétrer le territoire par le corps des femmes, aussi :
« En nous offrant [par la force] leurs filles et leurs nièces ou leurs soeurs, nous obligerons peut-être ces salopards [...] à déposer leurs armes et à cesser de nous harceler. »

Le seul salut possible pour Bilqis : la fuite. Dès qu'elle arrive à mener une nouvelle vie un peu plus confortable (où les autres ne décident pas à sa place qu'elle sera bonniche et/ou putain), la crainte que son passé soit révélé l'oblige à repartir. C'est un des aspects le plus terrible de cet ouvrage : on connaît la fin, on sait qu'à trente ans Bilqis reste une paria, on est donc certain que les moments de répit et les jolies éclaircies dans son existence ne dureront pas.

Ecrit par un journaliste qui a rencontré la jeune femme, ce témoignage est dur et révoltant. Il rappelle le sort des femmes dans certains pays, qui ne peuvent même pas se montrer solidaires entre elles dès que l'opprobre est jeté sur l'une (question de survie pour les autres, qui seraient rejetées à leur tour). Il rappelle aussi, si besoin, la barbarie guerrière qui fait perdre à l'homme toute réserve, tout sens moral : au nom d'une patrie, d'un dieu, il tue, massacre, détruit, déchire, viole femmes ou enfants, qu'importe - des pulsions à assouvir ?

A lire.
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Morte parmi les vivantes nous plonge dans l'enfer des femmes afghanes.
L'auteur de la femme lapidée nous conte une fois encore le destin tragique d'un femme maltraitée et outragée. Bilqis n'a que 12 ans quand elle est violée collectivement par des soldats russes qui vont quitter l'Afghanistan après dix ans de guerre. Ils veulent garder un bon souvenir disent-ils. Bilqis, elle, est traumatisée et surtout, laissée à son triste sort. Elle parvient à revenir chez sa mère mais Homeira rejette sa fille quand elle apprend qu'elle a été souillée et ne s'est pas défendue. le malheur de Bilqis ne s'arrête pas là. Souillée, donc impur, elle ne peut plus être mariée. La mère a cinq autres enfants plus jeunes dont elle doit s'occuper seule depuis que son mari a été tué. Bilqis est une charge bien trop grande pour elle désormais. Réduite à l'état d'animal – d'ailleurs elle l'a fait vivre parmi les animaux – elle décide, sans état d'âme, de vendre la pauvre enfant au plus offrant. L'avenir de Bilqis va encore s'assombrir. Violée encore et toujours, traitée de putain par tous ceux qui croise sa route, elle est une jeune fille à tout faire et un paquet de chair fraîche qu'on se repasse et qu'on humilie. Sa vie ne sera que maltraitance, mépris, dénégation d'humanité. Une fois elle va se rebeller, se révolter, et toute sa haine va être déversée sur un homme. Il prendra pour tous les autres.
Le récit est proprement affreux. Tragique n'est pas un mot assez fort. D'un viol collectif traumatique alors qu'elle n'est encore qu'adolescente, Bilqis va tomber toujours plus bas et souffrir toujours plus. Pour les autres, ses contemporains, elle est coupable de son propre malheur.
Le plus horrible est que c'est une histoire vraie...
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C'est une terrible descente aux enfers d'une petite fille de 12 ans que l'on suit pendant plusieurs années. C'est tiré d'une histoire vrai qui c'est déroulé dans les années 90.
Suite à son viol par plusieurs soldats soviétiques, une petite fille Afghane devient la paria de sa famille, de sa ville... Rejetée, humiliée, vendue, violentée, violée, elle vivra pendant une dizaine d'année les pires atrocités. Un livre captivant par son horrible réalité.
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Encore un témoignage très dur à encaisser.
L'horreur du destin de Bilqis m'a écoeurée. Jusqu'où les êtres humains sont-ils capables d'aller pour détruire leurs semblables ?
Humiliation, violence physique, psychologique, viol, prostitution. En Afganistan, la victime est considérée comme coupable. Double peine donc pour ces malheureuses femmes qui non contentes d'être maltraitées sont rejetées par leur famille. Drôle de sens de la justice où la réputation prévaut sur l'amour filial ou sur le respect des droits de l'Homme.

Heureusement, le récit se termine bien, sur une ouverture pour Bilqis. J'espère pourra-t-elle réapprendre la vie, la paix, le bonheur, la confiance et l'amour bien intentionné.
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Magnifique livre sur la condition féminine en Afghanistan, superbement écrit, qui met le lecteur au coeur des malheurs impensables d'une fille de 12 ans, violée, bannie de presque tous, vendue et revendue; on se demande en lisant ces pages quelle issue elle peut oser espérer tant son désespoir est immense.
Je ne veux surtout pas dévoiler le dénouement dans cette critique. C'est vraiment une lecture indispensable pour garder les yeux ouverts sur ces vies douloureuses privées de la notion même de bonheur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[ talibans en Afghanistan, 1994 ]
Puis le pays bascula dans la folie religieuse ; les combattants du Nord furent refoulés de la capitale, les religieux gagnèrent du terrain et de nouvelles lois furent votées par une assemblée d'étudiants en théologie qui devenaient les nouveaux maîtres tout-puissants du pays. Désormais devenait interdit tout ce qui ressemblait de près ou de loin à du plaisir, du confort, de la joie de vivre et de la détente. Dans son ensemble, la population n'eut plus le droit d'écouter la radio ni de jouer avec des cerfs-volants, de taper dans un ballon, d'aller se promener en famille au bord des rivières ou dans les campagnes, de manger de la nourriture étrangère, de parler une autre langue que le persan ou le pachtou. Les femmes et les filles furent confinées chez elles, autorisées à ne sortir qu'accompagnées d'un parent et interdites de scolarité et de travail en dehors de chez elles.
(p. 219-220)
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Bilqis, douze ans et demi, est une paysanne afghane qui aide sa mère aux champs et à la maison depuis la mort de son père. Elle est l’aînée de six enfants.
Un jour de 1989, elle est violée par des soldats soviétiques qui rentrent dans leur pays après dix ans d’occupation. Alors commence pour Bilqis une lente descente aux enfers : rejetée par sa mère puisque « souillée », elle vivra dans l’étable, avant d’être vendue à une famille d’un bourg voisin. Pendant une dizaine d’années, de bourgades en villages, elle sera bonne à tout faire, serveuse, femme de chambre, instrument de désirs et de fantasmes, battue, insultée, violentée...
Dans un bordel à Herat, Bilqis a ses protecteurs parmi les talibans. Puis on la retrouve, enlevée par des bandits, prostituée dans une caserne, favorite d’un chef de guerre unijambiste et borgne qui la martyrise, avant qu’elle ne le poignarde et s’enfuie à nouveau...
« Celle qui perd sa réputation n’est plus qu’une morte parmi les vivants.» Voilà ce que lui dit une de ses compagnes d’infortune.
La jeune femme, qui a aujourd'hui vingt-six ans, a été sauvée par une ONG européenne. Elle a appris à lire, à écrire et à calculer. Elle se reconstruit lentement.
Un document unique sur la condition des femmes en Afghanistan et dans les pays ravagés par les guerres, l’intégrisme et l’obscurantisme.
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Un jour, un haut dignitaire religieux traversa la région. Haj Hassan Mohtachémi avait le titre de 'hojatoleslâm'. Ses prêches étaient célèbres dans toute la province, ses colères aussi. Il avait autrefois organisé des dizaines de lapidations de femmes infidèles sur les places publiques des villages, recevant même les félicitations de l'ayatollah Khomeiny pour son zèle et sa dévotion. Il fut invité dans la capitale iranienne pour le dixième anniversaire de la chute de la monarchie et y fut photographié avec le guide spirituel de la nation. Ce petit mollah de province s'était autoproclamé 'hojatoleslâm' et personne n'avait à y redire.
- Votre Eminence souhaiterait-elle prendre quelque repos ? proposa Hamid Homayounfar.
- Trouve-moi de la compagnie. As-tu une vierge ?
Hamid n'en avait pas. Il le regretta.
(p. 294)
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Les deux femmes devaient dorénavant se faire confiance si elles voulaient survivre dans ce pays [Afghanistan, milieu des 90's] qui, mois après mois, basculait dans la folie et la délation. Il n'y avait pas de semaine où une veuve ou une célibataire n'était exécutée en public, d'une balle dans la tête, sur la grande place au coeur de la Citadelle, centre historique de la ville. Un époux qui voulait divorcer, et qui n'avait rien à reprocher à sa compagne, trouvaient deux témoins mâles qui certifiaient qu'elle avait des moeurs dissolues et, dans l'heure, elle était alors emmenée par de jeunes talibans qui lui faisaient faire le tour de la ville en annonçant à la population le lieu et l'heure de la mise à mort. [...] Evidemment, tous ces menus services étaient rétribués !
(p. 233)
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- Bilqis [ta fille] ne te sert donc qu'aux tâches pénibles, qu'à vivre avec les animaux, qu'à user son petit corps avant l'âge ?
- Mais son corps est déjà abîmé ! Il a été souillé, tu ne l'as pas oublié tout de même !
- Bien sûr que non, mais toi, tu as oublié une chose : ta fille s'est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Ce qu'elle a enduré est horrible et impardonnable. Des milliers d'Afghanes ont subi ce sort et ont déshonoré leurs familles. Nos traditions sont ce qu'elles sont mais que se serait-il passé si ces Shoravis sans dieu ni loi nous avaient violentées toutes, toi et moi ? Comment auraient vécu nos enfants, sans père, mais aussi sans mère ? Car nous aussi, nous aurions dû aller vivre avec les bêtes, rôder comme des ombres, hurler en silence notre peine et notre chagrin...
(p. 93-94)
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