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EAN : 9782020289450
188 pages
Seuil (27/08/1997)
3.48/5   161 notes
Résumé :
À l'huissier qui vient saisir ses meubles, un jour de 1997, dans l'appartement qu'elle occupe avec sa fille à Créteil, une femme hurle : "c'est Darnand qui t'envoie". Rien ne peut lui faire entendre raison. Pour elle, le monde s'est arrêté en 1943 le jour où son frère, alors âgé de dix-huit ans, a été torturé à mort par deux jeunes apprentis miliciens. Depuis, elle vit dans la compagnie des fantômes de l'Occupation, de ceux qu'elle appelle Darnand et le "maréchal Pu... >Voir plus
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On n'est pas passé loin d'un bon livre. La compagnie des spectres est un huis clos étouffant, la mise en place est simple, une mère et sa fille reçoivent la visite d'un huissier venu évaluer leurs biens, la mère n'a plus toute sa raison et ressasse un traumatisme de la guerre : son frère, communiste espagnol réfugié en France se fait assassiné par les membres d'une milice de colabos. Elle voit en l'huissier, le spectre de Darnand. Les deux femmes s'adressent à l'intrus, étalent leur vie dans un monologue à deux. On sent que la fille tente de minimiser les interventions de sa mère auprès de l'huissier, mais parfois, et c'est ce que j'ai particulièrement aimé, les paroles des deux s'emmêlent dans une même voix, la folie paranoïaque englobe tout, c'est une saga familiale dévoilée dans un déballage pitoyable et vain. Mais tout cela aurait mérité d'aller encore plus loin, c'est fort et romanesque pour ce qui se rapporte à la collaboration, mais plus timide sur l'aspect social, et la scène finale, un peu gratuite, semble vouloir dire que ce n'est qu'un modeste exercice de style. Un tel sujet n'avait pas besoin de tant d'humilité de la part de l'auteur, cela reste presque trop sage, dommage.
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Trois personnages :
- Louisiane, une jeune fille de 18 ans, la narratrice
- Sa mère, complètement démente, bloquée aux années de l'occupation, réglant ses comptes avec « Putin », Bousquet, Darland, vivant en permanence avec les spectres de cette période
- Un huissier mutique, notant de pièce en pièce les meubles et objets délabrés, imperméable aux insultes et aux délires de la mère et aux confidences de la fille qui tente de survivre sans sa situation calamiteuse.
Un huis clos délirant, mais comme tout huis clos, étouffant.
Heureusement il y a de l'humour au milieu de tout ce désastre.
Et aussi une manière d'écrire originale, comme ces chapitres qui s'arrêtent au milieu d'une phrase, et les suivants qui reprennent le dernier mot du précédent.
Globalement c'est pas mal, tragique et comique à la fois, mais un peu lassant quand même.
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« Je vous l'ai dit, maman se croit toujours en 1943, année de la mort de son frère qu'elle commémore en quelque sorte chaque jour, car son frère, monsieur, est assassiné chaque jour et chaque jour enseveli, chaque heure qui passe sonne le glas de son agonie, et chacune de nos soirées est une veillée funèbre. » (p. 30) C'est ma première rencontre avec cette auteure que j'avais hâte de lire, dont je trouve intéressants les propos en entrevue. Tout y était dans La Compagnie des spectres me plaire : un titre évocateur, une relation mère-fille hantée par les traumatismes et la folie, la transmission intergénérationnelle des conflits, l'Occupation… Et pourtant, s'il n'avait pas reçu un prix littéraire (validation de challenge oblige !), je ne crois pas que je serais allée jusqu'au bout. Il n'est pas surprenant que ce roman ait été adapté à plusieurs reprises au théâtre, car c'est bien l'impression d'une pièce qui se dégage du huis-clos auquel on assiste (la mère, la fille et l'huissier), et bien que je reconnaisse la qualité du texte, je me demande si ce n'est pas cet aspect qui me l'a rendu pénible à lire. Un rendez-vous manqué.
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Un tout petit livre... moins de 200 pages, mais quelles pages

3 personnages en présence:
- Une mère
- Une fille
- Un huissier

on ignore leur nom

3 périodes :
- 1943
- 1978
- 1998

Le lieu : un appartement dans un immeuble. Un appartement visiblement dans un état de salubrité qui laisse à désirer.

Un huis clos puisque l'huissier qui est venu établir une liste des biens qui peuvent être saisis et vendus ne dit quasiment rien dans ce roman.

Par contre la fille et la mère parlent. La fille raconte la folie de sa mère et parfois aussi ses ressentis à elle.

La mère parle. Elle raconte son enfance, la guerre en 1943 dans un village de haute Garonne où la population adule le Maréchal et malheur à ceux qui ne pensent pas pareil. Ils le payent très cher.

On apprend que la mère va basculer dans la folie en 1978. Elle va vouloir tuer Bousquet. On découvre une France 35 ans après qui ne veut surtout pas se souvenir.

En parallèle la fille raconte ses envies d'amour, d'appartenance, de sexualité, ... de normalité.

Tout cela est truffé de citations grecques car la mère qui lit beaucoup ne lit que les classiques (Seneque, Aristote, Proust) et n'a pas lu un seul auteur paru depuis 1940 car dixit ils sont tous corrompus

C'est court, percutant. le style est bon. J'ai découvert un palanquée de nouveaux mots comme l'aposiopèse, la dilection, vesse, prolégomène, obvier, concession, simonie, paralipoménes, ...

Un court roman mais très percutant.
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Le temps d'une visite d'huissier, et de sa difficile progression dans un appartement misérable et crasseux, une mère hurle sa folie et sa colère, devant ledit huissier, muet, et sa propre fille, résignée.

Car cette visite réveille chez la mère toutes les horreurs et les humiliations de la guerre: son frère, battu à mort par les miliciens, sa mère humiliée un jour de fête des mères par le maréchal "Putain" , Darnand, Bousquet et toute la clique.

Dans un délire verbal haut en couleurs-mais qui n'a pas encore la verve du "fragnol", la trouvaille linguistique de Pas pleurer- la mère dit la rage des pauvres contre lesquels on s'acharne, la France honteuse de l'antisémitisme et de la collaboration. C'est un peu long, appuyé,lourd,mais il se dégage de cette diatribe une ironie salutaire et cathartique...
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Emportez, monsieur (...) emportez tous ces meubles qui meublent notre rien, emportez tant que vous y êtes ces spectres qui m'accablent de reproches jusque dans mes cauchemars et m'obligent à dormir lumière allumée, emportez mes souvenirs, mes chagrins, mes sottes illusions, mes croyances stupides, et la voix de mes morts, vous pouvez tout emporter, monsieur, vous ne pourrez jamais emporter mes désirs, c'est Epitècle qui l'a dit et je l'approuve à cent pour cent...
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Les baisers de cinéma sont souvent exécutés au pas de course, si je puis m’exprimer ainsi, et laissent le spectateur sur sa soif. Voilà qui est désolant. Car, il faut en convenir, les baisers de cinéma, observés en fin de soirée, à l’heure où l’esprit hébété aspire à son propre anéantissement, les baisers de cinéma sont une véritable consolation, la juste récompense d’une journée interminable, son couronnement, je dirais même son apothéose, à condition toutefois que ces baisers soient lents, lents, lents, d’une ardente, d’une fougueuse lenteur, lents, lents, lents et longs et langoureux et languissants et liquides et lascifs et linguae si possible, et lyriques bien sûr, et qu’ils laissent troublés, tremblants, tout chose.
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Vous l’avez sans doute compris, monsieur l’huissier, maman aime les livres. Maman aime les livres à la folie. Maman aime à la folie la folie enfermée dans les livres. Entre nous, cela ne lui réussit pas. Maman dit souvent qu’on reconnaît les êtres aux livres qu’ils ont lus. Les êtres, dit-elle, sont ce qu’ils lisent, ne cherchez pas plus loin. Elle dit aussi que les livres que l’on lit s’impriment dans notre âme et modifient notre regard et jusqu’aux traits de notre visage. Maman débloque complètement ! Elle dit aussi que le jour où tout le monde lira de grands livres, l’humanité sera réconciliée. C’est pas demain la veille ! (p. 177)
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Lorsque j'essaie de comprendre ma mère, monsieur l'huissier, j'imagine qu'elle éprouve cette étrange sensation qui s'empare de moi lorsque, voyageant en train dans le sens contraire de la marche, j'ai l'impression de m'enfoncer à toute vitesse vers un avenir qui n'est pas devant moi mais derrière et qu'en même temps le passé se jette sur moi comme pour me happer.
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J’examine toujours avec une attention toute particulière les diverses modalités des baisers de cinéma. Ma curiosité, je l’avoue, est extrême à leur endroit. J’examine toujours passionnément si le baiser de l’acteur se pose à côté, au-dessus ou au-dessous de la bouche de l’actrice (comme il est, je le déplore, fréquent), s’il consiste en un simple bouche à bouche (comportant différents degrés de pression, de succion, d’adhésivité et d’hygrométrie) ou s’il s’accompagne de la protrusion de la langue comme le baiser que Jack Nicholson administre à Jessica Lange dans Le facteur sonne toujours deux fois ou celui observé récemment dans Trainspotting, ces derniers, tout à fait exceptionnels, étant sans conteste les plus intéressants.
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Vidéo de Lydie Salvayre
Rencontre avec Lydie Salvayre à l'occasion de la parution de Depuis toujours nous aimons les dimanches aux éditions du Seuil.


Lydie Salvayre, née en 1946 d'un père Andalou et d'une mère catalane, réfugiés en France en février1939, passe son enfance à Auterive, près de Toulouse. Elle devient pédopsychiatre, et est Médecin Directeur du CMPP de Bagnolet pendant 15 ans. Elle a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
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09/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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