Il s'agit d'une biographie romancée, ce que j'ignorais quand j'ai acheté l'ouvrage. D'habitude en effet, je me méfie de ce genre de biographie à peu près autant que je me méfie des hagiographies, c'est tout dire. Wink
Alors, comment expliquer la chose ? ... Les recherches historiques ont certainement été effectuées avec soin et
Isaure de Saint-Pierre s'attache à restituer au plus près les dialogues, qu'elle ne peut évidemment qu'imaginer, entre la tsarine Alexandra et Raspoutine. Quant au caractère, très ambigu et même carrément énigmatique de Raspoutine, il est, lui aussi, assez fidèlement rendu mais pas question d'aller au-delà des apparences avec leur cortège de scandales. Il faut bien dire qu'on n'a jamais pu expliquer Raspoutine, ce mélange de guérisseur extrêmement (et indéniablement) doué, d'arriviste génial, d'obsédé sexuel frénétique et de visionnaire bien conscient de la tempête qui s'appliquerait à balayer les Romanov et toute une société. le dépeindre dans son mystère, un mystère qu'il privilégiait autant qu'il le subissait, est donc assez facile dès lors qu'on ne cherche pas à approfondir.
Malgré tout, l'ensemble pèche par sa mièvrerie, la platitude de son écriture et tout ce que cette dernière révèle de convenu. La flamme, cette flamme tour à tour ténébreuse et plus claire que le plus pur cristal, qui caractérisait Raspoutine, s'étouffe ici avant même d'avoir brûlé de ses premiers tisons. Epicer le tout de scènes torrides entre "le Fol en Christ" et certaines dames de la haute société ne change rien à l'affaire : bien au contraire, c'est l'effet inverse que l'on obtient et ce n'est pas en dépeignant Raspoutine sous les traits d'un bouc en rut qu'il va se révéler plus diabolique que
Lénine, Trotsky & Staline réunis.
Plat, sans grâce, sans flamme, sans folie ... Tout ce que Raspoutine détestait, en fait. ;o)