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Critique de Dominique_D


J'ai cru entrer dans un roman de science fiction et je n'étais pas très motivée. Sinon que je me suis trompée !

Oui, nous pénétrons bien dans un monde futuriste, mais nous reconnaissons rapidement le nôtre : celui de l'ultra industrialisation, des puissances politiques et financières, de l'exploitation abusive des ressources, bref, de la course au matérialisme comme suprême objectif. En d'autre terme ce qui ferait notre bonheur. Mais un bonheur artificiel qui, finalement, éloigne l'homme de lui-même et de ce qu'il possède de plus riche en lui mais d'inexploité.

Je parlerai donc d'un roman d'anticipation, qui, en s'appuyant sur notre mode de vie actuelle nous montre là où il peut nous mener. Et cette volonté prend d'autant plus de relief que Jean K Saintfort, fait cohabiter sur la planète Fergus, le peuple des terriens venu s'enrichir des minerais de son sol et le peuple des Errants, minoritaire, qui a choisi la voie de la non-violence, de la fraternité, du respect des différences et qui vit en parfaite communion avec la terre, sans la dépouiller, sans la meurtrir.

Comment ces deux civilisations si opposées peuvent-elles vivre en bonne entente ? Aucun problème pour les Errants… Grosse menace pour les autres qui voient en leurs voisins un danger, celui de ne pas servir les intérêts de la Confédération. Ce qui pourrait réunir les deux peuples ? Tous croient au progrès… mais pas le même ! Pour les premiers, il passe par la possession des biens matériels, pour les autres par l'évolution de l'humain vers la pureté de l'âme et le développement de certains de ses pouvoirs non utilisés, la télépathie, par exemple.

Doit- on, comme le dit un personnage du roman, suivre les dictats de la société : « Nous vivons dans le système. Par la force des choses, nous le cautionnons, nous en acceptons les règles. Nous en devenons les complices, même si nous le dénonçons par ailleurs » ou épouser une forme de résistance pacifique qui sera un acte de libération ?
Le talent de l'auteur est d'avoir su proposer un roman bien loin de la mièvrerie dans laquelle son intrigue aurait pu le mener. Les bons d'un côté, les mauvais de l'autre. Les coupables d'un côté, les victimes de l'autre. Il n'en est rien, le roman est plus subtil, et pose la question de l'instrumentalisation qui nous fait agir à notre insu. D'autre part, bien d'autres thèmes parviennent à faire surgir en nous des notions nous ramenant à des problématiques contemporaines : assimilation, diaspora, déculturation, migrants. Moi, j'ai pensé plus d'une fois à Gandhi. Je me suis également posé bien des questions : est-ce que nous n'apprendrons jamais du passé ? Sommes-nous voués à toujours reproduire les mêmes erreurs ? Qu'elle est ma propre place dans le « système », à quoi j'aspire vraiment et comment est-ce que je me positionne?

Tous ces thèmes sont abordés de manière très fine car, avant tout, le suspens nous tient, une histoire d'amour nous fait frémir et l'intrigue nous transporte de page en page. Et cela d'autant plus que nous cheminons vers l'avènement du « dernier moment » sans savoir ce qu'il est. Nous nous rapprochons inexorablement de ce jour J, avec une certaine appréhension. Un petit mot sur les personnages, Joar, Phéelle et tous les autres qui sont très attachants, émouvants et si bien campés par l'auteur.

«Le dernier temps » est une proposition à croire aux possibilités qui nous sont offertes, si nous osons explorer toutes nos capacités. Comment y parvenir ? Si certains outils étaient déjà entre nos mains, pour ne parler que des techniques de développement personnel , qui, dans notre monde contemporain semblent prendre de plus en plus de place, via la méditation, la sophrologie par exemple? Avons-nous suffisamment exploré toutes les ressources intérieures que possède l'humain afin de devenir plus humain ?
Je vous invite à lire ce roman, car celui-ci non seulement nous entraine dans une intrigue passionnante, mais nous interroge sur nos propres valeurs
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