Je n'avais jamais lu de polar de Carlos Salem. Eh oui, c'est comme cela et, pourtant, d'habitude, je me jette assez facilement sur la littérature espagnole contemporaine de tous poils, que j'affectionne particulièrement.
Il a fallu une opération "masse critique" pour que je me lance et heureusement ! C'est dans le genre foutraque et foldingue des enquêtes de l'enquêteur fou d'Eduardo Mendoza que j'adore. Bon ici le détective, ex-flic, intègre, mais justement, idéaliste mais précisément, de bonnes raisons pour quitter la police, en un mot, désabusé à l'approche de la cinquantaine, après avoir perdu sa compagne dix ans plus tôt tuée par des dealers.
Il y a beaucoup de références aux précédentes aventures de ce héros, mais ce n'est pas gênant. Au contraire, cela donne envie d'aller y voir de plus près et de se plonger plus avant dans les autres enquêtes imaginées par Carlos Salem.
Merci donc à Babelio et aux éditions Actes Sud pour cette découverte !
On a ici tous les ingrédients d'un roman policier classique, un héros désabusé, fatigué, à côté de ses pompes, à l'aube de ses 50 ans. Il répète comme un mantra qu'il arrive toujours trop tôt ou trop tard là où on ne l'attend pas.
Il a perdu sa femme (Claudia) 10 ans plus tôt et se sent coupable.
Txema Arregui, le héros est un ex flic, aujourd'hui détective. Voilà pour le décor. Il est devenu détective et a un associé, Maximo. Il est entouré de son ex beau-frère qui est flic.
Deux enquêtes s'imposent à lui, la mort suspecte de Joaquim Latro Rapinez, un type que la sphère politico-financière avait plus intérêt à voir mort plutôt que vivant.
Et puis, il y a cette jeune femme aux cheveux verts (Dalia) qui le traque pour l'aider à retrouver un chaton. Sauf que Txema croit qu'elle a subi un kidnapping.
Cette enquête-ci va primer sur l'autre. Txema se fait piéger par Dalia, et découvre un contexte sombre et mafieux autour de la jeune femme. Une fois résolue, il peut boucler la 1ere affaire avec son acolyte Johnny Bourbon, ex roi Emérite d'Espagne, vieux mais rapide, protecteur et affectueux. Rapinez s'est-il vraiment suicidé ? le mobile est plus pernicieux qu'il n'y parait en réalité.
Suspense..
Des chapitres en italique émaillent l'histoire, l'ombre de Txema sur la tombe de Claudia et les pensées de Txema qui le suivent, ses dialogues intérieurs adressés à Claudia... C'est très pudique.
Un roman facile à lire.
C'est délirant, comme certains bouquins de Carlos Salem, pour ne pas dire tous ses livres, d'ailleurs. le personnage est attachant, sympa, avec ses tatouages et son foulard. Même si son français est pour le moins hésitant, il sait rester abordable. C'est un participant régulier du festival "Polar du Sud" de Toulouse, et c'est toujours un plaisir d'échanger quelques mots avec lui.
Dans ce qui doit être la dernière enquête de Johnny Bourbon, pseudo "discret" de Juan Carlos, le détective Arregui mène l'enquête, avec ses vieux démons en bandoulière. C'est frais, léger tout en étant touchant et drôle.
Même s'il est fait référence à des faits antérieurs, ou bien si des personnages ont déjà participé à d'autres récits, ce livre peut être lu indépendamment des autres.
Un plaisir !
Traduit de l'espagnol par Judith Vernant.
La dernière affaire de Johnny Bourbon: Je reste roi (émérite) d'Espagne, un sacré titre, il faut le dire.
En 2011, Actes Sud publiait Je reste roi d'Espagne dont vous pouvez découvrir l'avis de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir. https://actudunoir.wordpress.com/2014/08/19/532/
Dans ce deuxième volet, le roi vient prêter main forte au détective Arregui pour résoudre, non seulement le suicide plutôt improbable d'un homme d'affaire mais surtout pour retrouver la chatte d'une belle jeune femme aux cheveux verts.
Presque tout est assez improbable dans ce polar. Un roi d'Espagne qui se déguise et prend le nom de Johnny Bourbon, policier de Scotland Yard, un détective qui a apprivoisé une fourmi et qui se rend dans des sex-shops pour pouvoir réfléchir à ses enquêtes en cours, un GPS qui a la voix de la défunte fiancée du détective, une fille aux cheveux verts et des situations plus drôles les unes que les autres.
Et pourtant, cela fonctionne admirablement.
C'est un polar très bien mené et en même temps, on s'amuse, on passe un réel bon moment.
Carlos Salem a une écriture pleine d'humour et de joie, à l'image de l'auteur quand vous avez eu la chance de le rencontrer.
Arregui a la cinquantaine et le vit plutôt mal. Il ne se remet pas de la perte de Claudia dont il se sent responsable de l'assassinat. Ça peut sembler sombre mais c'est sans compter sur le personnage de Juan Carlos de Bourbon, le Roi ! Drôle, courageux, loyal, un peu pot de colle parfois aussi, il apporte ce souffle de légèreté. le duo est impossible mais il est aussi unique en son genre.
Je suis persuadée que si vous lisez ce polar, vous penserez exactement la même chose que moi : ah non ! pas la dernière affaire !! On en veut d'autres !
Juan Carlos a eu son temps de gloire. L'anatomie d'un instant de Javier Cercas relatait son action lors du coup d'état de Terrejo en 1981 : elle était admirable.
Il fut un héros.
Puis ça a dégénéré. Les chasses à l'éléphant et aux pots de vin l'ont conduit à une fin de règne minable.
Il est devenu un chacal.
Depuis les Émirats d'Arabe Unis où il s'est réfugié, a-t-il lu la dernière affaire de Johnny Bourbon ? On le lui souhaite. Carlos Salem lui offre une vie imaginaire drolatique, aux côtés d'un privé qui dope son flair en matant des vidéos cochonnes et en buvant des copas. Ce n'est pas fréquent. Et c'est réjouissant.
Après ça part (vraiment) dans tous les sens. On marche sur les cadavres. Les flics sont du genre obtus. Les personnages hauts en couleurs. On évoque des voyages qu'on n'a pas faits. Et on mange des tapas dans des bars qui ne sont pas fermés.
Bref, si Carlos Salem n'a pas écrit le polar du siècle, le lire en période de confinement est un plaisir. Olé !
Tu prends soin de ceux qui te sont chers, mais toujours à distance. Tu aimes être près d'eux, mais pas suffisamment pour que ton ombre les atteigne.
La méthode de Jesus était aussi anachronique que la déclaration de son établissement.
Mais elle faisait ses preuves.
Il était un panneau humain de petites annonces clandestines.
Quant à moi, d'une manière inédite ou si lointaine que je n'en gardais pas le souvenir, pour la première fois depuis des années, je me sentis vraiment en paix.
Elle portait un imperméable court en vinyle rouge, un sac trop lourd pour ses épaules et un béret noir incliné sur le côté, qui lui donnait l’air d’une Française et ôtait cinq bonnes années à sa trentaine.
Elle avait les cheveux verts.
Roger-Jon Ellory : " **** le silence"