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Voilà un roman paru lors de la dernière rentrée littéraire et passé - injustement - assez inaperçu. En tout cas demi jusque-là. C'est regrettable, car le métier de vivant est un livre délicieux, remarquablement écrit par François Saintonge, un pseudonyme (Makine? Rambaud ? se demande la presse...), qui cache une plume élégante, se servant d'un registre accessible pour mieux mettre en valeur le rythme des phrases, dont l'apparente simplicité ne masque pas une recherche évidente. Le métier de vivant, c'est l'histoire de Max, grand bourgeois couvé et désoeuvré, confortablement engagé dans la Première guerre mondiale au sein de la Maison de la Presse, où les combats ne sont que ceux de la propagande. Et l'histoire de Lothaire, son ami de ripailles, et de Léo son cousin. À eux trois, ils vont traverser cette moitié de siècle dans des destins différents, mais sans jamais se désunir de leurs liens. Le métier de vivant, c'est l'histoire d'amour entre Max et Dionée, qui lui ressemble étrangement. Trop étrangement. Deux êtres qui s'attirent irrésistiblement puis se séparent pour mieux se retrouver au fil de leur vie qui passe. S'aiment-ils ? Peut-être... Se fascinent-ils ? Assurément... Sont-ils faits l'un pour l'autre ? Sans aucun doute. Mais séparément... Mais le métier de vivant, c'est surtout une remarquable fresque historique qui nous embarque de la Première à la Deuxième guerre mondiale, et nous fait traverser cet entre-deux guerres où l'euphorie gagne la France. On y festoie, on y développe ses affaires, on y renverse les gouvernements à la petite semaine, on y vit dans l'insouciance de la paix retrouvée, en prêtant une oreille distraite aux échos de la prochaine crise qui couve déjà au loin. Tout cet ensemble constitue un récit remarquable et fort : une belle histoire d'amour inégalement ressenti et partagé, une balade originale dans vingt-cinq années d'histoire où l'on croise les grands politiques et les grands artistes de l'époque, et enfin un agréable arrière goût de nostalgie poétique qui affleure au détour d'une page, à l'évocation de la propriété familiale, d'une odeur qui revient de manière lancinante, d'une mauvaise pensée que l'on voudrait chasser mais dont l'obsession vous rattrape sans cesse. Tout cela fait entrer dans la vie, fait apprendre le métier de vivant à celui même qui était né pour ne pas l'endosser. + Lire la suite |