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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
N°834 – Novembre 2014.

Portrait de l'écrivain en animal domestiqueLydie Salvayre – le Seuil.

Avant qu'elle n'obtienne le Prix Goncourt, cette année, le nom de Lydie Salvaire m'était complètement inconnu. J'ai été séduit par un de ses romans policier « La puissance des mouches » et j'ai souhaité poursuivre ma découverte de cette auteure. Qu'avons nous ici ? Il s'agit d'une femme-écrivain qui a accepté d'écrire la biographie de Toblold, le roi du hamburger. On comprend bien que la payant largement pour cela, elle va faire appel à tout son talent pour composer une oeuvre de thuriféraire même si cette occasion lui permet de pénétrer le monde des affaires qui lui est complètement étranger et qui peut-être la fascine. Elle est peut-être aussi séduite par cet homme qui est son exact contraire et tant pis si sa notoriété, son travail sa réputation en pâtissent. Elle vivra dans son ombre pour ne rien perdre de ses remarques qu'elle note scrupuleusement puisque c'est son travail !

Nous assistons à la désagréable politique capitaliste qui consiste entre autre à éliminer un concurrent sans la moindre retenue, mais après tout c'est là aussi une action parfaitement conforme à l'esprit humain. L'écrivain qu'elle est perd, dans ce contexte, un peu de Son âme et flagorne tant qu'elle peut, devient servile, veule et lâche, outrepassant presque malgré elle son rôle de laudateur. La prise de conscience qui en résulte n'est pas sans provoquer chez elle des états d'âme mais la facilité et plus sûrement encore l'appât du gain sont les plus forts. La narratrice ne laisse rien paraître de son agacement et finit par exceller dans ce numéro d'équilibriste entre résignation, inertie et attirance, mais là aussi il n'y a rien que de très humain, n'est-il pas ? Face à cet homme dragueur, mufle, vulgaire, destructeur et qui croit que tout lui est dû, elle va même jusqu'à éprouver de la sympathie pour sa compagne qui, avec le temps et l'intérêt accepte elle aussi tout de lui. Pourtant, quand il dévoile son enfance, Jim Tolbold la révèle misérable, comme celle de la narratrice, ce qui peut éventuellement les rapprocher mais son amour de l'argent et surtout la manière de l'acquérir reste un obstacle entre eux. Pas tant que cela cependant puisque la narratrice finit par prendre goût au luxe et étouffe son envie de révolte. En fait elle devient en quelque sorte sa complice. La métamorphose de Tolbold ne me paraît pas convaincante. Elle est artificielle et franchement décevante.

Le titre est significatif. C'est une question vieille comme le monde que celle qui met en présence quelqu'un qui a réussi et souhaite le faire savoir et celui qui en est chargé par l'écrit contre de l'argent. le lien de subordination saute aux yeux et c'est tout l'enjeu de cette « relation ». Pourtant, même si le style de ce roman est alerte et agréable à lire, je ne suis que très peu entré dans ce livre, j'ai même ressenti une certaine répulsion pour cette ambiance malsaine même si elle est révélatrice de l'espèce humaine. Je n'ai guère apprécié l'écrivain dans son rôle de courtisan. J'avais aimé « Le pouvoir des mouches » (La Feuille Volante n° 833), je ne suis pas entré dans la démarche créatrice de celui-ci, mais peut-être suis-je passé à côté de quelque chose ?.

©Hervé GAUTIER – Novembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un thème absolument génial : une jeune femme, écrivain(e), transformée en secrétaire, qui ne devra écrire que ce qu'on lui dira d'écrire. Transformée, à proprement parler, en animal domestique, aux pieds d'un commercial sans scrupules pour qui le salut est étroitement lié au capitalisme effréné.

Le roman de L. Salvayre propose de nombreuses réflexions sur le statut de l'écrivain qui ne sont pas sans intérêt, et également de nombreuses tirades savoureusement ironiques sur le capitalisme. Une belle irrévérence...

Malheureusement, un traitement sans finesse de l'histoire, peut-être parce que l'auteur(e) a voulu être "hyper-actuelle" et s'est pour cela sentie le devoir d'intégrer Robert Deniro, Bill Gates et bien d'autres dans le récit. La fin du roman, d'un optimisme absurde après 150 pages de plaintes, est décevante. Enfin, un style souvent original mutilé à coup de subjonctifs désuets et mal employés qui rendent la lecture insupportablement lourde et pédante, trahissant une écriture forcée et certainement menée avec une liste de mots "à caser absolument" préalablement choisis.

Non, vraiment, le terme pour ce roman est "mal ficelé".
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