Le récit de pure imagination, c'est-à-dire celui où le déroulement d'une histoire ne s'encombre pas de commentaires psychologiques ou philosophiques, mais les suggère, garde d'innombrables amis. Un La Varende, un Vercel, un Benoît, un Peisson, un Peyré ou, dans une génération plus jeune, un Hervé Bazin, un Hougron, un Pierre Moinot, un Michel de Saint-Pierre ont ainsi un public fidèle qui a le goût d'une histoire bien racontée. C'est dans cette tradition que Jules Saint-Cyriaque, s'appuyant sur un fait du passé, raconte une piquante aventure.
(Préface).
Près de la barrière, une guinguette ornée de lanternes multicolores attira leur regard. Il en sortait une rumeur de flonflons. C'était le bal de la Belle-en-cuisses. La tenancière, fille galante sous le Directoire, avait mérité jadis ce surnom homérique. Depuis son ouverture, quatre années auparavant, l'établissement connaissait une vogue ininterrompue. La salle, lorsqu'ils entrèrent, était remplie, comme à l'ordinaire, de grisettes et de commis de magasin dont l'accoutrement imitait tant bien que mal les modes de la jeunesses dorée. De rares soldats en goguette et quelques mauvais garçons à casquette trop claire circulaient bien çà et là, mais l'ensemble respirait la gaité honnête du petit peuple.
[.......], Charles X lui avait dit : " c'est une joie, madame, pour les yeux d'un vieillard, de contempler tant de grâce jointe à tant de noblesse."