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Živa est l'aîné. Il conduit depuis 7 ans un pick-up pour un fournisseur de matériaux de construction dans un patelin en Serbie qui jadis était une ville. Il lit «  Les citoyens athéniens » de Plutarque.
Vukašin son frère de huit ans son cadet est dramaturge. Il est invité pour trois semaines par une institution américaine d'écrivains dramatiques à ses frais « pour glander » au centre du monde, à New York.
Un roman épistolaire moderne où les deux frères communiquent entre Serbie et New York, par courriels.

Deux frères aux parcours opposés, qui n'ont même pas pu partager la même enfance, vont confronter sans retenu leur différence sur la perception du monde et de la vie, chacun respectant celle de l'autre. L'aîné appartient à la dernière génération qui a fréquenté l'école marxiste et qui détenait l'un des derniers numéros de séries de cartes de membres de l'Union des communistes de Yougoslavie, un athée, dont les paroles semblent sortir de la bouche de l'écrivain « J'ai honte de tout ce qui nous entoure, et surtout de moi. » Or le jeune qui semble être plus cosmopolite, plus libre lui confesse « Celui qui est coincé, c'est moi, pas toi. L'un de nous aura à prendre sur lui, tu le sais toi-même….. ». Pourtant entre le jeune qui coure les femmes et l'aîné célibataire endurci, les rôles vont s'inverser et c'est la surprise de ce dialogue nourri d'humour et d'amour fraternel, qui se déploie sur fond de leur propre histoire de famille liée à L Histoire des Serbes, ce peuple qui sort peu glorieux de la terrible guerre Serbo-Croate-Bosniaque. Déjà hors de leur pays souvent interpellés avec le célèbre « Vous devriez avoir honte du pays dont vous êtes originaire ! » qui ne leur facilite pas à effacer l'opprobre, à l'évidence dans leur propre pays même, personne ne comprend dans quelle phase historique ils sont en train de vivre. Ce dernier point, un problème commun à d'autres pays ex-communistes des Balkans et de la Mittle Europa.
Un livre intéressant , facile à lire sans être superficiel.
Il a été récompensé par le prix Vital du meilleur livre de l'année , le prix Bora-Stanković du meilleur livre de prose publié en serbe, et a obtenu le Prix de littérature de l'Union européenne en 2014.
Une lecture que je conseille vivement à qui s'intéresse à la littérature des Balkans, et bien sûr à toutes les curieuses et curieux 😊.

« Nous sommes tous là où nous devons être. »

« C'est un cadeau que d'être modeste, un cadeau que d'être libre
Un cadeau que de descendre là où nous devrions finir
Et quand au vrai bon endroit nous nous retrouverons
Ce sera dans la vallée de l'amour et du plaisir.
Quand la simplicité véritable sera obtenue,
De saluer, de nous nous incliner nous ne rougirons plus
À tourner, à tourner encore plaisir nous prendrons. »
(Modest Gifts- Hymne shaker)
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Certains babéliotes m'amènent sur des chemins littéraires que je n'aurai jamais parcourus ( merci Idil,@Bookycooky). Lire du Ugljesa Sajtinac par exemple. Et pourtant :
-l'auteur ( appelons le Ug) a été multi-primé pour de très modestes cadeaux.Il est le fer de lance d'une nouvelle génération de la littérature serbe et est publié chez Les éditions bleu et jaune ( très chouettes, imprimées sur du papier issu de forêts gérées durablement).
-j'ai beaucoup appris cette années sur la géopolitique (complexe) des Balkans.
Ce livre me tendait donc les bras .
La version serbe a été publiée en 2011. C'est important à préciser car la Serbie était alors, dans l'inconscient collectif occidental, considérée comme une "bad nation". Les 2 protagonistes le signifient clairement en signalant qu'à l'étranger on les interpelle en disant "Vous devriez avoir honte du pays dont vous êtes originaires".
Ug a donc écrit un beau et délicat roman épistolaire.
Ziva (l'ainé de 9 ans a été biberonné au marxisme yougoslave ) et Vukasin( si quelqu'un pouvait avoir la gentillesse de me dire comment on met la petite virgule sur les S et les Z avec mon clavier Mac, ce serait sympa), son petit frère s'envoient des mails qui sont souvent de véritables lettres "à l'ancienne".
Ziva lit Plutarque et convoie des camionnettes . Vukasin se la péte un peu grâce à une bourse qui l'envoie gentiment glandouiller à New York ( il est dramaturge, on mise sur son talent) . Ils ont une soeur Gordana qui va devenir anthropologue. Les puinés ont eu une enfance très différente avec ,disons, plus de perspectives.
L'intérêt majeur du livre va être de rendre visible le glissement des destinées individuelles à partir ce qu'offre la Serbie contemporaine .
Et comme dans tout bon roman épistolaire, la surprise révélée dans les dernières lettres, est de taille. Rien ne se fera comme prévu, sentimentalement, professionnellement ...
Ce roman baigne dans une atmosphère étonnante , mélancolique et douce-amère mais parfois aussi drôle , tendre et pour tout dire un peu "flottante"
. L'auteur m'a un peu perdu dans de multiples références qui m'étaient parfaitement étrangères. Mais ce n'était pas désagréable.
Je finis mon année balkanique .....par une interpellation de Thémistocle ( en exergue du livre):
"Ah mes enfants, nous aurions été perdus
si, perdus, nous ne l'avions été déjà."

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De très modestes cadeaux d'Uglješa Šajtinac, traduction d'Alain Cappon, est un court roman épistolaire serbe.
Une correspondance entre deux frères, l'un est auteur pour le théâtre, parti aux États-Unis dans ce qui semble être une résidence d'artistes, l'autre, plus âgé, est chauffeur. Ce dernier, resté en Serbie, donne des nouvelles de leurs parents et de leur soeur, à son jeune frère.
Dans cet échange, on a l'impression que les deux frères communiquent réellement pour la première fois, comme si la pudeur mettait plus de distance entre eux que les kilomètres. Ils s'ouvrent l'un à l'autre et cela leur permet de faire le point sur leurs vies et d'avancer également.
J'ai trouvé que cette correspondance avait un caractère très authentique, chacun suit le fil de sa pensée et écrit tout ce qui lui vient à l'esprit de façon spontanée, désordonnée mais, malheureusement, cela m'a donné un sentiment de confusion. J'ai erré en marge de ce texte où se croisent et s'entrecroisent au gré des fulgurances des deux correspondants, les anecdotes familiales, les allusions à l'histoire de la Serbie et les digressions étranges.
Cela aurait pu être une lecture très intéressante, les thématiques m'intéressaient en tout cas, mais j'ai trouvé le fil de l'histoire assez difficile à suivre dans sa forme épistolaire brute et décousue. Une petite déception pour moi de ce fait.
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Nouvel auteur, nouvelle maison d'édition. C'est avec plaisir que j'ai découvert il y a quelques semaines l'existence des Editions Bleu et Jaune, qui pourtant a été fondée en 2015 par Tatiana Sirotchouk. J'ai immédiatement été attirée par ce titre de l'auteur serbe Ugljesa Sajtinac, qui a reçu le prix de l'Union Européenne en 2014. Il y a d'autres titres qui m'attirent, notamment un auteur ukrainienne Dzvinka Matiyash, une auteure finlandaise Selja Ahava, une auteure islandaise Halldóra Thoroddsen, un auteur danois Bjørn Rasmussen. Ugljesa Sajtinac publie ici son premier titre en France, il est dans son pays déjà l'auteur de romans, nouvelles, livres pour enfants et pièces de théâtre depuis 1993. Mais ce fameux prix de l'Union Européenne, décidément il revient de plus en plus souvent ces temps-ci, lui a décerné ce prix qui lui a, avec bonheur, ouvert des portes.

On connaissait le roman épistolaire à l'ancienne, avec son très vintage papier à lettres, son désuet stylo à encre, ses bonnes vieilles enveloppes à affranchir avec un timbre qui vient parachever cet acte oublié (sauf par l'administration fiscale). Désormais les échanges se font numériquement par mail, par what's app, l'acte d'écrire devient un rituel quelque peu désincarné rythmé par la frappe frénétique des touches de son ordinateur. de très modestes cadeaux innove un nouveau type d'échange épistolaire, celui de deux frères qui s'écrivent par boite mail intermédiaire, l'aîné resté en Serbie, l'autre parti tenter sa chance à New-York en tant qu'auteur dramatique.

Le premier, prénommé Vukašin, étranger, profondément seul au fond d'une ville qui a fini par l'engloutir, ressortissant d'un pays que les beaucoup d'Américains ne connaissent que par la responsabilité qu'il a endossé dans des certaines guerres de Yougoslavie. La séparation, l'éloignement peuvent être source de retour aux sources et justement plus qu'un simple échange de courtoisie, les deux frères se retrouvent à échanger sur leur passé en même temps qu'ils se tiennent informés de leur situation réciproque. Les fantômes du passé, Vukašin les a emportés avec lui. On pense être dans ce qui est peut-être la plus américaine des villes du pays, mais ce n'est qu'un décor en carton-pâte, vite réduit à néant par la pluie incessante qui accompagnent les souvenirs omniprésents de Vukašin, qui ne cessent de refaire surface. C'est un drôle de mariage que cette New-York ultra contemporaine et cette traditionnelle et lointaine Serbie, un mélange hétérogène qui a du bien mal à prendre chez ce frère exilé, qui se sent en perpétuel décalage.


Ce roman est bien une histoire de discordance du début à la fin : Vukašin observe ce grand écart entre l'immense nation, à certains endroits, ultramoderne que sont les États-Unis d'Amérique et ce pays tout neuf et à la fois tellement ancré dans ses traditions qu'est la Serbie, entre une insouciance feinte et finalement une gravité enfouie qui donne ce ton badin de début de roman qui ne tarde pas à évoluer vers une certaine forme de gravité au fil des échanges avec son frère, Živojin. Ces échanges sont constitués d'anecdotes sur leur vie actuelle, entremêlées de souvenirs qui resurgissent à l'improviste sur leur enfance, des descriptions d'Ilandža et de ses maisons en ruine qui eux-mêmes forment une dissonance avec la métropole new-yorkaise.

Ce sont des échanges pleins de tendresse dissimulée par des taquineries mutuelles, une complicité ravivée par les souvenirs en commun, la fierté des aînés pour celui qui ose s'en aller trouver le succès et la réussite ailleurs. À chaque fois qu'il est question de leur pays, il y a ces paroles pleines d'autodérision, qui à mon sentiment servent à désamorcer ces aprioris auxquels ils sont habitués ou des attaques probables sur des conflits qui ont fini par envahir toute leur identité. Et derrière ces traits d'humour et de malice, sont ravivés les souvenirs douloureux, les blessures collatérales de guerre, celles qui assomment les individus sans pour autant leur valoir d'être reconnu comme blessé au combat. Ce roman est l'un des rares qui ne traitent vraiment que de la Serbie en mettant de côté son frère ennemie la Croatie. L'auteur ne cesse de revenir sur cette identité-là, en exhortant en quelque sorte son lecteur non-serbe de voir le pays avec d'autres yeux que cette vue étroite de pays en guerre.


Uglješa Šajtinac a transmis ce fossé qui sépare deux générations : celle qui sort abimée de la guerre à travers le frère aîné et la nouvelle génération qui a vécu la guerre indirectement. C'est un fossé qu'ils essaient de combler à travers une communication transcontinentale, dont une bonne partie a vocation de confession mutuelle, qui permet un nouveau rapprochement, un nouveau départ. Avec un renversement de situation inattendu, l'auteur met un point final aux interrogations réciproques des deux frères, désormais aptes à se tourner vers l'avenir.







Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Il y a bien longtemps que je n'avais lu un roman épistolaire et ce livre fut l'occasion parfaite de renouer avec ce genre.
Ici ce sont deux frères qui correspondent : l'un, écrivain, est parti en résidence pour New-York, États-Unis ; l'autre, chauffeur et vieux garçon, est toujours resté au pays en Serbie.
Deux frères donc, mais deux générations, deux ambitions, deux visions de la vie. Deux frères éloignés qui semblent se découvrir une complicité nouvelle, rapprochés par la distance.
Ils vont se livrer, se houspiller et bientôt se comprendre comme probablement jamais jusqu'ici.
Il y a beaucoup de pudeur dans cette histoire d'amour fraternel. Les hommes restent réservés, les émotions contenues - leur intimité nouvelle m'a presque gênée au début.
Et puis, lentement, chacun va se révéler et puiser en l'autre la force de se poser et de se relancer, comme un balancier puissant entre deux continents.
Les échanges sont profonds, les confidences et les révélations bien amenées, sans fracas, sans esbroufe.
Ce fut finalement une lecture très reposante.
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Une jolie découverte que cette maison d"éditions qui met en avant des auteurs méconnus de toute l'Europe. Ce récit épistolaire qui met en scène deux frères serbes a tenu toutes ses promesses. de nos jours, le frère ainé, routier en Serbie échange avec son frère qui est parti en Amérique. Ce dernier s'y installe et vante le pays capitaliste à son frère marqué depuis longtemps par son implication dans la guerre d'ex-Yougoslavie et qui aujourd'hui ne reconnaît plus son pays au taux de chômage important. Mais peu à peu, les choses évoluent et je laisse le lecteur découvrir la suite, très surprenante.
Lien : http://www.lanuitjemens.com/..
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Roman de genre épistolaire, le premier de l'auteur serbe Uglješa Šajtinac.
Récompensé du prix de la littérature européenne en 2014, il fait partie d'une collection ouverte sur l'Europe publiée aux éditions Bleu et Jaune (très belle collection que je vous invite à découvrir sur leur site, avec notamment un beau travail sur les couvertures et le choix des textes).

Alors de quoi s'agit-il ?
Ici la correspondance "classique" laisse place aux échanges de mails : s'ensuit une joute fraternelle entre Vukašin resté en Serbie et Živojin parti aux États-Unis.
Les échanges numériques amènent une grande fluidité aux courriers de l'un ou l'autre, on gagne évidemment en spontanéité.
Le premier est conducteur de camionnette et vit un quotidien frugal en Serbie, le deuxième est artiste dramaturge, il entrevoit la vie différemment de l'autre côté de l'Atlantique.

Ce roman interroge sur la dualité de notre époque, d'un pays et un passé dont il est parfois difficile de se soustraire.

La Serbie a connu les ravages de la guerre, cela fait donc intimement partie de la vie de ces deux frères.
Pourtant ils ne se sont jamais autant dit les choses que depuis qu'ils se sont éloignés.
C'est la distance sur l'autre, sur sa vie qui permet de s'ouvrir et de se confier peut-être aussi.
En tout cas, rien ne semble jamais devoir les désunir.

Ce sont pour ainsi dire des vies-miroirs, le reflet de l'un dans l'écran de l'autre…

Tous les jours, ils se racontent, évoquent leurs difficultés, leurs quotidiens, les événements qui rythment leur vie, parfois s'entremêlent aussi le passé, une certaine nostalgie, les souvenirs d'enfance, ceux, pénibles, de la guerre et du fossé terrible qui écartèle les générations, les pays…

Il y a également beaucoup de questionnements sur le devenir et la prise en charge des parents, sur le poids du passé qu'il faut par moments porter à bout de bras et puis délaisser…

Et ce final… que je ne vous dirai point !
Tout est délicat, beaucoup de poésies et d'amour fraternel pour conclure ce beau roman.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Uglješa Šajtinac est un auteur serbe traduit pour la première fois en français. Ce roman épistolaire version XXIè siècle nous présente le quotidien de deux frères serbes, l'un en résidence d'auteur aux Etats-Unis, l'autre chauffeur de camion resté en Serbie auprès de ses parents vieillissants. Derrière leurs écrans respectifs, les deux frères peuvent échanger plus facilement peut-être qu'ils ne le feraient peut-être en face à face. Il y a dans leur correspondance beaucoup de tendresse, de la fierté, de l'humour, et un regard différent sur la Serbie contemporaine, notamment via le frère installé aux Etats-Unis qui devient, à son corps défendant, représentant de cette nation souvent pointée du doigt. Leurs vies respectives, qui semblent d'abord être opposées, s'avèrent en fait être plutôt en miroir. Au coeur de la mégalopole new-yorkaise, ou dans une petite ville serbe, les deux frères mènent leur barque entre histoires d'amour, désir d'indépendance et devoir familial, jusqu'au retournement de situation assez inattendu de la fin. Prix de littérature de l'Union Européenne en 2014
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