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Critique de Eve-Yeshe


L'auteure a l'occasion de passer la nuit dans le musée Picasso, à l'ombre de cette sculpture qui lui plaît beaucoup. Elle commence par refuser, puis finit par accepter, mais une immense angoisse l'étreint et elle ne songe qu'à fuir, s'échapper à tout prix, comme si un danger la guettait. Cette nuit au musée va lui permettre d'exprimer son ressenti et tout ce que lui inspire l'oeuvre.

La réflexion sur L'Homme qui marche de Giacometti est très intéressante, car Lydie Salvayre creuse dans tous les sens, cherche à approfondir, ce que l'artiste a voulu exprimer.

J'ai aimé aussi la manière dont elle critique les musées qui selon elle enferment les oeuvres, les tiennent en cage, et surtout sa diatribe contre le monde de l'art : l'entre soi d'une certaine élite culturelle, sous la houlette de celui qu'elle appelle « le ministre des distractions » au lieu de ministre de la culture, ce qui en dit long, le pouvoir de l'argent dans l'art.

Elle revient aussi sur son enfance avec son père violent, le « fragnol » que l'on parlait à la maison et la manière dont les enfants issus de l'immigration se sentent à part, vis-à-vis de l'art, de la culture, car ils pensent ne pas maîtriser suffisamment la langue.

Lydie Salvayre évoque aussi les doutes de Giacometti, dont l'estime de soi est vraiment très basse et qui se considère comme un raté, ce qui nous vaut une classification des ratés corrosive, que j'ai beaucoup appréciée.

J'apprécie énormément ce ton corrosif si caractéristique de l'auteure et ses réactions épidermiques, sa colère ne sont pas pour me déplaire, même si elles se retournent souvent contre Bernard son compagnon !

On rencontre au passage des artistes qui ont fait un peu de route avec Giacometti : Beckett, Picasso (qu'il n'aimait guère, trop solaire pour lui si modeste) ainsi que le rôle important de son frère Diego dans sa vie…

Bien-sûr la rencontre qui n'a pas pu se faire au cours de la nuit au musée, va se produire plus tard, les réflexions de Lydie Salvayre s'étant un peu décantées et elle comprendra tout le sens du message de Giacometti, en éclairant sa propre histoire. Mais je vous laisse découvrir tout cela…

J'ai choisi ce livre car la sculpture de Giacometti me fascine, alors que je ne l'ai vue qu'en photographie, par le message qu'elle m'envoie et que l'auteure ne tarde pas à percevoir. Je pourrais en parler pendant des heures… J'espère vous avoir convaincus d'y jeter un oeil (et plus si affinités).

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet essai et les réflexions de l'auteure me touchent car elle considère que son statut d'enfant d'émigrés pauvres, a tendance à l'exclure du monde de l'art, ce qu'elle a réussi dans la littérature n'est pas encore « mûr » dans la peinture ou la sculpture, comme si elle ne s'en donnait pas le droit, cet art étant monopolisés par les intellos friqués…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui ont permis cette lecture.

#MarcherJusquauSoir #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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