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Critique de 5Arabella


Une pièce si on peut dire, car ce texte n'a jamais été joué. La première édition de l'oeuvre paraît en 1650, de façon anonyme et clandestine. le texte aurait été écrit vers 1638, certains détails historiques le montrent.

Il s'agit d'une satire, une charge contre l'Académie, ou tout au moins certains de ses membres. Dans une suite de saynètes, certains académiciens sont caricaturés. Leur vanité, et leur manque de talent est mis en évidence, le désir de légiférer sur la langue, de déclarer certains mots caduques et à bannir ridiculisé.

La plupart de ces personnages moqués ne sont plus vraiment connus. Si le souvenir de certains, comme de Chapelain, n'a pas complètement disparu, c'est en tant que théoricien, prescripteur, qui a participé à modeler le théâtre de l'époque, et pas en tant qu'auteur dont le talent aurait permis à l'oeuvre de continuer à toucher le lecteur d'aujourd'hui. Etrangement, ceux qui s'en tirent le mieux dans la pièce, sont ceux dont la mémoire des écrits reste, comme Saint-Amand ou Tristant l'Hermite. Comme si Saint-Evremond avait eu une juste intuition de la valeur intrinsèque des écrits, et cette valeur pouvait, tout au moins en partie, préserver d'un certain nombre de ridicules, dans l'envie de statuer sur ce qu'est la langue, la littérature… de la pratiquer vraiment plutôt que de dire ce qu'elle devrait être. Ses académiciens sont des médiocres faiseurs, à qui finalement le rôle de statuer sur la langue et la littérature sert de substitut à une véritable création.

Sans oublier que l'Académie, qui a été créée par Richelieu, est aussi un moyen pour le pouvoir de surveiller et d'avoir une main mise sur les écrivains qui en font partie, ou qui voudraient en être. Ce qui donne aussi un caractère un peu servile aux portraits de la pièce.

Le sel de cette satire est sans doute perdu maintenant en grande partie, c'est une curiosité plus qu'autre chose, mais qui montre que la conception des auteurs et de la littérature modelée par le pouvoir à l'époque avait aussi ses critiques, ses réticents, qui pouvaient être féroces à l'occasion.
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