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Critique de motspourmots


Cela faisait longtemps que je voulais découvrir James Salter, je ne sais pas pourquoi j'ai autant traîné à me décider. Mais comment résister à cette réédition dans la jolie Bibliothèque de l'Olivier et ses couvertures plus appétissantes les unes que les autres ? Alors j'ai sauté à pieds joints dans ce roman écrit par Salter en 1967 et dont la traduction française a été publiée en 1995 par L'Olivier, je me suis laissé glisser au fil du courant qui porte le voyage en France d'un étudiant américain un peu oisif, un peu dandy, dans des décors empreints de nostalgie. Plus qu'une histoire, une atmosphère.

"Que s'était-il passé ? Ils étaient partis et avaient fait l'amour. Ce n'était pas si rare. On doit s'attendre à rencontrer pareils événements. Ce n'est rien qu'un doux accident, peut-être la fin de l'illusion. En un sens, on peut dire qu'il n'y a pas de mal à ça, mais alors pourquoi, au fond de soi, se sent-on si à part ? Si isolé. Meurtrier, même."

Philippe Dean est américain, étudiant en principe mais il n'en est plus très sûr. Son séjour en France le mène à Autun où il rencontre Anne-Marie Costallat une jeune française. Leur relation s'ébauche, leurs peaux se découvrent au fil des rencontres. Et tout ceci nous est raconté par un narrateur, ami récent de Dean qui les observe avec un soupçon d'envie, et qui imagine, invente ce qu'il ne voit pas, s'immisce au plus près de leurs échanges, au plus profond de leur intimité. Au point de la rendre incroyablement réelle, voire impudique aux yeux du lecteur. L'insouciance d'enfant gâté de Dean, l'éveil de quelques espoirs chez Anne-Marie, les escapades sur les routes, les passages des salons parisiens aux hôtels de province, les paysages d'automne dont la lumière perce les pages... Tout ceci irradie d'un charme fou, fait de petites choses à l'allure sépia, d'une atmosphère tout en langueur mais tenue par l'acuité de l'écrivain et les petits détails qu'il distille au fur et à mesure.

"Rien de ceci n'est vrai. J'ai dit Autun, mais ce pourrait tout aussi bien être Auxerre. Je suis sûr que vous vous en rendrez compte. Je ne fais que consigner des détails qui m'ont pénétré, les fragments qui ont pu ouvrir ma chair. C'est l'histoire de choses qui n'ont jamais existé..."

Le lecteur est prévenu dès le départ, la route - même en Delage - n'est pas droite, il faut se laisser porter un peu comme on feuillette nonchalamment et dans le désordre de vieux albums photos ou bien comme on décide soudain de partir à l'aventure au gré de son inspiration, charge au hasard de tracer le chemin. Mais il y a bien un pilote qui insuffle force et singularité à chaque page et grave les destins de météorites dans l'esprit du lecteur. La vie passe ici avec l'élégance que confère la vulnérabilité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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