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EAN : 9782702168424
272 pages
KERO (10/03/2021)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Soixante-cinq des plus grands noms de la magistrature, parmi lesquels François Molins, procureur général près la Cour de cassation, ou Jean-Michel Hayat, premier président de la cour d'appel de Paris, mais aussi des juges des enfants, des avocats généraux, des procureurs, des membres du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, du Conseil supérieur de la magistrature, qui officient aussi bien dans des tribunaux de commerce que dans l’antiterrorisme, à Paris en pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En prenant le parti de décrire la charge de celles et ceux ayant pour mission et responsabilité de juger les autres, le réalisateur Robert Salis a initialement sorti un film/documentaire dénommé "Rendre la Justice".

Avec sa version littéraire, qui reprend et poursuit l'étude menée face caméra, il confirme avoir souhaité "donner la parole aux magistrats", pour mieux connaître "leur ressenti et leur façon de travailler", tant cette institution incontournable est aujourd'hui en crise et dénuée de moyens adéquats pour l'assurer correctement (et principalement dans des délais respectables et raisonnables), dans le souci de garantir à chacun un égal accès.

Au travers de multiples entretiens avec ces professionnels de tous ordres et aux parcours très diversifiés, Robert Salis démontre ainsi toute la complexité du système judiciaire actuel, ses failles, mais encore les qualités et les défauts de celles et ceux qui doivent composer avec ses lacunes ou paradoxes, ce qui est tout à leur honneur tant la tâche est délicate.
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Je n'ai pas fait d'études de droit ni ne fréquente de personnes travaillant dans les métiers de la Justice. En tant que citoyenne et par curiosité intellectuelle, il m'a semblé que l'ouvrage "Rendre la justice" serait un outil idéal pour comprendre mieux la Justice en France, ses rouages et ses acteurs. J'ai reçu ce livre édité par Calmann Levy dans le cadre de l'Opération Masse Critique Non fiction de Babelio et il n'a pas déçu mes attentes.
Il est imposant par la taille (plus de 550 pages) mais il est possible de lire ses chapitres dans le désordre car chacun est écrit par un intervenant différent qui propose un témoignage ou une réflexion ciblée sur un thème précis, ce qui donne à la fin une vision multiple, détaillée et nuancée.
Certains chapitres sont techniques, c'est inévitable, mais ils sont pour la plupart éclairants. Dans une société où l'institution judiciaire traverse une crise de confiance pour des raisons souvent justifiées et d'autres fois injustes, il est passionnant de lire les questionnements, les problèmes, les propositions aussi, de professionnels qui sont au coeur de la machine.
Nous découvrons donc la multiplicité des métiers (juges des enfants, avocats généraux, procureurs, membres de différents Conseils), traitant de litiges commerciaux, familiaux autant que de crimes, ainsi que la multiplicité des lieux où ils exercent (capitale, régions, Outremer) et chaque fois des problèmes d'outils et de moyens avec lesquels ils composent. Sans oublier la diversité de leur recrutement et de leur origine qui n'est pas forcément toujours celle d'une élite déconnectée du commun des mortels.
Les questions d'éthique que nombre d'entre eux doivent se poser sont colossales et ils savent faire preuve d'humilité. Comme dans tous les milieux, tout le monde n'a pas l'unique ambition de devenir ministre à la place du ministre. Certains souhaitent d'abord remplir leur rôle avec conscience professionnelle, sauf que dans leur cas l'erreur a plus de gravité que si un cordonnier rate le talon d'une sandale.
Même si on ne peut nier que la lourdeur et la lenteur des procédures engendrent une "violence institutionnelle" envers les victimes, il est intéressant de lire que la vocation des professionnels est de " réparer les équilibres " (p.68), et de faire preuve de sollicitude.
De lire aussi qu'ils ont à coeur de lutter contre leurs propres préjugés et que dans cette quête d'impartialité l'audience est essentielle. Que la justice est donc une "oeuvre collective", qui se construit dans l'écoute des parties et ne sort pas toute faite à la lecture solitaire d'un dossier.
Intéressant de prendre conscience que les drames et les litiges qu'ils doivent reconnaître et juger renvoient souvent à des problèmes sociétaux. Qu'ils se doivent donc aussi d'être à l'écoute des aspirations collectives même s'ils appliquent d'abord la loi.
Je suis loin d'avoir abordé tous les points intéressant de cet ouvrage riche et passionnant mais je souhaite vous avoir donné envie d'aller y voir par vous-même.
Cet ouvrage est le prolongement d'un film documentaire ( que je ne connais pas encore) du même auteur. Il est centré sur le point de vue des juges et des procureurs. Robert Salis annonce la préparation d'un tome 2 qui donnera la parole aux avocats. Certainement pour que nous puissions nous faire une idée la plus juste possible d'une institution qui traverse une grave crise de légitimité mais ne doit pas être abandonnée ni dénigrée sans que nous cherchions à la perfectionner car elle reste un pilier essentiel de la démocratie.
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Étant juriste de profession, j'ai eu la chance de me plonger dans les méandres des rouages de la justice ( en plus de me rappeler des souvenirs vis-à-vis de mes cours en fac).
Dès le début, j'ai su que cet ouvrage allait me ravir et les premiers témoignages ont entériné ce sentiment ! Même si certains d'entre eux étaient parfois un peu long et redondant (quoi que nécessaire pour bien comprendre toutes les problématiques du système judiciaire).
Qu'il est compliqué de « rendre la justice » de nos jours...la méfiance des justiciables, la photographie dépeinte dans les médias (ou les propos de certains politiques envers l'institution judiciaire), le nouveau « tribunal public » des réseaux sociaux sont autant de facteurs qui,aujourd'hui, participent à véhiculer une mauvaise image de la justice. Une justice lente, lourde, non humaine accompagnée d'un magistrat corrompu bien trop dépendant du pouvoir politique.
Et pourtant, derrière ces préjugés, il y a des hommes et des femmes qui, chaque jour sans relâche, se démènent pour ne pas seulement « rendre la justice » mais rendre service, tenter de réparer les outrages, tenter de « défendre par la loi les causes pour lesquelles ils se battent » !
Mais ce livre n'a pas seulement pour vocation de montrer ce qu'est de « rendre la justice », il démontre que l'institution judiciaire est composée d'une multitude de métiers et de fonctions toutes plus importantes les unes que les autres. C'est aussi montrer que la justice, ce n'est pas seulement les tribunaux, mais toutes les administrations autours qui oeuvrent, elles aussi, à son bon déroulement ( administration pénitentiaire, protection judiciaire de la jeunesse, SPIP..). Enfin, c'est montrer que derrière l'homme de loi, il y a l'Homme tout court qui peut parfois se laisser emporter par ses préjugés et son intime conviction, mais qui jamais n'oublie ses devoirs : impartialité, intégrité, probité, indépendance, recherche du juste...
Il faut du courage pour « rendre la justice » et, compte-tenu de la défiance de la population envers l'institution judiciaire, il était vraiment nécessaire de donner la parole à tous ces professionnels courageux pour qu'une nouvelle vision de la justice soit montrée !
A travers cet ouvrage, vous découvrirez toutes ces choses de manière plus poignantes via les différents témoignages des personnes qui servent la justice : ils sont procureur, greffier, premier président de la Cour de cassation, avocat général près de la cour d'appel, juge d'instruction, JAP, président de tribunaux judiciaires...ils sont de tous corps et de tous horizons et sont tous là pour un seul objectif « rendre la justice » !
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Le réalisateur Robert Salis a initialement sorti un documentaire avant de prendre la direction de ce roman afin d'y décrire le travail de celles et ceux qui ont pour mission de juger leurs semblables.

Il confirme avoir souhaité "donner la parole aux magistrats", pour mieux connaître "leur ressenti et leur façon de travailler", tant cette institution est aujourd'hui en crise et mal comprise par nombre d'ente nous.

Au travers de multiples entretiens avec tous ces professionnels aux parcours très diversifiés, Robert Salis démontre ainsi toute la complexité du système judiciaire, en pointant du doigt ses failles, et en mettant en avant les qualités et les défauts de toutes celles et tous ceux qui doivent composer avec les lacunes ou paradoxes.

Ancienne secrétaire juridique dans un cabinet d'avocats après avoir été vacataire/agent administratif pour le Tribunal de Grande Instance de Paris, je savais que ce roman allait me plaire. Même si certains témoignages étaient parfois un peu longs et redondants, ils étaient toutefois nécessaires à la compréhension du système judiciaire tel qu'il est aujourd'hui.

En dépit de la mauvaise image de la justice envers laquelle les justiciables ont de moins en moins confiance, ces hommes et ces femmes qui tentent tant bien que mal à "rendre la justice" de manière le plus équitable et tenter de défendre aux mieux les intérêts de la société.

Ce livre vous permettra de vous même vous faire votre propre opinion sur le métier de celles et ceux qui servent la justice.
Lien : http://katiaeray.blogspot.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le juge rend la justice parce qu’il est investi de cette mission.

Si, ainsi que l’écrivait Portalis, « la justice est la première dette de la souveraineté », alors le juge en est le principal débiteur. Par serment prêté, il s’est obligé à faire œuvre de justice. En retour, le peuple français l’a investi du pouvoir de dire le droit et de trancher les litiges en son nom.

Le film de Robert Salis et le présent ouvrage dans sa suite donnent la parole à ces femmes et à ces hommes qui jugent pour faire valoir et veiller au respect des droits de chacun, faire cesser le trouble, mettre fin au litige, réparer le dommage. Tous appliquent la loi pour apaiser ce que le conflit attise, défendre ceux dont les droits sont bafoués et protéger ceux que la force opprime. Tenus de trancher un litige opposant des parties aux intérêts divergents, passé le temps du doute, de la réflexion, il leur revient de dire le droit en qualité de garants de la sauvegarde des libertés. La réalisation du droit par le juge assure ainsi la paix sociale dont il est l’un des fervents gardiens.

Cependant, en plus de sa mission originelle de résolution juridique des différends, le juge a de nouvelles attributions. Tour à tour régulateur, modérateur, contrôleur, administrateur ou encore gestionnaire : le périmètre de son office ne cesse de croître, et l’image du juge se brouille.

Cette perpétuelle redéfinition de l’office du juge entraîne une perte de repères que double un déficit de confiance. Face au constat d’un changement substantiel de la nature des missions du juge ainsi que de son périmètre d’action, des critiques, parfois vives, sont proférées, remettant en cause la légitimité du juge. Le citoyen semble remettre en question sa place, son rôle : « Qui est ce juge qui me juge ? De quel droit dit-il le droit pour trancher mon litige ? »

La crise de confiance que traverse la justice n’est pas nouvelle, ni singulière, mais elle est accentuée par cette perte de repères.

D’un autre côté, si juger se fait toujours plus difficile, la soif de justice ne s’étanche jamais et les justiciables demandent et attendent beaucoup de l’institution judiciaire : une justice sans délais, sans arriérés, sans statistiques ; une justice de proximité, simple, rapide et intelligible.

Or l’un des fondements de la confiance des citoyens en la justice est certainement la légitimité de ceux qui prennent des décisions « au nom du peuple français » et à qui incombe une lourde responsabilité.

En vue d’asseoir la confiance des justiciables et de permettre à la justice de jouer pleinement son rôle de garante de l’État de droit et de la démocratie, il faut se poser la question de savoir sur quoi se fonde la légitimité du juge.

En France, le juge ne tient pas sa légitimité de l’élection, mais bien plutôt de son indépendance et de son impartialité, de la responsabilité qui découle de ses fonctions, de sa déontologie, de sa formation et de ses méthodes de travail.
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Tous les juges pourraient le dire, l’essentiel est que la décision rendue soit la mieux comprise possible quelle que soit son issue, même si elle a du mal à être acceptée. D’autant qu’il peut y avoir, surtout en matière civile, financière ou commerciale, des parties délibérément procédurières qui ont tout intérêt à faire en sorte que les procédures s’éternisent, en additionnant les renvois et les recours, pour que la partie adverse finisse par se lasser et abandonner.

Mais faire bien comprendre sa décision en l’expliquant au justiciable ou en la motivant le mieux possible, le juge en a-t-il vraiment le temps lorsque les affaires se succèdent à un rythme effréné ? Le juge apprend à rester neutre, à contrôler ses émotions, à ne rien laisser paraître de ce qu’il pense alors que le justiciable face à lui n’est qu’un concentré d’émotions, prêt à exploser ou se refermer sur lui-même de peur de ne pas savoir s’exprimer et d’être incompris. Il entend la justice comme une langue étrangère qu’il n’a pas apprise et qu’il doit décrypter sans en avoir les codes. Il se sent démuni et perdu même si son avocat le rassure et le représente avec beaucoup de compétence.

En plus des reproches récurrents d’une justice trop laxiste ou trop sévère, trop lente ou trop expéditive, l’un des plus fréquents est qu’elle est mal comprise et source de méfiance, qu’elle suscite la perplexité ou pire, le mépris.

D’où la tentation de s’emparer des réseaux sociaux pour la remplacer et se faire justice.

Or le formidable élan porté par les réseaux sociaux peut impacter et faire progresser les questions sociétales à condition seulement qu’ils restent des tribunes de libre expression salutaire et qu’ils ne se transforment pas en tribunaux expéditifs, bafouant impunément et sans vergogne les fondamentaux de la justice : le respect du contradictoire, de la présomption d’innocence et de la loi, car à ce moment-là les tentations seraient gravement préjudiciables d’amalgamer justice et vengeance et de penser en justicier. Il est des progrès qui peuvent induire des régressions.

Car si elles sont légitimes pour ceux qui les emploient et ceux qui les approuvent, en libérant les paroles qui ont été bafouées ou pas entendues depuis bien trop longtemps, ces méthodes peuvent vite devenir de redoutables entreprises de délation et des fabriques de préjugés aux mécanismes incontrôlés, bien éloignés d’une justice digne de ce nom.
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La justice est-elle seulement un service public dont nous serions les simples usagers comme nous le sommes des transports en commun ou porte-t-elle en elle les fondations et les garanties essentielles propres à pérenniser les démocraties ? Ce qui caractérise la justice, c’est d’être à la fois une institution et une valeur. Sans doute la plus belle et la plus précieuse d’entre elles et l’une des seules à avoir son ministère. Il n’y a pas de ministère du Courage par exemple. L’institution se doit alors d’être à la hauteur de la valeur qu’elle représente.

Mais est-ce le cas ? C’est à cette question première et à toutes celles, nombreuses, qu’elle induit que les juges dont les témoignages composent cet ouvrage ont accepté de répondre, au-delà du devoir de réserve auquel ils sont astreints.

Je les ai contactés en leur demandant de rédiger un texte autour de leur conception de la justice et de la magistrature en leur donnant carte blanche quant au choix du sujet. Chacun a donc développé celui qui l’inspirait le mieux et à partir duquel il pouvait exposer des pistes de réflexion pertinentes sur la façon d’exercer la justice, de la comprendre et de la rendre, voire de l’améliorer.

Si j’ai pu les convaincre c’est grâce à la chance que mon film leur ait plu. Et pourtant lors de la première projection avec eux, je n’en menais pas large. Toutes celles et ceux qui nous avaient fait l’honneur, à mon coauteur Jean-Christophe Hullin et moi-même, de nous confier leurs témoignages étaient là bien présents et bien sûr, j’appréhendais leurs réactions. J’allais être jugé par un parterre de juges, bien plus anxieux que si j’étais au tribunal, dans l’attente et l’espoir que leurs remarques ne soient pas celles d’un jugement dernier.
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Rendre la justice. Pourquoi ce titre ? C’est la question qui m’a été le plus souvent posée par le public lors des débats après les projections du film que j’ai réalisé, intitulé ainsi, et qui m’a inspiré la conception de ce livre pour lequel j’ai tenu à garder ce même titre.

Parce que « rendre la justice » est emblématique de la fonction des juges, de leur mission première, mais aussi pour les divers sens du verbe « rendre ».

Rendre comme on vomit, comme on extrait de soi un corps étranger qui vous rendrait malade. Rendre comme on rend, à qui vous a fait du mal, la monnaie de sa pièce. Rendre ce que l’on croit avoir perdu sans l’avoir jamais eu. Rendre comme restituer pour faire triompher l’équité. Rendre les honneurs, rendre les armes, rendre comme « rends-toi et obéis », comme se rendre et capituler. Rendre fou et enfin rendre l’âme, ce qui résume tout.

Mais au-delà de ces significations différentes, rendre la justice, ce n’est pas la vomir, c’est avant tout défendre par la loi les causes pour lesquelles on se bat. Encore faut-il, parmi tous ces sens, privilégier celui qui immédiatement nous protège le mieux : rendre service.
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