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Citations sur Les Petrov, la grippe, etc. (16)

Petrov n’avait jamais eu d’ambition particulière même pas dans son passé et c’est pourquoi il ne réussissait pas à éprouver de désillusion d’aucun genre concernant sa propre vie.
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Au final, on élit non pas ceux qui peuvent diriger le pays, mais ceux qui veulent le diriger.
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Le roi Lear, c’est déjà dur à lire, et le film est carrément impossible à regarder, mais tomber dans un trolley sur plusieurs spécimens du roi d’un coup, c’est comme survivre à plusieurs séances de Bim, le chien blanc à l’oreille noire.
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Par contre, les autobus n'avaient pas du tout changé, ils étaient toujours bi-articulé, avec des soufflets au milieu, il y faisait toujours froid en hiver, et on été ils étaient insupportablement poussiéreux et étouffants. Les dossiers des sièges semblaient rongés par les passagers. En fait, il y avait deux types d'autobus : les vieux jaunes dont le sol en caoutchouc était usé par endroits – et à travers les trous de leur plancher on voyait le métal de la carcasse (Petrova avait entendu aux informations qu'un jour une femme était passée à travers un de ces trous, mais elle était resté coincé entre l'autobus et la chaussée) - et les autobus presque neuf, bleu marine en bas et blancs en haut, les meilleurs. Un autobus bleu et blanc s'approchait justement de l'arrêt, il débarqua une flopée de passagers ; presque tout le monde descendait en effet à l'arrêt de l'hôpital, si bien que le bus se retrouva pratiquement vide.
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Petrov acheta une boîte de paracétamol, reprit le chemin de la station de métro, acheta de l’eau gazeuse dans un kiosque, avala le cachet de paracétamol, descendit dans le métro en contournant des balayeuses en gilet orange qui grattaient la neige gelée sur les marches en pierre, passa à côté d’un milicien qui manifestement le prit pour un drogué et s’élança vers lui, mais, ayant remarqué un Asiatique encore plus typé que lui, laissa tomber. Petrov se plaça dans la file d’attente pour acheter des jetons, tout en continuant de pester intérieurement contre la pharmacienne, comme si c’était à cause d’elle qu’il n’avait pas réussi à trouver une bonne blague. Et ce n’est que lorsqu’il aperçut la caissière derrière son guichet en verre, ses cheveux teints en roux relevés en queue-de-cheval serrée, qu’il eut une illumination.
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En général, le stade Central était la destination de provinciales chargées de cabas chinois à carreaux qui, essoufflées, demandaient à tout bout de champ quand elles devaient descendre, regardant avec angoisse par les fenêtres, paniquées à l’idée de rater leur arrêt. Ce n’étaient pas des supporters, en fait : juste en face du stade se dressait une prison, et toutes ces femmes s’y rendaient pour visiter leurs fistons. Petrov trouvait insupportable de les regarder parce qu’en son temps lui-même aurait pu s’y retrouver du fait de son âge plus que bête. Il n’avait aucun mal à s’imaginer sa mère essayant de courir après un moyen de transport dans une ville inconnue où Petrov aurait fait de la taule, et demandant avec la même angoisse à quel arrêt descendre. Petrov éprouvait donc à l’égard de ces mamans fébriles un dégoût suprême. Il détournait toujours le regard ou se tapissait dans un coin lorsqu’il apercevait leurs foulards retombant sur le côté ou sur le cou comme des cravates de pionniers, la sueur dégoulinant de dessous leurs bonnets comme si elles venaient de faire une partie de boules de neige. Il trouvait insupportable l’expression de leurs visages semblant implorer le pardon, parce qu’il avait gardé en mémoire des femmes faisant un scandale au garage en menaçant de faire intervenir leurs époux mafieux ; aujourd’hui, ce genre de menaces était plus rare, mais à la fin des années 1990, alors que Petrov commençait tout juste à desserrer des boulons, c’était son lot quotidien. Il n’avait donc aucun mal à s’imaginer que, parmi ces bonnes femmes, il s’en trouvait une susceptible d’avoir été, par le passé, l’une de ces mégères. Le roi Lear, c’est déjà dur à lire, et le film est carrément impossible à regarder, mais tomber dans un trolley sur plusieurs spécimens du roi d’un coup, c’est comme survivre à plusieurs séances de Bim, le chien blanc à l’oreille noire.
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Il suffisait à Petrov de prendre le trolleybus pour se faire aussitôt assaillir et importuner par des fous. Le seul qui ne l’importunait pas était un petit vieux silencieux et dodu au crâne rasé qui ressemblait à un enfant vexé. Mais dès qu’il l’apercevait, Petrov avait envie de se lever à son tour pour le vexer encore plus. Disons qu’un sentiment violent et inexplicable, où s’enchevêtraient forces darwiniennes échevelées et débordements dostoïevskiens, submergeait Petrov. Remarquant son regard insistant, le petit vieux tournait alors les talons.
Toutefois ce grand-père était un fou constant pour ainsi dire, Petrov le rencontrait invariablement depuis son enfance, même en dehors des transports en commun. Les autres fous, eux, ne faisaient irruption dans sa vie qu’une fois, comme si, en trente ans, ils s’autorisaient une seule et unique échappade de l’hôpital psychiatrique situé au kilomètre huit de la route Sibérienne, afin de glisser à Petrov quelques mots doux puis disparaître à jamais.
Il y avait une petite vieille qui lui avait cédé sa place sous prétexte qu’il était invalide et avait un cancer, des jambes et des mains en bois (un cancer tout court, pas en bois). Il y avait un gars qui ressemblait à un forgeron sorti tout droit du cinéma soviétique, un grand costaud avec une voix qui faisait vibrer la ferraille du trolleybus, un peu comme une bouteille ouverte à moitié vide vibre au passage d’un camion. Acculant d’une épaule Petrov à la cloison, le gars déclamait des vers à une vieille contrôleuse, car sous sa veste ouatée puant la limaille de fer, l’essence et le gazole, il cachait un tendre cœur de poète.
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"Vitia voulait t'étouffer avec un coussin quand le calme serait revenu et te foutre dehors. La tension était à son maximum. Pour paraphraser Tchekhov, si au début de la pièce un coussin est posé sur le canapé, à la fin il doit obligatoirement étouffer quelqu'un.
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Petrov comprenait bien qu’il était lui-même responsable de cette attitude à son égard, car qui était-il au bout du compte? Ni mécanicien, ni artiste, ni père, ni mari, c’est-à-dire qu’il était tout cela à la fois, mais pas complètement. Il se rappela même une phrase de l’Evangile, qui le dégoûtait chaque fois qu’il l’entendait, à propos de gens qui n’étaient ni froids ni chauds, mais tièdes.
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Un seul signe indiquait que sa femme se trouvait en periode calme: lorsqu’elle était sereine, elle parlait de son travail à la bibliothèque ou des livres. L’histoire qui avait le plus impressionné Petrov était celle d’un gard de cinquante ans environ, qui avait lu toute l’oeuvre du marquis de Sade, était ensuite passé à toute la littérature sur les camps de concentration, puis avait entrepris la lecture d’ouvrages sur la gynécologie, la chirurgie et l’anatomie. Un jour, Petrova était tombé sur le gars en question en dehors de la bibliothèque, dans une libraire ou il feuilletait un guide du Kama-sutra illustré de photographies. Petrova avait conclu son récit en disant que si des femmes se mettaient à disparaître à Ouralmach, il ne faudrait pas chercher longtemps le suspect.

Petrov buvait son thé en avalant des cachets antipyrétiques, expectorants et antitussifs et tout en racontant comment il avait passé la journée de veille lorsque son fils, abattu par la maladie, apparut, fit couler l’eau froide et se mit à boire directement au robinet, aussitôt interrompu par sa mère qui poussa un cri pareil à celui d’une mouette.

-J’ai chaud, expliqua le fils en grattant le pansement qu’il avait à l’annulaire.

-Et alors? Tu vas te mettre à manger de la neige? demanda Petrova. Prends plutôt du jus de canneberge.
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