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287 pages
SCRISUL ROMANESC (01/01/1988)
5/5   1 notes
Résumé :
Nous reconnaissons dans le mécanisme de composition des dernières proses de l'écrivain, les anciens procédés acquis lors de la rencontre avec l'expressionnisme de la première partie de sa création. Ces procédés s'associent à sa nouvelle vision réaliste, et reçoivent la puissance également d'une imagination féconde sur le palier expressif du texte, caractéristique de la période de maturité. De cet intéressant amalgame résulte, au bout du compte, la particularité de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Alexandru Sahia (1908-1937) est un des premiers écrivains ayant pris contact avec le mouvement ouvrier. Il est mort très jeune dans le feu des combats qu'il a livrés, mais non sans avoir donné les premiers témoignages d'une mentalité révolutionnaire déjà mûre.

Journaliste militant en faveur des idées de gauche, Sahia a laissé une oeuvre exiguë, que seule la mort l'a empêché d'enrichir et de parachever. Dans ses nouvelles et récits il a, le premier, réalisé cette manière simple et efficace à la fois de poser les problèmes et de peindre les gens simples.

Représentatifs sont ainsi les textes Revolta din port [Révolte dans le port] (1932), Uzina vie [L'Usine vivante] (1932) et Ploaia din iunie (Pluie de juin) considérés aujourd'hui comme des morceaux classiques de la littérature d'inspiration prolétarienne.

La dernière nouvelle qui est aussi ma préférée a été traduite par Valentin Lippatti dans un recueil de nouvelles paru en France en 1962 et malheureusement introuvable. Elle fut publiée pour la première fois en 1935, dans un volume collectif de nouvelles inédites. Il s'agit de l'histoire émouvante de Petre Măgăun paysan très pauvre qui a sept enfants et une femme, Ana sur le point d'accoucher. Cette pluie de juin tant attendue sera-t-elle de bon augure ?
La vie des paysans dans la plaine du Bărăgan est un continuum de travail harassant et même la vie naissante ne peut rompre l'immuable ordre des choses, de sorte que le sujet humain n'existe presque pas par lui-même. La figure fatiguée de Petre Măgăun en dit long sur les difficiles conditions de vie de sa nombreuse famille :
« Petre Măgăun était grand, sec, avec un long coup d'autruche. Une tresse de jonc lui serrait la taille. Il travaillait pieds nus, les pantalons retroussés jusqu'aux genoux, découvrant ainsi une large cicatrice sur sa jambe droite, dont un éclat d'obus avait rasé le mollet pendant la guerre, ce qui lui donnait l'aspect d'un morceau de bois vermoulu.
À ses côtés travaillait Ana. Son ventre arrondi touchait presque son menton. Elle avait de la peine à se mouvoir ; sa démarche ressemblait à celle d'une oie gavée outre mesure. Elle marchait les jambes écartées, et poussait par instants de faibles gémissements ».
La nature est un véritable personnage de la nouvelle et à ce titre la description du paysage est hautement symbolique. La chute semble terrible :
« Il avait plu, oui ; mais son étroit lopin de terre n'en serait guère plus fécond... ».

Ce livre de « Morceaux choisis » (traduction du titre) contient par ailleurs d'autres très beaux textes, parfois très courts, comme ce tragique În noapte [Dans la nuit] (p. 82-83).

Dans l'ensemble un très bon recueil lu avec beaucoup de plaisir et que je garde précieusement.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les sept mioches de Măgăun sont de nouveau alignés devant la maison. Ana a mis la tête à la fenêtre ; elle est jaune comme cire.
Petre est seul au milieu de la cour, ses gros pieds nus plantés dans la boue de cette pluie de juin. Il n'a aucune envie de rentrer. Un de ses chevaux hennit. Petre a l'impression que ce cri de l'animal affamé prend forme et contours et reste accroché aux acacias de la route, sous les yeux de ses enfants.
Măgăun se sert de la cour pour se rendre chez Antonie Lungu curieux de savoir chez qui les agents du fisc ont pu venir dans la journée et s'ils ont encore saisi quelque hardes.
Il n'a rien dit à Ana, ni à ses enfants. Venant de la cour, de nouveaux hennissements franchissent la palissade. Hébété, Petre avance au milieu de la route, poursuivi par ses hennissements qu'il « voit » accrochés aux acacias. Il se dit, toujours obsédé, mais essayant de comprendre : « Qui diable a jamais “vu” des cris suspendus aux branches des arbres ? »
Le soir descend, doucement, à pas feutrés. Le ciel s'est éclairci. Le soleil couchant dessine des fleurs de pourpre sur les vitres des maisons paysannes.
(fin de la nouvelle "Pluie de juin", traduction de Valentin Lippatti)
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Le soleil de juin dardait ses rayons brûlants sur la plaine. L’herbe était complètement desséchée. La sève des champs paraissait tarie, les blés rares, les épis tout rabougris.
Les touffes de bleuets et de liserons parsemaient les sentiers durcis.
Quelques courtes averses étaient tombées vers la mi-mai ; depuis, plus une seule goutte d’eau.
La plaine du Bărăgan avait pris un aspect désolé. Non loin de là, la Ialomița assagie serpentait entre ces rives calcinées, se dirigeant vers le Danube.
De temps à autre, hennissement étouffé de quelque cheval traversait l’air suffocant. Le ciel était limpide et bleu. À l’horizon, du côté des marais, aux confins du Bărăgan un seul nuage se dessinait, avançant vers les moissonneurs.
(p. 270, début de la nouvelle "Pluie de juin", traduction de Valentin Lippatti)
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