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Critique de Pavlik


Je vais commencer de façon un peu vache (mais qui aime bien, châtie bien non ?) en reprenant le quatrième de couverture : "LA bande dessinée de fantasy qu'il faut avoir lue au moins une fois dans sa vie " (Comixfan.com), "cette bande dessinée va marquer son époque" (BuzScope.com). Alors disons le d'emblée c'est carrément sur-vendu. Pourtant je ne suis pas loin d'avoir adoré cette adaptation en bd de la saga de Drizzt, l'elfe noir, de R A Salvatore.

Alors c'est vrai que l'amateur de Donjons et Dragons (ce qui est mon cas), en particulier de l'univers des Royaumes Oubliés, aura plus de facilités à y trouver son compte, mais également (je suppose, n'ayant pas lu les livres) l'amateur de la saga originale. Cette intégrale regroupe les trois premiers tomes, Terre Natale, Terre d'Exil et Terre Promise. L'intérêt principale de cette bd réside, pour moi, dans l'évocation de la société des drows (les elfes noirs) et plus largement du bestiaire de Donjons (quel plaisir de croiser, au détour d'un couloir, flagelleurs mentaux, élémentaires et autres porte-crocs). En effet, sans être mauvais, le scénario n'a rien d'original, même s'il est plutôt bien mené : en gros, tome 1 la formation de Drizzt, un drow qui ce sent en décalage avec les valeurs des siens (un peu à la Thorgal), sa rébellion qui va grandissante jusqu'à la mort de son père et mentor (le seul à même de le comprendre), ce qui provoque, dans le tome 2, son exil et la traque de ses pairs, qui le considèrent comme un traître, pour finalement qu'il trouve sa voie (dans le tome 3) se découvrant, alors qu'il a rejoint la surface, une vocation de rôdeur. Côté dessin, disons qu'il n'est ni pire, ni meilleur, que celui de la plupart des comics commerciaux actuels. Une meilleur mise en valeur des paysages de l'Outreterre n'aurait pas été de trop, de même qu'une différenciation plus poussée des personnages, qui ont tendance à tous se ressembler, notamment les personnages féminins. Par contre, la composition des planches (un des grosse faiblesse du livre) est ennuyeuse au possible et ne sert absolument pas l'histoire, les transitions étant, en plus, trop abruptes, par moments.

Par contre, on se délecte d'observer le fonctionnement de la société drow. Petite explication, pour les non-initiés : les drows vivent dans les profondeurs de l'Outreterre, véritable monde souterrain, sous la surface des Royaumes Oubliés, au sein de la cité de Menzoberranzan. Ils y côtoient d'autres peuples, tels que les Gnomes ou les Nains, ainsi que quantité de monstre, tous plus mortels les uns que les autres. Leur société est matriarcale, organisée en un système hiérarchisé de Maisons, gouvernées par des Matrones. Ils vouent un culte à la cruelle déesse araignée Lolth. Ils valorisent, à l'occasion des perpétuels conflits entre Maisons, le pouvoir, la violence, l'ambition et la trahison. Pour survivre, au sein de cet univers impitoyable, les états d'âme et les sentiments sont à proscrire. Malheureusement pour lui, Drizzt fait preuve de beaucoup plus de compassion que les siens, ce qui n'est guère difficile, tout guerrier redoutable qu'il est. Bien sur, on ne peut s'empêcher de voir les influences de la saga d'Elric, bien que le monde souterrain des drows possèdent une véritable identité et Drizzt une dimension moins romantique et torturée, plus basé sur l'action, en somme plus hollywoodien dans l'âme. Il a sans doute également une bonté d'âme supérieure au célèbre albinos. Bien qu'étant essentiellement conçue comme un pur divertissement, la saga de Drizzt peut éventuellement être perçue, à travers la lutte de Drizzt pour échapper à ses pairs et leur mode de vie cruel, comme une critique d'une certaine société ultra libérale américaine dans laquelle, comme pour les drows, la fin justifie les moyens.

Objectivement je devrais ne mettre que trois étoiles (ne serait-ce que pour l'aspect graphique), mais vu le plaisir que j'ai eut à voir l'univers de Donjons et Dragons sous forme de fiction, particulièrement dans les deux premiers tomes qui se déroulent sous terre, et la sympathie qu'on ne peut s'empêcher d'éprouver pour Drizzt, personnage efficace pour le moins, je n'hésite pas à en mettre quatre.
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