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EAN : 9782262030728
324 pages
Perrin (27/08/2009)
5/5   6 notes
Résumé :

Des deux plus célèbres maîtresses de Louis XV, la marquise de Pompadour et la comtesse du Barry, la première a toujours éclipsé la seconde.

La vie de la du Barry, née Jeanne Bécu, représente pourtant l'une des plus grandes tragédies de l'Ancien Régime. C'est l'histoire de l'ascension fulgurante d'une "enfant de l'amour", née en 1743, fille naturelle d'un moine et d'une couturière, devenue l'égale d'une reine et qui finira sa vie sur l'échafau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Depuis que je l'ai découverte grâce à l'excellent ouvrage de Benedetta Craveri ; Reines et favorites : le pouvoir des femmes, où le chapitre qui lui était consacré m'avait marquée et émue, j'avais très envie de connaitre davantage Madame du Barry. C'est ainsi que je me suis procurée cette biographie de Jacques de Saint-Victor qui n'a fait que confirmer et developper mon grand coup de coeur pour «La du Barry».

Je me suis pleinement plongé dans l'histoire et la trajectoire hors du commun de Jeanne Bécu.
Car c'est sous ce nom qu'elle est née en 1743, dans un village perdue de la Meuse, d'une mère femme de chambre et d'un père dont personne ne peut confirmer l'identité. Elle a eu un parcours absolument hors normes pour une futur favorite royale ; grandissant au sein du bas peuple, puis côtoyant le milieu des hauts financiers aux grés des employeurs de sa mère, ensuite exerçant elle même différents métiers afin de survivre dans la rue, et enfin repérée pour son extrême beauté par un certain du Barry. Comte et accessoirement proxénète sans scrupules il lui fera épouser son frère et trafiquer leur arbre généalogique pour que quelque temps plus tard elle puisse être présentée au Roi… Bref, sa jeunesse est digne d'un roman qu'il serait tout bonnement impossible de résumer ici.
Mais ce qui a été constant durant ce temps c'est son extraordinaire capacité d'adaptation et sa grande force de survie. Elle ne se laissera jamais abattre même lorsqu'elle sera honteusement exploitée pour le commerce de son corps, Jeanne gardera toute sa dignité, ne s'abaissant jamais à la haine ni à la méchanceté.
Puis, grâce aux magouilles de du Barry, elle entrera enfin à la cour de Louis XV en 1769. Elle aimera et divertira ce roi mélancolique, elle acquerra une grande fortune, se fera bâtir des résidences, sera une mécène des arts (malgré la brièveté de son « règne »), bref elle deviendra une véritable comtesse. Malgré tout cela, et ce dès le premier jour, elle se heurtera à la froideur et au jugement acerbe des courtisants de la cour qui considèrent sa basse extraction comme un affront. Mais également de certains membre de la famille du roi, qui à l'instar de Marie-Antoinette, n'ont jamais pu souffrir sa présence. Elle fera face à aux complots des ministres pour l'évincer, aux pamphlets insultants, etc. Cependant à force de gentillesse, de prévenance, de bonté et surtout de désintérêt politique, elle finira par gagner le coeur de beaucoup, ou du moins leur respect.

Après la mort du Louis XV, dont elle a gardé le chevet jusqu'aux extrêmes limites du possible, le nouveau roi Louis XVI donnera l'ordre de l'exiler dans un couvent loin de paris où elle passera une année entière. Dans cet environnement austère et difficile, elle tiendra bon grâce à sa patience et son abnégation, au point même de briser la froideur des soeurs qui la regardaient de haut à son arrivée et que sa douceur auront fini par apprivoiser, si bien qu'elle gardera contact avec le couvent durant des années.

La dernière partie de sa vie est la plus heureuse, aux dires de l'auteur, car après son court règne à Versailles (six ans) et au retour du couvent, elle passera les vingt années suivantes dans son village de Louveciennes qu'elle adore et dont elle était devenue en quelques sortes la chatelaine et la bienfaitrice. Aidant les villageois dès qu'elle le pouvait. Elle vivra paisiblement, recevra ses amis, s'adonnera à la lecture qu'elle a toujours aimé, et retrouvera même l'amour.
Mais sa vie était un roman au commencement et évidemment il doit se terminer comme tel ; la Révolution arrive et elle sera lâchement trahie par les habitants de ce même village qui se ligueront contre elle car elle représente ce qu'ils considèrent comme l'ancien monde. Un immense bourbier de pièges assortis de délation la mèneront au tribunal révolutionnaire, puis une parodie de procès la conduira sur l'échafaud… Cette partie a été la plus difficile pour moi à lire. Un profond attachement s'était crée en moi pour Jeanne, et devoir lire l'effroyable injustice dont elle a été la victime fut, sincèrement, une épreuve.

En bref, j'ai adoré lire cette excellente biographie qui m'a émue au possible. Une biographie très bien documentée, très bien écrite, à la fois objective tout en étant au plus proche des sentiments, des joies et des peines de la comtesse. Je conseille vivement à tout ceux qui aiment l'histoire et l'ancien régime et qui aiment aussi les parcours des grandes femmes, de lire cette livre car Madame du Barry gagne à être connue, et ce même sans s'être distinguée comme la plus ambitieuse ni la plus puissante des maitresses de l'histoire, mais parce que tout au long de sa vie elle a montré les qualités qui étaient les siennes : générosité, bonté, amabilité et douceur. Et qui a fait ce qu'elle a pu avec ce qu'elle avait, et ce en restant fidèle à elle-même jusqu'à la fin.

Une femme que je ne suis pas prête d'oublier.
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critiques presse (1)
Liberation
22 avril 2013
Intelligente et avisée, elle ne pourra que constater les erreurs successives de Marie-Antoinette et de son frère, qu’elle accompagnera pourtant par fidélité familiale dans leur descente aux enfers. Deux destins de femmes exemptes de bassesses. De belles histoires tragiques.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la comtesse appartient à cette catégorie, moins rare qu'on ne le croit, de «filles» aux moeurs légères mais dotées d'une grande piété. Dans toutes ses propriétés, on la voit construire une église ou une chapelle, comme à Louveciennes, dans son hôtel de Versailles ou à Saint-Vrain. Elle va y entendre la messe presque tous les matins. Cette conviction lui vient de son éducation religieuse. Mais cette religiosité n'est pas chez la du Barry une simple apparence ostentatoire. Elle se traduira par une charité sincère et méthodique à l'égard des nécessiteux, et de tous ceux pourchassés par le sort (...). Sa grande bonté s'exercera surtout à l'égard de ses proches, en particulier de sa mère, Mme Rançon, dont elle ne rougira jamais dans son succès.
Ces qualités trahissent non seulement sa bonne âme mais aussi l'éducation qu'elle reçut.
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Ce n'est pas vraiment elle qui lance cette transition du style Louis XV au style néo-classique (...) C'est Madame de Pompadour qui imposera ce style nouveau à la Cour, notamment en supervisant le projet du petit Trianon. Mais cette transition est encouragée par Mme du Barry, par la magnificence de ses commandes qui relancent la production artistique française.
Moins éclectique que la marquise, moins visionnaire, elle exprime cependant l'esprit même de ces secondes Lumières, en ayant su leur donner son inimitable caractère. Le magnifique mécénat de la comtesse du Barry est l'expression, unique et partagée, d'un «esprit», celui de la fin du XVIIIe siècle, mélange de raffinement et de simplicité, dont Louveciennes et le petit Trianon marquent les deux plus belles réalisation. On a su garder la légèreté et la grâce du style Louis XV, en y associant la dignité et la reserve du retour à l'antique. Jamais peut-être dans l'histoire de notre civilisation, on ne retrouvera aussi nettement cette alliance si particulière.
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Petit à petit, les esprits les moins fermés commencent à éprouver une certaine compassion pour cette fille sympathique , ouvertement désireuse de jouir en paix de sa situation, sachant garder sa place et n'ayant aucune volonté de nuire. Elle ne songe même pas à se venger du mauvais propos qu'on tient sur elle (...). «À moins d'avoir des raisons d'animosité particulière contre la favorite, on ne pouvait, disent les Anecdotes, s'empêcher de l'aimer et de revenir des impression que le préjugé et ses ennemis avaient répandues conte elle. Rien alors de si honnête, de si affable, de si doux. Elle montrait la vertu rare, surtout parmi son sexe, de ne jamais dire du mal de personne, et de ne jamais se permettre les plaintes ou les reproches qu'un sentiment bien naturel de vengeance pouvait lui suggérer (...)»
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Le greffier lit le jugement : Mme du Barry et les banquiers Vandenyver sont condamnés à mort. La favorite, qui gardait toujours naïvement espoir, est frappée de stupéfaction. (...)
Transférée vers la cellule réservée aux condamnés à mort, elle passe la nuit à attendre le châtiment suprême. On imagine quelles furent pour elle les angoisses des ténèbres.
(…)
En ce mois de décembre, le jour est déjà tombé vers quatre heures. Les accents de détresse de Mme du Barry émeuvent, d’après les témoins, le peuple massé sur le trajet. La détresse de cette femme, pleurant, hurlant, les mains attachés derrière le dos, le visage perdu, frappe les Parisiens plutôt habitués à la morgue des «ci-devant». Au moment de monter sur l’échafaud, la favorite est déjà à demi-morte.
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Si Madame du Barry a mené une vie de «scandale» avant de rencontrer le roi, elle le doit en grande partie à la pauvreté de sa naissance. La futur maîtresse de Louis XV avait tout pour connaître l'existence sans espoir des enfants pauvres et naturels. Sa quête effrénée de la vie, son insouciance, sa légèreté doivent certainement beaucoup à cette enfance méconnue. Les témoignages sur sa jeunesse sont suffisamment riches pour constituer un précieux tableau de la vie des classes les plus humbles de la société des Lumières.
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Videos de Jacques de Saint Victor (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques de Saint Victor
Que se passe-t-il à droite ? La base militante a placé au second tour des primaires l'offre la plus droitière de toutes les candidatures. Et elle a finalement choisi Valérie Pécresse pour représenter Les Républicains à la prochaine élection présidentielle.
Où se situe la présidente du conseil régional d'Île-de-France ? Elle se présente comme une réformatrice expérimentée. Ce qui a constitué l'épine dorsale du sarkozysme la soutient volontiers, mais on remarque que son programme rappelle beaucoup celui de François Fillon en 2017.
Libérale et pro-européenne, peut-elle gêner le président Emmanuel Macron si ce dernier se lançait dans la campagne ? Comment s'y prendra-t-elle face à la concurrence de l'extrême droite, alors que dans son propre parti, Éric Ciotti, arrivé deuxième à la primaire, a épousé avec succès une ligne identitaire rappelant celles du RN et d'Eric Zemmour ?
Cette campagne pourrait contribuer à redéfinir la droite. Cette dernière, pour satisfaire son bloc d'électeurs traditionnel doit-elle se droitiser encore sur tous les sujets ? S'arrimer à une ligne que certains appellent “nationale-libérale”, au risque de rompre avec un logiciel chiraquien longtemps profitable ?
Pour en parler, Guillaumer Erner reçoit Jacques de Saint Victor, historien du droit et des idées politiques, essayiste et critique littéraire et Ludovic Vigogne, journaliste politique à L'Opinion, en charge du suivi de la droite.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 6 Décembre 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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