AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sarindar


Pour qui a lu Citadelle, plus de doute : le Petit Prince est un élément à part dans la création d'Antoine de Saint-Exupéry et n'est qu'un arbre magnifique que tout le monde veut avoir dans son jardin, mais qui cache la forêt d'un désarroi profond.
Il est resté inachevé, comme un recueil de réflexions et d'aphorismes qui, pleins de certitudes qui n'en sont pas, rappellent l'obsession qu'avait l'auteur de "créer des liens", preuve qu'il n'est pas si facile d'en établir, surtout quand on est soi-même en grande fragilité psychologique et sentimentale, en grande attente d'un amour qui se refuse tant est développé et transparent, chez Saint-Ex, dans son attente jamais satisfaite, un coeur en grande souffrance.
S'adresse-t-il à lui-meme des recommandations qui reflètent, en creux, les choses qu'il n'a jamais su faire ? Il cherche un être qui puisse, comme une mère, le consoler de tout ce qui lui est fardeau et lui donner à voir un horizon, une étoile.
L'âme en béance est au bord d'un gouffre, et les passages les plus lumineux, les plus porteurs d'espérance n'empêchent jamais que perce ici et là une note plus sombre qui témoigne de la grande solitude d'un homme en quête d'un amour impossible à réaliser, tant il est demandeur.
Malgré l'affection témoignée à et par Consuelo Suncin, épouse la plus attentive possible, Saint-Ex portait en lui la marque des hommes atteints dans leur être profond par la difficulté de vivre, et les prétextes trouvés, dans différentes oeuvres, pour justifier un désintérêt pour ce que feront les humains après la Seconde Guerre mondiale, des choses forcément petites, mécanisées et déshumanisées à ses yeux, laissent entrevoir chez l'auteur une envie de lâcher les commandes, et de trouver un moyen d'échapper à ces lendemains sans saveur. Une désertion en somme, qui peut s'expliquer en partie, mais pas seulement, par le fait qu'il sentait venir l'âge où l'on exigerait de lui le renoncement à piloter des avions, ce qui avait toujours été pour lui une forme d'évasion, un rêve devenu réalité et une drogue.
Citadelle est l'écrit inachevé qui dit le mieux Saint-Ex, car il nous le donne à voir dans le fil de ses pensées profondes. Il espère pour l'humanité la venue d'une ère de fraternité et d'amour. Mais y croit-il vraiment ? C'est douteux, au regard de la fin de ce parcours humain.

François Sarindar
Commenter  J’apprécie          13226



Ont apprécié cette critique (104)voir plus




{* *}