L'histoire d'un couple racontée tantôt du point de vue de la femme, tantôt de celui de l'homme. L'histoire, construite sur un parallèle avec le conte de Barbe-Bleue, traite des raisons qui peuvent pousser un couple à demeurer ensemble malgré les rancunes, les non-dits, la routine, les infidélités, etc.
J'ai trouvé que c'était très bien écrit et loin des clichés. Par contre, j'ai trouvé qu'il manquait un petit quelque chose, un fil conducteur, pour rendre cette lecture vraiment accrocheuse.
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L'atelier de Barbe-bleue est une énorme pièce claire, ordinaire, peu meublée. (...)
Pas de cris de douleur et d'effroi, pas de taches rouge carmin ou rouille, pas de femmes suspendues par les pieds à un gros crochet de métal brillant, le longs cheveux balayant le sol, la gorge béante. Pas d'horreurs qui font trembler l'épouse indiscrète et choir la clé. Les cadavres s'empilent contre le mur : mortes en deux dimensions, sauvées de la décomposition, protégées contre le temps. Mortes propres, sang essuyé au fur et à mesure. Contre toute apparence, on se trouve entre gens civilisés. Pourtant, il a déjà tué. À moins que ce ne soit moi.
Le temps a coulé sur nous paisiblement, sans trop d’accidents, du moins en apparence. Mais c’est peut-être ça la vraie réussite d’un couple : colmater les fissures, sourire de toutes ses dents, un doigt dans la digue. Ramasser les éclats de verre sans y laisser la main.
Une femme fulmine dans sa grande cuisine blanche, pose devant les siens de généreuses portions de rage et de rancune, garnies d'un brin de persil. Nous sommes beaucoup à avoir avalé la colère de nos mères, trois fois par jour (...) Quelle coïncidence - mais ce n'en ai pas une, bien sûr - qu'on ait trouvé pour la colère des femmes un exutoire si pratique et si nourrissant!
Vieillir, c’est un durcissement – le miel devient ambre –, un goulot d’étranglement, un goût de rouille et de vase dans la bouche. Un paysage plein de promesses rapetisse et s’éloigne comme un parapluie qu’on referme.
Un vieux mariage, c’est ainsi, une série de gestes définitifs qu’on n’accomplit pas. Un couloir de portes fermées.
#VendrediLecture - Hommage à Lori Saint-Martin