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Jacques Le Brun (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070392582
478 pages
Gallimard (14/02/1995)
3.43/5   76 notes
Résumé :
En un temps où peintres, sculpteurs et musiciens trouvaient leur inspiration dans l'Antiquité païenne autant que dans la Bible, Fénelon, dans Les Aventures de Télémaque, peignait en tableaux enchanteurs ce qu'on appelait la fable, les dieux de la mythologie et les héros homériques. Loin de contredire le christianisme dévot et la spiritualité du pur amour de l'archevêque de Cambrai, l'Antiquité était, comme elle avait été chez Poussin et comme elle était chez Couperi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Homme d'église (archevêque de Cambrai depuis 1695), brillant théologien, Fénelon n'était pas vraiment destiné à devenir romancier, à une époque pendant laquelle le roman était peu considéré, voire déconsidéré ; jugé futile, et même pernicieux. Mais Les aventures de Télémaque inaugurent un genre, le roman pédagogique, dont le but est d'instruire, d'éduquer, grâce à un contenu attrayant (on parlerait aujourd'hui de « ludique » sans doute). En effet, Fénelon est depuis 1689 précepteur du duc de Bourgogne, le petit fils de Louis XIV, dont le destin était d'être un jour le roi de France.

Et c'est pour son élève que Fénelon se lance dans l'écriture d'une série de fictions pédagogiques comme des fables ou des dialogues des morts qui mettent en scène des personnages célèbres. Les voyages de Télémaque seront l'aboutissement de cette entreprise d'éducation par la fiction.

L'oeuvre aurait été composée vers 1694-1695 ; le duc de Bourgogne avait à l'époque environ 12 ans. Elle était destinée à l'illustre élève de Fénelon, et non pas à la publication. Elle ne paraîtra qu'en 1698 partiellement et en 1699 en entier. Fénelon a mis cette publication sur le compte d'un domestique, qui chargé de copier le texte, s'en serait emparé et l'aurait vendu à une libraire. le contenu inquiète les autorités qui saisissent le texte en cours de parution en France ; la totalité ne sera imprimé qu'à La Haye avant de revenir circuler en France, et de provoquer un large écho, qui se poursuivra tout au long du XVIIIe siècle. En 1699 Fénelon était tombé en disgrâce, à cause de ce qu'on a appelé « la querelle du quiétisme » ; parti dans son archevêché, il n'assurait plus les fonctions du précepteur de l'héritier royal.

Les aventures de Télémaque sont censées nous narrer ce qui est arrivé au fils d'Ulysse, parti à la recherche de son père à la fin du chant IV de l'Odyssée et qu'il retrouvera au chant X : Fénelon imagine des voyages, un apprentissage, que Télémaque va effectuer grâce à la présence bienveillante et vigilante de la déesse Athéna, qui se dissimule sous les traits de Mentor, un ami d'Ulysse. En 24 livres, Fénelon nous promène autour de tout le bassin méditerranéen, fait observer de nombreux mythes, des modes de gouvernement, des organisations sociales, rencontrer de nombreux personnages… Des événements ne manquent pas dans le voyage : guerres, tempêtes, interventions divines… Les aventures de Télémaque sont une sorte de condensé de l'Odyssée, de l'Iliade, de l'Enéide.

Différents objectifs pédagogiques sont recherchés par l'ouvrage. Déjà familiariser, donner le goût de la culture antique, base de la culture humaniste. Mais il s'agit aussi de faire ressortir les bonnes façons de gouverner pour un souverain, c'est une leçon de gouvernance politique à destination d'un prince. Et au final, une morale chrétienne émerge, tout homme, fut-il roi, n'est rien auprès de Dieu ; son soucis principal doit être une obéissance aux lois divines.

Les leçons de Fénelon en matière politique ont eu une résonance forte : il condamne en effet une façon de vivre somptuaire et dispendieuse du souverain, fait ressortir tous les effets néfastes de la guerre. le bon souverain est au service du bien être de son peuple, et doit être soumis de façon absolu aux lois. Les contemporains y ont vu une critique forte de Louis XIV, identifié par de nombreux commentateurs à Pygmalion, le mauvais roi par excellence.

Tout cela peut sembler terriblement austère et compliqué, mais Les aventures de Télémaque, écrit pour un jeune adolescent, sont avant tout un livre plein de charmes et de rebondissements, varié et très bien composé, pour que ses leçons restent plaisantes et agréables à lire. Et Fénelon écrit merveilleusement, dans la belle langue du XVIIe siècle, élégante et souple. Il ne faut donc pas hésiter à se lancer dans cette lecture, à la fois moment de détente et de réflexion, même si quelques siècles ont passé et que d'autres conceptions et analyses de la société ont vu le jour.
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Télémaque c'est un peu le Tintin du dix-huitième siècle. Accompagné de son fidèle Mentor (qui n'est pas un chien, mais la déesse Minerve qui le protège et lui prodigue de sages conseils, dissimulée sous les traits de son précepteur), il parcourt la mer Méditerranée à la recherche de son père Ulysse, comme celui-ci la parcourt pour retrouver sa patrie. Il y a une évolution dans ses aventures homériques (certaines platement moralisatrices, d'autres plus intéressantes) et on peut assez facilement les distinguer, en leur donnant des titres à la façon d'Hergé :

Du livre premier au livre troisième, qui pourrait s'intituler « Télémaque en Orient », le héros visite l'Egypte et la Phénicie, il y constate que les bons et les mauvais rois se succèdent, ce qui permet à Fénelon de comparer les bonnes et les mauvaises façons de gouverner. Car, il faut le rappeler, il a écrit Les aventures de Télémaque avant tout pour éduquer son illustre élève : le duc de Bourgogne, le petit-fils de Louis XIV, dauphin de France, âgé alors d'une dizaine d'années.

« Télémaque dans les îles de l'illusion », du livre quatrième au livre septième, raconte ses aventures en Crète, mais surtout sur l'île de Chypre, l'île de Vénus dont il se fait une ennemie acharnée en refusant de la glorifier, et puis sur l'île de Calypso à laquelle il échappe grâce à une vertu plus affirmée qu'Ulysse. L'amour et les femmes sont les deux grands sujets de cette partie et le prêtre Fénelon se montre sans pitié pour eux. Il n'a pas assez de mots pour condamner le « cruel amour », l'« amour empesté », « ce honteux tyran » qu'il assimile à la luxure et la débauche. Quant aux femmes, tout au long de ce roman, elles ne sont que la source du malheur des héros de la Grèce antique, Phèdre, Clytemnestre, Déjanire, etc. Il n'y a que la chaste et invisible Pénélope qui trouve grâce à ses yeux.

Dans « le roi de Salente », du livre huitième au livre onzième, Télémaque rencontre Idoménée, le roi d'une colonie grecque sur la côte de l'Italie. Presque toutes les autres aventures de Télémaque vont se passer à cet endroit précis (le talon de la botte d'Italie), où Fénelon opère une savante mythification de l'Histoire de ce pays et des peuples qui l'habitaient, tout en faisant des allusions évidentes au règne de Louis XIV. Idoménée, qui n'est pas un mauvais roi, s'est laissé entraîner dans une guerre contre tous ses voisins, il est entouré de mauvais conseillés et gère mal sa cité en construisant de magnifiques bâtiments mais en laissant l'économie partir à vau-l'eau. Bref, tout ce qu'on a pu reprocher à Louis XIV et tout ce que lui-même regrettera sur son lit de mort en donnant ses derniers conseils à Louis XV (d'après ce que rapporte Saint-Simon dans ses Mémoires) : « Mon enfant, vous allez être un grand roi ; ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j'ai eu pour la guerre ; tâchez, au contraire, d'avoir la paix avec vos voisins. Rendez à Dieu ce que vous lui devez ; reconnaissez les obligations que vous lui avez, faites-le honorer par vos sujets. Suivez toujours les bons conseils, tâchez de soulager vos peuples ; ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pu faire. » Fénelon, à travers Mentor, y développe ses idées politiques, économiques, sociales, avec une place prépondérante donnée à l'agriculture.

Pour les chapitres suivants, je n'ai pas trouvé de titre satisfaisant, avec une bonne « tintinitude ». Disons « La guerre et l'enfer ». Non pas que Fénelon pense que la guerre soit toujours un enfer – pacifiste face aux guerres de conquête, il trouve quand même des vertus dans le combat et les guerres défensives – mais dans ce passage qui ressemble beaucoup plus à l'Iliade qu'à l'Odyssée, Télémaque se bat avec des alliés contre un ennemi commun et il connait la gloire militaire, et d'un autre côté, dans un chapitre intercalé, il part à la recherche de son père dans les enfers. Fénelon, en comparant les rois au Tartare et ceux aux Champs-Elysées, en profite encore pour donner des leçons de morale, sur la manière vertueuse de gouverner.

Et cela continue dans « le retour de Télémaque », la dernière partie. En passant par Salente, avant de revenir sur Ithaque, Mentor donne ses derniers conseils à Idoménée et Télémaque, toujours en insistant sur la vertu.
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Moment d'histoire

François de Salignac de la Motte-Fénelon revisite l'histoire antique, les souvenirs d'Homère et de Virgile dans une veine fleurie, mais c'est bien sûr le précepteur qui rafraîchit la mémoire -un exercice donc- de son insigne élève.
Au moment où il rédige les Aventures de Télémaque, l'histoire de France s'écrit avec lui :
"C'est Louis XIV qui précipita la disgrâce de Fénelon, lui enjoignant de s'exiler à Cambrai et lui retirant son préceptorat et son appartement à Versailles. Cédant à une sorte d'ultimatum, le pape condamna les Maximes des Saints en 1699. Fénelon se soumit solennellement, avec une humilité qu'il voulait rendre édifiante. : il avait refusé de plier devant Bossuet, mais s'honorait de s'incliner devant la décision du pape. Mais il ne se soumit jamais du fond du coeur. Sa carrière était brisée."
Admirable cet homme.
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Alors que sa mère, la fidèle Pénélope, tient ferme face aux sollicitations importunes de ces prétendants, Télémaque, accompagné de Minerve, qui le guide sous les dehors de Mentor, son avisé précepteur, part à travers le vaste monde connu d'alors, à la recherche de son père, le sage et rusé Ulysse, maître d'Ithaque, qui n'est toujours pas revenu du siège victorieux de Troie. le récit s'ouvre sur leur naufrage sur l'île de Calypso, déesse rendue inconsolable par le départ d'Ulysse, qui a repoussé ses ruses visant à le retenir à jamais chez elle, encourant sa colère, ainsi que l'ire de Vénus qui ne tolère pas qu'on dédaigne son fils Amour, qui s'en est allé demander vengeance auprès de Neptune, qui lui est attaché, depuis qu'elle est sortie des ondes, dont il est le maitre incontesté.

Fénelon alias Mentor, a composé ce grand classique de notre littérature, pour le plaisir et le profit du Duc de Bourgogne, le Télémaque du récit, dans le but habile de l'instruire en l'amusant. Oeuvre didactique donc, qu'on peut considérer comme le premier des contes philosophiques. Elle a en effet une portée politique évidente, le Roi Louis XIV ne s'y est pas trompé, qui en a pris ombrage, s'y voyant à chaque page, malgré les dénégations de l'auteur, qui affirme n'avoir voulu viser personne. C'est cette dimension édifiante qui rend l'abord du Télémaque quelque peu difficile : les laius de Mentor sur la façon de se bien conduire afin que les états soient correctement gouvernés et policés sont assez pesants. En revanche, le récit des aventures des personnages, des traverses par lesquelles ils passent, des combats auquel prend part Télémaque, les confidences des êtres que les deux héros rencontrent, sont passionnants, le style de l'auteur est remarquable sans être précieux. C'est, à mon sens, l'oeuvre de mythologie la plus agréable à lire, parfaite introduction à un univers qui semble parfois aride et hiératique.
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Télémaque recherche son père Ulysse et arrive sur l'île de Calypso avec Mentor. Il est parti d'Ithaque pour demander aux autres rois revenus du siège de Troie des nouvelles de son père. Il est allé à Pylos puis Lacédémone voir Ménélas. Et il a rejoint les côtes de Sicile ou il a perdu son bateau et son équipage détruits par les Troyens. Mais le roi Alceste leur donne un nouveau navire et des rameurs phéniciens après que Mentor ait déjoué une attaque de barbares Himeriens. Malheureusement, ils sont arrêtés par les troupes égyptiennes du roi Sésostris, menés à Memphis et à Thèbes. Mentor est envoyé en esclavage en Nubie et Télémaque dans le désert ou il devient berger. Sa droiture le rend populaire et transforme le peuple des bergers mais à la mort de Sésostris, Télémaque est emprisonné et sauve par les phéniciens. Il est embarqué sur un navire de prisonniers pour Tyr ou règne le tyran Pygmalion qui a tué le mari de Didon. Il réussit à en échapper et part pour Chypre ou il découvre le temple à Venus sur l'île de Cythère mais refuse de l'honorer, ce qui lui vaut un courroux de la déesse. Il y retrouve Mentor devenu esclave de Hasael. Ils partent alors pour la Crête, riche du gouvernement du roi Minos. Ils participent à l'élection du nouveau roi et Télémaque fait preuve d'audace et de sagesse. Ils repartent et se retrouvent sur l'île de Calypso naufragés ou ils doivent affronter les épreuves de Vénus dont l'amour qu'elle envoie sur Télémaque. Ils fuient à bord d'un bateau phénicien pour rejoindre Ithaque mais les dieux trompent le navigateur Acamas et ils abordent Salente la ville qu'Idoménée fait construire en Hesperie après avoir vaincu à Troie avec Ulysse. Mentor négocie la paix avec les barbares des contrées voisines pour Idoménée et organise la guerre des coalises contre Adraste, le roi des Dauniens. Alors que Mentor conseille le roi Idoménée pour bâtir une république idéale, Télémaque mène le combat contre Adraste et entre deux batailles, il descend aux enfers chercher son père Ulysse et y rencontre tous les rois en Tartare qui ont abusé de leur pouvoir. Après avoir tué le fourbe Adraste, il tombe amoureux de la fille d'Idoménée, Antiope. Enfin, Mentor se révèle à Télémaque sous les traits de Minerve - ou Athéna.
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Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Souvenez-vous, ô Télémaque, qu’il y a deux choses pernicieuses, dans le gouvernement des peuples, auxquelles on n’apporte presque jamais aucun remède : la première est une autorité injuste et trop violente dans les rois ; la seconde est le luxe, qui corrompt les mœurs.
Quand les rois s’accoutument à ne connaître plus d’autres lois que leurs volontés absolues, et qu’ils ne mettent plus de frein à leurs passions, ils peuvent tout : mais à force de tout pouvoir, ils sapent les fondements de leur puissance ; ils n’ont plus de règles certaines, ni de maximes de gouvernement ; chacun à l’envi les flatte ; ils n’ont plus de peuple, il ne leur reste que des esclaves, dont le nombre diminue chaque jour. Qui leur dira la vérité ? qui donnera des bornes à ce torrent ? Tout cède ; les sages s’enfuient, se cachent, et gémissent. Il n’y a qu’une révolution soudaine et violente qui puisse ramener dans son cours naturel cette puissance débordée : souvent même le coup qui pourrait la modérer l’abat sans ressource.
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Nous nous ferons gloire d’être toujours ignorants et barbares, mais justes, humains, fidèles, désintéressés, accoutumés à nous contenter de peu, et à mépriser la vaine délicatesse qui fait qu’on a besoin d’avoir beaucoup. Ce que nous estimons, c’est la santé, la frugalité, la liberté, la vigueur de corps et d’esprit ; c’est l’amour de la vertu, la crainte des dieux, le bon naturel pour nos proches, l’attachement à nos amis, la fidélité pour tout le monde, la modération dans la prospérité, la fermeté dans les malheurs, le courage pour dire toujours hardiment la vérité, l’horreur de la flatterie. Voilà quels sont les peuples que nous t’offrons pour voisins et pour alliés. Si les dieux irrités t’aveuglent jusqu’à te faire refuser la paix, tu apprendras, mais trop tard, que les gens qui aiment par modération la paix sont les plus redoutables dans la guerre.
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"Un roi qui ne se gouverner que dans la paix ou dans la guerre, et qui n'est pas capable de conduire son peuple dans ces deux états, n'est qu'à demi roi. Mais si vous comparez un roi qui ne sait que la guerre à un roi sage, qui, sans savoir la guerre, est capable de la soutenir dans le besoin par ses généraux, je le trouve préférable à l'autre. Un roi entièrement tourné à la guerre voudrait toujours la faire. Pour étendre sa domination et sa gloire propre, il ruinerait ses peuples. À quoi sert-il un peuple que son roi subjugue d'autres nations, si on est malheureux sous son règne ? D'ailleurs les longues guerres entrainent toujours après elles beaucoup de désordres. Les victorieux même se dérèglent pendant ces temps de confusion.(...) Lorsque tout est en feu par la guerre, les lois, l'agriculture, les arts languissent. Les meilleurs princes même, pendant qu'ils ont une guerre à soutenir, sont contraints de faire le plus grand des maux, qui est de tolérer la licence et de servir des méchants. Combien y a-t-il de scélérats qu'on plairait pendant la paix, et dont on a besoin de récompenser l'audace dans les désordres de la guerre ? Jamais aucun peuple n'a eu un roi conquérant, sans avoir beaucoup à souffrir de son ambition. Un conquérant, enivré de sa gloire, ruine presque autant sa nation victorieuse que les nations vaincues. Un prince qui n'a point les qualités nécessaires pour la paix ne peut faire goûter à ses sujets les fruits d'une guerre heureusement finie. Il est comme un homme qui défendrait son champ contre son voisin et qui usurperait celui du voisin même, mais qui ne saurait ni labourer, ni semer, pour recueillir aucune moisson. Un tel homme semble ne pour détruire, pour ravager, pour renverser le monde, et non pour rendre un peuple heureux par un sage gouvernement." pg 107
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Télémaque lui répondit: O vous, qui que vous soyez, mortelle ou déesse (quoique à vous voir on ne puisse vous prendre que pour une divinité*), seriez-vous insensible au malheur d'un fils, qui, cherchant son père à la merci des vents et des flots, a vu briser son navire contre vos rochers? Quel est donc votre père que vous cherchez? reprit la déesse. Il se nomme Ulysse, dit Télémaque; c'est un des rois qui ont, après un siège de dix ans, renversé la fameuse Troie. Son nom fut célèbre dans toute la Grèce et dans toute l'Asie, par sa valeur dans les combats, et plus encore par sa sagesse dans les conseils. Maintenant, errant dans toute l'étendue des mers, il a parcouru tous les écueils les plus terribles. Sa patrie semble fuir devant lui. Pénélope sa femme, et moi qui suis son fils; nous avons perdu l'espérance de le revoir. Je cours, avec les mêmes dangers que lui, pour apprendre où il est. Mais que dis-je? peut-être qu'il est maintenant enseveli dans les profonds abîmes de la mer. Ayez pitié de nos malheurs; et si vous savez, ô déesse, ce que les destinées ont fait pour sauver ou pour perdre Ulysse, daignez en instruire son fils Télémaque.
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Enfin, il demanda comme une grâce qu’on ne lui donnât plus aucune louange. Ce n’est pas, dit-il, que je ne les aime, surtout quand elles sont données par de si bons juges de la vertu; mais c’est que je crains de les aimer trop : elles corrompent les hommes, elles les remplissent d’eux-mêmes, elles les rendent vains et présomptueux. Il faut les mériter et les fuir : les meilleures louanges ressemblent aux fausses. Les plus méchants de tous les hommes, qui sont les tyrans, sont ceux qui se sont faits le plus louer par des flatteurs. Quel plaisir y a-t-il à être loué comme eux? Les bonnes louanges sont celles que vous me donnerez en mon absence, si je suis assez heureux pour en mériter. Si vous me croyez véritablement bon, vous devez croire aussi que je veux être modeste et craindre la vanité : épargnez-moi donc, si vous m’estimez, et ne me louez pas comme un homme amoureux des louanges.

Vingt-et-unième livre
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Video de François de Salignac de La Mothe Fénelon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François de Salignac de La Mothe Fénelon
Nathalie Sarraute, née en 1900, est l'une des auteures qui ont le plus marqué le XX° siècle. À partir de la parution de Tropismes en 1939, l'écrivaine née en Russie a connu une reconnaissance tardive. Parmi les jalons de son existence, après sa naissance à Ivanovo (Russie), il y a notamment le départ pour la France, dans son âge tendre, puis la scolarité au lycée Fénelon, et les études d'anglais et de droit.
Pour en parler, Olivia Gesbert reçoit Ann Jefferson, auteure de "Nathalie Sarraute" (Flammarion, 2019) qui revient sur la trajectoire de l'écrivaine.
La Grande table Culture d?Olivia Gesbert ? émission du 16 octobre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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