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Critique de SophieLesBasBleus


"Nous nous appliquerons [...] à restituer à la chose sexuelle, si tristement confinée au trivial, si bassement réduite à l'hygiénisme par quelques esprits épais, son obscure, sa sauvage, son incommensurable puissance" (p. 10)

Le ton et le thème de ce savoureux "Petit traité d'éducation lubrique" sont donnés ! Avec une malice gourmande et une ironie jubilatoire, Lydie Salvayre explore les différentes facettes de la sexualité. de l'étreinte préliminaire jusqu'aux symptômes du trouble amoureux et de la tiédeur, elle passe à la moulinette de sa lucidité iconoclaste les idées préconçues, les clichés, les sentences morales et les préceptes religieux et nous offre un manuel de survie du plaisir dans la bonne humeur qui arrive à point nommé pour contrer les esprits "fâcheux", les pisse-froid, les tartuffe et autres mollassons de la chair défilant sous des banderoles aussi avachies que leur outil de procréation. La sensualité et la sexualité hautement revendiquées comme les plus efficaces remparts à la méchanceté et à la haine. N'est-ce pas tentant ?

Dans la droite ligne de ces petits traités d'éducation domestique ou de catéchisme qui imposaient une ligne de conduite vertueuse aussi austère qu'hypocrite, cet alphabet érotique donne moult conseils afin de profiter au mieux des dons que Mère Nature nous a généreusement attribués. Mise au service de ce travail que je n'hésite pas à qualifier d'utilité impudique, la langue (!) délicieusement licencieuse du XVIIIème siècle porte de splendide manière le discours instructif de cette bible libertine.

Un bijou, un délice, une friandise, un bonbon acidulé, une papillote que l'on dénude... je filerai la métaphore si j'avais une once du talent de Lydie Salvayre ! Voilà un livre qui ne peut être que de chevet !

Je ne peux que souscrire intégralement au conseil final de cet ouvrage à mettre entre toutes les mains : "Livrez-vous aux caresses, aux tendresses, aux folles fantaisies, aux saintes pâmoisons, aux huit béatitudes, aux vertiges, aux orages, à tous ces délices qui de bonheur nous font trembler et nous font désirer infiniment de vivre. Nous ne savons rien de meilleur."

Et, pour soulager la conscience de ceux à qui la morale religieuse tient lieu de Kâma-Sûtra, il me vient l'envie de reprendre les mots que René Fallet place dans la bouche de Jésus lui-même : "J'ai jamais empêché les gens de faire l'amour, pas plus que j'en ai empêché les chats, les chiens, les poules, etc. C'est vous qui avez inventé des tas d'embrouilles là-dessus, faudrait voir à pas tout me coller sur le dos. Je vous ai dit de vous multiplier, j'ai pas à tenir la chandelle, en plus !" (in "Le braconnier de Dieu").
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