AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bookycooky


Petrov, vingt-huit ans, mécanicien de son état et auteur de bandes dessinés SF non publiées à ses heures de loisirs, est un homme ordinaire sans ambition, par conséquent ne souffrant d'aucune désillusion dans la vie. Enfin, presque....Ce livre où « apparemment » rien ne se passe, raconte “quelques jours de sa vie “ dans l'actuelle ville d'Iekaterinbourg, grande ville provinciale de l'Oural. Tout débute par le trajet en trolleybus de Petrov qui ayant chopé la grippe, a quitté son boulot pour rentrer chez lui. le trajet dévie et dégénère en beuverie avec son ami et voisin de datcha, Igor, dans un corbillard en plein service.....
Durant ces quelques jours , on va déambuler entre rêve et réalité, passé et présent, dans la tête chaotique de Petrov, déboussolée par la fièvre et les petits incidents de parcours. Déboussolés nous aussi, par le développement de l'histoire, Salnikov y introduisant, Madame Petrov, « l'ex » de Petrov et Petrov junior, son fils. La Petrov, bibliothécaire, femme étrange et coriace, très périlleuse à ses heures, nous fait d'emblée sentir que quelque chose ne tourne pas rond. Une épidémie de grippe sévissant en ville, mère-fils l'ont aussi chopée grave. Arrive aussi un certain Sergei, ami d'enfance qui voulait devenir écrivain....Petrov aussi s'appelle Sergei....je n'irais pas plus loin, car à mon avis “déboussoler le lecteur“ fait partie de l'esprit de ce livre singulier, où tout est dans les petits détails . A vous de les dépister pour trouver la sortie, au cas où il y en aurait une et que vous la trouviez 😆 !

Un témoignage burlesque de la vie quotidienne dans la Russie post-soviétique, la fièvre étant la métaphore d'un pays déboussolé, enseveli sous les ruines de l'Empire soviétique , toujours et encore 15 ans après sa chute ( les « 15 ans » étant précisé par un des personnages, Igor). Un pays immense aux commandes d'un dictateur et de ses apparatchiks qui profitent pleinement du pouvoir et de l'argent, se fichant éperdument de la population « ordinaire » qui sans but et sans valeurs navigue sans boussole dans la brume, essayant de survivre. Y-a-t'il une sortie ? C'est la question que se pose aussi Petrov en d'autres termes.
Une prose originale, raffinée et colorée de réflexions sur la littérature et l'écriture.
Un curieux livre qui nous vient d'un auteur estonien, dont la version française sera en librairie le 20 août. Publié en Russie en 2016, il a reçu le plus prestigieux prix littéraire russe. Je le recommande fortement pour les curieuses et curieux de la littérature russe post-soviétique, surtout que vu la complexité de l'histoire j'aimerais lire d'autres ressentis.

“Tout est métaphore de quelque chose, si nous laissons la place à l'irréel, si nous nous éloignons suffisamment pour que les mots soient d'abord des images et ensuite du silence.”


Commenter  J’apprécie          8023



Ont apprécié cette critique (76)voir plus




{* *}